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3. OMNIPRÉSENCE DES RÉSEAUX EXTERNES

3.1 Réseaux de l’incubation

La première partie de ma revue d’écrits en lien avec l’omniprésence des réseaux de l’incubation porte sur les réseaux internes. Mon agencement de la littérature sur l'environnement contrôlé de l'incubation a permis, entre autres, de mettre en lumière les réseaux de l'incubation. Comme mentionnés ci-dessus, ces réseaux peuvent être internes et externes. Par conséquent, une revue plus poussée de recherches scientifiques qui traitent de ces deux types de réseaux dans un contexte d’incubation est présentée ci-dessous. Bien que mon intérêt de recherche porte sur les réseaux externes de l’incubateur, une révision des réseaux internes est également pertinente au propos puisque les entreprises incubées sont, elles aussi, génératrices de réseaux externes à l’incubateur.

Le réseau interne réfère ainsi à l'interaction entre les entreprises incubées au sein de l'incubateur (Ascigil et Magner 2009; Bøllingtoft, 2012; Bøllingtoft et al., 2005; McAdam et al., 2008; Soetanto et al., 2013). Ces interactions prennent différentes formes qui vont d'une entente d'usage d'équipement jusqu'à un partenariat d'affaires avec, entre les deux, des collaborations ponctuelles sur un développement de produit,

un partage de ressources ou des alliances stratégiques (Soetanto et al., 2013). La collaboration au sein du réseau interne de l'incubateur devient donc génératrice d'un réseautage élargi entre les entreprises incubées (McAdam et al., 2008). De plus, l'effet de cette synergie semble démontrer des bénéfices sur la croissance des entreprises (Bøllingtoft, 2012; Bøllingtoft et al., 2005) quoique certaines recherches soulèvent l'absence de données concluantes à cet effet (Patton et al., 2009; Schwartz et al., 2010).

Les réseaux internes de l'incubation intéressent les chercheurs (Bøllingtoft, 2012; Bøllingtoft et al., 2005; Cooper, Hamel et Connaughton, 2012; Hansen et al., 2000; Lichtenstein, 1992; Muniz et al., 2013; Totterman et al., 2005). Parmi ces recherches, le concept d'incubateur-en-réseau est introduit afin de relever spécifiquement la synergie et les interactions entre les entreprises incubées (Aernoudt, 2004; Bøllingtoft et al., 2005; Bøllingtoft, 2012). Afin de faire une nette démarcation avec l'incubateur plus traditionnel, l'incubateur-en-réseau est caractérisé par la synergie territoriale et la symbiose relationnelle qu'il permet au sein de l'incubateur (Bøllingtoft et al., 2005; Phan et al., 2005). L'économie d'échelle des entreprises incubées demeure une valeur recherchée, mais c'est plutôt la formation d'un réseau interne et les mécanismes pour le consolider qui sont mis de l'avant (Bøllingtoft, 2012; Bøllingtoft et al., 2005; Hansen et al., 2000). Suivant cette perspective, l'opportunité de réseautage entre les entreprises incubées devient une des plus importantes composantes de l'offre de service de l'incubateur (Bøllingtoft, 2012).

Par ailleurs, d'autres recherches soulèvent l'importance de la proximité physique des incubés (Cooper et al., 2012). Si le partage de ressources matérielles se prête mieux par cette proximité (Bergek et al., 2008; Knopp, 2012; McAdam et al.. 2008; Mian, 1996; USEDA, 2014), la quête d'une forme de soutien social est aussi relevée comme étant un dérivé important (Cooper et al., 2012; Lyons, 2000). Le sentiment d'appartenance à un groupe pour briser l'isolement et une meilleure gestion du stress lié au démarrage d'une entreprise sont aussi mentionnés en recherche (Aernoudt, 2004; Cooper et al., 2012; European Commission, 2002; Kuratko et al.,

1987; Lumpkin et al.,1988). De cela, le soutien social du réseau interne soulève à son tour des recherches plus spécifiques sur la génération du capital social des incubés (Hugues et al., 2007; Muniz et al., 2013).

La formation et le développement de ce capital deviennent l’œuvre des gestionnaires de l'incubateur, mais aussi celle des incubés eux-mêmes (Ibid.). Le développement de la compétence de formation et de maintien du capital social des incubés présente donc un intérêt de recherche (Gately et Cunningham, 2014; Sá et al., 2012; Schwartz et al., 2010; Tello, Yang et Latham, 2010). Par conséquent, plus globalement, le capital social des incubés retient l’attention de chercheurs (Bøllingtoft et al., 2005; Hugues et al., 2007; Lee et al., 2001; Perdomo Charry et al., 2014; Peters et al., 2004; Schwartz et al., 2010; Totterman et al., 2005).

Enfin, d'autres recherches relativisent l'importance des réseaux internes. Certains chercheurs soulèvent le fait que le contexte de démarrage laisse peu de temps aux incubés pour le réseautage interne (Cooper et al., 2012). De plus, l’échange d’information entre incubés n’est pas toujours continuel et la confiance à partager entre eux leur savoir et leurs connaissances peut être difficile à bâtir (Ibid.). D’autres recherches concluent que, malgré l'intérêt avoué pour le réseautage interne entre incubés, certains cas ne démontrent pas de réelles contributions de l'effet synergique (Patton et al., 2009).

En conséquence, l'effet de proximité entre incubés n'est pas gage de meilleurs résultats de croissance ou de commercialisation (Patton et al., 2009; Schwartz et al., 2010). Ceci est confirmé, entre autres, par les tenants d'une configuration plus virtuelle de l'incubateur qui semble se prêter davantage à la recherche de liens ponctuels et temporaires des nouvelles organisations (Ascigil et al., 2009; Carayannis et Maximilian, 2005; Dai, 2011; Nowak et al., 2000). C'est dans cette mouvance que les réseaux externes deviennent un intérêt de recherches. Les recherches que j’ai relevées sur les réseaux externes de l’incubation sont donc présentées ci-dessous.

Les réseaux externes font plutôt référence aux liens qui se créent entre l'incubateur et des collaborateurs externes appelés à participer au développement des entreprises incubées et de l'incubateur lui-même (Aaboen, 2009; Ascigil et al., 2009; Bruneel et al., 2012; Schwartz et al., 2010; Tavoletti, 2013). Ces collaborateurs sont des fournisseurs, des professionnels experts d'un domaine, des clients potentiels, des personnes d’influence, des financiers ou toutes institutions qui peuvent venir en aide aux entreprises incubées ou à l'incubateur (Ascigil et al., 2009; Bergek et al., 2008; McAdam et al., 2008; Schwartz et al., 2010). Ces collaborateurs peuvent procurer plusieurs avantages sur le plan du partage de ressources, de savoirs et de compétences (Soetanto et al., 2013). Les réseaux externes de l'incubateur sont une composante attendue des parties prenantes à l'incubation et peuvent même constituer l'élément déterminant de la satisfaction des entreprises incubées (Adlešič et Slavec, 2012). De plus, les réseaux externes peuvent être l'œuvre des entreprises incubées et des liens qu'elles forment en cours de progression vers l'autonomie.

Ainsi, les réseaux internes et externes ont tous deux une composante relationnelle extérieure à l'incubateur. C'est pourquoi les réseaux externes de l'incubation sont soulevés à l'intérieur de plusieurs recherches (Aaboen, 2009; Aernoudt, 2004; Ascigil et al., 2009; Bergek et al., 2008; Bøllingtoft et al., 2005; Bruneel et al., 2012; Hackett et al., 2004; Hansen et al., 2000; Lee et al., 2001; Lendner et al., 2007; McAdam et al., 2008; Muniz et al., 2013; NBIA, 2014; Schwartz et al., 2010; UKBI, 2014). Souvent, ils sont présentés comme une composante essentielle de l'offre d'incubation et font partie des facteurs clés du succès de l'incubateur (Bergek et al., 2008; Bøllingtoft et al., 2005; Bruneel et al., 2012; Colombo et al., 2002; Hackett et al., 2004; Hansen et al., 2000; Mian, 1997). L’intérêt pour les réseaux externes de l’incubation fait foi de l’évolution des services offerts par l’incubateur. De ce fait, l’intérêt pour les réseaux est d’actualité.

Le soutien au développement d'une entreprise incubée passe ainsi par les liens et les relations qui se forment (Allen et al., 1990; Bruneel et al., 2012; Hackett et al.,

2004; McAdam et al., 2008). Originalement fondé sur des intérêts principalement immobiliers, le programme d'incubation d'aujourd'hui offre un soutien complet à l’entrepreneur par l’extension de son expertise à travers les réseaux externes (Allen et al., 1990; European Commission, 2002; Hackett et al., 2004; NBIA, 2014). Bien que chaque incubateur diffère par son offre de services, la clientèle desservie et la manière de mettre les services en œuvre, les réseaux sont au cœur des plus récentes configurations d’incubation (Allen et al., 1990; Bergek et al., 2008; NBIA, 2014; USEDA, 2014; Walker et Kalis, 2004).

En marge des recherches plus générales sur les composantes de l'incubation, d'autres chercheurs font des réseaux externes un point de mire plus spécifique à leur questionnement (Bergek et al., 2008; Hansen et al., 2000; Hughes et al., 2007; Lee et al., 2001; Muniz et al., 2013; Peters et al., 2004; Soetanto et al., 2013). C'est le cas, notamment, lorsque les réseaux externes sont mis au-devant à partir du rôle des gestionnaires de l'incubateur (McAdam et al., 2008). En ce sens, le positionnement intermédiaire du gestionnaire devient déterminant pour la valeur proposée aux incubés. Il doit ainsi assurer la formation, le développement et le maintien des liens entre les collaborateurs externes et les entreprises incubées. Fruits de ces recherches, le gestionnaire de l'incubateur est gardien de la porte d'entrée et la coordination effective des collaborateurs externes lui revient (Colombo et al., 2002). De ce positionnement, des chercheurs le désignent comme courtier relationnel aux frontières de l'incubateur qui doit non seulement introduire les liens, mais aussi choisir les bons liens et les réseaux à former (Hughes et al., 2007; Peters et al., 2004).

D'autres chercheurs le nomment plutôt médiateur des relations (Bergek et al., 2008; Rothschild et al., 2005). Ce faisant, une direction est donnée au rôle attendu du gestionnaire dans la formation de réseaux externes (Bergek et al., 2008). Le positionnement intermédiaire est à nouveau relevé et le gestionnaire de l'incubateur joue un rôle de bâtisseur de ponts entre les entreprises incubées et l'environnement externe de l'incubateur (Ibid.). Ces ponts deviennent des leviers de partages de

ressources et de compétences auprès des incubés et le gestionnaire est un agent entrepreneurial en quête de développement du plein potentiel des liens créés (Bergek et al., 2008; Bøllingtoft et al., 2005).

Dès lors, les mécanismes qui facilitent les connexions sont d'intérêt et l'importance du capital social des individus et de l'organisation est introduite (Bøllingtoft et al., 2005; Lee et al., 2001; Schwartz et al., 2010). Cette introduction du capital social de l’incubateur permet d’explorer les types de relations et ainsi questionner les configurations d'incubateur trop dépendantes d'une seule ressource interne. Ces concepts posent l’observation sur les processus de formation et de maintien des réseaux externes ainsi que les liens qui composent ces réseaux.

De ce fait, les recherches sur la formalisation des réseaux externes apportent une réflexion vers la forte dépendance envers le gestionnaire de l'incubateur qui, très souvent, devient le seul lien d'entrée de l'organisation (Hansen et al., 2000; Muniz et al., 2013). Cette réflexion peut suggérer des manières de rendre l'offre de services moins dépendante de la personne et plus attachée à des processus de gestion de l'incubateur (Aaboen, 2009; Hansen et al., 2000). À partir de ces constats, les écrits revus sur les réseaux internes comme externes se rejoignent pour souligner l'importance du capital social à partir duquel ces réseaux se forment.

Ainsi, la formation, le développement et le maintien du capital social de l’incubateur sont un sujet d’intérêt. Plus récent comme concept utilisé en incubation, des chercheurs réclament une plus grande utilisation de concepts théoriques sur le capital social dans les recherches futures sur les réseaux de l’incubation (Perdomo Charry et al., 2014). Cet appel survient alors que les aspects sociaux de l’incubation font l’objet d’un nombre limité de recherches (Adlešič et al., 2012; Scillitoe et al., 2010; Totterman et al., 2005). Par conséquent, une opportunité se dresse pour moi d’explorer ces aspects. Dès lors, un survol des recherches qui utilisent les concepts sur le capital social en contexte d'incubation est présenté ci-dessous. Le capital social de

l’incubation est la deuxième partie de ma revue d’écrits en lien avec l’omniprésence des réseaux externes de l’incubation.