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Les questions de recherche doivent spécifier ce que je veux comprendre sur l’objet de recherche (Maxwell, 2005). Elles sont centrales au design de recherche qui fait le lien entre les objectifs de recherche, le contexte théorique, la méthodologie utilisée et les préoccupations sur la validité de la recherche (Ibid.). À cet effet, ma collecte des données et l’analyse que j’en ai faite ont été réalisées à partir de ma question de recherche. La question est un moment spécifique du parcours de recherche et une délimitation d’un territoire à explorer. Les multiples itérations que la MSS provoque obligent un chercheur à repenser les paramètres de ce territoire afin de demeurer fidèle et cohérent à ce qui émerge du terrain. Par conséquent, la formulation de la question de recherche est déterminante de ce territoire à occuper. Dans le cadre de la présente recherche, la question de recherche choisie est :

Quel est l'impact de la pratique d'institutionnalisation des interactions auprès des réseaux externes de l'incubateur d’entreprises ?

Quatre réflexions s’imposent sur la formulation de la question. Elles sont : 1) le choix du mot « institutionnalisation », 2) la mire sur les interactions auprès des réseaux externes, 3) l’impact de cette pratique et 4) l’absence de concepts du capital intellectuel dans la formulation de la question de recherche. Ces quatre réflexions sont présentées ci-dessous.

1. Le choix du mot « institutionnalisation »

En début de la cinquième section de ma revue de la littérature, j’ai présenté ma définition de la formalisation :

Une réflexion sur la formalisation infère nécessairement le passage d'un état plus informel, improvisé et parfois chaotique vers un autre plus organisé, répétitif et prévisible. Formaliser, c'est modéliser, standardiser, rendre plus formel ou décrire afin de mettre en forme. » (p.137)

Les intervenants sur le terrain, comme les auteurs identifiés font usage des mots « organiser », « structurer », « formaliser », « standardiser », « institutionnaliser » ainsi que d’autres dérivés pour décrire le passage de processus plutôt improvisés vers un état plus prévisible et répétitif. J’ai opté pour le mot « institutionnalisation » pour délimiter le territoire à explorer. Ce choix est volontaire afin de m’adresser spécifiquement à Hansen et al. (2000) ainsi qu’à ceux et celles qui les citent. Ces auteurs ne définissent pas spécifiquement le terme et lui donnent un sens d’organisation des réseaux. Cela dit, je vais continuer à utiliser l’ensemble des mots pour la réflexion qui suit. J’informe simplement le lecteur que ces mots sont des synonymes dans le cadre de ma recherche.

2. La mire sur « les interactions auprès des réseaux externes »

Ce choix n’est certes pas surprenant. Tout au long de ma réflexion sur le contexte théorique, l’importance d’explorer les processus de l’incubation est manifeste. Bien que la question soit formulée par « quel », elle impose un regard sur le « comment » des interactions au sein de l’incubateur. Le territoire des interactions est le lieu le plus

fertile à explorer pour analyser la pratique de l’institutionnalisation des réseaux. En ce sens, la lumière doit être faite sur le parcours des entrepreneurs et les autres intervenants au processus d’incubation afin de détecter les pratiques de formalisation à ce jour. Ce sont les processus qui doivent être mis en lumière. Par cela, un regard profond est posé sur les manières de faire en lien avec la pratique de formalisation des interactions.

Par ailleurs, la spécification de la nature « externes » des réseaux explorés est aussi un choix. La configuration des incubateurs, forte de ses réseaux externes, est une invitation à focuser sur les liens externes. Les réseaux internes émergeant de l’interaction entre les entreprises incubées sont aussi des lieux intéressants pour les chercheurs. Toutefois, ce territoire interne n’est à peu près pas présent dans la configuration de l’ACET et les gestionnaires n’ont pas eu, à ce jour, de rôle à jouer sur le plan des réseaux internes entre les entrepreneurs incubés.

3. L’impact de cette pratique

Le lien proposé est une manière de m’inviter à la conversation de tous ces auteurs qui désignent des facteurs ou des pratiques de l’incubation comme étant critiques ou différenciateurs des autres. Hansen et al. (2000) le font et d’autres s’appuient sur eux. Par contre, ce lien est souvent implicite et pas nécessairement fondé sur des données empiriques. J’ai choisi l’« impact » afin de rester en mode d’exploration. Par conséquent, je ne cherche pas à démontrer de lien entre deux variables. Je cherche plutôt à décrire la pratique et, suivant cela, à offrir une réflexion sur ce que cette pratique a pu produire comme impact. Il ne s’agit donc pas d’une réflexion sur la mesure du succès ou de la performance globale de l'incubateur, mais plutôt ce que la pratique d'institutionnalisation des réseaux externes peut avoir comme impact pour l'incubateur.

4. L’absence de concepts du capital intellectuel dans la formulation

Enfin, certains lecteurs pourraient soulever la pertinence d’intégrer des concepts du capital intellectuel à la question de recherche. J’ai choisi de ne pas le faire afin de m’insérer, d’abord et avant tout, à la conversation sur l’institutionnalisation des réseaux qui mène à un avantage compétitif. Formulée en ces termes, la question cible plus spécifiquement des auteurs. Comme je ne vise pas prioritairement les conversations dans le « sous-champ » du capital intellectuel, j’ai choisi de ne pas intégrer de dimensions du capital intellectuel à la question de recherche. Cela dit, j’utiliserai les concepts de capital intellectuel pour organiser les résultats et enrichir l’analyse de ceux-ci. Au final, malgré l’absence de mots spécifiques à la question de recherche, les concepts sauront trouver une voie de contribution scientifique et offrir des pistes pour ces chercheurs intéressés au capital intellectuel des incubateurs et d’autres types d’organisations.

À la lumière de ces réflexions qui sous-tendent la formulation de la question de recherche et de l’argumentaire qui précède cette formulation, le territoire délimité offre un grand potentiel de contributions scientifiques et pratiques. Ces contributions sont présentées et décrites aux Quatrième et Cinquième chapitres. Avant cela, le chapitre suivant est une présentation du cadre opératoire de ma recherche. Afin de mettre la table à la méthodologie choisie, le niveau d’analyse et le type de recherche envisagés sont d’abord développés ci-dessous.