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Les logiques de recherche confirment, entre autres, le raisonnement sur la manière dont le chercheur compte aborder le terrain durant le processus de sa recherche en gestion (Hlady Rispal, 2002). Parmi les logiques de recherche, quatre sont plus souvent relevées : quantitative déductive, qualitative déductive, quantitative inductive et qualitative inductive (Ibid.). Présentées de cette manière, les logiques se distinguent sur l’aspect déductif-inductif ainsi que quantitatif-qualitatif. Comme mentionnée ci- dessus, la déduction est un processus positiviste qui utilise la théorie comme a priori à vérifier aux fins de construction de la connaissance (Hlady Rispal, 2002; Wacheux, 1996). Dans une logique quantitative, le processus déductif fait appel à des données quantifiables en chiffres alors que dans une logique qualitative, les mots servent d’outils pour valider ou réfuter les hypothèses (Hlady Rispal, 2002; Miles et al., 1994; Wacheux, 1996).

En contraste, la logique de recherche inductive permet une construction de la connaissance à partir d’observations sur le terrain et de ses réalités empiriques (Hlady Rispal, 2002; Wacheux, 1996). Ainsi, à partir du vécu des acteurs, des données sont extraites et quantifiées en chiffres, en pourcentage et en statistiques, dans une logique quantitative inductive, ou qualifiée en mots, en thèmes ou en catégories dans une logique qualitative inductive (Hlady Rispal, 2002; Paillé et al., 2012). Enfin, l’approche déductive circonscrit le spectre de la recherche à partir de postulats de départ à valider, d’où la référence à des recherches de type hypothético-déductive. L’approche inductive, quant à elle, est plutôt sensible à ce que le terrain, dans sa globalité, son contexte et sa complexité, peut offrir comme réflexion de départ, d’où la référence à des recherches de type holistico-inductive (Prévost et al., 2015; Wacheux, 1996).

Par conséquent, à la lumière des paradigmes que mon terrain de recherche et la situation problématique imposent, il devient cohérent pour moi de travailler à partir de

logiques inductive et qualitative. Sur le plan inductif, mon travail de co-construction n'est possible que par de multiples itérations entre le terrain de recherche, mon savoir, mes expériences, les concepts théoriques sensibilisants et les nouvelles connaissances générées au cours de la démarche (Albert et al., 2011).

Le contexte éphémère et transitoire des meilleures pratiques qui s'offrent aux incubateurs d'entreprises et l'absence de théories dans la littérature professionnelle et scientifique sur l'incubation m’obligent à un travail d'exploration en profondeur. Ce travail est fait dans l’espoir de générer des connaissances plus enracinées dans la réalité de ce type d'organisation. Le terrain devient donc le point de départ (Guillemette, 2006), l'échantillon qui sert de matériel à la recherche (Filion, 2012), le principal fournisseur de données (Bowen, 2006), le savoir local (Albert et al., (2011) à partir duquel la recherche est conduite. Les données empiriques forment ainsi la base de mon travail de collecte et d'analyse de données et m’obligent à de constantes itérations entre ces données et celles de mes analyses inspirées de qui je suis et des concepts sensibilisants (Albert et al., 2011; Anadon et Guillemette, 2007; Guillemette, 2006; Maxwell, 2005; Robson, 2011).

Sur le plan de la logique qualitative, il est tout à fait opportun que les données que je manipule soient largement qualitatives afin d'en dégager du sens. Je travaille à partir de perceptions d’acteurs humains exprimées par des mots afin d'approfondir la compréhension des processus d'activités humaines (Filion, 2012; Miles et al., 1994; Pratt, 2009; Prévost et al., 2015). Les niveaux de profondeur souhaités pour adresser la situation problématique sont difficilement réducteurs à des chiffres ou à quelque chose que l'on peut numériser (Paillé et al., 2012). La situation problématique m’interpelle plutôt vers l'élaboration d'une connaissance plus large et plus holistique d'activités humaines complexes (Anadon et al., 2007; Filion, 2012; Gagnon, 2010; Prévost et al., 2015), peu étudiées en profondeur (Hackett et al., 2004) et qui se déploient dans le cadre d'une relation, parfois complexe, entre le chercheur et le cherché (Filion, 2012; Kincheloe, 2001; 2005; Paillé et al., 2012). Ainsi, la recherche qualitative m’offre plus

de souplesse, met en valeur la subjectivité de tous les intervenants, permet la prise en compte du contexte et m’outille pour une construction progressive de l'objet à l'étude (Anadon et al., 2007; Pratt, 2009; Wacheux, 1996).

En somme, le pragmatisme constitue ma posture philosophique dominante et guide mes perceptions sur les questions déterminantes liées à l'ontologie, l'épistémologie, l'axiologie ainsi que la généralisation et le transfert des connaissances. Par ailleurs, le pragmatisme est aussi mon paradigme de recherche dominant qui favorise une grande liberté d'action afin de répondre à mes questions de recherche et introduire les changements souhaités par les propriétaires de l’intervention. De cette liberté d'action, j’introduis aussi des paradigmes interprétativiste et constructiviste à ma démarche de recherche. D'ailleurs, les premiers résultats sur la situation problématique de l’intervention sont le fruit d'un travail initial fait dans une logique interprétativiste.

Mon travail de co-construction survient ensuite des résultats de ma recherche et de la discussion qui en émerge. Aussi, le terrain de recherche et la situation problématique m’incitent à l'exploration du phénomène en profondeur afin d'en dégager pleinement le sens et de mieux comprendre les activités humaines complexes et propres au contexte de l’incubateur d’entreprises à l’étude. Par conséquent, le terrain dicte le langage de ma recherche et devient mon premier et principal fournisseur de données. En ce sens, une logique de recherche inductive fait foi de ce point de départ et reflète bien ma démarche itérative entre le terrain de recherche, mes connaissances, mon expérience et les concepts théoriques sensibilisants. Enfin, la profondeur exigée et l'itération auprès de multiples acteurs à l'intervention font que des données qualitatives rendent mieux compte de mes observations et outillent, plus justement, mes efforts de dégager du sens à l’intervention.

Conséquemment, les paradigmes de recherche et les questions de recherche déterminent mes logiques de recherche, lesquelles guident mon choix de méthodologie

ainsi que les méthodes de collecte et d'analyse des données (MacKenzie et al., 2006; Paillé et al. 2012). Or, dès l’introduction à cette recherche, la MSS a été annoncée comme choix méthodologique qui répond le plus adéquatement à mes objectifs de recherche. Ses principes ont encadré l’élaboration de la situation problématique et inspiré ma réflexion sur le rôle de la littérature et l'introduction de la notion de concepts sensibilisants à la recherche. Bien que quelques principes de la MSS aient été exposés, il devient maintenant opportun de présenter l'origine et les principes directeurs de cette méthodologie de recherche et en quoi elle répond à qui je suis et ce que je tente d'accomplir dans le cadre de l’intervention et de la recherche. Comme les recherches utilisant la MSS sont méconnues, puisque plutôt répandues en Angleterre et en Australie (Van de Water et al., 2007), il devient pertinent de bien décrire ses fondements et relever des exemples de son utilisation. En ce sens, la MSS est donc présentée ci-dessous.