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Répartition des SP, groupe entier et sous-groupes, t1 et t2

Chapitre 7 Présentation des résultats du groupe non-natif

7.1. Résultats du groupe des non-natifs, préfabrication

7.1.1 Répartition des SP, groupe entier et sous-groupes, t1 et t2

Avant toute analyse des mesures de la préfabrication, nous présentons dans le tableau 19, comme nous l’avons fait pour le groupe natif, les données brutes concernant les SP par types produites par le groupe entier, puis par les sous-groupes. Nous appliquerons le test khi-deux pour comparer la distribution des SP dans les deux tâches du corpus non-natif. Ensuite, nous présenterons les analyses statistiques qui devraient indiquer s’il y a eu progression entre le premier enregistrement et le second, six mois plus tard.

a) Groupe entier

corpus NN-tous SP lexicales SP grammaticales SP discursives

NN-tous t1 (Bd + Film) 432 373 338

NN-tous t2 (Bd + Film) 658 418 328

Tableau 19. Répartition des types de SP du groupe non-natif entier

Dans le tableau 9, le test khi-deux indique que la distribution des différents types de SP est différente aux deux moments de production (novembre à juin) : ²(2, 2564) = 19,6 (p<0,0001). Le nombre de SP lexicales a fortement augmenté alors que le nombre des SP discursives et celui des SP grammaticales a diminué en proportion après six mois, ce que les figures 4 et 5 montrent de façon très nette, en t1 (Figure 4) et en t2 (Figure 5).

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Figure 4. Distribution des SP, corpus non-natif, t1

Figure 5. Distribution des SP, corpus non-natif, t2

La distribution des SP entre t1 et t2 évolue vers une plus grande quantité de SP lexicales (+ 7%) indiquant une amélioration du lexique référentiel. La légère baisse des SP grammaticales (-2%) et surtout celle des SP discursives (-5%) semblent confirmer que les apprenants ont

lexicales 38% Grammaticales 33% discursives 29%

Distribution des SP

corpus non natif (t1)

lexicales 45% grammaticales 31% discursives 24%

Distribution des types de SP,

corpus non natif (t2)

lexicales grammaticales discursives

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moins besoin de s’appuyer sur un certain nombre d’entre elles. Les résultats semblent donc en conformité avec une de nos hypothèses, à savoir une distribution des SP qui évolue dans le temps.

b) Entre les groupes

Cp sous-groupes t1 SP lexicales SP grammaticales SP discursives

NN_déb 106 132 110

NN_int 97 92 97

NN_av 229 149 131

Tableau 20. Nombre de SP par types et par sous-groupes, t1

Le tableau 20 ci-dessus présente le nombre de SP par types et pour chaque groupe en t1. La différence dans la distribution des trois types des SP entre les trois groupes d’apprenants est très significative, en t1 : ²(4, 1143) = 22,7 (p<0,0001).

Cp sous-groupes t2 SP lexicales SP grammaticales SP discursives

NN_déb 197 121 105

NN_int 126 102 85

NN_av 273 166 138

Tableau 21. Nombre de SP par types et par sous-groupes, t2

Le tableau 21 présente la distribution des SP produites par types et par sous-groupe en juin (t2). Cette fois, le test khi-deux ne montre pas, cette fois, de différence en t2 : ²(4, 1313) = 4,50 (p=0,34). Il y a donc une répartition plus homogène des types de SP entre les différents groupes de niveau, la deuxième fois. C’est-à-dire qu’après six mois, les apprenants semblent faire une utilisation semblable du langage préfabriqué (ce que nous regarderons de plus près dans le chapitre 8).

c) Sous-groupe, niveau débutant

Groupe déb SP lexicales SP grammaticales SP discursives

NN déb t1 106 132 110

NN déb t2 197 121 105

Tableau 22. Répartition par type de SP, sous-groupe débutant

Si on compare les différents types de SP produites aux deux moments de production par les membres d’un même groupe, on constate un net changement chez les apprenants « débutants », entre novembre et juin : ²(2, 771) = 20,8 (p<0,0001). Les analyses post hoc

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(taux de liaison) montrent que les débutants produisent plus de SP grammaticales et discursives en novembre, et plus de SP lexicales en juin.

d) Sous-groupe, niveau intermédiaire

Groupe int SP lexicales SP grammaticales SP discursives

NN int t1 97 92 97

NN int t2 126 102 85

Tableau 23. Répartition par types de SP, sous-groupe intermédiaire

La proportion des SP produites par les apprenants du groupe intermédiaire (tableau 23) montre en t1 une distribution quasi-identique des trois types de SP. En t2, malgré une augmentation des SP lexicales et grammaticales, cette différence n’est pas significative : ²(2, 599) = 3,87 (p=0,14 ns).

e) Sous-groupe, niveau avancé

Groupe NN SP lexicales SP grammaticales SP discursives

NN av t1 229 149 131

NN av t2 273 166 138

Tableau 24. Répartition par types de SP, sous-groupe avancé

La répartition des trois types SP produites par les apprenants du groupe avancé (tableau 24) ne change pas entre t1 et t2 = ²(2, 1086) = 0,701 (p= 0,70 ns).

Ces tests montrent que la différence, dans la répartition des types de SP (lexicales, grammaticales et discursives) aux deux moments de production, est seulement significative dans le groupe débutant. En t1, les apprenants débutants produisent plus de SP grammaticales et discursives, ils semblent s’appuyer sur celles-ci ; par exemple, ils produisent un grand nombre de constructions avec c’est et des SP discursives comme et après, c’est, mais en t2 la tendance s’inverse, leur répertoire de SP lexicales a augmenté et s’est enrichi et le nombre de SP discursives a diminué.

e) Répartition des SP en t2 par sujet et par sous -groupe

Des tests khi-deux, appliqués aux types de SP par sujet dans les sous-groupes, nous indiqueront si la répartition de ces types varie d’un individu à l’autre. Ces tests nous montrent que :

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i. l’utilisation des trois types de SP varie fortement pour les membres du groupe débutant en t1 : ²(10, 348) = 33,2 (p < 0,0001) comme en t2 : ²(10, 423) = 37,1 (p<0,0001).

NN deb t1 SP lexicales SP grammaticales SP discursives

AK 12 24 37 JA 14 28 16 NA 8 13 10 OL 28 41 27 SU 15 12 7 XI 29 14 13

Tableau 25. Nb et types de SP, par sujet , niv 1, t1

En t1, les apprenants produisent plus de SP grammaticales et discursives dans l’ensemble que les SP lexicales. En t2, le rapport s’inverse mais la répartition entre les individus varie fortement.

NN deb t2 SP lexicales SP grammaticales SP discursives

AK 25 22 40 JA 36 16 14 NA 31 25 9 OL 34 26 18 SU 34 11 8 XI 37 21 16

Tableau 26. Nb et types de SP par sujet, niv1, t1

ii. L’utilisation des trois types de SP ne varie pas entre les individus du groupe intermédiaire en t1 : ² (8,286) = 10,69 (p=0,22) comme en t2 : ²(8, 322) = 6,21 (p=0,62 ns). Cette différence n’est pas significative.

NN int t1 SP lexicales SP grammaticales SP discursives

HE 20 17 17

MA 26 22 38

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NO 17 21 19

ZI 16 15 16

Tableau 27. Nb et types de SP par sujet, niv 2, t1

Que ce soit en t1 comme en t2, la répartition des trois types de SP ne varie pas entre les individus du groupe intermédiaire. Pourtant on constate que pour NO et ZI, cette répartition (en proportion) se rapproche de celle des natifs au t2.

NN int t2 SP lexicales SP grammaticales SP discursives

HE 26 16 21

MA 17 14 16

MR 13 19 12

NO 29 24 16

ZI 41 29 20

Tableau 28. Nb et types de SP par sujet, niv2, t2

iii. L’utilisation des trois types de SP ne varie pas entre les individus du groupe avancé en t1 : ²(10, 509) = 9,31 (p=0,50) ; et la différence est marginale en t2 : ²(10, 577) = 20,1 (p=0,028)

NN av t1 SP lexicales SP grammaticales SP discursives

FA 46 20 26 MJ 18 9 10 PR 48 31 32 QI 57 44 23 VI 20 17 17 VO 40 28 23

Tableau 29. Nb et types de SP par sujet, niv3, t1

Le groupe avancé est celui qui produit le plus de SP lexicales en t1 comme en t2. La différence marginale constatée en t2 révèle quelques petites différences entre les sujets. Tous les sujets du groupe avancé ont utilisé plus de SP lexicales en t2 (excepté PR) mais dans des proportions différentes. FA et surtout VI sont les deux sujets qui en produisent le plus, passant

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de 46 à 64 et de 20 à 49 SP lexicales respectivement ; FA produit aussi plus de séquences discursives en t2.

NN av t2 SP lexicales SP grammaticales SP discursives

FA 64 26 38 MJ 26 20 12 PR 22 16 18 QI 68 48 20 VI 49 32 19 VO 44 24 31

Tableau 30. Nb et types de SP par sujet, niv3, t2

En conclusion, les changements dans la répartition des SP du groupe débutant indiquent que l’utilisation des types de SP a évolué dans les productions de ce groupe, et en particulier dans l’augmentation des séquences de type lexical. Les autres groupes ne présentent pas une même évolution dans le temps si ce n’est une légère variation interindividuelle en t2 pour le groupe avancé.

La figure 6 suivante illustre la répartition des SP lexicales, grammaticales, discursives par groupes et par sujet en t2. On voit que les différences individuelles dans les sous-groupes sont très marquées, notamment dans le groupe 3. Comme chez les sujets natifs, c’est au niveau individuel que l’on perçoit des différences dans l’emploi des SP non seulement en quantité mais aussi en types de SP produites. La variabilité entre les individus est aussi soulignée par les chercheurs (Forsberg-Lundell et al. 2014 : 269). Afin de vérifier si les séquences produites sont plutôt les mêmes ou si elles se diversifient, nous allons comparer le taux de SP produites pour cent mots en valeur brute mais aussi en occurrences types.

Cinq des six sujets du groupe débutant produisent des SP lexicales en plus grand nombre en t2. Seul AK produit plus de SP discursives, et moins de SP lexicales que les autres apprenants du groupe. La répartition des SP en types est plutôt homogène entre les cinq sujets. Il en va autrement dans le groupe intermédiaire : la figure 6 illustre parfaitement ce que les tests khi-deux avaient mis en avant, c’est-à-dire que la répartition des SP n’est pas homogène. Seule NO produit des types de SP réparties de façon homogène comme celles du groupe contrôle. Dans le groupe avancé, deux sujets FA et QI produisent nettement plus de SP lexicales que les autres apprenants. Mais si FA produit de nombreuses SP lexicales, il produit aussi plus de SP discursives que de SP grammaticales, contrairement à QI et aux sujets natifs.

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Figure 6. Répartition des SP, par sous-groupe et par sujet, t2

FA et QI se détachent cependant des autres apprenants et la figure le montre bien : le nombre de SP lexicales est bien supérieur à l’ensemble du groupe. Quelles en sont les raisons ? Grâce aux informations tirées des interviews que nous avons menées, nous pouvons tenter de l’expliquer. Comme le font remarquer Forsberg et Fant (2010), certains sujets sont plus des utilisateurs de la langue (users) que des apprenants. C’est sans doute le cas de QI et FA. QI vit en France depuis plusieurs années et FA depuis plus d’un an. De ce fait, ils ont acquis plus d’expérience de la langue que les autres sujets de leur groupe. QI adore la langue française, elle vit avec son compagnon chinois dans une ville du Sud et ne conçoit pas sa vie ailleurs qu’en France. Elle désire y travailler et n’a pas envie de retourner vivre en Chine. FA a été embauché par une entreprise basée à Lyon et son employeur finance ses études. Il est, lui aussi, extrêmement motivé et sa carrière professionnelle devrait s’effectuer en partie en France. Il est investi dans l’institution (Ecoles des Mines) et participe à de nombreux événements, notamment à une conférence qui fera date à l’Ecole des Mines d’Albi, sur les origines du chocolat, en collaboration avec un chocolatier de renom dans la région. Un autre sujet du groupe avancé, VI,

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arrivé en France en début d’année, produit moins de séquences préfabriquées que FA et QI mais leur répartition ressemble plus à celle du groupe natif. Ce sujet a appris le français pendant deux ans au Brésil pendant ses études universitaires et sa progression est surprenante au bout de six mois dans le pays de la langue cible. Il désire venir vivre en France et y travailler par la suite. A la différence des autres sujets, il est en France pour une seule année.