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Chapitre 6 Présentation des résultats Comparaison groupe natif et groupe non-

6.5. Corrélations entre fluence et préfabrication

Dans cette section, nous tenterons de répondre à l’une de nos questions de recherche : - y a-t-il une corrélation entre l’usage des SP et la fluence ?

Toutes les recherches entreprises sur le langage préfabriqué ont montré que l’usage des SP améliore la fluence des locuteurs, que ce soit en L1 ou en L2 (chapitre 2). Foster et Skehan (1996) ont trouvé que des locuteurs non-natifs étaient capables de produire un discours plus fluide dans une tâche de discussion, après un temps de planification. Ils sont en outre capables, en le planifiant, de produire un discours plus riche et plus complexe. Foster (2001) montre cependant que les locuteurs natifs sont plus fluent que les non-natifs, que la tâche soit planifiée ou pas. En L2, une autre étude (Ellis et Fangyuan, 2004) montre que dans une tâche planifiée (tâche narrative en l’occurrence) les locuteurs L2 sont non seulement plus « fluent » mais aussi plus précis, ce qui corrobore les résultats de l’étude de Foster et Skehan (1996).

L’étude de Cordier (2013) arrive aux mêmes conclusions, après que cinq sujets anglophones apprenant le français ont été soumis à plusieurs types de tâches : les locuteurs non-natifs produisent des segments de parole plus longs en t2 grâce à l’emploi des SP, qui se développe après un séjour dans le pays de la langue cible.

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Nous avons cherché à savoir s’il existe une corrélation entre la préfabrication et la fluence en appliquant le test non paramétrique de Spearman, d’abord au groupe entier des sujets de cette étude (locuteurs natifs et non-natifs) puis au groupe des locuteurs non-natifs entier. Les corrélations par sous-groupes se sont avérées non significatives (sans doute le nombre des sujets est-il trop petit pour qu’un éventuel effet soit mesurable).

Nous avons choisi les quatre mesures de fluence les plus significatives : la longueur du segment de parole, la vitesse de parole, la vitesse d’articulation et le taux de phonation. Chacune de ces mesures a été corrélée à une mesure de la préfabrication : le taux de syllabes préfabriquées, le nombre de syllabes préfabriquées par segment de parole, le taux de SP pour cent mots et le taux de SP lexicales pour cent mots.

6.5.1 Groupe natif et groupe non-natif entier (t2)

a) Il existe une corrélation forte à très forte entre la longueur du segment de parole et - le taux de syllabes préfabriquées r= ,677 (p<0,0015)

- le nombre moyen de syllabes préfabriquées par segment r=,831 (p<0,0001)

- le nombre moyen de syllabes préfabriquées par segment contenant au moins une SP r=,865 (p<0,0001)

- le taux de SP (r=,544 p=0,01)

- le taux de SP lexicales r=,746 (p<0,001)

a) il existe une corrélation forte entre la vitesse de parole et - le taux de syllabes préfabriquées : r=,665 (p=0,0018)

- le nombre moyen de syllabes préfabriquées par segment r=,717 (p<0,001) - le nombre de syllabes préfabriquées par segment contenant au moins une SP

(r=,788 p=0,0002)

- le taux de SP lexicales r=,687 (p=0,0013)

b) il existe une corrélation entre la vitesse d’articulation et - le taux de syllabes préfabriquées r=,622 (p=0,0035) - le taux de segments avec SP r=,706 (p<0,001)

- le taux de SP r=,456 (p=0,0324), effet marginal seulement pour cette corrélation c) il existe une corrélation entre le taux de phonation et

- le taux de syllabes préfabriquées r=,692 (p=0,0012)

- le nombre de syllabes préfabriquées par segment r=,811 (p<0,0001)

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Les résultats de ces tests montrent qu’il existe une corrélation forte à très forte entre l’usage des SP et la fluence pour l’ensemble des sujets (natifs et non-natifs)

6.5.2 Groupe des locuteurs non-natifs, t1 et t2

Nous avons appliqué le test de Spearman au groupe des locuteurs non-natifs (n=17) et avons trouvé une corrélation forte entre l’usage des SP et la fluence en t1, mais en t2 les résultats sont pour une grande partie marginaux ou non significatifs.

Regardons ce qui se passe dans le groupe des locuteurs non-natifs en entier en t1 et en t2 a) entre la longueur moyenne des segments de parole en syllabes et

- le taux de syllabes préfabriquées t1 (r=,635 p=0,01) et en t2 (r=,297 p>0,5) - le nombre de syllabes par segment t1 (r=,909 p<0,001) et en t2 (r=,598 p=0,0167) - le nombre de syllabes par segment avec SP t1 (r=,914 p<0,001) et en t2 r(=,683

p<0,01)

- le taux de SP pour cent mots t1 (r=,640 p=0,01) et en t2 (r=,365 p>0,5) b) entre la vitesse de parole et

- le taux de syllabes préfabriquées, t1 (r=,669 p<0,01) et en t2 (r=,297 p>0,5) - le nombre de syllabes préfabriquées par segment t1 (r=,904 p<0,001) et en t2

(r=,402 p>0,5)

- le nombre de syllabes préfabriquées par segment avec SP t1 (r=,877 p<0,001) et en t2 (r=,578 p=0,02)

- le taux de SP pour cent mots en t1 (r=,642 p=0,01) et t2 (r=,289 p>0,5)

- le taux de SP lexicales pour cent mots en t1 (r=,664 p<0,01) et t2 (r=,414 p>0,05) c) entre la vitesse d’articulation et

- le taux de syllabes préfabriquées t1 (r=,499 p<0,05) et t2 (r=,271 p>0,5)

- le nombre de syllabes préfabriquées par segment t1 (r=656 p<0,01) et t2 (r=,286 p>0,25)

d) entre le taux de phonation et

- le taux de syllabes préfabriquées t1 (r=,564 p=0,024) et t2 (r=,392 p>0,5)

- le nombre de syllabes préfabriquées par segment t1 (r=,860 p<0,001) et t2 (r=,598 p<0,02)

- le taux de SP pour cent mots en t1 (r=,627 p=0,01) et t2 (r=,515 p<0,04)

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Comment interpréter ces résultats du groupe non-natif ? En t1, on constate des corrélations que l’on ne retrouve pas en t2. Doit-on expliquer ce changement en t2 par la nature de la tâche ? La tâche narrative pourrait avoir été vécue la deuxième comme une épreuve de précision. En t2, les sujets ont voulu mieux faire dans l’ensemble en utilisant un vocabulaire plus précis, plus juste et de ce fait ont produit une quantité de SP moins importante que celle à laquelle nous nous attendions. On sait que lorsqu’une tâche est planifiée, les locuteurs s’appuient moins sur le LP, ce qui pourrait être une première tentative d’explication (Foster, 2001).

Nous allons donc examiner les résultats du groupe non-natif pour tenter de comprendre ces résultats.

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Chapitre 7 Présentation des résultats du