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Chapitre 3 : Problématique et méthode de la thèse

3.1 Conflits et Efforts de réconciliation en RD Congo

3.1.2 De 1965 à 1994 – Sous le régime du parti unique de Mobutu

Dans cette période nous soulignerons la détérioration des relations rétablies par les négociations dans le pays et la destruction du système politique et économique, les guerres perpétrées au Katanga, les efforts de démocratisation et les démarches de réconciliation nationale.

a. Coup d’état et institution du parti unique

La période commence dans la confusion suite au coup d’État fait par le général Joseph Désiré Mobutu en 1965. Après de longs processus de négociations, le Katanga rejoint l’unité nationale. Rentré d’exil, Moïse Tshombe devient premier ministre le 10 juillet 1964. Accusé de faire la lutte pour le pouvoir contre Kasavubu, il est révoqué et est remplacé le 13 octobre 1965 par Évariste Kimba, son ancien ministre dans la sécession du Katanga. À cause des luttes au sommet de l’État, Mobutu en profita pour faire le coup de force. Un mois après, subitement, il prit le pouvoir par un coup d’État le 24 novembre 1965, écartant Kasavubu et son premier ministre Kimba.

Parti unique : le Mouvement Populaire de la révolution (MPR)

La deuxième république est caractérisée par le régime du parti unique du général Mobutu. Ce système politique fut justifié comme une solution aux conflits responsables de la partition du pays par les partis politiques ethniques. Mobutu croyait éviter de « nouveaux jeux politiques et des disputes des clans et ainsi garder le Congo entier et solide, […] et établir la paix sur l’ensemble du territoire»43 .

43 Le destin de Moïse Tshombe, film documentaire Afrique, réalisé par Me Mario Spendre, avocat de

Tshombe, le Colonel Van de Walle, conseiller militaire de Tshombe et de Mobutu, par Jacques Le Bailly, correspondant de guerre au Congo, le Commandant Tavernier, chef mercenaire, Mr. Gérard Bracco, chef d’escadrille de la CIA, Mr. René Léon Libert, pilote mercenaire, le Lieutenant Rignier, chef mercenaire et le professeur René Clemens, conseiller politique de Tshombe au Katanga. Visionné le 03 juin 2013. http://www.afriquedocumentaire.com/, Voir You tube : http://www.youtube.com/watch?v=LI1EoJ5HLtI

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La position de Mobutu ne faisait que se raffermir grâce à l’armée restée fidèle. Il suspendit le multipartisme et mit la classe politique en congé à cause de l’anarchie et du chaos. L’ex premier ministre Évariste Kimba fut tué par pendaison avec trois de ses ministres44. Pour consolider son pouvoir, Mobutu créa le MPR, l’unique Parti-État, seule source du pouvoir au pays car tout Congolais était membre de ce parti. Mobutu, le père de la nation, devint un « mythe » et le mobutisme devint la philosophie du parti unique. La démocratie et le multipartisme furent enterrés. Dans ces changements, avec le recours à l’authenticité, le Congo devenait Zaïre, les noms européens changèrent. Plusieurs stratégies furent mises en place pour assujettir le peuple privé de l’éducation, affamé, appauvri et sans soins de santé45.

Pendant 25 ans, le pays connut un régime totalitaire, sans opposition véritable. La seule opposition venait des mouvements d’étudiants et de quelques rebellions externes, suivi de quelques contestations internes dénonçant l’injustice, la mauvaise gouvernance et l’arbitraire du régime46. La population fut fréquemment opposée à l’armée, dans la répression, sans aucun espoir d’alternance politique. Dans ce climat, aucune négociation ni démarche de réconciliation n’était prévue pour rapprocher les positions controversées dans la gouvernance du pays.

Mobutu reconnut lui-même le « mal zaïrois »47, mais sans apporter les solutions appropriées. Devant cette néo-colonisation, les revendications et luttes commencèrent, ainsi que des incursions rebelles, toutes perpétrées au « Shaba »48 . Et des conflits entre les communautés ethniques au Katanga furent la conséquence d’un long clivage social.

44 Tshingi Kueno Ndombasi S., Kinshasa à l’épreuve de la désagrégation nationale, Paris, L’Harmattan,

2007, p. 16-17. Consulté en ligne le 28 mai 2013.

http://books.google.ca/books?id=wpKSy6F477AC&pg=PA16&dq=Evariste+kimba+premier+ministre&hl =fr&sa=X&ei=YWGmUc_HCMH30gHCiYH4Dg&ved=0CEQQ6AEwAw#v=onepage&q=Evariste%20ki mba%20premier%20ministre&f=false

45 André Kabanda Kana K, L’interminable crise du Congo-Kinshasa, p. 119-122. 46 Ibidem, p 123.

47 Ibidem, p. 124. Le mal zaïrois fut le thème principal que Mobutu avait choisi le 25 novembre1977 au

Congrès ordinaire du MPR où il dénonçait les maux qui rongeaient le pays.

48 Shaba est le nom de l’actuelle province du Katanga. Pour la référence et la visibilité des cultures

africaines, Mobutu avait remplacé des noms européens par des noms africains des provinces, des villes et des personnes.

b. Guerres du Shaba sous le régime de Mobutu

Dans les années 1960, après une réconciliation mal négociée avec le pouvoir central du gouvernement de Kinshasa, les militaires qui avaient fait la sécession katangaise s’étaient repliés en Angola. Dirigés par Nathanaël Bumba, ils s’y réorganisèrent sous le nom de Front National de Libération du Congo (FNLC).

La première guerre du Shaba, dite « guerre de 80 jours », d’après la durée du conflit, était déclenchée par l’invasion de la province par le FNLC en 1977. Cette guerre de libération, soutenue par les Cubains et l’armée du Mouvement Populaire de Libération d’Angola (MPLA), fut remportée facilement. À la demande de Mobutu, des unités marocaines appuyées par la logistique française, belge et américaine repoussèrent les assaillants49.

La paix fut de courte durée car en 1978, les mêmes assaillants pénétraient au Katanga et lançaient une seconde guerre pour se venger de l’échec antérieur. La guerre endommagea les installations de la Gécamines, principale source de revenus du pays50. Le régime de Mobutu survécut encore une fois grâce à l’intervention de troupes étrangères51.

Les deux guerres de Moba52 au Shaba (Katanga)

Deux autres guerres ont eu lieu dans la ville de Moba en 1985. Elles ont été menées par Laurent Désiré Kabila, opposant à Mobutu. Les résistances contre le régime sont nées des frustrations suscitées par l’attitude autoritaire du président, de sa mauvaise gouvernance ainsi que de l'exclusion des anciens politiciens de la gestion de la chose publique. Le Congo eut recours à nouveau aux forces militaires étrangères pour mettre fin à ces deux guerres d’incursions.

49 Isidore Ndaywel è Nziem, Histoire générale du Congo : de l’héritage ancien à la République démocratique, Bruxelles, Duculot, 1998, p. 756.

50 Ibidem.

51 Hilaire Djungadeke Pesse, Le leadership de Néhémie comme paradigme pour la reconstruction, p 56. 52 Moba est une ville de la province du Katanga où il y a eu incursion des assaillants de L.D. Kabila.

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La deuxième république de Mobutu a été une période de destruction de la structure sociale et économique sans précédent au pays53. La dictature et la mauvaise gouvernance ne changeront qu’avec le retour de L. D. Kabila en 1996, à la tête de l’Alliance des Forces de Libération (AFDL) soutenue par le Rwanda et l’Ouganda, qui forcera Mobutu à quitter le pouvoir en 1997.

c. Les conflits entre les populations originaires du Katanga et celles originaires du Kasaï

En 1990, suite aux pressions politiques internes et internationales, Mobutu amorce un processus de démocratisation et convoque à cette fin une Conférence nationale souveraine à Kinshasa. Mais la Conférence provoque des malentendus et il en résulte des hostilités entre les populations originaires de la province du Katanga et celles des non- originaires. Celles-ci sont expulsées du Katanga, forcées de retourner dans leurs provinces d’origine par les natifs du Katanga qui espèrent ainsi occuper leurs emplois et jouir seuls des richesses de la province54. Ces violences, en 1991, similaires aux conflits de 1960, causent plusieurs morts. Les discours anti-Kasaïens sont haineux entre les employés des compagnies minières, les politiciens, ainsi que parmi les religieux congolais et étrangers comme dans les années 196055.

d. Effort de démocratisation et fin du parti unique

Mobutu a régné depuis 25 ans sur le parti unique. Ses efforts de démocratisation s’étaient essentiellement investis dans la conférence nationale souveraine. Nous voulons indiquer les tentatives de réconciliation que les acteurs politiques, sous un régime

53 Hilaire Djungadeke Pesse, Le leadership de Néhémie, p. 68.

54 Mwaba Ngombe, « Conflit Katangais et Kassaïens », dans revue Mukuba (ancienne revue Mwana shaba

éditée par la compagnie La Générale des Carrières et des Mines (GCM), n° 90 (24-29 juillet 1995). « Ce sont les enfants des Kasaïens qui étudiaient compte tenu des statuts de leurs parents au sein de [la compagnie] l’Union Minière du Haut-Katanga. Et, au fil des années, les Kasaïens étaient devenus non seulement nombreux, […]. Devenus puissants économiquement, les Kasaïens occupent tous les postes de responsabilité dans toutes les entreprises du Katanga. D’où le début de l’antipathie du Katangais à leur égard ».

55 Isidore Ndaywel è Nziem, Nouvelle histoire du Congo, p. 430. Parlant des originaires du Kasaï dans son

adresse aux leaders de la Conakat, Mgr De Hemptinne indique « Les envahisseurs occupent les fauteuils de bourgoumestres… ».

monopartite, essayaient de mener pour arriver à la démocratie réelle, la bonne gouvernance et la gestion commune des biens du Congo.

La Conférence Nationale Souveraine et la réconciliation nationale (CNS), 1990-1994

En 1990, suite aux pressions politiques internes et internationales ainsi qu’à l’avènement de la démocratisation à travers l’Afrique, le président Mobutu autorise le multipartisme politique au Zaïre. Il s’engage à démocratiser le pays et veut permettre au peuple de s’exprimer librement56. Malgré l’ouverture politique, les attitudes dictatoriales sont encore visibles en lui. Mais il finit par initier la Conférence Nationale Souveraine, (CNS), une sorte de parlement dirigé par Mgr Mosengwa Pansinya57, comme cadre idéal pour mettre en place les institutions du pays conduisant au nouveau paysage démocratique.

Les objectifs majeurs de cette conférence étaient la rédaction de la Constitution régissant le multipartisme et l’élaboration du calendrier électoral après une transition pacifique. Ainsi la CNS fut considérée comme un bon environnement de réconciliation nationale, avec l’objectif de rapprocher les tendances politiques et ethniques du pays58.

La CNS fut tenue à la manière de la grande palabre africaine autour d’une table pour trouver le remède aux problèmes qui rongeaient le Zaïre. Malgré les tergiversations, perte de confiance interne et externe qui la précédèrent, ce forum a pu rassembler « des fils et des filles du pays », représentant de façon équilibrée l’ensemble des ethnies reparties sur le territoire national59, tous unis pour tenter d’avoir un dialogue et une réconciliation nationale. Le grand souci fut de faire la relecture de l’histoire du Zaïre, de déterminer la destinée du peuple meurtri, et de bâtir une nation prospère. Autour de la table, le peuple eut le devoir de trouver des solutions fondées sur la vérité, le respect de la

56 Godé Lwele, Mgr Monsengwo, acteur et témoin de l’histoire, Louvain-la-Neuve, Duculot, 1995, p. 124. 57 Mgr Laurent Mosengwo Pasinya, président de la CNS, est alors archevêque de Kisangani, province

Orientale de la RD Congo.

58 Lwele, Mgr Monsengwo, p. 124.

59 La question de « géopolitique », c’est-à-dire une représentation géographique et ethnique équitable, s’est

posée au moment des nominations des délégués à la conférence nationale souveraine: les premières ayant suscité des protestations, on a ajusté le nombre des délégués pour atteindre une répartition satisfaisante.

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liberté et la dignité humaine. Il fallait ensuite adopter les nouvelles orientations politiques, économiques et socioculturelles du pays, et ainsi étudier des nouvelles structures et institutions permettant de commencer le processus de la démocratisation60. Comme on le souhaitait, la relecture de l’histoire a effectivement permis de déterminer les causes ainsi que les responsabilités personnelles et collectives dans la dégradation généralisée du pays. Un projet de constitution, un code électoral et un gouvernement de transition ont été mis en place61. Étienne Tshisekedi wa Mulumba fut élu premier ministre par la CNS. Malgré le consensus qui se dégageait dans les décisions, la grande réconciliation nationale publique n’a pas eu lieu. Elle fut remise en question. Les acteurs politiques n’avaient pas confessé publiquement leurs torts passés et ne s’étaient pas demandé pardon les uns aux autres aussi bien qu’au peuple, comme la coutume l’aurait exigé. Mgr Mosengwo déclara la fin de la CNS : « le rite de réconciliation prévu à l’occasion de la clôture ne pourra avoir lieu sans ce repentir et cette demande de pardon ». Le président Mobutu portait lui aussi un jugement sévère sur la conférence : « Le président de la République […], n’a pas hésité à faire savoir – lui qui avait convoqué ces assises – que la Conférence Nationale Souveraine a accouché d’une souris! »62. Mgr Monsengwo n’allait pas aussi loin. Toute en admettant que la CNS n’avait pas atteint tous ses objectifs, il reconnaissait néanmoins qu’elle avait été une bonne école de démocratie.

À cause des résultats décevants de la CNS et la suite des événements au sommet de l’État, la transition que l’on voulait pacifique et non conflictuelle, ne s’est pas passée en douceur. Les conséquences furent inévitablement une suite des guerres, toutes se réclamant d’un idéal de libération. En 1997, après des massacres de la population, le régime de Mobutu prit fin tragiquement. Les autres tentatives de réconciliation conduisirent à de longues négociations et des dialogues inutiles. La paix ne revenait pas de façon durable dans le pays.

60 Lwele, Mgr Monsengwo, p. 142. 61 Ibidem, p. 148.

e. Bilan de la démocratisation et des efforts de réconciliation nationale sous Mobutu

Après les trente-deux ans de dictature de Mobutu, les blessures étaient plus grandes qu’à son arrivée. Pendant la deuxième république, les efforts de démocratisation déployés à la veille de l’indépendance, ont été annihilés. Le régime de Mobutu a commencé dans la frustration totale des cadres politiciens, dont certains ont payé de leur vie. Plusieurs opposants politiques subirent la pendaison et l’élimination physique, tandis que d’autres ont été contraints de vivre en exil. Ceux qui sont restés en RD Congo ont subi des humiliations jusqu’à leur endoctrinement au mobutisme.

En l’absence de la démocratie, aucune réaction ni revendication, même légitime, n’était tolérée. On réprimait les mouvements estudiantins sans négociation. Dans une gouvernance sans partage, en privilégiant les membres de leurs groupes sociaux, les acteurs érigeaient des classes sociales et les clivages furent de plus en plus visibles.

La CSN, perçue comme double effort de démocratisation et de réconciliation autour d’une table, a eu des résultats mitigés. Les institutions qu’elle a mises en place s’ébranlèrent : le premier ministre Tshisekedi fut démis de ses fonctions et son gouvernement fut dissout. Mais il a continué de gouverner, déclenchant un conflit de dédoublement de gouvernements. Dans cette confusion, l’armée impayée, se déploya pour brûler et piller les biens de la population, entraînant aussi la destruction de la structure économique. Dans les provinces, les relations entre ethnies devinrent visiblement tendues et l’exclusion des personnes non originaires de leurs territoires s’est poursuivie à différents endroits du pays. Malgré quelques avancées, les démarches de la réconciliation nationale entreprises au cours de cette période se sont soldées par un échec.

3.1.3 1994-2006 –Multipartisme politique et démocratisation du Congo

Après l’ouverture démocratique de Mobutu en 1994, la suite des événements fut essentiellement marquée par la guerre de libération, la guerre d’agression menée par le Rwanda et l’Ouganda au Congo et le mouvement de libération institué par la rébellion interne de Jean-Pierre Bemba.

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a. La guerre de libération, août 1996

La RD Congo a connu deux guerres63 en l’espace de deux ans (1996-1998) et dès lors, le pays est entré dans une sombre crise politique. La première guerre, dite de libération, fut menée par l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL)64 en 1996. Cette guerre de libération fut organisée et planifiée depuis le Rwanda. Laurent Désiré Kabila, qui avait pris le maquis pendant le régime de Mobutu, fut coopté comme le chef de file de la rébellion pour mettre fin au règne du dictateur. Cette guerre poursuivait des objectifs très divers. Il fallait neutraliser les anciens militaires Hutu Rwandais, qui avaient commis le génocide au Rwanda et qui s’étaient réfugiés au Zaïre-Congo. On espérait ainsi faire disparaître l’intelligentia hutu. Cependant le Rwanda avait encore d’autres agendas secrets, tels qu’étendre son espace territorial à des zones fertiles65. G. de Villiers énumère différents facteurs qui ont motivé cette guerre de libération de la RD Congo :

« Le blocage et le pourrissement du processus de transition démocratique ouvert en 1990, l’enrayement de ce qui subsistait du pouvoir mobutiste […], la révolte des Banyamulenge, population tutsi du Kivu, l’existence de formes diverses de guerres civiles dans plusieurs pays voisins, l’attrait des richesses minérales qu’un Congo réduit à l’impuissance apparaît prêt à brader »66.

La RD Congo fut accusée de protéger les rebellions venues des pays voisins67, telles que le Conseil National pour la Défense de la Démocratie (CNDD) du Burundi, une

63 La première est dite « guerre de libération »; la seconde est connue sous le nom de « guerre

d’agression ».

64 Vincent Mbavu Muhindo, Le Congo-Zaïre, d’une guerre à l’autre. De libération en occupation. Chronique 1996 – Lusaka 1999, Paris, L’Harmattan, 2003, p. 12-13, consulté en ligne le 23 avril 2013.

http://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=Zshi8GIE7z4C&oi=fnd&pg=PA7&dq=guerre+de+liberation+r d+congo&ots=43jEWQOXYA&sig=EVdSNi-y-

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L’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo) est une coalition de tous les partis qui avaient fonctionné contre le régime de Mobutu et qui ont été fusionnés pour former une force militaire qui, conduite par les forces rwandaises, ira renverser le pouvoir dictatorial de Kinshasa sous Mobutu; le RCD est le Rassemblement Congolais pour la Démocratie, rébellion constituée à l’est du Congo. Les deux mouvements se ressemblent parce que les acteurs sont les mêmes.

65 Ibidem.

66 Gauthier De Villiers, « La guerre dans les évolutions de Congo-Kinshasa », Afr Contemp vol. 215, no 3

(2005), p. 48-49.

guérilla qui combattait l’armée burundaise à partir de la base supposée être au Zaïre, et les rebelles Ougandais qui opéraient à partir du Zaïre. En libérant le Congo, on s’assurerait d’avoir éliminé les obstacles à la sécurité des voisins et de consolider la paix de la région. Mais cette guerre en appela une autre. La guerre de libération a démontré les contradictions dans la région des Grands lacs entre les pays voisins, les Francophones et les Anglophones, et entre les institutions internationales, telles que l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) et l’ONU, qui n’avaient pas réussi à se mettre à la hauteur de leur mandat68.

b. La guerre d’agression, 1998

Laurent Désiré. Kabila parvint au pouvoir par la guerre de libération de 1997. Mais cette libération des Congolais ne fut que de courte durée. En effet les exactions commises par les forces qui accompagnaient Kabila au pouvoir, étaient insupportables. L’occupation étrangère se fit aussitôt sentir au pays. Un slogan commença à se répandre parmi la population : « Le Congo aux Congolais69 ». Par crainte d’un coup de force et poussé par la pression de la population de la RD Congo, L. Kabila décida de renvoyer les troupes du Rwanda et de l’Ouganda le 27 juillet 1998. Le 2 août 1998, les armées étrangères expulsées du Congo commencèrent une autre rébellion. Cette guerre fut considérée comme une agression du Congo par les troupes rwandaises, ougandaises et burundaises.

La situation de cette guerre ressemblait à celle de 1960. Dans cette détérioration des relations avec les voisins, la sécurité des pays de la région des Grands lacs était menacée. Jean-François Hugo indique que cette guerre était naturellement motivée par la volonté de contrôler et d’exploiter les richesses minières et agricole du Congo70. Pour

68 Ibidem, p. 8.