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Plan de la thèse

1. Méthodologie/épistémologie de l’enquête orale

1.2 Réflexions sur l’entrevue et les récits de vie

L’usage des sources orales a fait l’objet de nombreuses réflexions au sein de la communauté historienne depuis plus d’une trentaine d’années. D’un point de vue méthodologique, les historiennes et les historiens se sont surtout attardés à la question de la « validité » des sources orales, posant les questions liées à la critique des sources et notamment aux pièges liés au handicap de l’a posteriori (selon l’expression de J.-J. Becker85). Bien sûr, les sources orales n’ont pas le monopole

de l’a posteriori, et une démarche rigoureuse de critique des sources, de quelque nature qu’elles soient, implique toujours de considérer la nature spécifique de celles- ci afin d’en mesurer les limites. De ce point de vue, les sources orales ne sont ni plus ni moins délicates que d’autres sources utilisées en histoire.

L’exigence particulière de la méthodologie de l’enquête orale en histoire est liée au fait que le ou la chercheure est impliquée dans la construction des sources, qui ne sont pas « recueillies » telles quelles, mais créées de toutes pièces pour les

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besoins de la recherche. Le caractère provoqué des sources orales, résultat d’un processus dialogique articulé autour de « deux subjectivités immédiates qui se conjuguent »86, continue de susciter une certaine méfiance dans la communauté

historienne. L’acte de créer une source pour les besoins d’une recherche peut au contraire être considéré comme une opportunité scientifique formidable. Elle implique une prise de conscience profonde du poids de sa propre subjectivité, de l’élaboration du projet à l’interprétation, en passant par toutes les étapes de l’enquête. La démarche de l’enquête orale en histoire met l’historienne ou l’historien sur la sellette, lui imposant de montrer doublement patte blanche dans la critique des sources : de tous les paramètres de l’enquête ― et tout particulièrement autour de l’interaction entre témoin et chercheure ― dépendront la reconnaissance de la validité des sources comme telles. L’historienne ou l’historien qui scrute des archives écrites ne pénètre dans cette zone de vulnérabilité qu’à l’étape de l’interprétation. Nous croyons que l’histoire faite à partir des sources orales accroît la responsabilité du ou de la chercheure aux points de vue éthique (les sources vivantes ne peuvent être traitées comme des documents) et épistémologique (exigence d’autocritique). Quant aux dimensions narrative et performative du récit de vie, elles en constituent de notre point de vue à la fois la plus grande richesse et le plus grand défi d’interprétation.

1.2.1 Les complexités du récit de vie et de son mode de production

Les personnes rencontrées au cours de cette enquête ont sélectionné et interprété des évènements de leur vie pour les organiser sous la forme d’un itinéraire. La source créée pour la cause d’une recherche historique ne constitue pas une fenêtre ouverte sur le passé, elle est avant tout un récit. Ce «genre» narratif particulier qu’est le récit de vie87 est, comme les autres formes autobiographiques,

une construction identitaire. Le caractère artificiel et idéologique de cette

86 Danièle Voldman, « Définitions et usages », Cahier de l’IHTP, 21 (1992),

http://www.ihtp.cnrs.fr/spip.php%3Farticle230&lang=fr.html, consulté le 13 février 2009.

87 Elizabeth Tonkin (Tonkin, Narrating our Pasts) a exploré les récits oraux en tant que genres

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construction narrative a été critiqué par Bourdieu qui a qualifié le récit de vie d’« illusion biographique »88: par la magie de la narration, l’existence prend la forme

d’un tout cohérent et orienté, dont chacun des éléments contribue à confirmer le sens. Une vie n’est pourtant ni un itinéraire, ni une trajectoire, ni même un parcours, malgré que nous utilisions ces trois termes abondamment dans toute la thèse, il n’y a que le regard rétrospectif imposé par le contexte de l’entrevue qui lui donne cette forme. Le monde et la vie sont plutôt une « myriade d’évènements enchevêtrés »89,

un faisceau d’actions orphelines, de projets avortés, de revirements de situation. L’histoire d’un individu est aussi celle de ses ambitions, de ses espoirs, de ses échecs, de ses affects qui sont autant de rapports au monde pour une part profondément ensevelis ou évanouis pour toujours. Le récit de vie est donc une représentation infiniment simplifiée d’une réalité multitemporelle et dynamique infiniment complexe.

Le récit de vie n’est pas davantage l’expression d’une mémoire réifiée. Il est un acte socialement situé et construit par son contexte : « on ne raconte pas sa propre vie … à un magnétophone », comme le fait remarquer Ferrarotti90. D’une

part, le moment biographique spécifique auquel le récit est produit imprime une teinte particulière à cette mémoire : une personne ne racontera pas sa vie de la même façon selon qu’on l’interroge le lendemain de son licenciement ou à la veille d’entreprendre le voyage dont elle a rêvé toute sa vie. D’autre part, le contexte de production du récit (le cadre d’un entretien de type sociologique ou historique) impose à la personne interviewée non seulement une forme narrative spécifique, mais aussi un contenu marqué par les attentes (perçues) du ou de la chercheure et le rapport de pouvoir instauré par l’enquête. Incidemment, force nous a été de constater que la construction narrative en forme d’itinéraire fut autant le fruit de nos propres interventions et attitudes en cours d’entretien (encouragement à produire un

88 Pierre Bourdieu, « L’illusion biographique », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 62, 1

(1986), p.69-72.

89 Michel Foucault, cité dans Farge, Des lieux, 74

90 Franco Ferrarroti, Histoire et histoires de vie : La méthode biographique dans les sciences sociales,

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récit linéaire) et lors de l’analyse que le fait d’une élaboration par la personne elle- même d’un récit orienté.

Comme interlocutrice, nous avons effectivement joué un rôle actif dans la construction du récit. Cependant, s’il est impossible de nier le rapport de pouvoir au cœur du processus d’enquête, son évidence s’est surtout imposée à nous à l’étape de l’interprétation. Nous y reviendrons en fin de chapitre. Lors des rencontres, malgré notre statut d’universitaire, le rapport d’autorité n’était pas explicite. Le plus souvent, les participantes semblaient nous considérer comme une étudiante engagée dans un projet scolaire et non comme une chercheure patentée. Nous avons parfois ressenti une bienveillance presque filiale de la part des femmes rencontrées, par le tutoiement auquel elles ont eu spontanément recours et par la volonté qu’elles nous ont témoignée de nous aider dans notre projet. Nous avons aussi cherché à atténuer la distance en établissant un lien authentique basé souvent sur un partage d’histoires familiales notamment liées au service domestique. À quelques reprises, comme chercheure étudiante, nous avons éprouvé une certaine difficulté à assumer le leadership dans la conduite de l’entretien, ressentant une pression à justifier notre enquête, et hésitant à poser certaines questions embarrassantes. À de rares occasions, face à une personne qui dégageait indécision et fragilité, notre rôle est devenu plus marqué et moins effacé. Ces dispositions, uniques à chaque entretien, ont bien sûr eu un impact sur ce qui a été raconté et la manière de le raconter.

Les personnes rencontrées ont aussi jaugé la personne devant elles et, évaluant à qui elles avaient affaire, ont modulé leur récit en conséquence. Étions- nous quelqu’un qui pouvait comprendre ce qu’elles avaient vécu? Pouvaient-elles nous faire confiance? Quelle image d’elles leur récit allait-il laisser? Car cette demande faite à une personne de reconstituer son parcours est aussi une exigence d’identification, de justification de son existence : « Le rapport au temps individuel est indissociable d’un jugement moral porté sur le vécu personnel du temps en fonction d’objectifs de vie qui cadrent les expériences et permettent de les rendre significatives à ses propres yeux et, dans le cadre spécifique de l’entretien, aux yeux

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d’un enquêteur de passage »91. Comme le précise R. Frank, trois temporalités

différentes se chevauchent dans le récit oral : le passé vécu, le présent qui le construit, et l’avenir qui lui donne sa portée92. Autrement dit, la « présentation de

soi » est une expression de son propre rapport au temps : passé (« ce que j’ai fait de ma vie »), présent (« ce que je suis devenu(e)») et futur (« mes projets »)93.

Nous faisons tous de notre vie une histoire, que nous nous racontons pour la rendre intelligible à nous même. En réalité, il y a une multitude d’histoires possibles, à la base de la recomposition perpétuelle de notre place dans le monde et dans l’histoire, qui sont autant, dans le vocabulaire de Ricoeur, « d’identités narratives » :

La compréhension de soi est une interprétation; l’interprétation de soi, à son tour, trouve dans le récit, parmi d’autres signes et symboles, une médiation privilégiée; cette dernière emprunte à l’histoire autant qu’à la fiction, faisant de l’histoire d’une vie une histoire fictive, ou, si l’on préfère, une fiction historique, entrecroisant le style historiographique des biographies au style romanesque des autobiographies imaginaires.94

L’histoire que nous avons captée un jour en particulier sur notre magnétophone n’en est qu’une parmi une multitude de possibles. À partir de cette histoire, et de toutes les autres récoltées dans le cadre de cette enquête, une autre histoire ― celle que nous produirons sous forme de thèse et d’articles ― est en train d’être écrite. La connaissance produite à la suite de cette démarche a un rapport doublement indirect avec la réalité « objective » dont elle est censée rendre compte, c’est-à-dire qu’elle traverse successivement deux couches de significations, celle du sujet qui se remémore son passé et celle de la « mise en intrigue » de ses souvenirs. Le récit historique construit à partir de cet amalgame mémoriel et narratif produit finalement une image vraisemblable tout au plus des expériences passées

91 Catherine Cicchelli-Pugeault, « Reconnaissance de soi et rapport au temps dans l’entretien

sociologique auprès de femmes de plus de cinquante ans. Temps d’arrêt sur une image identitaire »,

Lien social et Politiques – RIAC, 54 (2005), p. 44.

92 Robert Frank, « La mémoire et l’histoire », Cahier de l’IHTP, 21 (1992),

http://www.ihtp.cnrs.fr/spip.php%3Farticle233&lang=fr.html, consulté le 13 février 2009.

93 Cicchelli-Pugeault, « Reconnaissance de soi ».

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d’une personne. Cette conscience du poids de la subjectivité et de la dimension réflexive dans le processus de création de connaissance ne débouche pas sur un relativisme délétère, mais plutôt sur un renouvellement de l’engagement comme chercheure dans l’acte d’interprétation, dont le but ultime est bien davantage de progresser dans notre compréhension du monde social que de tenter la reconstitution d’un passé disparu.

Les personnes rencontrées ont expliqué les circonstances et identifié les raisons de leurs difficultés, de leurs échecs et de leurs réussites. Nous avons évoqué plus haut l’incontournable dimension justificative du récit de vie; cet aspect a été particulièrement déterminant dans la mesure où notre enquête portait précisément sur des situations de dévalorisation et de déqualification professionnelle et sociale. Personne ne raconte sa vie simplement comme une succession d’échecs, et les femmes rencontrées avaient chacune développé des réponses et des explications aux différents tournants de leur existence, selon les ressources personnelles dont elles disposaient pour passer à travers l’épreuve de l’entrevue. Celles qui bénéficiaient d’un plus important capital culturel ou social (en raison de leur origine sociale, de leur scolarité, de leur inscription dans des réseaux sociaux, de leur expérience d’une certaine reconnaissance sociale ou professionnelle, par exemple) nous ont présenté un récit plus structuré. D’autres femmes ont présenté des souvenirs fragmentés, épars. Certaines ont mélangé les époques, d’autres encore ont oublié ou tu des pans entiers de leur vie. Les auteurs de manuels d’histoire orale insistent sur l’importance d’intervenir le moins possible dans le récit, afin que la personne en construise elle-même la cohérence. En ce qui concerne plusieurs de nos entretiens, cette posture était tout simplement impossible à tenir. Les femmes devant nous attendaient que nous leur posions des questions, que nous leur donnions des exemples, que nous balisions leur récit. Elles ne nous donnaient que de petits morceaux à la fois, ne s’autorisaient que peu de liberté, et notre relation de confiance reposait entre autre sur cet accord tacite : que nous soyons là pour les aider, pour les encourager, qu’elles ne soient pas laissées seules avec leur insécurité et leur manque de mots, leur vie toute morcelée et leur difficulté à en tirer des significations intelligibles pour elles, peut-être, et surtout pour nous. Les

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techniques mobilisées comme intervieweuse dans l’enquête orale ne sont pas sans rappeler, sous certains aspects, les « savoir-faire discrets »95 des travailleuses du

care : les moyens mis en œuvre pour faciliter le récit ne sont réussis que dans la

mesure où ils sont invisibles.

Le premier défi que pose la prise en compte des «paroles de peu», selon l’expression de Farge, est d’abord lié au risque de la réduire à l’expression d’une « innocence », donc de procéder à une véritable « infériorisation de ceux-là même qu’on étudie et dont on fait l’histoire »96. Un second défi est plus spécifiquement lié

au langage même, et concerne la tentation toujours présente de mettre en valeur des récits dont la mise en intrigue est parfaitement maîtrisée, et de négliger les récits plus approximatifs ou confus. Nous sommes confrontée à ce que S. Neysmith et ses collaboratrices ont identifié comme la double invisibilisation du travail des femmes pauvres : « … living in poverty also increase the invisibility of the work of women [...] because it robs them of a language for describing this work with words that are valued »97. En ce qui concerne les expériences de travail domestique rémunéré, le

défi à la fois éthique et méthodologique s’est manifesté ainsi : les femmes qui avaient peu de mots, dont les récits étaient plus encastrés de honte, de modestie, d’insécurité, avaient des choses à dire, peut-être plus importantes parce que moins entendues. La source créée (le récit) pour comprendre ces expériences, était forcément moins riche, et un travail de rééquilibrage de l’interprétation a été constamment nécessaire, pour lutter contre le réflexe de se détourner de ces récits et d’en faire les pièces marginales du corpus de témoignages, et plutôt de les ramener au centre de la réflexion.

95 Pascale Molinier, « Le care à l’épreuve du travail : vulnérabilités croisées et savoir-faire discrets »,

Patricia Paperman et Sandra Laugier, dir., Le souci des autres : éthique et politique du care, Paris, EHESS, 2005, p.299-316.

96 Farge, Des lieux, p.76.

97 Sheila Neysmith, Marge Reitsma-Street, Stephanie B. Collins, et Elaine Porter, « Provisioning :

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1.2.2 Dilemmes et défis de l’interprétation : engagement, autorité et responsabilité

Le développement de ce que l’on a d’abord nommé « l’histoire orale » est indissociable d’un contexte historique et scientifique qui valorisait l’engagement du ou de la chercheure. Dans la foulée des mouvements sociaux contestataires, il s’agissait de transformer des objets en sujets grâce à la prise de parole, dans une perspective militante aux visées humanistes98. D’un point de vue féministe, la

volonté de rendre visible l’expérience des femmes nécessitait une remise en question profonde des dogmes de la pratique de l’histoire en même temps qu’un tout nouveau rapprochement entre les historiennes et le mouvement des femmes99. En

ce qui concerne la réflexion autour du rapport de pouvoir dans l’enquête, elle a été surtout développée par des sociologues, y compris chez les féministes100. Depuis,

certains chercheurs et chercheures, refusant de réduire la personne interrogée à un simple « objet » de recherche, ont préconisé une éthique de la réciprocité, prônant différentes formes de co-construction de la connaissance, faisant approuver les transcriptions ou allant jusqu’à « donner un droit de réponse » à leur « compagnons d’expérimentation »101.

Bien que préoccupée par ce pouvoir unilatéral de l’analyste, nous avons choisi de ne pas pratiquer ce type de partage avec les participantes à notre enquête. D’une part, parce qu’il nous semblait illusoire de penser que le pouvoir de l’interprétation pouvait être partagé également entre la chercheure qui a élaboré et mené un projet de recherche, et les personnes dont la parole, quoi qu’on en dise,

98 Bertaux, Le récit de vie, p.120.

99 Baillargeon, « Histoire orale », p. 53-68.

100 Lire notamment Oakley, Ann, « Interviewing Women ». Chez les historiennes, Joan Sangster a

également exploré ces questions (« Telling our Stories : Feminist Debates and the Use of Oral History », Veronica Strong-Boag et al., dir., Rethinking Canada. The Promise of Women’s History (4e édition), Toronto, Oxford University Press, 2002, p.220-234).

101 Jean-Louis Legrand, « Éthique, étiquettes et réciprocité dans les histoires de vie », Jacqueline

Feldman, dir., L’éthique dans la pratique des sciences humaines : dilemmes, Paris, L’Harmattan, 2000, p.226.

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est destinée à devenir un objet de cette recherche. Si «donner une voix » aux femmes a été, et demeure, un objectif premier de l’approche féministe de l’histoire orale, il faut bien reconnaître que la « voix » de l’enquêtrice ressort au moins autant que celle de l’enquêtée dans la version finale de « l’histoire »102. La démarche

autoréflexive qui fait partie intégrante du processus intellectuel implique de reconnaître l’influence de nos propres origines sociales, de notre histoire familiale (et tout particulièrement, en ce qui nous concerne, des scripts familiaux de rejet du service domestique), de nos propres expériences de travail domestique rémunéré : nous avons porté le poids de tous ces ancrages, qui ont stimulé la réflexion tout en la cadrant. Nous avons tenté de mettre à distance nos préconceptions relatives à notre objet en les formulant le plus honnêtement possible, à mesure de leurs surgissements au cours des années de travail qu’a représenté la préparation de cette thèse. En cours d’enquête, face aux récits recueillis, nous avons autant que possible identifié les impressions que nous savions fortement imprégnées des cadres de jugement hérités et construits depuis l’enfance, tout en cherchant à lutter contre le courant très fort qui nous mène à « croire » davantage les histoires dans lesquelles nous nous reconnaissons, à éprouver de la sympathie pour les figures héroïques et du mépris pour les « perdants », à juger de la valeur d’une vie à partir de la sienne propre, à ignorer les mots que notre expérience personnelle nous empêche de comprendre. La prise de conscience concrète de l’existence de ces lunettes ne permet pas, bien sûr, de faire une archéologie complète de nos préjugés, ni d’annuler les erreurs commises au cours des entretiens (notamment le manque d’écoute), mais nous force du moins à dépasser un premier écran de perception.

Il nous est donc apparu, d’une part, que permettre aux femmes rencontrées de modifier leur récit a posteriori aurait certes enrichi (et alourdi) l’analyse, sans évacuer pour autant le pouvoir final qui nous revient. Consulter les participantes à l’étape de l’interprétation nous semblait poser de nombreux problèmes, le premier et le plus évident étant que les conflits d’interprétations seraient inévitables.

102 Patricia Baker, « Hearing and Writing Women’s Voices », Resources for Feminist Research, 26,

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Autrement dit, et cette prise de conscience a émergé assez rapidement dans le cours de l’enquête, nous avons compris que nous dirions des choses sur leur vie que ces femmes ne cautionneraient pas. D’autre part, écrire une thèse de doctorat implique que nous décidions de nous inscrire dans un dialogue académique, dont sont exclus les non-universitaires. Cette position n’est pas pour autant confortable pour une chercheure féministe dont l’engagement repose précisément sur la possibilité de changer le monde, et non d’abord de participer au discours scientifique103. S’inscrire