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UN QUESTIONNAIRE

Cetteenquêteaétéréaliséeentre 1994et1996,auprèsd'une centaine d'étudiants dontnousavions lachargeentravaux dirigés dans lecadred'un modulesemestriel du premier cycle de psychologie, dans une université parisienne. Il s'agissait d'un questionnaire composéd'une dizainedequestions fermées

-

sur le modeQCM

-et/ououvertes,élaboré aprèsunpré-testayant consistéenunedemi-douzained'en¬

tretiens.Lequestionnaire était naturellement anonyme.Deplus, nil'administrationni lesautresenseignants neconnaissaientsonexistence, lesétudiantsétant avertis de cetteconfidentialité. Laconsigneorale, reproduite parécrit audébut du document, était lasuivante; « Mon enquêtea pourbutdemieux connaître lesétudiants pour mieuxadapter l'enseignement à leursattentes et à leurs éventuelles difficultés. Les résultats pourront peut-être vous servir danslesannées suivantes etservirauxétu¬

diants quivoussuivrontdanslesprochaines années.C'estdoncl'occasionpourvous devousexprimersur lamanièredontestconçu l'enseignement,surlamanièredont lesenseignantssecomportent,etc. Ilestessentielque vousyrépondiezentoute fran¬

chise, àTa foisavec sérieux etdefaçon totalementlibre. Enfin,pensezau faitque vous ne devez pas êtretrop influencé(e) par ce que pourrontdire les autres étu¬

diants; cequim'intéresse c'estvoteavispersonnel. » La passation,qui durait en moyenneunebonnedemi-heure(aumaximumtrois quartsd'heure),avait lieu à la fin d'une séancedeTD (2). Ceuxquinedésiraient pas répondre étaient libres de rendrelequestionnaireviergesansque nous le sachions. Sur96 étudiants depsy¬

chologie, 95 l'ontintégralement rempli (3).

2 - Nousavions lesétudiants dedeuxièmeannée au premiersemestre, ceuxde première annéeausecond semestre.Lesquestionnairesont doncété passés enfin de premiersemestre pourceuxinscrits endeuxièmeannée,enfindedeuxièmesemestrepourlesétudiantsinscrits enpremière année. Sauflesredoublants,lespremiersont donc uneexpérienced'un an et demi,lessecondsd'un an.Dans touslescas,nousn'avons doncpasinterrogécettepartdes inscrits en premièreannée quiabandonnent au coursdu premiersemestre ou bienqui ne reviennent plusquepourpasser éventuellementl'examenterminal.

3 - Unedizaine d'étudiants de sociologieetdelinguistique suivaient également notre cours, nous nelesavons pas inclusdanscetteanalyse.

RECHERCHEet FORMATION 29 - 1998 167

LaurentMUCCHIEW

dansleurs étudesuniversitaires etdes attentesqu'ilspeuvent éventuellementformu¬

ler à l'adresse desenseignants. Pour cefaire, nousavons élaboré deuxquestion¬

nairesdestinésàmieuxcomprendreleurvécu,portantl'un surlesdifficultésdel'ex¬

périence universitaire, l'autre sur leurs motivations et leurs projets de vie. Nous analysons ici lesrésultatsdupremier.

UN QUESTIONNAIRE

Cetteenquêteaétéréaliséeentre 1994et1996,auprèsd'une centaine d'étudiants dontnousavions lachargeentravaux dirigés dans lecadred'un modulesemestriel du premier cycle de psychologie, dans une université parisienne. Il s'agissait d'un questionnaire composéd'une dizainedequestions fermées

-

sur le modeQCM

-et/ououvertes,élaboré aprèsunpré-testayant consistéenunedemi-douzained'en¬

tretiens.Lequestionnaire était naturellement anonyme.Deplus, nil'administrationni lesautresenseignants neconnaissaientsonexistence, lesétudiantsétant avertis de cetteconfidentialité. Laconsigneorale, reproduite parécrit audébut du document, était lasuivante; « Mon enquêtea pourbutdemieux connaître lesétudiants pour mieuxadapter l'enseignement à leursattentes et à leurs éventuelles difficultés. Les résultats pourront peut-être vous servir danslesannées suivantes etservirauxétu¬

diants quivoussuivrontdanslesprochaines années.C'estdoncl'occasionpourvous devousexprimersur lamanièredontestconçu l'enseignement,surlamanièredont lesenseignantssecomportent,etc. Ilestessentielque vousyrépondiezentoute fran¬

chise, àTa foisavec sérieux etdefaçon totalementlibre. Enfin,pensezau faitque vous ne devez pas êtretrop influencé(e) par ce que pourrontdire les autres étu¬

diants; cequim'intéresse c'estvoteavispersonnel. » La passation,qui durait en moyenneunebonnedemi-heure(aumaximumtrois quartsd'heure),avait lieu à la fin d'une séancedeTD (2). Ceuxquinedésiraient pas répondre étaient libres de rendrelequestionnaireviergesansque nous le sachions. Sur96 étudiants depsy¬

chologie, 95 l'ontintégralement rempli (3).

2 - Nousavions lesétudiants dedeuxièmeannée au premiersemestre, ceuxde première annéeausecond semestre.Lesquestionnairesont doncété passés enfin de premiersemestre pourceuxinscrits endeuxièmeannée,enfindedeuxièmesemestrepourlesétudiantsinscrits enpremière année. Sauflesredoublants,lespremiersont donc uneexpérienced'un an et demi,lessecondsd'un an.Dans touslescas,nousn'avons doncpasinterrogécettepartdes inscrits en premièreannée quiabandonnent au coursdu premiersemestre ou bienqui ne reviennent plusquepourpasser éventuellementl'examenterminal.

3 - Unedizaine d'étudiants de sociologieetdelinguistique suivaient également notre cours, nous nelesavons pas inclusdanscetteanalyse.

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Lapédagogieuniversitaire en question

LA PERCEPTION D'ENSEMBLE ET

LA

FRÉQUENCE DES DIFFICULTES

Surnos95 répondants,60sedestinent à des études longues(6secontenteraient de lamaîtrise,50visentle DESS,4envisagentdéjàunDEApréparantundoctorat). 28 étudiantsontparcontredéjà choisides'arrêter à la fin du DEUGoude la licence, lesdeux tiers souhaitant passerensuitelesconcoursd'entrée à l'IUFMou bien dans uneécoled'éducateur spécialisé.Enfin,7 étudiants déclarentnepassavoirjusqu'où ilsiront dans leursétudesetneprécisent pasnon plusjusqu'où ils aimeraientaller.

Tableau 1 - La

perception de la difficulté des études universitaires par rapport au lycée selon le niveau de diplôme espéré

Maîtrise ou plus Licenceau maximum Nesaventpas

Plusdifficile 30%

60%

2

Égal

5%

15%

2

Plusfacile 35%

10%

3

Autres 30%

15%

-NB:pourlarubrique«Nesaventpas» leschiffrestropfaibles sont donnés bruts.

Notre première question était ainsi libellée: «Defaçongénérale, trouvez-vous que l'enseignementàl'universitéest:A/plus difficilequ'au lycée; B/aussidifficile qu'au lycée; C/plus facile qu'au lycée; D/autres (précisez) ». Ainsi que le montre le tableau 1,tandis que75 % desétudiants ayantchoisi des études courtestrouvent quelesétudesuniversitaires sontautantouplusdifficiles quelelycée, seuls35%des étudiantsayantchoisi des études longues partagentla mêmeopinion. Inversement ils sontbeaucoupplusnombreuxàtrouvercesétudesplusfacilesoutrop différentes pour être comparées.Ceconstatpermetd'induirel'hypothèseque plusl'onveutfaire desétudeslongues,et moins celles-ciparaissent difficiles. Dit autrement,plusl'on a d'ambition, moins lesobstacles paraissentdifficilesà surmonter.

Lesréponses «autres »ontdoncété danslaquasi totalitédescasjustifiésparl'ad¬

jectif« différent», suivi ou nonde commentaires (laréponseétaiticiouverte). Ces commentaires sont intéressants.Surles4 étudiants ayant choisi desétudes courtes, 3 ont répondu queladifférence venait avant toutdu plusgrand intérêtdescours,le quatrième s'estimantavant tout«pluslibre»(efayantdurestecochéenmême temps la case « plusfacilequ'au lycée»). Lesréponses desétudiants souhaitantfairedes études longuessontparcontre moinsenthousiastes, cequi peut sembler aupremier abord paradoxal. Certes, ils sontencoreplusieurs àécrire desphrases du genre :

« Il

y

aplus deliberté etd'autonomieà lafac. »Maislesdeuxtiers des réponses soulèvent enfaituneautreréalité:«C'estdifférent.Jenepensepasquecesoit plus

RECHERCHEet FORMATION N° 29 - 1998

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Lapédagogieuniversitaire en question

LA PERCEPTION D'ENSEMBLE ET

LA

FRÉQUENCE DES DIFFICULTES

Surnos95 répondants,60sedestinent à des études longues(6secontenteraient de lamaîtrise,50visentle DESS,4envisagentdéjàunDEApréparantundoctorat). 28 étudiantsontparcontredéjà choisides'arrêter à la fin du DEUGoude la licence, lesdeux tiers souhaitant passerensuitelesconcoursd'entrée à l'IUFMou bien dans uneécoled'éducateur spécialisé.Enfin,7 étudiants déclarentnepassavoirjusqu'où ilsiront dans leursétudesetneprécisent pasnon plusjusqu'où ils aimeraientaller.

Tableau 1 - La

perception de la difficulté des études universitaires par rapport au lycée selon le niveau de diplôme espéré

Maîtrise ou plus Licenceau maximum Nesaventpas

Plusdifficile 30%

60%

2

Égal

5%

15%

2

Plusfacile 35%

10%

3

Autres 30%

15%

-NB:pourlarubrique«Nesaventpas» leschiffrestropfaibles sont donnés bruts.

Notre première question était ainsi libellée: «Defaçongénérale, trouvez-vous que l'enseignementàl'universitéest:A/plus difficilequ'au lycée; B/aussidifficile qu'au lycée; C/plus facile qu'au lycée; D/autres (précisez) ». Ainsi que le montre le tableau 1,tandis que75 % desétudiants ayantchoisi des études courtestrouvent quelesétudesuniversitaires sontautantouplusdifficiles quelelycée, seuls35%des étudiantsayantchoisi des études longues partagentla mêmeopinion. Inversement ils sontbeaucoupplusnombreuxàtrouvercesétudesplusfacilesoutrop différentes pour être comparées.Ceconstatpermetd'induirel'hypothèseque plusl'onveutfaire desétudeslongues,et moins celles-ciparaissent difficiles. Dit autrement,plusl'on a d'ambition, moins lesobstacles paraissentdifficilesà surmonter.

Lesréponses «autres »ontdoncété danslaquasi totalitédescasjustifiésparl'ad¬

jectif« différent», suivi ou nonde commentaires (laréponseétaiticiouverte). Ces commentaires sont intéressants.Surles4 étudiants ayant choisi desétudes courtes, 3 ont répondu queladifférence venait avant toutdu plusgrand intérêtdescours,le quatrième s'estimantavant tout«pluslibre»(efayantdurestecochéenmême temps la case « plusfacilequ'au lycée»). Lesréponses desétudiants souhaitantfairedes études longuessontparcontre moinsenthousiastes, cequi peut sembler aupremier abord paradoxal. Certes, ils sontencoreplusieurs àécrire desphrases du genre :

« Il

y

aplus deliberté etd'autonomieà lafac. »Maislesdeuxtiers des réponses soulèvent enfaituneautreréalité:«C'estdifférent.Jenepensepasquecesoit plus

RECHERCHEet FORMATION N° 29 - 1998

Laurent MUCCHIELLI

dur,maisonn'yestpasdutout préparé. C'est çaqui rend difficile» ditl'und'entre eux (qui a durestecochéàla fois lacase«autres »etlacase « plusdifficile qu'au lycée »). Et c'est la même idée que nous retrouvons chez pratiquement tous les autres :«C'estdifférent, maisenfaitunpeuangoissantcaril n'ya pas decontôle, d'obligation de tavail »; « On manquede méthodes ». Etceci nous semble très important car révélateurdufaitque,mêmechezlesétudiantslesplus motivéscarse destinantauxmétiersdepsycholoque,lesétudess'effectuent dans unecertaineinsé¬

curité, une certaine anxiété quidécoule de cequ'ilsperçoivent comme un déficit d'encadrementintellectuel.Nous auronsl'occasion d'yrevenir longuement.

LA

DIFFICULTE PRINCIPALE DES

CONTENUS

:

L'ELOIGNEMENT

DU CONCRET

En moyenne,sur 8 coursprincipaux(non compris les options etl'anglais), les étu¬

diants estimentavoir desérieuses difficultés à suivre 2 cours. Seuls 8 % déclarent n'avoiraucun problème à suivrel'ensemble descours. 22%sesententaucontraire trèsfragiliséspuisqu'ilsontdesdifficultés dansau moinstrois cours.Lagrandemajo¬

rité(70%)adesdifficultés ponctuelles,dans 1 etgénéralement 2 cours.

Endemandantaux étudiants depréciserquelsétaientces coursoù ils éprouvaient tout particulièrement des difficultés, nous nous heurtons fatalement à un élément humainsingulier : la personnalité de l'enseignant, ses références théoriquesetses capacités pédagogiques. Touteinterprétationestdonc relative,difficilement généra-lisableàl'ensemblede l'enseignementde lapsychologie. Néanmoins, pourlesétu¬

diantsqui nouspréoccupent, lefaitqu'ilsdésignent très clairement trois cours leur posantdesdifficultésdoit être interrogé.Cestrois cours sontla «psychologie déve-loppementale », « l'introduction générale à la psychologie » et « la psychologie expérimentale».

Tableau

2

- Les

cours difficiles

Psychologiedéveloppementale Introductiongénéraleà lapsychologie Psychologieexpérimentale

Psychologiecliniqueetpathologique Psychologiedifférentielle

Psychophysiologie Psychologiesociale Statistique

35%

32%

30%

16%

16%

15%

11 %

10%

16»

RECHERCHEetFORMATION 29 - 1998 Laurent MUCCHIELLI

dur,maisonn'yestpasdutout préparé. C'est çaqui rend difficile» ditl'und'entre eux (qui a durestecochéàla fois lacase«autres »etlacase « plusdifficile qu'au lycée »). Et c'est la même idée que nous retrouvons chez pratiquement tous les autres :«C'estdifférent, maisenfaitunpeuangoissantcaril n'ya pas decontôle, d'obligation de tavail »; « On manquede méthodes ». Etceci nous semble très important car révélateurdufaitque,mêmechezlesétudiantslesplus motivéscarse destinantauxmétiersdepsycholoque,lesétudess'effectuent dans unecertaineinsé¬

curité, une certaine anxiété quidécoule de cequ'ilsperçoivent comme un déficit d'encadrementintellectuel.Nous auronsl'occasion d'yrevenir longuement.

LA

DIFFICULTE PRINCIPALE DES

CONTENUS

:

L'ELOIGNEMENT

DU CONCRET

En moyenne,sur 8 coursprincipaux(non compris les options etl'anglais), les étu¬

diants estimentavoir desérieuses difficultés à suivre 2 cours. Seuls 8 % déclarent n'avoiraucun problème à suivrel'ensemble descours. 22%sesententaucontraire trèsfragiliséspuisqu'ilsontdesdifficultés dansau moinstrois cours.Lagrandemajo¬

rité(70%)adesdifficultés ponctuelles,dans 1 etgénéralement 2 cours.

Endemandantaux étudiants depréciserquelsétaientces coursoù ils éprouvaient tout particulièrement des difficultés, nous nous heurtons fatalement à un élément humainsingulier : la personnalité de l'enseignant, ses références théoriquesetses capacités pédagogiques. Touteinterprétationestdonc relative,difficilement généra-lisableàl'ensemblede l'enseignementde lapsychologie. Néanmoins, pourlesétu¬

diantsqui nouspréoccupent, lefaitqu'ilsdésignent très clairement trois cours leur posantdesdifficultésdoit être interrogé.Cestrois cours sontla «psychologie déve-loppementale », « l'introduction générale à la psychologie » et « la psychologie expérimentale».

Tableau

2

- Les

cours difficiles

Psychologiedéveloppementale Introductiongénéraleà lapsychologie Psychologieexpérimentale

Psychologiecliniqueetpathologique Psychologiedifférentielle

Psychophysiologie Psychologiesociale Statistique

35%

32%

30%

16%

16%

15%

11 %

10%

16»

RECHERCHEetFORMATION 29 - 1998

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Lapédagogieuniversitaire en question

«L'introductiongénérale à la psychologie»est unpeuàpartdans laperceptiondes étudiants qui ont surtout l'impressionde « survoler à toutevitesse la psycho, sans renterdansaucunproblème»,etdedevoir«apprendrepar

cur

untasdechoses sans liensles unesaveclesautres ».C'estici un problèmedepédagogie générale quiestsoulevé. Àquoi serteneffetuncoursd'introduction s'ilesttellementgénéral outellement succinct àforce devouloir traiter de toutqu'ilendevient totalementabs¬

trait voireabscons?

« La psychologie développementale» et« la psychologieexpérimentale » ontun point commun différent dans l'espritdes étudiants.Selon leurspropresexpressions, ellesconsistentà«fabriquerdesmodèlesabstaits»,voire à«rendreabstrait ettrès compliqué ce quiparaîtconcret etsimple» ; en un mot : elles sont « trop théo¬

riques».Ceci estimportantcaron évoquegénéralementlesdifficultésdesétudiants de psychologie face aux chiffres, aux mathématiques. Or, s'ils sont en effet par ailleursnombreux àtrouverfastidieuseslesopérations mathématiques,cen'est pas lemaniementdeschiffresensoiquiconstitueleurvéritabledifficulté, maisle carac¬

tèreabstaitetthéorique du cadre intellectuelgénéral dans lequelles chiffressont maniés. Etceci est confirméparlefait que lecours (nécessairementtrèstechnique) de« psychologiedifférentielle» leurposedeux fois moins souventdes problèmes, celuide«statistique »trois foismoins.

Celaétant,lesentretiensquenousavions menéspourpréparerlequestionnaire(pré¬

test) nousavaient amené àfaire l'hypothèsequecesdifficultésétaientsymbolisées, caricaturées,parcertains cours,maisétaientsansdouteplusgénérales.Nous avions doncajoutéunequestion sur la perceptiongénéraledesdifficultéséprouvéesface à l'ensembledescours(tableau 3).

Tableau

3

- La

nature générale des difficultés face aux cours

Comprendre lerapportthéorie-application Mauvaiseestimedel'enseignant

Excèsdebibliographie

Langagetropthéoriquedesenseignants Difficulté de prise denotes en cours Travailler à la maison :

-

parmanqued'organisation,deméthode

-

du faitduclimat psychologique familial

-

enraisond'une activité salariéeoudel'éloignement

48%

35%

33%

31 %

23%

14%

3%

1 %

10%

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Lapédagogieuniversitaire en question

«L'introductiongénérale à la psychologie»est unpeuàpartdans laperceptiondes étudiants qui ont surtout l'impressionde « survoler à toutevitesse la psycho, sans renterdansaucunproblème»,etdedevoir«apprendrepar

cur

untasdechoses sans liensles unesaveclesautres ».C'estici un problèmedepédagogie générale quiestsoulevé. Àquoi serteneffetuncoursd'introduction s'ilesttellementgénéral outellement succinct àforce devouloir traiter de toutqu'ilendevient totalementabs¬

trait voireabscons?

« La psychologie développementale» et« la psychologieexpérimentale » ontun point commun différent dans l'espritdes étudiants.Selon leurspropresexpressions, ellesconsistentà«fabriquerdesmodèlesabstaits»,voire à«rendreabstrait ettrès compliqué ce quiparaîtconcret etsimple» ; en un mot : elles sont « trop théo¬

riques».Ceci estimportantcaron évoquegénéralementlesdifficultésdesétudiants de psychologie face aux chiffres, aux mathématiques. Or, s'ils sont en effet par ailleursnombreux àtrouverfastidieuseslesopérations mathématiques,cen'est pas lemaniementdeschiffresensoiquiconstitueleurvéritabledifficulté, maisle carac¬

tèreabstaitetthéorique du cadre intellectuelgénéral dans lequelles chiffressont maniés. Etceci est confirméparlefait que lecours (nécessairementtrèstechnique) de« psychologiedifférentielle» leurposedeux fois moins souventdes problèmes, celuide«statistique »trois foismoins.

Celaétant,lesentretiensquenousavions menéspourpréparerlequestionnaire(pré¬

test) nousavaient amené àfaire l'hypothèsequecesdifficultésétaientsymbolisées, caricaturées,parcertains cours,maisétaientsansdouteplusgénérales.Nous avions doncajoutéunequestion sur la perceptiongénéraledesdifficultéséprouvéesface à l'ensembledescours(tableau 3).

Tableau

3

- La

nature générale des difficultés face aux cours

Comprendre lerapportthéorie-application Mauvaiseestimedel'enseignant

Excèsdebibliographie

Langagetropthéoriquedesenseignants Difficulté de prise denotes en cours Travailler à la maison :

-

parmanqued'organisation,deméthode

-

du faitduclimat psychologique familial

-

enraisond'une activité salariéeoudel'éloignement

48%

35%

33%

31 %

23%

14%

3%

1 %

10%

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Laurent MUCCHIELLI

Lesréponsessont instructivesà plusd'un titre. Eneffet,ellesindiquentquel'organi¬

sationdu

tavail

n'est pasleprincipalproblèmerencontréparnosétudiants depsy¬

chologie.Travaillerà lamaison ne posedesdifficultésqu'àceuxquiontparailleurs uneactivitésalariéeoubienqui habitenttrèsloin:ilsinvoquentalors essentiellement lafatigue physique. Demême,prendredesnotes encoursestcertes uneactivitédif¬

ficile, maispourseulement23%desétudiants. Encoreunefois l'essentiel n'estdonc paslà.

Lapremièreinformation de poidsestlasuivante: unétudiant sur deux éprouveglo¬

balementdesdifficultés àcomprendrelerapportentrela théorie et lapratique. Au-delà de telle ou tellematière, c'estlecaractèreabstrait, insuffisammentexemplifié, insuffisammentressenticomme réel,qui gêne lacompréhension intellectuelle.Etc'est bien iciencoreunequestion de pédagogie générale,nousy reviendrons.

La secondeinformation essentielle nous semble résider dans lestrois difficultés qui suiventparordre d'importance : unétudiantsurtrois aglobalement une mauvaise estimede certains enseignants, il considèreque son langage est trop théorique et qu'il neluifacilitepas letravailen le surchargeant debibliographie. Et l'ensemble decesréponses sembleconstitueruneperception d'ensemblechezlesétudiants. Ils sentent l'enseignant loin d'eux, figédans son rôle, dispensant des connaissances qu'ils jugent abstraites, éloignées deleurspréoccupations etdontilsestimentnepas recevoirlesméthodesdecompréhension,lesoutilsd'apprentissage.Mais tentons de préciserencoredavantageleschoses.

DES ATTITUDES PROBLÉMATIQUESCHEZ LES

ENSEIGNANTS

35%desétudiants ontsignalé queleurs difficultés sont liées en partieà une mau¬

vaise estimede l'enseignant. En analysant le contenu des réponses à la question ouverte«Précisez cequevousn'aimezpasdanssonattitudeencours»,nousavons reconstitué le tableau 4 qui présente parordre décroissant de fréquence les cinq thèmesdominants dans lesréponses.

Tableau

4 -

Les

raisons de la mauvaise estime de l'enseignant

Dicteses courssanssesoucierde leurréception Inhibelesétudiants,estfroid voire méprisant Secomplaît dansunlangageésotérique Semblelui-même démotivé

Surchargedetravaillesétudiantssans lesorienter

31 %

25%

19%

16%

9%

167

RECHERCHEetFORMATION N° 29 - 1998 Laurent MUCCHIELLI

Lesréponsessont instructivesà plusd'un titre. Eneffet,ellesindiquentquel'organi¬

sationdu

tavail

n'est pasleprincipalproblèmerencontréparnosétudiants depsy¬

chologie.Travaillerà lamaison ne posedesdifficultésqu'àceuxquiontparailleurs uneactivitésalariéeoubienqui habitenttrèsloin:ilsinvoquentalors essentiellement lafatigue physique. Demême,prendredesnotes encoursestcertes uneactivitédif¬

ficile, maispourseulement23%desétudiants. Encoreunefois l'essentiel n'estdonc paslà.

Lapremièreinformation de poidsestlasuivante: unétudiant sur deux éprouveglo¬

balementdesdifficultés àcomprendrelerapportentrela théorie et lapratique. Au-delà de telle ou tellematière, c'estlecaractèreabstrait, insuffisammentexemplifié, insuffisammentressenticomme réel,qui gêne lacompréhension intellectuelle.Etc'est bien iciencoreunequestion de pédagogie générale,nousy reviendrons.

La secondeinformation essentielle nous semble résider dans lestrois difficultés qui suiventparordre d'importance : unétudiantsurtrois aglobalement une mauvaise estimede certains enseignants, il considèreque son langage est trop théorique et qu'il neluifacilitepas letravailen le surchargeant debibliographie. Et l'ensemble decesréponses sembleconstitueruneperception d'ensemblechezlesétudiants. Ils sentent l'enseignant loin d'eux, figédans son rôle, dispensant des connaissances qu'ils jugent abstraites, éloignées deleurspréoccupations etdontilsestimentnepas recevoirlesméthodesdecompréhension,lesoutilsd'apprentissage.Mais tentons de préciserencoredavantageleschoses.

DES ATTITUDES PROBLÉMATIQUESCHEZ LES

ENSEIGNANTS

35%desétudiants ontsignalé queleurs difficultés sont liées en partieà une mau¬

vaise estimede l'enseignant. En analysant le contenu des réponses à la question ouverte«Précisez cequevousn'aimezpasdanssonattitudeencours»,nousavons reconstitué le tableau 4 qui présente parordre décroissant de fréquence les cinq thèmesdominants dans lesréponses.

Tableau

4 -

Les

raisons de la mauvaise estime de l'enseignant

Dicteses courssanssesoucierde leurréception Inhibelesétudiants,estfroid voire méprisant Secomplaît dansunlangageésotérique Semblelui-même démotivé

Surchargedetravaillesétudiantssans lesorienter

31 %

25%

19%

16%

9%

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