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CONDUITES PEDAGOGIQUES

Ayantrelevéquelquessingularitésdeslienssociauxà l'atelier, comment peut-on les caractériser etensuivrelesinflexions?

Padre padrone

Ils tiennent à des relations d'apprentissage, à des incitations et des accompagne¬

mentsnécessaires. Ilsimpliquentunmanagement etunménagementfaitsàlafoisde gratifications, de (dis)simulations etdestimulationsà essayer, despéculations sur le résultat, mais aussi de démonstrationsde pouvoirfaire, ^'indications deséquences à parcourir. Subircettecuratelle conduitl'élève à s'en remettreaumaître; mais s'y résoudreestloin d'êtreunlongfleuvetranquille. Cetteconduitesuppose:

L'injonctionàfaire stimuléeparl'exercice

Et les paliers atteints, s'ils peuventêtre prévus par le maître dans une marche à suivre,ne sontjamais totalement prédictibles.

Les challengesàproposer

Ils sont autant de moments de rupture d'avec une routine synonyme de prise de risques. Cette épreuve, un mode de synthèse, un dessin qui donne une première visualisation différente... constituentuntremplinou unefragilisation«quandon se plante»,bref s'efforçantde releverledéfi, l'aisanceetl'identité delapersonne s'en trouventpeuou prou modifiées.

Des hautsetdesbas dansla confiance

12o I l-a relation del'étudiantaumaîtreinitiateur du projetsepétrit de halosdehaineet

' d'amour. La « correction » sevit comme un moment marquant, difficileau cours duquel les critiaues à l'emporte-pièce, rudes, dures, les jugements portés sur les documents produits témoignent deviolences contenues, del'affirmation de larges écarts séparant le maître et l'élève. Cefossé qui se creuse là pourra êtrecomblé, évitéparla suitegrâceau rôle de l'assistantqui rétablitun lienavecl'élève, repré¬

sente lepoint de vuedumaître,et tenteparuntravail rapproché deluiéviterdenou¬

velles bévues. N'est maître que celui quiconserveson disciple, saitsusciterdenou¬

vellesambitions, de nouveaux objectifsàatteindresouspeine delaisserl'impression dene passavoiroù ilveut l'emmener,levoirsedétourner delui avecd'autres.

RECHERCHE etFORMATION N° 29 - 1998 Desvertusdidactiques duprojet

CONDUITES PEDAGOGIQUES

Ayantrelevéquelquessingularitésdeslienssociauxà l'atelier, comment peut-on les caractériser etensuivrelesinflexions?

Padre padrone

Ils tiennent à des relations d'apprentissage, à des incitations et des accompagne¬

mentsnécessaires. Ilsimpliquentunmanagement etunménagementfaitsàlafoisde gratifications, de (dis)simulations etdestimulationsà essayer, despéculations sur le résultat, mais aussi de démonstrationsde pouvoirfaire, ^'indications deséquences à parcourir. Subircettecuratelle conduitl'élève à s'en remettreaumaître; mais s'y résoudreestloin d'êtreunlongfleuvetranquille. Cetteconduitesuppose:

L'injonctionàfaire stimuléeparl'exercice

Et les paliers atteints, s'ils peuventêtre prévus par le maître dans une marche à suivre,ne sontjamais totalement prédictibles.

Les challengesàproposer

Ils sont autant de moments de rupture d'avec une routine synonyme de prise de risques. Cette épreuve, un mode de synthèse, un dessin qui donne une première visualisation différente... constituentuntremplinou unefragilisation«quandon se plante»,bref s'efforçantde releverledéfi, l'aisanceetl'identité delapersonne s'en trouventpeuou prou modifiées.

Des hautsetdesbas dansla confiance

12o I l-a relation del'étudiantaumaîtreinitiateur du projetsepétrit de halosdehaineet

' d'amour. La « correction » sevit comme un moment marquant, difficileau cours duquel les critiaues à l'emporte-pièce, rudes, dures, les jugements portés sur les documents produits témoignent deviolences contenues, del'affirmation de larges écarts séparant le maître et l'élève. Cefossé qui se creuse là pourra êtrecomblé, évitéparla suitegrâceau rôle de l'assistantqui rétablitun lienavecl'élève, repré¬

sente lepoint de vuedumaître,et tenteparuntravail rapproché deluiéviterdenou¬

velles bévues. N'est maître que celui quiconserveson disciple, saitsusciterdenou¬

vellesambitions, de nouveaux objectifsàatteindresouspeine delaisserl'impression dene passavoiroù ilveut l'emmener,levoirsedétourner delui avecd'autres.

RECHERCHE etFORMATION N° 29 - 1998

AndréSAUVAGE

Le

projet comme arène des habiletés

(19)

Autreséquence essentielledu projet:lejeu del'épreuveetdujugement, incontour¬

nablepource modepédagogique. Alors, dans cequi estdénommé « le rendu », l'ateliersetransformeetprend l'allure d'unesorted'arèneoù celuiqui renddoitse battreetmenerà bien la présentation. Cettedisposition nouvelle de l'atelierorga¬

nise:

Des«audiences»

C'est-à-diredescirconstancesqui attirent, fixent uneassistancefaite de maîtres etde leurs adjoints, de camarades, mais aussi de personnes extérieures compétentes, voireded'autres composantes de public. Par desdocuments imagésmis à disposi¬

tion, par des rapports, des prototypes, des simulations, des exposés... ils peuvent prendre connaissance de ce qui s'estconçu. Ces audiences suscitent des attitudes révélantdesappréciations explicitesoudiscrètes (silencesgênés, rires, railleries...).

Le«théâtredeshabiletés »

Celui-ci met enbranledesdispositifs«non humains » ;lesunsontétéélaborés par l'élève,etsonexhibitionviseàlesmobiliser, lesmettre en scène. Dans « lerendu », ilvadevoirfaire la preuve desesaptitudes, faire accéderà lavision qui l'ahabité etl'atraversédanssamarche auproduitfinal, démontrerlavirtuositéplusoumoins grande déployée. Dissocier la partpersonnellede compétence inscrite dansle pro¬

duit finaldecelleimputableauxscripts déposés,auxsupportsutilisésfaitencorepar¬

tiedelafinalitéde l'exercice.Etle«rendu»paiesil'élèveprouve avecbriosacapa¬

citéàoptimiser la présentation enexploitantlessystèmesdecommunicationà bon escient, en mobilisant outils et produits pour en faire des armes de conviction et

menercecombat avec lepublic pourlepurger« desincroyants etdessceptiques» I 121 qui menacent delehanter encore.

Ladextérité dansl'exhibitionàproposdu«rendu»asouvent uneinfluence décisive sur la suite. Certaines conduisent à unesorte d'autonomisation de la présentation des résultatstandis qued'autresserésumentà unelectureennuyeuse, sansrelief ni surprisenidécouvertedesdocumentsgraphiques. Aussi, de laprestation danscette arènedes habiletésainsi apprêtées, deuxprolongementsseferont jour.

Unerévélationparl'expérience

Celle-ci peut être entenduecomme ledéroulement maîtriséd'un scénario. Dansce qui s'avèreuntest,on«perd ou nonlespédales »,on «gardeou non latêtesur les épaules »... les conduites serévèlentou non régies parlesouci d'optimisationdes effets surl'audience. La manipulation desobjets etdu public du « rendu » se fait avec aisance, garantissant ou non tout ajustement, toute correction au fur et à mesure où les incidents émergent. Le présentateur, ayant jaugé son potentiel fait

19 -N. Dodier,«Lesarènes deshabiletés techniques », inLesobjetsdansl'action, n"4,Édi¬

tions de l'EHESS (coll. Raisonspratiques), 1993,p. 1 16et suivantes.

RECHERCHEet FORMATION N° 29 - 1998 AndréSAUVAGE

Le

projet comme arène des habiletés

(19)

Autreséquence essentielledu projet:lejeu del'épreuveetdujugement, incontour¬

nablepource modepédagogique. Alors, dans cequi estdénommé « le rendu », l'ateliersetransformeetprend l'allure d'unesorted'arèneoù celuiqui renddoitse battreetmenerà bien la présentation. Cettedisposition nouvelle de l'atelierorga¬

nise:

Des«audiences»

C'est-à-diredescirconstancesqui attirent, fixent uneassistancefaite de maîtres etde leurs adjoints, de camarades, mais aussi de personnes extérieures compétentes, voireded'autres composantes de public. Par desdocuments imagésmis à disposi¬

tion, par des rapports, des prototypes, des simulations, des exposés... ils peuvent prendre connaissance de ce qui s'estconçu. Ces audiences suscitent des attitudes révélantdesappréciations explicitesoudiscrètes (silencesgênés, rires, railleries...).

Le«théâtredeshabiletés »

Celui-ci met enbranledesdispositifs«non humains » ;lesunsontétéélaborés par l'élève,etsonexhibitionviseàlesmobiliser, lesmettre en scène. Dans « lerendu », ilvadevoirfaire la preuve desesaptitudes, faire accéderà lavision qui l'ahabité etl'atraversédanssamarche auproduitfinal, démontrerlavirtuositéplusoumoins grande déployée. Dissocier la partpersonnellede compétence inscrite dansle pro¬

duit finaldecelleimputableauxscripts déposés,auxsupportsutilisésfaitencorepar¬

tiedelafinalitéde l'exercice.Etle«rendu»paiesil'élèveprouve avecbriosacapa¬

citéàoptimiser la présentation enexploitantlessystèmesdecommunicationà bon escient, en mobilisant outils et produits pour en faire des armes de conviction et

menercecombat avec lepublic pourlepurger« desincroyants etdessceptiques» I 121 qui menacent delehanter encore.

Ladextérité dansl'exhibitionàproposdu«rendu»asouvent uneinfluence décisive sur la suite. Certaines conduisent à unesorte d'autonomisation de la présentation des résultatstandis qued'autresserésumentà unelectureennuyeuse, sansrelief ni surprisenidécouvertedesdocumentsgraphiques. Aussi, de laprestation danscette arènedes habiletésainsi apprêtées, deuxprolongementsseferont jour.

Unerévélationparl'expérience

Celle-ci peut être entenduecomme ledéroulement maîtriséd'un scénario. Dansce qui s'avèreuntest,on«perd ou nonlespédales »,on «gardeou non latêtesur les épaules »... les conduites serévèlentou non régies parlesouci d'optimisationdes effets surl'audience. La manipulation desobjets etdu public du « rendu » se fait avec aisance, garantissant ou non tout ajustement, toute correction au fur et à mesure où les incidents émergent. Le présentateur, ayant jaugé son potentiel fait

19 -N. Dodier,«Lesarènes deshabiletés techniques », inLesobjetsdansl'action, n"4,Édi¬

tions de l'EHESS (coll. Raisonspratiques), 1993,p. 1 16et suivantes.

RECHERCHEet FORMATION N° 29 - 1998

122

Desvertusdidactiques duprojet

d'humains (lui-même, le public)etde non humains (l'ensembledes supports maté¬

rielsqu'il manie)échappe ou nonà lapeur paniqueetarriveà bonnefin.

Lesjugements

Dans l'épreuve, la preuvepar le produitpermet de mesurer la partplus ou moins grandedonts'estchargél'apprenti-projeteur, et cellequ'ilaabandonnéeaux outils, aux modèlesen reprenant le « prêf-à-réaliser» qui leurestinhérent(20).Maisce n'est pas là leseul secoursreçu. Dans ce théâtredes habiletés, ilesttoujoursfrap¬

pantdevoirà l'occasion des« rendus », des camaradesvenir aider, desanciens proposerleursconseilsouuneaide.. .Celatémoigne de l'estime portée à l'élève qui vadevoir« plancher».

Quel qu'en soit lesens favorableou défavorable, les implications de la manifesta¬

tion deshabiletés setraduisentparun déplacement dans lepositionnement au sein del'atelier,du groupedes élèves. Lemaîtretrouvera dans cequi luia étédonné à voirdesélémentsdeconfirmationoud'infirmationdesesappréciationsprécédentes.

Sejouedonc ici unedouble légitimation :celledumaîtreconfirmant(oumodifiant) lesarêtesdesonjugement, celledel'élèvequiambitionne de collecterautraversdes compétencesqu'ildonne àvoirdanslesexercices...deshabilitations,descertificats d'habiletés;auvude laprestation, lemaître sera conduit à proposerde nouveaux défis, aussi bien que tirerdes limites apparuesdes éclairages pour composer les séquencessuivantesd'un programmeàvenir.

METTRE EN PROJET

Cetteconfrontationdesobjetsdansdesaudiencesnoussemble untypede situations Qu'ingénieursetarchitectes rencontrent dansleurs cursusprofessionnels. Lapériode 'essai,l'arrivéed'un nouveau etsoninsertiondansununiversdetravail ne consti¬

tuent-elles pasdes moments clésdelégitimation qui nepeuventse résorberquepar la démonstration incontestable deleurscompétencesdans unetellearène? Etdece pointde vue,leprojet s'avèreunepropédeutique pertinente.

Ilrecèleencore biend'autresfacettescommecettedernièrequenousrelevons: ildoit favoriser la coopération de différentsacteurs (21). Car, sil'on serange à certaines

20 - Sur cette question des scripts déposésdanslesobjets,voir M. Akrich, D. Boullier,V.Le

Goaziou, M. Legrand, Genèse des modes d'emploi, lamise en scènedel'utilisateur final, Rennes,LARES, 1990.

21 - Surce registre,voir notammentJ.-Y. Toussaint,« L'architecteet leplan, le planetle bureaucrate»,in Unfragment de lacrisealgérienne,Thèsedel'Universitéde Paris X, 1 992-1993,p.419etsuivantes;aussi Trie,op.cit. «Unedialogique du compromis»,p.98.

RECHERCHEet FORMATION N° 29 - 1998

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Desvertusdidactiques duprojet

d'humains (lui-même, le public)etde non humains (l'ensembledes supports maté¬

rielsqu'il manie)échappe ou nonà lapeur paniqueetarriveà bonnefin.

Lesjugements

Dans l'épreuve, la preuvepar le produitpermet de mesurer la partplus ou moins grandedonts'estchargél'apprenti-projeteur, et cellequ'ilaabandonnéeaux outils, aux modèlesen reprenant le « prêf-à-réaliser» qui leurestinhérent(20).Maisce n'est pas là leseul secoursreçu. Dans ce théâtredes habiletés, ilesttoujoursfrap¬

pantdevoirà l'occasion des« rendus », des camaradesvenir aider, desanciens proposerleursconseilsouuneaide.. .Celatémoigne de l'estime portée à l'élève qui vadevoir« plancher».

Quel qu'en soit lesens favorableou défavorable, les implications de la manifesta¬

tion deshabiletés setraduisentparun déplacement dans lepositionnement au sein del'atelier,du groupedes élèves. Lemaîtretrouvera dans cequi luia étédonné à voirdesélémentsdeconfirmationoud'infirmationdesesappréciationsprécédentes.

Sejouedonc ici unedouble légitimation :celledumaîtreconfirmant(oumodifiant) lesarêtesdesonjugement, celledel'élèvequiambitionne de collecterautraversdes compétencesqu'ildonne àvoirdanslesexercices...deshabilitations,descertificats d'habiletés;auvude laprestation, lemaître sera conduit à proposerde nouveaux défis, aussi bien que tirerdes limites apparuesdes éclairages pour composer les séquencessuivantesd'un programmeàvenir.

METTRE EN PROJET

Cetteconfrontationdesobjetsdansdesaudiencesnoussemble untypede situations Qu'ingénieursetarchitectes rencontrent dansleurs cursusprofessionnels. Lapériode 'essai,l'arrivéed'un nouveau etsoninsertiondansununiversdetravail ne consti¬

tuent-elles pasdes moments clésdelégitimation qui nepeuventse résorberquepar la démonstration incontestable deleurscompétencesdans unetellearène? Etdece pointde vue,leprojet s'avèreunepropédeutique pertinente.

Ilrecèleencore biend'autresfacettescommecettedernièrequenousrelevons: ildoit favoriser la coopération de différentsacteurs (21). Car, sil'on serange à certaines

20 - Sur cette question des scripts déposésdanslesobjets,voir M. Akrich, D. Boullier,V.Le

Goaziou, M. Legrand, Genèse des modes d'emploi, lamise en scènedel'utilisateur final, Rennes,LARES, 1990.

21 - Surce registre,voir notammentJ.-Y. Toussaint,« L'architecteet leplan, le planetle bureaucrate»,in Unfragment de lacrisealgérienne,Thèsedel'Universitéde Paris X, 1 992-1993,p.419etsuivantes;aussi Trie,op.cit. «Unedialogique du compromis»,p.98.

RECHERCHEet FORMATION N° 29 - 1998

AndréSAUVAGE

études(22),« l'ingénieursans imagenette »dont la spécificité tienten partie« de sa compétencetechniquede hautniveau et des analyses intellectuelles surlatech¬

nique(...) se trouve avalé, avant mêmed'avoir pu exprimer une identité dans la Kpulationmultiformedescadres, définieavant toutparunecertaine position dans :helle des cadres ». D'autres montrentaussi que les ingénieurs ont vocation à devenirdespatrons. Orcettecapacitéde(faire) «travailler»ensemblene passe-t¬

elle pas par cetart de« mettreen projet » une diversité d'acteurs.

À

reprendre M. Calon (23),« inter-esse»c'est« semettreentre »plusieursentités pourinstau¬

rerunechaîned'alliés divers. Un intéressement réussiaboutit à deux implications :

il enrôle, il mobilisedesalliés le long deréseauxassociantdes entitéshétérogènes quisontsoitdirectement convoquées, soitreprésentéesparlebiaisd'intermédiaires ou deporte-parole. En exploitantcette idée ici, le projet

-

de mise en production

d'un concept techniqueou d'un produit architectonique

-

pour réussir,doit« faire tenirensemble », par l'élaborationdeceschaînesd'associés différents etc.,stabili¬

serdansdeslienstoujoursprovisoiresdesprogrammateurset des relaisdeconcep¬

tion,des financiers, desouvriers... Encesens, la pédagogie du projetporteaussi cettevertudetendrelesressortspour entreprendre.

APORIE DE

L'ENSEIGNEMENT

DU PROJET?

À me suivre, on pourrait faire preuve d'un scepticisme quant à l'efficience des savoirsdans leprojet. Quelseffets ont-ils surlesproduits artistiques? Leursimplica¬

tions,restentbienconfuses,douteuses, floues. Lesqualifications auxquellesilscontri¬

buentrestentsoumisesà diversesspéculations. Dire quelesprojetssetrouvent à la |

faisinformés(pardesapportsdeconnaissances)etformatés(parl'effetde lamatrice I

dessavoirs, ils prendraient des formes)relève d'un jeu rhétorique. Par une procé¬

dured'analyse impressionniste,on souligneraquelquesfacettesànepasomettre.

Analyse ou synthèse?

Savoiretfaire s'affrontent en composant sous diversaspects. Le premier pourrait sombrer dansledoute et la spéculation infinis, retrouverenpermanencedans l'ima¬

ginaireheuristique les raisons de perpétuer le redéploiement de raisonnement,de poursuitedelarecherched'argumentsoudepreuves... L'acteurdufaire, s'ilconnaît d'autres passions, n'est paspris decevertige. Il luifautagir,c'est-à-dire passer à

22 - Cl.Maury, D.Delamare, Les ingénieurs,Culture technique, Paris,CRCT, PUF, 1984, pp.51,124, 127...

23 - M. Calon, « Éléments pour une sociologie de la traduction, la domestication des coquilles Saint-Jacquesdansla baie deSaint-Brieuc »,L'annéesociologique, 1986.

RECHERCHE etFORMATION N° 29 - 1998 AndréSAUVAGE

études(22),« l'ingénieursans imagenette »dont la spécificité tienten partie« de sa compétencetechniquede hautniveau et des analyses intellectuelles surlatech¬

nique(...) se trouve avalé, avant mêmed'avoir pu exprimer une identité dans la Kpulationmultiformedescadres, définieavant toutparunecertaine position dans :helle des cadres ». D'autres montrentaussi que les ingénieurs ont vocation à devenirdespatrons. Orcettecapacitéde(faire) «travailler»ensemblene passe-t¬

elle pas par cetart de« mettreen projet » une diversité d'acteurs.

À

reprendre M. Calon (23),« inter-esse»c'est« semettreentre »plusieursentités pourinstau¬

rerunechaîned'alliés divers. Un intéressement réussiaboutit à deux implications :

il enrôle, il mobilisedesalliés le long deréseauxassociantdes entitéshétérogènes quisontsoitdirectement convoquées, soitreprésentéesparlebiaisd'intermédiaires ou deporte-parole. En exploitantcette idée ici, le projet

-

de mise en production

d'un concept techniqueou d'un produit architectonique

-

pour réussir,doit« faire tenirensemble », par l'élaborationdeceschaînesd'associés différents etc.,stabili¬

serdansdeslienstoujoursprovisoiresdesprogrammateurset des relaisdeconcep¬

tion,des financiers, desouvriers... Encesens, la pédagogie du projetporteaussi cettevertudetendrelesressortspour entreprendre.

APORIE DE

L'ENSEIGNEMENT

DU PROJET?

À me suivre, on pourrait faire preuve d'un scepticisme quant à l'efficience des savoirsdans leprojet. Quelseffets ont-ils surlesproduits artistiques? Leursimplica¬

tions,restentbienconfuses,douteuses, floues. Lesqualifications auxquellesilscontri¬

buentrestentsoumisesà diversesspéculations. Dire quelesprojetssetrouvent à la |

faisinformés(pardesapportsdeconnaissances)etformatés(parl'effetde lamatrice I

dessavoirs, ils prendraient des formes)relève d'un jeu rhétorique. Par une procé¬

dured'analyse impressionniste,on souligneraquelquesfacettesànepasomettre.

Analyse ou synthèse?

Savoiretfaire s'affrontent en composant sous diversaspects. Le premier pourrait sombrer dansledoute et la spéculation infinis, retrouverenpermanencedans l'ima¬

ginaireheuristique les raisons de perpétuer le redéploiement de raisonnement,de poursuitedelarecherched'argumentsoudepreuves... L'acteurdufaire, s'ilconnaît d'autres passions, n'est paspris decevertige. Il luifautagir,c'est-à-dire passer à

22 - Cl.Maury, D.Delamare, Les ingénieurs,Culture technique, Paris,CRCT, PUF, 1984, pp.51,124, 127...

23 - M. Calon, « Éléments pour une sociologie de la traduction, la domestication des coquilles Saint-Jacquesdansla baie deSaint-Brieuc »,L'annéesociologique, 1986.

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