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L'APPROCHE PAR « LES HUMANITÉS »

Le

groupe

«

Humanités pour les ingénieurs

»

DanslesactesduColloque-Congrès«HumanitésetGrandesÉcoles»de1996,nous allons examinersuccessivement le textedugroupe fondateur de« Humanitéspour lesingénieurs»puislesallocutions d'ouverture et conférences plénièresdesorgani¬

sateursou membresdu comité deprogramme du Colloque-Congrès(7).

On remarquera,en préalable àcette analyse, quelegroupe« Humanitéspourles ingénieurs » est d'abord un groupe « réunissant les directeurs et responsables

"Humanités" » (8) decinq GrandesEcoles.C'estdire quelesdirectionsd'établisse¬

mentinvestissentfortementcetteapproche.

Enlisantletexteadoptéparlegroupe«Humanitéspourlesingénieurs»(9),onpeut faire, trois autresconstats.

1. En premierlieu, faceà un mondequichange, laformation scientifique ettech¬

niqueapparaîtinsuffisanteetl'apportdes Humanités indispensablepour permettre aux futurs ingénieurs de faireface aux nouveaux défis de l'ordre économique et social.

Ainsi,letextedébuteparunconstat critiquede laformation: parcequ'on entre dans

« l'ère de l'incertainetdela complexité», la formation n'estplusadaptée. Elleest trop exclusivement centrée sur« les modes de pensée rationnels » des formations scientifiques; la séparation de la philosophie et des sciences et technologies

«empêche decomprendre leur développement,lesconditions de leurapplicationet leurslimites» ;la méconnaissance,parlesélèves, de«la réalité humaineetsociale des métiersqui serontun jourles leurs »,neleur permet pas de prendre lamesure deleursresponsabilitésfutures.

La formafion aux Humanitésest jugée capable de mobiliser « d'autres formes de pensée pour maîtriser la complexité et fe changement, dialoguer avec d'autres acteurs aux types de raisonnement différents », c'est-à-dire, finalement, introduire dans laformation lemouvementde la société.

7 - Conférence des GrandesÉcoles, Actes du Colloque-Congrès « Humanités etGrandes Ecoles»organisé à l'Ecole centraleetl'INSA deLyon,novembre 1996.

8 - Joël Rochat,directeur de l'Institutnational des sciencesappliquées de Lyon,allocutions d'ouverture, op. cit., pp.6-7.

9 - Charte« Humanitéspourlesingénieurs»,inActes duColloque-Congrès«Humanités et GrandesÉcoles »,op.cit., pp. 13-16.

RECHERCHEet FORMATION 29 - 1998

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Formeraux«Humanités»ouformer auxScienceshumaines et sociales?

L'APPROCHE

PAR « LES

HUMANITÉS

»

Le

groupe

«

Humanités pour les ingénieurs

»

DanslesactesduColloque-Congrès«HumanitésetGrandesÉcoles»de1996,nous allons examinersuccessivement le textedugroupe fondateur de« Humanitéspour lesingénieurs»puislesallocutions d'ouverture et conférences plénièresdesorgani¬

sateursou membresdu comité deprogramme du Colloque-Congrès(7).

On remarquera,en préalable àcette analyse, quelegroupe« Humanitéspourles ingénieurs » est d'abord un groupe « réunissant les directeurs et responsables

"Humanités" » (8) decinq GrandesEcoles.C'estdire quelesdirectionsd'établisse¬

mentinvestissentfortementcetteapproche.

Enlisantletexteadoptéparlegroupe«Humanitéspourlesingénieurs»(9),onpeut faire, trois autresconstats.

1. En premierlieu, faceà un mondequichange, laformation scientifique ettech¬

niqueapparaîtinsuffisanteetl'apportdes Humanités indispensablepour permettre aux futurs ingénieurs de faireface aux nouveaux défis de l'ordre économique et social.

Ainsi,letextedébuteparunconstat critiquede laformation: parcequ'on entre dans

« l'ère de l'incertainetdela complexité», la formation n'estplusadaptée. Elleest trop exclusivement centrée sur« les modes de pensée rationnels » des formations scientifiques; la séparation de la philosophie et des sciences et technologies

«empêche decomprendre leur développement,lesconditions de leurapplicationet leurslimites» ;la méconnaissance,parlesélèves, de«la réalité humaineetsociale des métiersqui serontun jourles leurs »,neleur permet pas de prendre lamesure deleursresponsabilitésfutures.

La formafion aux Humanitésest jugée capable de mobiliser « d'autres formes de pensée pour maîtriser la complexité et fe changement, dialoguer avec d'autres acteurs aux types de raisonnement différents », c'est-à-dire, finalement, introduire dans laformation lemouvementde la société.

7 - Conférence des GrandesÉcoles, Actes du Colloque-Congrès « Humanités etGrandes Ecoles»organisé à l'Ecole centraleetl'INSA deLyon,novembre 1996.

8 - Joël Rochat,directeur de l'Institutnational des sciencesappliquées de Lyon,allocutions d'ouverture, op. cit., pp.6-7.

9 - Charte« Humanitéspourlesingénieurs»,inActes duColloque-Congrès«Humanités et GrandesÉcoles »,op.cit., pp. 13-16.

RECHERCHEet FORMATION 29 - 1998

Marie-LaureCHAIX

L'appel«àformerdeshommesetdes femmeslibres,quinesoient niesclavesdeleur propresavoir, ni esclaves desprogrèsàvenir», capablesde«vivreensociétésans êtredesgensà part»,côtoie l'appelà «aider lesingénieurs, non seulementdans leurefficacité vis-à-visdes influencesd'un environnement médiatique, idéologique ouéthique souvent agressif, mais dansledéveloppementdeleurpropre personna¬

lité, etpar contrecoup de leur influence

-

leur apport scientifique méritant d'être mieuxvalorisé».Tandisque,parl'évocationdu «climat deguerre économiquedes entreprisesetdes États »dans lequelilsont àdéfendre leuremploi, onlesengage à

« réfléchir lucidement aux enjeux et auxmoyens,et ne pas s'affranchirdes ques¬

tionnementséthiquesou politiquesdans leurschoixd'action».

Les objectifsde la Charte sontrésumésde la façon suivante : « La formation aux Humanitésviseprincipalement à préparerlesingénieurs à êtredesacteurs respon¬

sables etsensibles de l'entrepriseet de la société, affrontées à lacomplexité crois¬

sante ».Ils'agiraalors :

-

« defavoriser une ouverture d'espritetd'encourageruneculture et une person¬

nalité équilibrées ;

-

de développer un sens critique, une capacité de recul et d'appréhension de la complexité, une réflexion éthique propre àéclairerl'action;

-

de permettrel'acquisition deconnaissances etd'aptitudes relationnellespréparant l'ingénieuràinteragirdefaçon à lafoisouverte etefficace avecd'autres acteurs de['entreprise et de la société.

Outrecesobjectifs communs,ils'agitaussid'encouragerl'accomplissement dansun domaine, de développer l'aptitude à traiter l'information, d'aider au mûrissement desprojets personnels,d'inciterà laprisederesponsabilités collectives. »

2. Ensecond lieu,leprincipeestposédedonner à laformation auxHumanités un statutquinesoit pasdifférent«decelui desclassiques sciencesdel'ingénieur, ni de lesopposer àcesdernières, comme s'ils'agissaitde deux culturesdifférentes ». La Chartesur laformationdesingénieurs aux Humanitésénonce unelistedeprincipes: insertion danslescursus «commelaformationscientifique»,évaluation«analogue à celleenvigueur dans lesdomainesscientifiques »,énoncéexplicite dansleprojet d'école etdans sa communication, intégration possible à un domaine scientifique préexistant,fonctionnement surledoublemodedu « noyaudur minimum »etdes options,appui sur desrecherches etdeséquipes de recherche internes et/ouinter¬

écoles,facilités donnéesauxenseignantspour«l'organisationdetravauxetderen¬

contresspécifiques entreeux sur leur pédagogie et leur recherche».

3. En troisième lieu, on remarquera que les SHS ne sont pas différenciées des Humanités et même qu'elles sont inclues dans les Humanités. Ainsi, la liste des

«domaines» mis enchantierparlesécolesqui entrentencoopération seprésente commelepassage continuelde l'énoncé d'un contenu deformationàl'énoncéd'une

RECHERCHEetFORMATION 29 - 1998 55 Marie-LaureCHAIX

L'appel«àformerdeshommesetdes femmeslibres,quinesoient niesclavesdeleur propresavoir, ni esclaves desprogrèsàvenir», capablesde«vivreensociétésans êtredesgensà part»,côtoie l'appelà «aider lesingénieurs, non seulementdans leurefficacité vis-à-visdes influencesd'un environnement médiatique, idéologique ouéthique souvent agressif, mais dansledéveloppementdeleurpropre personna¬

lité, etpar contrecoup de leur influence

-

leur apport scientifique méritant d'être mieuxvalorisé».Tandisque,parl'évocationdu «climat deguerre économiquedes entreprisesetdes États »dans lequelilsont àdéfendre leuremploi, onlesengage à

« réfléchir lucidement aux enjeux et auxmoyens,et ne pas s'affranchirdes ques¬

tionnementséthiquesou politiquesdans leurschoixd'action».

Les objectifsde la Charte sontrésumésde la façon suivante : « La formation aux Humanitésviseprincipalement à préparerlesingénieurs à êtredesacteurs respon¬

sables etsensibles de l'entrepriseet de la société, affrontées à lacomplexité crois¬

sante ».Ils'agiraalors :

-

« defavoriser une ouverture d'espritetd'encourageruneculture et une person¬

nalité équilibrées ;

-

de développer un sens critique, une capacité de recul et d'appréhension de la complexité, une réflexion éthique propre àéclairerl'action;

-

de permettrel'acquisition deconnaissances etd'aptitudes relationnellespréparant l'ingénieuràinteragirdefaçon à lafoisouverte etefficace avecd'autres acteurs de['entreprise et de la société.

Outrecesobjectifs communs,ils'agitaussid'encouragerl'accomplissement dansun domaine, de développer l'aptitude à traiter l'information, d'aider au mûrissement desprojets personnels,d'inciterà laprisederesponsabilités collectives. »

2. Ensecond lieu,leprincipeestposédedonner à laformation auxHumanités un statutquinesoit pasdifférent«decelui desclassiques sciencesdel'ingénieur, ni de lesopposer àcesdernières, comme s'ils'agissaitde deux culturesdifférentes ». La Chartesur laformationdesingénieurs aux Humanitésénonce unelistedeprincipes: insertion danslescursus «commelaformationscientifique»,évaluation«analogue à celleenvigueur dans lesdomainesscientifiques »,énoncéexplicite dansleprojet d'école etdans sa communication, intégration possible à un domaine scientifique préexistant,fonctionnement surledoublemodedu « noyaudur minimum »etdes options,appui sur desrecherches etdeséquipes de recherche internes et/ouinter¬

écoles,facilités donnéesauxenseignantspour«l'organisationdetravauxetderen¬

contresspécifiques entreeux sur leur pédagogie et leur recherche».

3. En troisième lieu, on remarquera que les SHS ne sont pas différenciées des Humanités et même qu'elles sont inclues dans les Humanités. Ainsi, la liste des

«domaines» mis enchantierparlesécolesqui entrentencoopération seprésente commelepassage continuelde l'énoncé d'un contenu deformationàl'énoncéd'une

RECHERCHEetFORMATION 29 - 1998 55

Formeraux«Humanités»ouformerauxScienceshumaines et sociales?

approche pardomaine, débordant le cadre strict des SHS : « Communication et expression; épistémologie et histoire des sciences et des techniques; ressources humaines; sociologieetpsychologie; organisationscollectives etpolitiques;science politique; civilisations;éthique de l'entreprise; musique et arts; littératureet philo¬

sophie ». Lesfondateursonteu, surtout, pour préoccupation, de situer lesHumani¬

tésparrapportaux«sciencestraditionnellesdel'ingénieur», en«complément»de celles-ci, et dans une certaine défiance à l'égard d'une définition trop précise puisquecette«formation que l'onpeutqualifierd"'Humanitéspourlesingénieurs"» désigneles «scienceséconomiques,socialesethumaines» « sansselimiterapriori auxplusformalisées decesdernières ».

« Qu'est-ce que lesécoles attendentdes humanités? » C'estla question que pose AndréBéraud(10) constatant que« lasituation dans lesécoles estàcetégardtrès confuse ». Est-ce« l'acquisition d'outils, d'instruments»ou « l'indépendanced'es¬

prit, d'autonomieautrementditdelibertédel'hommeetducitoyen

(...)»?

Iloppose, ainsi,sanspourautant considérerquecesoitdes«objectifsantinomiques», undis¬

courstout centrésurl'instrumentalisationdesHumanitésà undiscours« humaniste» (11) qui paraîtdégagé detoute contingence professionnelle. C'estla même lecture que l'on peut faire de l'introduction de Michel Camus (12) au texte du groupe

« Humanités pour les ingénieurs » : d'uncôté il appelle les Écolesà « formerdes ingénieurs etdescadreshumainement capables demaîtriserleprogrèsàvenirdans unmonde quel'onnousannoncevirtuel,(...)etoù,àtraverslesréseaux, lescontacts entreindividus,certes, semultiplientmaisrisquent desedéshumaniser. Nousdevons formerdes hommes et des femmescapablesde prendrepartetdes'adaptertoute

. leurvie aux évolutions dela société. Nous devonsformerdescitoyens. »Etcomme S6 I si l'on changeaitde registre, MichelCamus continue : « Mais nous devons égale¬

mentsatisfaireàpluscourt termelesbesoinsdesentreprisesquisontde plus en plus exigeantes quantaux qualitéshumaines des diplômésqu'elles recrutent. »Ce par¬

tage entredesobjectifstrès largeset desobjectifs plusorientés parles besoins des entreprises, s'il concerne toujours le développement de caractéristiques

«humaines», estsignificatifd'unefaçon deparlerde« l'humain »quilemet àdis¬

tance ducontingent. Commesi l'on avaitaffaire, là, à uneforme d'idéalisation.

Enfait, à traverslesallocutions d'ouvertureetconférencesplénières, les Humanités sontsollicitéessurdeux plansdifférents. D'uncôté, la critique « humaniste» d'une

10 - AndréBéraud,directeurdu CentredesHumanités,INSA deLyon,«Genèsed'unepro¬

blématique»,op. cit.,pp. 17-21.

11 - Qualificatifproposéparmoi-même.

12 - Michel Camus, présidentdu comitéd'organisation, directeur de l'enseignement supé¬

rieurdestélécommunications,op. cit., pp. 11-12.

RECHERCHEet FORMATION N° 29 - 1998

Formeraux«Humanités»ouformerauxScienceshumaines et sociales?

approche pardomaine, débordant le cadre strict des SHS : « Communication et expression; épistémologie et histoire des sciences et des techniques; ressources humaines; sociologieetpsychologie; organisationscollectives etpolitiques;science politique; civilisations;éthique de l'entreprise; musique et arts; littératureet philo¬

sophie ». Lesfondateursonteu, surtout, pour préoccupation, de situer lesHumani¬

tésparrapportaux«sciencestraditionnellesdel'ingénieur», en«complément»de celles-ci, et dans une certaine défiance à l'égard d'une définition trop précise puisquecette«formation que l'onpeutqualifierd"'Humanitéspourlesingénieurs"» désigneles «scienceséconomiques,socialesethumaines» « sansselimiterapriori auxplusformalisées decesdernières ».

« Qu'est-ce que lesécoles attendentdes humanités? » C'estla question que pose AndréBéraud(10) constatant que« lasituation dans lesécoles estàcetégardtrès confuse ». Est-ce« l'acquisition d'outils, d'instruments»ou « l'indépendanced'es¬

prit, d'autonomieautrementditdelibertédel'hommeetducitoyen

(...)»?

Iloppose, ainsi,sanspourautant considérerquecesoitdes«objectifsantinomiques», undis¬

courstout centrésurl'instrumentalisationdesHumanitésà undiscours« humaniste» (11) qui paraîtdégagé detoute contingence professionnelle. C'estla même lecture que l'on peut faire de l'introduction de Michel Camus (12) au texte du groupe

« Humanités pour les ingénieurs » : d'uncôté il appelle les Écolesà « formerdes ingénieurs etdescadreshumainement capables demaîtriserleprogrèsàvenirdans unmonde quel'onnousannoncevirtuel,(...)etoù,àtraverslesréseaux, lescontacts entreindividus,certes, semultiplientmaisrisquent desedéshumaniser. Nousdevons formerdes hommes et des femmescapablesde prendrepartetdes'adaptertoute

. leurvie aux évolutions dela société. Nous devonsformerdescitoyens. »Etcomme S6 I si l'on changeaitde registre, MichelCamus continue : « Mais nous devons égale¬

mentsatisfaireàpluscourt termelesbesoinsdesentreprisesquisontde plus en plus exigeantes quantaux qualitéshumaines des diplômésqu'elles recrutent. »Ce par¬

tage entredesobjectifstrès largeset desobjectifs plusorientés parles besoins des entreprises, s'il concerne toujours le développement de caractéristiques

«humaines», estsignificatifd'unefaçon deparlerde« l'humain »quilemet àdis¬

tance ducontingent. Commesi l'on avaitaffaire, là, à uneforme d'idéalisation.

Enfait, à traverslesallocutions d'ouvertureetconférencesplénières, les Humanités sontsollicitéessurdeux plansdifférents. D'uncôté, la critique « humaniste» d'une

10 - AndréBéraud,directeurdu CentredesHumanités,INSA deLyon,«Genèsed'unepro¬

blématique»,op. cit.,pp. 17-21.

11 - Qualificatifproposéparmoi-même.

12 - Michel Camus, présidentdu comitéd'organisation, directeur de l'enseignement supé¬

rieurdestélécommunications,op. cit., pp. 11-12.

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Marie-LaureCHAIX

formation aux « sciences dures »qui « déshumaniserait » les ingénieurs, accom¬

pagne la préoccupation de les réintégrer danslediscours social par le biais de la culture : lesHumanités,deparleurtraditiond'oppositionà l'autoritéecclésiastique oupolitique, lesmettraientenpositionderésisterà ladictature du savoir rationnel.

De l'autre côté, l'affirmation du pouvoir social des ingénieurs que manifestent les

«sciencesdures »,accompagne la préoccupation du maintien de leurefficacité au-delà du seul pointde vue technologique et scientifique, les Humanitésou les SHS pouvant jouercerôled'amplificationdeleurrôle social (13). Parexemple:

Faceà la mise en causede l'ordredu monde, face à l'incertitude et à la com¬

plexité, faceà lacompétition mondiale dans laquelle ilestlancé, face au « noma¬

disme»qui devientsonlot danslecadredelamondialisation,il estdemandé àl'in¬

génieur de s'enraciner dans des valeurs sûres tout en cultivant l'alférité et en développantlacompréhension interculturelle:« Poursemouvoir dansunmonde où lesrepèreschangent,uneréflexionapprofondiesursesracines etsapropreculture estfondamentale: unbon« nomade»a uneidentitéforte etun systèmede valeurs assuré. » Mais s'il faut ainsi le préparer«techniquement et psychologiquement, à cetteouverture permanente àd'autrescultures,àcettecapacité audialogue»(14), c'estbien parcequ'ilestsoumisàunecompétition impitoyable.

Face aux dépendances et aux conservafismes que peuvent produire toutes les formes d'autorité, celles du savoircomme celles des hiérarchies sociales, les ingé¬

nieurs sontinvités à l'autonomie,au développement et à l'affirmation de leurper¬

sonnalité.C'estcequ'on trouve déjàdans laCharte dugroupe«Humanitéspourles ingénieurs»etquiseradéveloppédanslescommunicationsqui cherchent àdéfinir

lesHumanités.Or, on peut penserquel'on sert,ainsi, ledéveloppementdes capa¬

citésd'innovationdontJ. Lévysignale qu'elles sontessentiellesdans lecadre de la I 57 compétition mondiale.

C'estaussi parcequ'ils ontaffaireà l'écrasementdeshiérarchies danslesentre¬

prises età l'élévation générale duniveaud'instruction des personnesdontilsont la responsabilité,à l'augmentation de«l'interactivité »entre individus qui en résulte, quelesingénieurssontinvitésà développerleurs«qualités humaines»,leurs capa¬

citésdedialogueetdevieensociété.Etc'estencorefaceauxnécessitésd'actions et deprisesde décisionsopératoiresdans descontextes deréalisation de« projets » finalisés,qu'on leurdemandede s'impliquer personnellement dans les entreprises, donner dusens àcequ'ilsfont et àcequefont ceux qui travaillentaveceux. Etsi,

13 - PourJacquesLévy,par exemple,cequicompte, c'estde«développeretentretenir chez nosdiplôméscequel'on appelle dans l'industriele« métierdebase»c'est-à-direlaforma¬

tion techniqueetscientifique.»4op. cit., pp.8-10.J.Lévyestprésidentde la Conférencedes GrandesÉcoles,directeur de l'École nationale supérieuredesminesdeParis.

14 - J.Lévy,op. cit., pp.8-10.

RECHERCHEetFORMATION 29 - 1998 Marie-LaureCHAIX

formation aux « sciences dures »qui « déshumaniserait » les ingénieurs, accom¬

pagne la préoccupation de les réintégrer danslediscours social par le biais de la culture : lesHumanités,deparleurtraditiond'oppositionà l'autoritéecclésiastique oupolitique, lesmettraientenpositionderésisterà ladictature du savoir rationnel.

De l'autre côté, l'affirmation du pouvoir social des ingénieurs que manifestent les

«sciencesdures »,accompagne la préoccupation du maintien de leurefficacité au-delà du seul pointde vue technologique et scientifique, les Humanitésou les SHS pouvant jouercerôled'amplificationdeleurrôle social (13). Parexemple:

Faceà la mise en causede l'ordredu monde, face à l'incertitude et à la com¬

plexité, faceà lacompétition mondiale dans laquelle ilestlancé, face au « noma¬

disme»qui devientsonlot danslecadredelamondialisation,il estdemandé àl'in¬

génieur de s'enraciner dans des valeurs sûres tout en cultivant l'alférité et en développantlacompréhension interculturelle:« Poursemouvoir dansunmonde où lesrepèreschangent,uneréflexionapprofondiesursesracines etsapropreculture estfondamentale: unbon« nomade»a uneidentitéforte etun systèmede valeurs assuré. » Mais s'il faut ainsi le préparer«techniquement et psychologiquement, à cetteouverture permanente àd'autrescultures,àcettecapacité audialogue»(14), c'estbien parcequ'ilestsoumisàunecompétition impitoyable.

Face aux dépendances et aux conservafismes que peuvent produire toutes les formes d'autorité, celles du savoircomme celles des hiérarchies sociales, les ingé¬

nieurs sontinvités à l'autonomie,au développement et à l'affirmation de leurper¬

sonnalité.C'estcequ'on trouve déjàdans laCharte dugroupe«Humanitéspourles ingénieurs»etquiseradéveloppédanslescommunicationsqui cherchent àdéfinir

lesHumanités.Or, on peut penserquel'on sert,ainsi, ledéveloppementdes capa¬

citésd'innovationdontJ. Lévysignale qu'elles sontessentiellesdans lecadre de la I 57 compétition mondiale.

C'estaussi parcequ'ils ontaffaireà l'écrasementdeshiérarchies danslesentre¬

prises età l'élévation générale duniveaud'instruction des personnesdontilsont la responsabilité,à l'augmentation de«l'interactivité »entre individus qui en résulte, quelesingénieurssontinvitésà développerleurs«qualités humaines»,leurs capa¬

citésdedialogueetdevieensociété.Etc'estencorefaceauxnécessitésd'actions et deprisesde décisionsopératoiresdans descontextes deréalisation de« projets » finalisés,qu'on leurdemandede s'impliquer personnellement dans les entreprises, donner dusens àcequ'ilsfont et àcequefont ceux qui travaillentaveceux. Etsi,

13 - PourJacquesLévy,par exemple,cequicompte, c'estde«développeretentretenir chez nosdiplôméscequel'on appelle dans l'industriele« métierdebase»c'est-à-direlaforma¬

tion techniqueetscientifique.»4op. cit., pp.8-10.J.Lévyestprésidentde la Conférencedes GrandesÉcoles,directeur de l'École nationale supérieuredesminesdeParis.

14 - J.Lévy,op. cit., pp.8-10.

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