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Quecesoità proposdesHumanitésou des SHS, cequiestcontesté,c'est lepouvoir déshumanisant delasciencequandellerelèveseulementd'un«agirinstrumental».

Maissicepouvoirestcontesté, cen'estpastoujourspourlesmêmesraisons:cepeut être pourdesraisons « humanistes », mais aussi parce quelessciences atteignent ainsi à une certaine inefficacité, inefficacité soulignée par les entreprises qui emploientdes ingénieurs(41). Réintégrerlesformations scientifiquesdans la dyna¬

mique sociale, tel est le défi lancé aux Humanités : redonner du sens à ce qu'on

« fabrique»(42), réapprendre aux ingénieurs unlangage de communication et la capacité de«vivreensociété sansêtre desgensàpart»(Charte«Humanitéspour

les Ingénieurs »), mais aussi leur redonner du pouvoir etde l'efficacité innovante dansfecontexted'un monde ouvertetmouvant.

Deuxapprochesseprésententpour réaliser cet objectif: lesHumanitésetleurrap¬

portà laculture commeforce derésistanceàl'autoritédepouvoir,mais aussi com¬

munauté desens etlieu dedialogue,de socialisation, d'invention symbolique; les SHSquis'impliquent danslessituations professionnellesconcrètes etyproposentdes repères conceptuels, danslecadre de dispositifs et de posturesfaisant alterner, au

1 mêmelieuou dansdeslieuxdifférents,l'implication dansdessituations profession-70 I nelleset ladistanciationd'analyse etdeconstruction conceptuelle.Mais Humanités et SHS sont,danslemêmetemps, menacéesdeservir deleurrespour d'autresentre¬

prises:ducôté desHumanitésl'idéalisation cultivéeparlamise àdistancedes situa¬

tions professionnellesconcrèteset ladifficulté,decefait, àsedonnerdesréférences conceptuelles en rapport avec ce type d'approche; du côté des SHS, un double risque : d'une part, l'identification aux Humanités qui les réduit à n'être que des

«supplémentd'âme »desformations scientifiques, seules jugées susceptibles d'éla-borations rationnelles rigoureuses; d'autre part, l'identification aux sciences posi¬

tives qui leséloignent de la compréhension et de la constructionconceptuelle des situations singulières.

41 - ClaudeMaury,CEFI,«Attentes des entreprises et réponses des écoles:lesleçonsd'une étude duCEFIsurlesformations au développement dela personnalité»,Actesdu Colloque-Congrès«HumanitésetGrandesÉcoles»,op. cit.,pp.22-28.

42 - Expressionquejepropose,pour dire à la fois l'activitédusujet et letypedeproduc¬

tion.

RECHERCHE etFORMATION N° 29 - 1998

Formeraux«Humanités»ouformerauxScienceshumaineset sociales?

«leResponsable». Dans cetteoptique,laproposition d'actions innovantesconcrètes estaffirméemais sans cesserepousséeau-delà de l'exercice de théorisation, comme quelquechosequidevrait découlerde cetexercicemême.

CONCLUSION

Quecesoità proposdesHumanitésou des SHS, cequiestcontesté,c'est lepouvoir déshumanisant delasciencequandellerelèveseulementd'un«agirinstrumental».

Maissicepouvoirestcontesté, cen'estpastoujourspourlesmêmesraisons:cepeut être pourdesraisons « humanistes », mais aussi parce quelessciences atteignent ainsi à une certaine inefficacité, inefficacité soulignée par les entreprises qui emploientdes ingénieurs(41). Réintégrerlesformations scientifiquesdans la dyna¬

mique sociale, tel est le défi lancé aux Humanités : redonner du sens à ce qu'on

« fabrique»(42), réapprendre aux ingénieurs unlangage de communication et la capacité de«vivreensociété sansêtre desgensàpart»(Charte«Humanitéspour

les Ingénieurs »), mais aussi leur redonner du pouvoir etde l'efficacité innovante dansfecontexted'un monde ouvertetmouvant.

Deuxapprochesseprésententpour réaliser cet objectif: lesHumanitésetleurrap¬

portà laculture commeforce derésistanceàl'autoritédepouvoir,mais aussi com¬

munauté desens etlieu dedialogue,de socialisation, d'invention symbolique; les SHSquis'impliquent danslessituations professionnellesconcrètes etyproposentdes repères conceptuels, danslecadre de dispositifs et de posturesfaisant alterner, au

1 mêmelieuou dansdeslieuxdifférents,l'implication dansdessituations profession-70 I nelleset ladistanciationd'analyse etdeconstruction conceptuelle.Mais Humanités et SHS sont,danslemêmetemps, menacéesdeservir deleurrespour d'autresentre¬

prises:ducôté desHumanitésl'idéalisation cultivéeparlamise àdistancedes situa¬

tions professionnellesconcrèteset ladifficulté,decefait, àsedonnerdesréférences conceptuelles en rapport avec ce type d'approche; du côté des SHS, un double risque : d'une part, l'identification aux Humanités qui les réduit à n'être que des

«supplémentd'âme »desformations scientifiques, seules jugées susceptibles d'éla-borations rationnelles rigoureuses; d'autre part, l'identification aux sciences posi¬

tives qui leséloignent de la compréhension et de la constructionconceptuelle des situations singulières.

41 - ClaudeMaury,CEFI,«Attentes des entreprises et réponses des écoles:lesleçonsd'une étude duCEFIsurlesformations au développement dela personnalité»,Actesdu Colloque-Congrès«HumanitésetGrandesÉcoles»,op. cit.,pp.22-28.

42 - Expressionquejepropose,pour dire à la fois l'activitédusujet et letypedeproduc¬

tion.

RECHERCHE etFORMATION N° 29 - 1998

Marie-Laure CHAIX

Reprenantmesquestionsdedépart, jediraiqu'on assigne aux Humanitésdes fonc¬

tionsdifférentes, lesunesétantplussouvent mises enavant quelesautres. Invitéesà permettreaux ingénieurs de réintégrerlelangage commun de la citéetdeformer des hommes novateurs et responsables, elles contribuent, dans le même temps, à répondreaux exigences des entreprises formulées, souvent, en termes dequalités attachées à la«personnalité». Ellespermettentaussiàuncertainnombred'acteurs, autres que lesenseignantsscientifiques ettechniques, mais en relation étroite avec eux,de prendre rang dansla rénovationde la formationdesécoles d'ingénieurs : parexemple,lesDirectionsd'établissement danslecadre général de laConférence desGrandesÉcolesetceluiparticulierdugroupe«Humanitéspourlesingénieurs» ; lesenseignantsissusdel'éducation culturelledu Collectif Odyssée alliés auxensei¬

gnants-chercheursdes écolessupérieuresagronomiquesetvétérinaires; on pourrait yajouterlesentreprises quandellessont associéesauxprojets des Écoles.

La mêmeraison peutêtreinvoquéepourles enseignantsdeSHS quand ilsveulent affirmerl'intérêtdes SHS dans la professionnalisation des ingénieurs. Cependant, l'approche parlesSHStelleque la propose,parexempleO. Bardel-Denonain,est, sans doute, plus modeste et moins directement visible. Elle contribue, pourtant, à l'élaboration d'une nouvelle professionnalité, en relation directeavec lesexigences etlescomplexitésdutravailensituationprofessionnelle. Ellenousmet,aussi, entant qu'enseignants-chercheurs, dans l'obligation de définir de nouveaux objets de rechercheenrapportavec le repérage de nouvellesquestions suscitéesparles for¬

mations quand elles sont réalisées en relation avec les situations professionnelles (43).

On perçoit l'importance de cedébatdans la mise en place deformations profes¬

sionnellespourlesingénieurs.

43 - Cf. M.-L.Chaix, « Alternancesetmondesprofessionnels en agriculture »,Formation Emploi,57, 1997, pp.53-67.

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RECHERCHEetFORMATION N° 29 - 1998 Marie-Laure CHAIX

Reprenantmesquestionsdedépart, jediraiqu'on assigne aux Humanitésdes fonc¬

tionsdifférentes, lesunesétantplussouvent mises enavant quelesautres. Invitéesà permettreaux ingénieurs de réintégrerlelangage commun de la citéetdeformer des hommes novateurs et responsables, elles contribuent, dans le même temps, à répondreaux exigences des entreprises formulées, souvent, en termes dequalités attachées à la«personnalité». Ellespermettentaussiàuncertainnombred'acteurs, autres que lesenseignantsscientifiques ettechniques, mais en relation étroite avec eux,de prendre rang dansla rénovationde la formationdesécoles d'ingénieurs : parexemple,lesDirectionsd'établissement danslecadre général de laConférence desGrandesÉcolesetceluiparticulierdugroupe«Humanitéspourlesingénieurs» ; lesenseignantsissusdel'éducation culturelledu Collectif Odyssée alliés auxensei¬

gnants-chercheursdes écolessupérieuresagronomiquesetvétérinaires; on pourrait yajouterlesentreprises quandellessont associéesauxprojets des Écoles.

La mêmeraison peutêtreinvoquéepourles enseignantsdeSHS quand ilsveulent affirmerl'intérêtdes SHS dans la professionnalisation des ingénieurs. Cependant, l'approche parlesSHStelleque la propose,parexempleO. Bardel-Denonain,est, sans doute, plus modeste et moins directement visible. Elle contribue, pourtant, à l'élaboration d'une nouvelle professionnalité, en relation directeavec lesexigences etlescomplexitésdutravailensituationprofessionnelle. Ellenousmet,aussi, entant qu'enseignants-chercheurs, dans l'obligation de définir de nouveaux objets de rechercheenrapportavec le repérage de nouvellesquestions suscitéesparles for¬

mations quand elles sont réalisées en relation avec les situations professionnelles (43).

On perçoit l'importance de cedébatdans la mise en place deformations profes¬

sionnellespourlesingénieurs.

43 - Cf. M.-L.Chaix, « Alternancesetmondesprofessionnels en agriculture »,Formation Emploi,57, 1997, pp.53-67.

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RECHERCHEetFORMATION N° 29 - 1998

TABLE RONDE

ORqANisÉE pAR Marje-Laure

CHAIX*

et OcIette

BARDEL-DENONAIN**

LES SCIENCES

HUMAINES

ET

SOCIALES