L'ENSEIGNEMENT PLURIDIMENSIONNEL Revue anthropologique
3. Les designers
Ilsinfluentselon unangledifférentsurl'avancée duprojet : ilssontpréoccupés par l'élaboration composéedes formes duproduiten cours deconception. Autrement dit, ils maîtrisent une compétence de type plastique; ils défendent d'autres exi¬
gences:évaluer laqualitéformelledeceproduitàvenirau regardd'uneéventuelle exploitationmarchande,ousimplementde lacommandepassée.Celasignifiequ'ils accompagnent l'étudianten projet pourlui permettre devalider la forme de l'en¬
semble du produit et le stimuleropportunément pour pousser la configuration de l'ouvrageversunequalificationatteignant àunbien recherché,voireà une
uvre.
Cesapports peuventresterjuxtaposés,reçuscommeinformations àmémoriser;mais l'élève peutaussi grâceaux dispositions de sapersonne, seles approprier
c'est-à-direlesincorporeretsefairesa «boîte àoutils», enfairelesbasesdequalification i
n?
desesaptitudes.Arrêtons-nous, au-delà decerapprochement de disciplines hétéro-
I
gènes,aux produits physiques autourouà partirdesquelsse baliselechemin vers leprojet.
SOUS LES APPARENCES DU DESSIN
GIT
LE DESSEINL'élaborationduprojet,l'invention d'un«concept»oud'unproduitsupposeunsup¬
port, qu'en termegénérique onnommel'imagedessinée.Celle-ciprésentequelques propriétésà relever ici.
L'image à double face
Lapremièrematérielle,lescheme, faite depoints, pixels, lignes, surfaces, odeurs...
supportéparunmédiumnousrendunautreélémentopaque, absent accessibleaux sens.
RECHERCHEet FORMATION N°29 - 1998 AndréSAUVAGE
2.
Lesingénieurs
Leurplacedansle projetse légitimeselondivers points de vue: connaissancesdes propriétés de tout supportexploité dans l'élaboration et la réalisation, conditions d'organisationetdecoopération pour produireleprototypeencoursdeconception dansleprojet... Maisladispositionquereprésentetout ingénieur, à savoirs'empa¬
rerdesconnaissancespouragirpeuts'élargiraux multiplesfacettesdel'activitépro¬
ductive :compétenced'animation d'ungroupe, savoirfaireéconomique, juridique (gestiondebrevets parexemple...).
3.
Lesdesigners
Ilsinfluentselon unangledifférentsurl'avancée duprojet : ilssontpréoccupés par l'élaboration composéedes formes duproduiten cours deconception. Autrement dit, ils maîtrisent une compétence de type plastique; ils défendent d'autres exi¬
gences:évaluer laqualitéformelledeceproduitàvenirau regardd'uneéventuelle exploitationmarchande,ousimplementde lacommandepassée.Celasignifiequ'ils accompagnent l'étudianten projet pourlui permettre devalider la forme de l'en¬
semble du produit et le stimuleropportunément pour pousser la configuration de l'ouvrageversunequalificationatteignant àunbien recherché,voireà une
uvre.
Cesapports peuventresterjuxtaposés,reçuscommeinformations àmémoriser;mais l'élève peutaussi grâceaux dispositions de sapersonne, seles approprier
c'est-à-direlesincorporeretsefairesa «boîte àoutils», enfairelesbasesdequalification i
n?
desesaptitudes.Arrêtons-nous, au-delà decerapprochement de disciplines hétéro-
I
gènes,aux produits physiques autourouà partirdesquelsse baliselechemin vers leprojet.
SOUS LES APPARENCES DU DESSIN
GIT
LE DESSEINL'élaborationduprojet,l'invention d'un«concept»oud'unproduitsupposeunsup¬
port, qu'en termegénérique onnommel'imagedessinée.Celle-ciprésentequelques propriétésà relever ici.
L'image à double face
Lapremièrematérielle,lescheme, faite depoints, pixels, lignes, surfaces, odeurs...
supportéparunmédiumnousrendunautreélémentopaque, absent accessibleaux sens.
RECHERCHEet FORMATION N°29 - 1998
Desvertusdidactiques duprojet
Les analystes ledénommentleréfèrent; il
prte
la finalité de l'imageefrenvoieau sujetà traiter : un visage, une montre... Ce dernier se dédouble à nouveau en gramme et mime. Lorsqu'il n'est paspossiblede présenterlescontoursdessinésd'un sujet,commepar exempleauMoyenÂge la représentation méconnuedela forme de Jérusalem,alorslesenlumineurs prenaientn'importequelle représentationde ville eten écrivaientlenom. Ence sens, etpourrejoindre Klee, «Écrire et dessiner sont identiquesen leurfond ».Quantau mime, ilformateleréfèrent,en (re)produitson aspect, leurrantl'observateur;Magrittelemettait déjàengardeenécrivantsur son tableau que « ceci n'estpas unepipe ». L'image rend par l'effet illusoire« fictive¬ment présentcequi n'est pas encore physiquement advenu, quiestabsent(7).»
L'image précède le réel, voire annonce une réalisation
Ellefonctionne alorsselon unvéritableprocessusmagique(8). Pourquoi?Parceque lemimeréfèrentdont elle témoignevadevenir l'élémentfixe, à partirduquelon va tenterd'organiserautrementlemonderéel;en matière d'architecture,cette image légitiméeparl'acceptationd'uncommanditaire constitueraitlescript,programme de transformation de la réalité, la basedesdifférents documents qui donneront forme aux«instructions »deréalisation d'unsystèmetechniqueoud'un édifice. Demême pourl'ingénieur,ledessinretenudeviendral'élément matricielquiensuiteordonnera desdirectives,desjustificationsfinancières...
A l'occasion, on relèveunesituation paradoxalepour l'étudiant-ingénieur: luiqui seveutréaliste, scientifiquesetrouvetourner, en cetinstantde conception, ledos à 114 la scienceappliquée;plus, il procèdedans ununiversaux limitesde l'hallucination
(9), etpourreprendreKlee ici,« L'artnerend pas levisible,il rendvisible ».
7 - P. Bruneau, « De l'image, Ramage », Revued'archéologie moderne etd'archéologie générale, n° 4, Presses Universitairesde Paris IV-Sorbonne, 1986, p. 268 etsuivantes, et encoreP.Bruneau etP.-Y. Balut,«Artistiqueetarchéologie»,Mémoiresd'archéologiegéné¬
rale, 1-2,Pressesdel'Université deParis-Sorbonne, 1997.
8 - Unecitation deB.Shaw colléedansl'atelier deW. Alsopenpleintravail deconception y faitparfaitementécho : « Thereasonablemanadaptshimselfto theworld. Theunreaso¬
nable one persitsin tryingtoadapttheworldtohimself. Thereforeallprogressdependson theunreasonable man» :O.Trie,«Del'imprévisibleenarchitecture. Conceptiond'une sta¬
tion dufuturRERlondonien»,Lescahiers duLAUA,n°3, 1995,p.99.
9 - « Esthallucinatoiretouteexpériencepsychologique internequi amèneunsujet àsecom¬
porter comme s'il éprouvaitune sensation ou uneperception alors quelesconditionsnormales decettesensation ou decetteperceptionnesetrouventpas réalisées » :A. Porot,Manuel alphabétique de psychiatrie, PUF, 1960. Voir encore G. Lanteri-Laura, Les hallucinations, Paris,Masson,1991;J.Rozenberg,Philosophieetfolie, Paris,L'Harmattan, 1994.
RECHERCHEet FORMATION N° 29 - 1998 Desvertusdidactiques duprojet
Les analystes ledénommentleréfèrent; il
prte
la finalité de l'imageefrenvoieau sujetà traiter : un visage, une montre... Ce dernier se dédouble à nouveau en gramme et mime. Lorsqu'il n'est paspossiblede présenterlescontoursdessinésd'un sujet,commepar exempleauMoyenÂge la représentation méconnuedela forme de Jérusalem,alorslesenlumineurs prenaientn'importequelle représentationde ville eten écrivaientlenom. Ence sens, etpourrejoindre Klee, «Écrire et dessiner sont identiquesen leurfond ».Quantau mime, ilformateleréfèrent,en (re)produitson aspect, leurrantl'observateur;Magrittelemettait déjàengardeenécrivantsur son tableau que « ceci n'estpas unepipe ». L'image rend par l'effet illusoire« fictive¬ment présentcequi n'est pas encore physiquement advenu, quiestabsent(7).»
L'image précède le réel, voire annonce une réalisation
Ellefonctionne alorsselon unvéritableprocessusmagique(8). Pourquoi?Parceque lemimeréfèrentdont elle témoignevadevenir l'élémentfixe, à partirduquelon va tenterd'organiserautrementlemonderéel;en matière d'architecture,cette image légitiméeparl'acceptationd'uncommanditaire constitueraitlescript,programme de transformation de la réalité, la basedesdifférents documents qui donneront forme aux«instructions »deréalisation d'unsystèmetechniqueoud'un édifice. Demême pourl'ingénieur,ledessinretenudeviendral'élément matricielquiensuiteordonnera desdirectives,desjustificationsfinancières...
A l'occasion, on relèveunesituation paradoxalepour l'étudiant-ingénieur: luiqui seveutréaliste, scientifiquesetrouvetourner, en cetinstantde conception, ledos à 114 la scienceappliquée;plus, il procèdedans ununiversaux limitesde l'hallucination
(9), etpourreprendreKlee ici,« L'artnerend pas levisible,il rendvisible ».
7 - P. Bruneau, « De l'image, Ramage », Revued'archéologie moderne etd'archéologie générale, n° 4, Presses Universitairesde Paris IV-Sorbonne, 1986, p. 268 etsuivantes, et encoreP.Bruneau etP.-Y. Balut,«Artistiqueetarchéologie»,Mémoiresd'archéologiegéné¬
rale, 1-2,Pressesdel'Université deParis-Sorbonne, 1997.
8 - Unecitation deB.Shaw colléedansl'atelier deW. Alsopenpleintravail deconception y faitparfaitementécho : « Thereasonablemanadaptshimselfto theworld. Theunreaso¬
nable one persitsin tryingtoadapttheworldtohimself. Thereforeallprogressdependson theunreasonable man» :O.Trie,«Del'imprévisibleenarchitecture. Conceptiond'une sta¬
tion dufuturRERlondonien»,Lescahiers duLAUA,n°3, 1995,p.99.
9 - « Esthallucinatoiretouteexpériencepsychologique internequi amèneunsujet àsecom¬
porter comme s'il éprouvaitune sensation ou uneperception alors quelesconditionsnormales decettesensation ou decetteperceptionnesetrouventpas réalisées » :A. Porot,Manuel alphabétique de psychiatrie, PUF, 1960. Voir encore G. Lanteri-Laura, Les hallucinations, Paris,Masson,1991;J.Rozenberg,Philosophieetfolie, Paris,L'Harmattan, 1994.
RECHERCHEet FORMATION N° 29 - 1998
AndréSAUVAGE
Le
script
Dans cetteavancée duprojet, l'imagevadevenirau-delà dece mime, unenomen¬
clature. Lestermesde« schéma notationnel(10) »,destory-boardvenusdu monde du cinéma permettentde releverqu'ils'agitd'un ensemble de guides pourd'éven¬
tuelsfabricants.Afind'éviter quelaréalisationnedéflorelaconceptionsingulière du produit, la transformation de l'imageen « instructions », c'est-à-dire en messages codifiésquinelaisserontpasplace àl'improvisation dans l'exécution, devientimpe¬
rative. Les cotes apposées sur le dessin industriel par lefutur ingénieur ou le plan coupe élévation del'étudiant-architecteconsistent enl'indicationd'un programmede réalisationqui, dansunehiérarchie productive, seracommeautantd'informationsà prendreencompteparlesexécutants.
AUX
SOURCES DU PROJETL'impulsion au projet résulte d'une commande faite dans l'atelier. Deux exemples glanésparmi d'autres permettentd'avoirunepremièreidée.
Des
commandes
(11]Exemple 1
Siteetlieu:l'atelierestlelieude l'apprentissage defabrication duprojetcommeproces¬
sus.
«L'expérience etdonclamémoireprécèdent la pensée,parlefaireonacquiertunecul¬
ture. »(Laborit) «Au commencementétaitl'action. »(Goethe) «Concevoirenarchitec¬
turecen'est pasinventermaisdécouvrir. » (Macky)«Quandlalimitedisparaît, lelieu perdsonidentité.»(Norberg-Schulz)
Dans l'endroit X (désignation dusecteur oùunepatinoire doitêtredéplacéeet dansles environs de laquelleunesource est présente), on demandeuneréponse architecturale pource site. Vousyplacerez le programme suivant:unéquipementsocioculturelcom¬
prenantunesalledethéâtrede300places,unebibliothèqueetmédiathèque, dessalles deréunion.
115
10 - Parexemple, N. Goodman, Langagede l'art, Nîmes, Éditions J. Chambon, 1990, p.238.
1 1 - Jeremercielescollèguesqui ontacceptédemettreà madispositiondesélémentsqui leurappartiennent:J.Gautier,J.-F. Revert.
RECHERCHEet FORMATION N° 29 - 1998 AndréSAUVAGE
Le
script
Dans cetteavancée duprojet, l'imagevadevenirau-delà dece mime, unenomen¬
clature. Lestermesde« schéma notationnel(10) »,destory-boardvenusdu monde du cinéma permettentde releverqu'ils'agitd'un ensemble de guides pourd'éven¬
tuelsfabricants.Afind'éviter quelaréalisationnedéflorelaconceptionsingulière du produit, la transformation de l'imageen « instructions », c'est-à-dire en messages codifiésquinelaisserontpasplace àl'improvisation dans l'exécution, devientimpe¬
rative. Les cotes apposées sur le dessin industriel par lefutur ingénieur ou le plan coupe élévation del'étudiant-architecteconsistent enl'indicationd'un programmede réalisationqui, dansunehiérarchie productive, seracommeautantd'informationsà prendreencompteparlesexécutants.
AUX
SOURCES DU PROJETL'impulsion au projet résulte d'une commande faite dans l'atelier. Deux exemples glanésparmi d'autres permettentd'avoirunepremièreidée.
Des
commandes
(11]Exemple 1
Siteetlieu:l'atelierestlelieude l'apprentissage defabrication duprojetcommeproces¬
sus.
«L'expérience etdonclamémoireprécèdent la pensée,parlefaireonacquiertunecul¬
ture. »(Laborit) «Au commencementétaitl'action. »(Goethe) «Concevoirenarchitec¬
turecen'est pasinventermaisdécouvrir. » (Macky)«Quandlalimitedisparaît, lelieu perdsonidentité.»(Norberg-Schulz)
Dans l'endroit X (désignation dusecteur oùunepatinoire doitêtredéplacéeet dansles environs de laquelleunesource est présente), on demandeuneréponse architecturale pource site. Vousyplacerez le programme suivant:unéquipementsocioculturelcom¬
prenantunesalledethéâtrede300places,unebibliothèqueetmédiathèque, dessalles deréunion.
115
10 - Parexemple, N. Goodman, Langagede l'art, Nîmes, Éditions J. Chambon, 1990, p.238.
1 1 - Jeremercielescollèguesqui ontacceptédemettreà madispositiondesélémentsqui leurappartiennent:J.Gautier,J.-F. Revert.
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116
Desvertusdidactiques duprojet
Ausecondsemestre, vousintégrerezdansvotredémarche deprojet,l'apport
-
du plasticien sur l'installation,-
du paysagiste surlesressourcesparticulièresdu sol dusite,-
del'ingénieur surlesproblèmes derésistancedesmatériaux.Vous élaborerezdesdocumentscorrespondants à l'esquisseouavant-projetsans tenir comptedes coûts.
Exemple2
L'approcheanalytique sera centrée surleterritoirede la ville deR.C'est unenouvellelec¬
turedeleur villequiseraproposéeauxétudiants. L'étudetraiteradesdifférentescouches sédimentairesqui aboutissent àlavilleaujourd'hui.Latrame foncière,issuedespremiers occupantsdusiteserareconstituéeetutiliséecommelerévélateurdes couchesquisesont succédées.Lavilleseraprisedans toutessesdimensions.Lamaîtrisedeséchelles(del'ag¬
glomération au quartier) concluracettepremière connaissance delavilleenmouvement.
Letravailsurleprojetseraorientéversla conception d'unensemblearticulédecompo¬
sants urbains élémentaires. Sur lemême site-support, des équipes seront constituées autour d'hypothèses contrastées reflétant un large éventail de doctrines urbaines. La démarche sera centréesurla cohérenceduprocessusde conception dans lesuivi des phasesd'analyse, deprogrammation, de formulation deconceptsetdemise enformedu projet.
Unvéritabletravailbibliographiqueserademandéauxétudiants,lalecture desouvrages proposésdanslabibliographieferal'objet d'exposésetdefichesdelecturesindividuelles.
Des conférenciersetunvoyage d'étude court rythmeront le déroulement decemodule.
Desapports complémentaires d'enseignementtraiteront du paysage, de l'expressionplas¬
tique et dela formulationgraphique (informatiquenotamment).
Les commandes peuvent, à la fin des études, résulter de la combinaison des demandes d'une ville etdes exigences pédagogiques affichées par un atelier. Les
contraintes liées aux responsabilités (garantie décennale notamment) excluent les passagesàl'acted'édification d'un bâtiment.
Lecap pris,lescheminsdel'apprentissage serontd'autantmieuxbalisésetefficients quel'étudiantneversera nidansl'oubli nidans le dénidesesproductions intermé¬
diaires.
Les
brouillons...
Les commencements donnent une orientation. Pour les étudiants, ils sont souvent convenus et témoignent aussi de leurs difficultés à se déprendre de « l'état des choses».C'est dans laconfrontationentrepointsdevueantagonistes,incompatibles que naissentdes associations imprévues éloignées de ce convenu. Par une sorte d'appropriation, deréinterprétation deces furetages, deces braconnages
aventu-RECHERCHEet FORMATION N"29 - 1998
116
Desvertusdidactiques duprojet
Ausecondsemestre, vousintégrerezdansvotredémarche deprojet,l'apport
-
du plasticien sur l'installation,-
du paysagiste surlesressourcesparticulièresdu sol dusite,-
del'ingénieur surlesproblèmes derésistancedesmatériaux.Vous élaborerezdesdocumentscorrespondants à l'esquisseouavant-projetsans tenir comptedes coûts.
Exemple2
L'approcheanalytique sera centrée surleterritoirede la ville deR.C'est unenouvellelec¬
turedeleur villequiseraproposéeauxétudiants. L'étudetraiteradesdifférentescouches sédimentairesqui aboutissent àlavilleaujourd'hui.Latrame foncière,issuedespremiers occupantsdusiteserareconstituéeetutiliséecommelerévélateurdes couchesquisesont succédées.Lavilleseraprisedans toutessesdimensions.Lamaîtrisedeséchelles(del'ag¬
glomération au quartier) concluracettepremière connaissance delavilleenmouvement.
Letravailsurleprojetseraorientéversla conception d'unensemblearticulédecompo¬
sants urbains élémentaires. Sur lemême site-support, des équipes seront constituées autour d'hypothèses contrastées reflétant un large éventail de doctrines urbaines. La démarche sera centréesurla cohérenceduprocessusde conception dans lesuivi des phasesd'analyse, deprogrammation, de formulation deconceptsetdemise enformedu projet.
Unvéritabletravailbibliographiqueserademandéauxétudiants,lalecture desouvrages proposésdanslabibliographieferal'objet d'exposésetdefichesdelecturesindividuelles.
Des conférenciersetunvoyage d'étude court rythmeront le déroulement decemodule.
Desapports complémentaires d'enseignementtraiteront du paysage, de l'expressionplas¬
tique et dela formulationgraphique (informatiquenotamment).
Les commandes peuvent, à la fin des études, résulter de la combinaison des demandes d'une ville etdes exigences pédagogiques affichées par un atelier. Les
contraintes liées aux responsabilités (garantie décennale notamment) excluent les passagesàl'acted'édification d'un bâtiment.
Lecap pris,lescheminsdel'apprentissage serontd'autantmieuxbalisésetefficients quel'étudiantneversera nidansl'oubli nidans le dénidesesproductions intermé¬
diaires.
Les
brouillons...
Les commencements donnent une orientation. Pour les étudiants, ils sont souvent convenus et témoignent aussi de leurs difficultés à se déprendre de « l'état des choses».C'est dans laconfrontationentrepointsdevueantagonistes,incompatibles que naissentdes associations imprévues éloignées de ce convenu. Par une sorte d'appropriation, deréinterprétation deces furetages, deces braconnages
aventu-RECHERCHEet FORMATION N"29 - 1998
AndréSAUVAGE
reuxs'élaborent lentement de la forme. Crayonnages,mots, ébauches,brouillons...
autant de tentatives de rapprochements hasardeux, d'éléments éparsque lesdébuts tententdefaire figurerensemble,demettre enordre,encohésion.Unimpératifcaté¬
goriquedidactique s'impose: nepasjeter cestracéshésitantsuccessifs(12), même s'ils n'ont quepeu de chanced'être communiqués.Témoignages deséquences de pensées, d'essais inaboutis de formatage, ils permettront tantôt de retrouver des idées,tantôt de rebondirsurunevoieentrace dans unbrouillon,voirede mesurer des chemins parcourus. Gisent dans ces retours les occasions d'une meilleure connaissancedesoià l'épreuvedu projet.
Interaction entre l'image et le concepteur
Uneautre perspectiveconsisteà penserqueleprojet, ce «frêleesquif»surlequel s'embarque l'étudiant qui s'y exerce, prend lentementunecohésion,touten restant ouvertà des perspectives polymorphes (13). Il importe au'il puisse à tout moment
«voir»,examinerlesperspectivesderéorientations, dechoix qui restent inhérentes à un ouvrageen coursde miseau point. Cette capacité deconduire leprojetvers une 9uvre, d'ouvrirundestinaudessin, renvoieàcette lecturevigilante,distanciée quilaisseadvenir,s'affirmerplusnettement unmondeendo-centriqueauto-suffisant, finalement résistantauxassautsdelacritique dissolvante.
On s'accordera à reconnaître à nouveauavecP. Klee,que«lagenèsecommemou¬
vementformel constitue l'essentiel de
l'uvre
(...). Songerdonc moins à la forme qu'au mouvement même de la formation. S'en tenir énergiquement au chemin.(14) » I 117
12 - «Lorsdenoséchanges enatelier,je vousdisaiscombien jedonnais del'importance au brouillon.Vousvoussouvenezqueje vousdemandaisde numéroteretdegardervos dessins successifs,quelleque soit l'estimequevousleurportiez.Vousvousrappelezsansdoute que jecollectaisjusqu'aux caricaturesde projetauxquelles nous nousexercionspendantlesrepas pris encommun... »,L'enseignementduprojet d'architecture, DAU, 1995, propos recueillis parJ.-F.Mabardi,p. 12.
13 - « Imprévisibilité, incertitude, incomplétude, déviance font partie intrinsèque de la démarche aeconceptionduprojet architectural.Iln'estpasquestionpour l'architecte dechas¬
serl'imprévisible duprocessusmais bienaucontraire des'enservir»,Trie,op.cit., p. 109.
14 - InDosbildnersicheDenken, Bâle, SchwabeVerlag,1956(traductionfrançaisePhiloso¬
phie delacréation,parP.H.Gonthier).
RECHERCHEetFORMATION N° 29 - 1998 AndréSAUVAGE
reuxs'élaborent lentement de la forme. Crayonnages,mots, ébauches,brouillons...
autant de tentatives de rapprochements hasardeux, d'éléments éparsque lesdébuts tententdefaire figurerensemble,demettre enordre,encohésion.Unimpératifcaté¬
goriquedidactique s'impose: nepasjeter cestracéshésitantsuccessifs(12), même s'ils n'ont quepeu de chanced'être communiqués.Témoignages deséquences de pensées, d'essais inaboutis de formatage, ils permettront tantôt de retrouver des idées,tantôt de rebondirsurunevoieentrace dans unbrouillon,voirede mesurer des chemins parcourus. Gisent dans ces retours les occasions d'une meilleure connaissancedesoià l'épreuvedu projet.
Interaction entre l'image et le concepteur
Uneautre perspectiveconsisteà penserqueleprojet, ce «frêleesquif»surlequel s'embarque l'étudiant qui s'y exerce, prend lentementunecohésion,touten restant ouvertà des perspectives polymorphes (13). Il importe au'il puisse à tout moment
«voir»,examinerlesperspectivesderéorientations, dechoix qui restent inhérentes à un ouvrageen coursde miseau point. Cette capacité deconduire leprojetvers une 9uvre, d'ouvrirundestinaudessin, renvoieàcette lecturevigilante,distanciée quilaisseadvenir,s'affirmerplusnettement unmondeendo-centriqueauto-suffisant, finalement résistantauxassautsdelacritique dissolvante.
On s'accordera à reconnaître à nouveauavecP. Klee,que«lagenèsecommemou¬
vementformel constitue l'essentiel de
l'uvre
(...). Songerdonc moins à la forme qu'au mouvement même de la formation. S'en tenir énergiquement au chemin.(14) » I 117
12 - «Lorsdenoséchanges enatelier,je vousdisaiscombien jedonnais del'importance au brouillon.Vousvoussouvenezqueje vousdemandaisde numéroteretdegardervos dessins successifs,quelleque soit l'estimequevousleurportiez.Vousvousrappelezsansdoute que jecollectaisjusqu'aux caricaturesde projetauxquelles nous nousexercionspendantlesrepas pris encommun... »,L'enseignementduprojet d'architecture, DAU, 1995, propos recueillis parJ.-F.Mabardi,p. 12.
13 - « Imprévisibilité, incertitude, incomplétude, déviance font partie intrinsèque de la démarche aeconceptionduprojet architectural.Iln'estpasquestionpour l'architecte dechas¬
serl'imprévisible duprocessusmais bienaucontraire des'enservir»,Trie,op.cit., p. 109.
14 - InDosbildnersicheDenken, Bâle, SchwabeVerlag,1956(traductionfrançaisePhiloso¬
phie delacréation,parP.H.Gonthier).
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