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CONCLUSIONS GENERALES

Àl'heure où psychologues etsociologuesdel'éducation ne cessentdes'interroger sur lerôledel'enseignantdescollèges et des lycéesdans la réussite des élèves (cf.

le panorama de Bressoux, 1994), sur la perception des enseignanfs et sur la construction de l'autorité dans une classe (par ex., Felouzis, 1994), on doit se demander pourquoi les universitaires fontexception à la règle et nes'interrogent jamais sur leurpédagogie? Sepensent-ilsdifférents? Supérieurs? Croient-ils qu'un diplômeinitial plus élevéque celuide leurscollègueslesprotègentdesdifficultésdu méfierd'enseignant? D'où vient l'indifférence au moins apparentedanslaquelleils tiennentlesétudiants etla relation qu'ils entretiennentaveceux? Quand tireront-ils lesconséquencesdel'accélération ae lamassification del'université depuisdixans etaccepteront-ilsderéexaminer defond encomblelapédagogiedupremier cycle?

Àdéfaut de répondreà toutes cesquestions, nous pouvonssoulignerune dernière fois lefaitque,dans la situationpédagogique dupremier cycle,ilexisteactuellement unedistorsion considérable entrel'offreetla demande.

De la demande étudiante...

Lesenquêtessociologiquesréaliséescesdernièresannéesauprèsdesétudiantsfran¬

çais montrent à qui veut les lire que, contrairement à un stéréotype hérité d'une sociétérévolue,lesétudiantsnesontpasdesindividus dilettantes. Mêmesi

l'univer-\

site restevécuecommeungain de libertépar rapportau lycée, un modedevieplus / agréable, l'étudiantd'aujourd'huiestdès lepremiercycleunindividu qui travaille.

, Enscienceshumaines,ilsontenmoyenne24heuresdecoursetdelectures en biblio-172 | thèqueparsemaine,auxquelles s'ajoutent 13 heuresdetravail à domicile, soitune semaine de 37 heures endehors despériodesd'examen (Galland, Oberti,.1996, p. 42) (6).

Dans leurgrande majorité, les étudiants travaillentetveulent travailler. Ef cela se comprend aisément. Nous sommes entrésdans une sociétéde masseetdans une période defragilisationdramatiquedel'emploi etdu statutsocialqu'ilconfère, c'est-à-diredesconditionsaussibienmatérielles (leniveau de vie) que psychologiques(le rôlesocial,lesentimentd'utilitéetderespectabilité)del'équilibrede lapersonnalité.

Etlesétudiants lesaventpertinemment.Quandbien même nuldans leurentourage immédiat n'enauraitencorefaitl'expérience, leurs amis etendernierrecourslatélé¬

vision sontlàpourleleurrappelerpresquequotidiennement. Dèslors,lorsqu'ils ont lachancedepouvoirchoisirleurs études etde rêverunpeuàleur métier à venir,ils attendentcertes desconditionsdécentesdetravail et unaccèsefficace à

l'infarma-6 - Parailleurs, entre20et25%desétudiantsont unemploi régulier durant l'annéeuni¬

versitaire(Galland,Oberti,p.65).

RECHERCHEetFORMATION N"29 - 1998 Lapédagogieuniversitaire en question

CONCLUSIONS

GENERALES

Àl'heure où psychologues etsociologuesdel'éducation ne cessentdes'interroger sur lerôledel'enseignantdescollèges et des lycéesdans la réussite des élèves (cf.

le panorama de Bressoux, 1994), sur la perception des enseignanfs et sur la construction de l'autorité dans une classe (par ex., Felouzis, 1994), on doit se demander pourquoi les universitaires fontexception à la règle et nes'interrogent jamais sur leurpédagogie? Sepensent-ilsdifférents? Supérieurs? Croient-ils qu'un diplômeinitial plus élevéque celuide leurscollègueslesprotègentdesdifficultésdu méfierd'enseignant? D'où vient l'indifférence au moins apparentedanslaquelleils tiennentlesétudiants etla relation qu'ils entretiennentaveceux? Quand tireront-ils lesconséquencesdel'accélération ae lamassification del'université depuisdixans etaccepteront-ilsderéexaminer defond encomblelapédagogiedupremier cycle?

Àdéfaut de répondreà toutes cesquestions, nous pouvonssoulignerune dernière fois lefaitque,dans la situationpédagogique dupremier cycle,ilexisteactuellement unedistorsion considérable entrel'offreetla demande.

De la demande étudiante...

Lesenquêtessociologiquesréaliséescesdernièresannéesauprèsdesétudiantsfran¬

çais montrent à qui veut les lire que, contrairement à un stéréotype hérité d'une sociétérévolue,lesétudiantsnesontpasdesindividus dilettantes. Mêmesi

l'univer-\

site restevécuecommeungain de libertépar rapportau lycée, un modedevieplus / agréable, l'étudiantd'aujourd'huiestdès lepremiercycleunindividu qui travaille.

, Enscienceshumaines,ilsontenmoyenne24heuresdecoursetdelectures en biblio-172 | thèqueparsemaine,auxquelles s'ajoutent 13 heuresdetravail à domicile, soitune semaine de 37 heures endehors despériodesd'examen (Galland, Oberti,.1996, p. 42) (6).

Dans leurgrande majorité, les étudiants travaillentetveulent travailler. Ef cela se comprend aisément. Nous sommes entrésdans une sociétéde masseetdans une période defragilisationdramatiquedel'emploi etdu statutsocialqu'ilconfère, c'est-à-diredesconditionsaussibienmatérielles (leniveau de vie) que psychologiques(le rôlesocial,lesentimentd'utilitéetderespectabilité)del'équilibrede lapersonnalité.

Etlesétudiants lesaventpertinemment.Quandbien même nuldans leurentourage immédiat n'enauraitencorefaitl'expérience, leurs amis etendernierrecourslatélé¬

vision sontlàpourleleurrappelerpresquequotidiennement. Dèslors,lorsqu'ils ont lachancedepouvoirchoisirleurs études etde rêverunpeuàleur métier à venir,ils attendentcertes desconditionsdécentesdetravail et unaccèsefficace à

l'infarma-6 - Parailleurs, entre20et25%desétudiantsont unemploi régulier durant l'annéeuni¬

versitaire(Galland,Oberti,p.65).

RECHERCHEetFORMATION N"29 - 1998

Laurent MUCCHIELLI

tion auprèsdesservicesadministratifs, mais ilsattendent surtoutuncontact,un sou¬

tien, une émulation auprèsde leurs aînés. Orlà encore, devieux stéréotypes traî¬

nenttrop souvent dans lesdiscours quel'on entend dans lessallesdes professeurs.

Cen'estpasd'une« priseen charge»dontils'agit, encore moinsd'onnesaitquel paternalisme démagogique ou identification malsaine. Ce que les étudiants nous demandent, c'est de leurdonnerlesmoyensdeparvenirà leursfins,c'estdelesgui¬

der,deleurapprendre àtravailleret àréfléchirpareux-mêmesplutôt que des'esti¬

mersatisfaitd'avoirdispenséunenseignement,exposésesconnaissances livresques etopéré entreeuxunesélectionmassivesur labasedel'agilitémentale etdescapa¬

cités delamémoire àcourt terme.

Donnez-moi la méthodedesfiches de lectures et jeliraidavantage, je mémoriserai mieuxetjegagneraidutemps. Donnez-moidesréférencesprécisesetindiquez-moi la natureetles raisonsde vos préférences plutôt que de me faire croirequevotre cours magistral est irremplaçable et de me donner des listes interminables de manuelsdontjene suispas censésavoirqu'ils disentsouvent àpeu près lesmêmes choses. Expliquez-moi commentunchercheurconstruitunarticle etjesauraitrouver plus rapidement l'information, mieux utiliser sa bibliographie. Montrez-moi com¬

mentutiliserunindex. Dites-moiceque labibliothèque de l'université a etcequ'elle n'a pas, etoù aller cherchercequi lui manque. Dites-moi tout cela dès ledépart, j'apprendraiplusviteàtravaillerseul, jeserai plusefficaceetnousygagneronstous.

Voilà cequedemande l'étudiant. Les enseignants lesaventdu reste,et les expres¬

sions popularisées notamment par François Dubet (1991, 1994) sur le « métier d'étudiant», l'« étudiant-stratège »etle «rapportinstrumentasseauxétudes »ont fait recette parmi eux. Au prix d'une simplification d'autant plus abusive qu'elle donne bonne conscience à certains enseignants, l'étudiantest alors dévaloriséen

étantdécrit commeunconsommateurquin'auraitpasd'intérêtpourlefond intellec- 17?

tuel deschoses.Ilsoublientencelaque ceque Dubetdécrit (nonsansinquiétude)est le résultatd'un ensemble d'interactions, d'une adaptation desétudiants face à un systèmed'enseignementcaractérisé parun «conservatisme pédagogique »etqui, depuis lelycée, évoluedangereusementen tendant à « se réduire à une fonction électiveou à unrôled'intégrationautourde valeurs quepluspersonne nedéfinit» (Dubet, 1991,p.303). C'est pourquoi,sielleestvalableentant que descriptiondes attentesimmédiates del'étudiantensituationd'incertitude et de sélection,cettefaçon delevoircommeun«stratège»ne rendpascomptedesesmotivations,deson uni¬

versdesens. Répétons-leavecinsistance :plusde85%desétudiantsde DEUG de psychologie que nous avons interrogés (et à peu près la même proportion dans d'autresenquêtes surlesétudiants descienceshumaines)n'ontpaschoisileurdisci¬

plinepar hasard. Ilsont bien uneidée,unereprésentation, dumétierqu'ilsveulent exercer,durôle socialqu'ils veulentjouer,àpartirdeleurformation universitaire(7).

7 - L'analysedecesreprésentations,valeurs, identités, etc., constitue ledeuxièmevolet de notreenquêtequenousespéronspublier prochainement.

RECHERCHEetFORMATION N° 29 - 1998 Laurent MUCCHIELLI

tion auprèsdesservicesadministratifs, mais ilsattendent surtoutuncontact,un sou¬

tien, une émulation auprèsde leurs aînés. Orlà encore, devieux stéréotypes traî¬

nenttrop souvent dans lesdiscours quel'on entend dans lessallesdes professeurs.

Cen'estpasd'une« priseen charge»dontils'agit, encore moinsd'onnesaitquel paternalisme démagogique ou identification malsaine. Ce que les étudiants nous demandent, c'est de leurdonnerlesmoyensdeparvenirà leursfins,c'estdelesgui¬

der,deleurapprendre àtravailleret àréfléchirpareux-mêmesplutôt que des'esti¬

mersatisfaitd'avoirdispenséunenseignement,exposésesconnaissances livresques etopéré entreeuxunesélectionmassivesur labasedel'agilitémentale etdescapa¬

cités delamémoire àcourt terme.

Donnez-moi la méthodedesfiches de lectures et jeliraidavantage, je mémoriserai mieuxetjegagneraidutemps. Donnez-moidesréférencesprécisesetindiquez-moi la natureetles raisonsde vos préférences plutôt que de me faire croirequevotre cours magistral est irremplaçable et de me donner des listes interminables de manuelsdontjene suispas censésavoirqu'ils disentsouvent àpeu près lesmêmes choses. Expliquez-moi commentunchercheurconstruitunarticle etjesauraitrouver plus rapidement l'information, mieux utiliser sa bibliographie. Montrez-moi com¬

mentutiliserunindex. Dites-moiceque labibliothèque de l'université a etcequ'elle n'a pas, etoù aller cherchercequi lui manque. Dites-moi tout cela dès ledépart, j'apprendraiplusviteàtravaillerseul, jeserai plusefficaceetnousygagneronstous.

Voilà cequedemande l'étudiant. Les enseignants lesaventdu reste,et les expres¬

sions popularisées notamment par François Dubet (1991, 1994) sur le « métier d'étudiant», l'« étudiant-stratège »etle «rapportinstrumentasseauxétudes »ont fait recette parmi eux. Au prix d'une simplification d'autant plus abusive qu'elle donne bonne conscience à certains enseignants, l'étudiantest alors dévaloriséen

étantdécrit commeunconsommateurquin'auraitpasd'intérêtpourlefond intellec- 17?

tuel deschoses.Ilsoublientencelaque ceque Dubetdécrit (nonsansinquiétude)est le résultatd'un ensemble d'interactions, d'une adaptation desétudiants face à un systèmed'enseignementcaractérisé parun «conservatisme pédagogique »etqui, depuis lelycée, évoluedangereusementen tendant à « se réduire à une fonction électiveou à unrôled'intégrationautourde valeurs quepluspersonne nedéfinit» (Dubet, 1991,p.303). C'est pourquoi,sielleestvalableentant que descriptiondes attentesimmédiates del'étudiantensituationd'incertitude et de sélection,cettefaçon delevoircommeun«stratège»ne rendpascomptedesesmotivations,deson uni¬

versdesens. Répétons-leavecinsistance :plusde85%desétudiantsde DEUG de psychologie que nous avons interrogés (et à peu près la même proportion dans d'autresenquêtes surlesétudiants descienceshumaines)n'ontpaschoisileurdisci¬

plinepar hasard. Ilsont bien uneidée,unereprésentation, dumétierqu'ilsveulent exercer,durôle socialqu'ils veulentjouer,àpartirdeleurformation universitaire(7).

7 - L'analysedecesreprésentations,valeurs, identités, etc., constitue ledeuxièmevolet de notreenquêtequenousespéronspublier prochainement.

RECHERCHEetFORMATION N° 29 - 1998

Lapédagogieuniversitaireenquestion

Leursdemandespratiquessontdoncauservicede recherches identitaires,d'idéaux, de valeurs, que l'on peutd'autantmoinsentendre quel'on neveufpaslesprendre encompte danssonenseignementou bienquel'onnesaitplussoi-mêmedonnerdu sensà cet enseignement(8).

... à la fonction enseignante

Dans un livre bien informé etparlantclair, Catherine Bédarida (1994, pp. 77-78) résumebien la situation actuellemoyenne desgrandesuniversitésefl'attitudegéné¬

rale du corps enseignant : « L'élimination dela moitié des étudiantsau cours du DEUG est une méthodedesélection assez radicale. Elletient lieu de solution à la contradiction entre enseignementde masse ettraditionsacadémiques. Lesexamens sont le principal outil de cette sélection. On comprend qu'ils génèrent autant de conflitsetde méfiance delapartdesétudiants. [...] Le"contrôledesconnaissances"

estdevenu unexercicebureaucratique, qui nesatisfaitni lesétudiants,ni lesensei¬

gnants, ni même l'administration des universités. [...] Bien entendu, cette fuite en avant ne peut éternellement masquerune absence depolitique pédagogique, une pénurie de réflexionssurlescontenus etlesobjectifs dupremiercycle. »

Certes, nousmanquonsparfois dramatiquementdepostes, desalles,depersonnel, etlesétudiantssontchaque annéeun peuplusnombreux.Maiscen'estpasune rai¬

son poursecontenterd'assurersescourscomme onexpédiesesaffaires courantes.

Car, en attendant, une sélection de fait s'opère, éliminant systématiquement les jeunes les plus fragilisés au double plan intellectuel et psychologique. Jadis ces

. jeunes-là étaientpour laplupartécartésaucoursdesétudes secondairesetles

uni-I74

| versitairespouvaientd'autantplusfacilementvilipenderl'injustice sociale delasélec¬

tion scolaire qu'ils n'étaient pas concernés. Or, lorsque 80 % d'une classe d'âge obtientlebaccalauréat,ceci netientplus. Lessociologuesnous ledisent:«L'origine sociale etleniveau dediplôme du pèren'influent pas de manière significativesurles difficultés exprimées par lesétudiants. Les jeunes d'origine sociale modeste, voire trèsdéfavoriséesur leplan culturel, qui accèdent àl'enseignement supérieur ontdéjà franchi de nombreuxobstacles. Ilssesontdéjà"adaptés"à l'écoleetontdûtrouver des réponses personnelles aux problèmes de l'organisation du travail scolaire »

(Galland, Oberti, 1996, p.45). Leproblème estque l'expérience universitaireest d'un genre nouveau, et quele tempsd'adaptation estinfiniment pluscourt. C'est pourquoi, plusque de matériel, de locauxou même detemps,c'estd'encadrement dontles étudiantsontbesoin.Ainsi, c'estavant toutsurla quantitéet la qualité de l'effort pédagogique fourni lors du premiercycle par lesenseignants ques'opère

8 - Gageonsqu'uneétudesociologiquesurla «carrière universitaire»,surles « universi¬

taires-stratèges»et surleur«rapportinstrumentaliséà l'enseignement»seraitintéressanteà plusd'untitre...

RECHERCHEet FORMATION N° 29 - 1998 Lapédagogieuniversitaireenquestion

Leursdemandespratiquessontdoncauservicede recherches identitaires,d'idéaux, de valeurs, que l'on peutd'autantmoinsentendre quel'on neveufpaslesprendre encompte danssonenseignementou bienquel'onnesaitplussoi-mêmedonnerdu sensà cet enseignement(8).

... à la fonction enseignante

Dans un livre bien informé etparlantclair, Catherine Bédarida (1994, pp. 77-78) résumebien la situation actuellemoyenne desgrandesuniversitésefl'attitudegéné¬

rale du corps enseignant : « L'élimination dela moitié des étudiantsau cours du DEUG est une méthodedesélection assez radicale. Elletient lieu de solution à la contradiction entre enseignementde masse ettraditionsacadémiques. Lesexamens sont le principal outil de cette sélection. On comprend qu'ils génèrent autant de conflitsetde méfiance delapartdesétudiants. [...] Le"contrôledesconnaissances"

estdevenu unexercicebureaucratique, qui nesatisfaitni lesétudiants,ni lesensei¬

gnants, ni même l'administration des universités. [...] Bien entendu, cette fuite en avant ne peut éternellement masquerune absence depolitique pédagogique, une pénurie de réflexionssurlescontenus etlesobjectifs dupremiercycle. »

Certes, nousmanquonsparfois dramatiquementdepostes, desalles,depersonnel, etlesétudiantssontchaque annéeun peuplusnombreux.Maiscen'estpasune rai¬

son poursecontenterd'assurersescourscomme onexpédiesesaffaires courantes.

Car, en attendant, une sélection de fait s'opère, éliminant systématiquement les jeunes les plus fragilisés au double plan intellectuel et psychologique. Jadis ces

. jeunes-là étaientpour laplupartécartésaucoursdesétudes secondairesetles

uni-I74

| versitairespouvaientd'autantplusfacilementvilipenderl'injustice sociale delasélec¬

tion scolaire qu'ils n'étaient pas concernés. Or, lorsque 80 % d'une classe d'âge obtientlebaccalauréat,ceci netientplus. Lessociologuesnous ledisent:«L'origine sociale etleniveau dediplôme du pèren'influent pas de manière significativesurles difficultés exprimées par lesétudiants. Les jeunes d'origine sociale modeste, voire trèsdéfavoriséesur leplan culturel, qui accèdent àl'enseignement supérieur ontdéjà franchi de nombreuxobstacles. Ilssesontdéjà"adaptés"à l'écoleetontdûtrouver des réponses personnelles aux problèmes de l'organisation du travail scolaire »

(Galland, Oberti, 1996, p.45). Leproblème estque l'expérience universitaireest d'un genre nouveau, et quele tempsd'adaptation estinfiniment pluscourt. C'est pourquoi, plusque de matériel, de locauxou même detemps,c'estd'encadrement dontles étudiantsontbesoin.Ainsi, c'estavant toutsurla quantitéet la qualité de l'effort pédagogique fourni lors du premiercycle par lesenseignants ques'opère

8 - Gageonsqu'uneétudesociologiquesurla «carrière universitaire»,surles « universi¬

taires-stratèges»et surleur«rapportinstrumentaliséà l'enseignement»seraitintéressanteà plusd'untitre...

RECHERCHEet FORMATION N° 29 - 1998

Laurent MUCCHIELLI

déjà ets'opéreradavantage encoredans l'avenir lasélection. Telle estdonc,qu'ils leveuillentou non, la responsabilitédesuniversitaires. Qu'ilsen discutent, qu'ils la critiquent,fortbien, maisqu'ilsne lafuientpas.

Pourterminer,letutorat constifue-t-iluneréponsesuffisammentefficaceà cettesitua¬

tion?Nousne lecroyonspas.Commel'ondit: «C'estmieuxque rien », maisc'est unpis-aller. Peupratiqué,il «ne semblepas donner derésultatsnotables puisqueles abandonsencoursdepremière année demeurent importants et quelestaux depas¬

sage endeuxième ettroisième années n'ontpas étéaméliorés » (ibid., p. 86). Et quand bien même tous lesenseignants s'y consacreraient sérieusement(rêvons un peu...),cetteméthoderesterait bien inutilementcoûteuse enénergieet entemps(9).

Pourquoi neveut-onpasadmettreque,plutôtque demultiplier lespansementsdans l'urgence, il faut attaquerle malàsa racine,c'est-à-dire revoir de fond encomble lapédagogiedescours en premiercycle? Letravail d'accompagnement, d'orienta¬

tionetd'apprentissagedes méthodesquel'onattribue au tutorat peutse foirecol¬

lectivement,dansuneorganisationdescoursentièrement revuepourêtredéterminée non plusseulementparlesoucidescontenus intellectuels (lesméthodes,lesrésultats et les théories des diverses sous-disciplines de la psychologie), mais aussi, d'une part, parcelui descontenants (la pédagogiedu travail universitaire),d'autre part, parcelui desfinalités pratiques(lesmétiers dela psychologie)etdes rôlessociaux (lesfonctionsdupsychologue dansla société). Fautedequoi,lesuniversitairesconti¬

nuerontàcreuserunpeu pluschaque annéelefosséqui lesséparedesétudiantset, àtraverseux,delasociétéde demain.

9 - Quant à la dernière réformeconsistantàconfierletutorat àdesétudiantsplusavancés, ellepeut certesrésoudreuncertainnombrededifficultés pratiquesdesétudiants deDEUG, mais ellerisque aussidedésimpliquer davantagelesenseignants etdeleséloigner encoreplus desétudiants.

175

RECHERCHEetFORMATION N° 29 - 1998 Laurent MUCCHIELLI

déjà ets'opéreradavantage encoredans l'avenir lasélection. Telle estdonc,qu'ils leveuillentou non, la responsabilitédesuniversitaires. Qu'ilsen discutent, qu'ils la critiquent,fortbien, maisqu'ilsne lafuientpas.

Pourterminer,letutorat constifue-t-iluneréponsesuffisammentefficaceà cettesitua¬

tion?Nousne lecroyonspas.Commel'ondit: «C'estmieuxque rien », maisc'est unpis-aller. Peupratiqué,il «ne semblepas donner derésultatsnotables puisqueles abandonsencoursdepremière année demeurent importants et quelestaux depas¬

sage endeuxième ettroisième années n'ontpas étéaméliorés » (ibid., p. 86). Et quand bien même tous lesenseignants s'y consacreraient sérieusement(rêvons un peu...),cetteméthoderesterait bien inutilementcoûteuse enénergieet entemps(9).

Pourquoi neveut-onpasadmettreque,plutôtque demultiplier lespansementsdans l'urgence, il faut attaquerle malàsa racine,c'est-à-dire revoir de fond encomble lapédagogiedescours en premiercycle? Letravail d'accompagnement, d'orienta¬

tionetd'apprentissagedes méthodesquel'onattribue au tutorat peutse foirecol¬

lectivement,dansuneorganisationdescoursentièrement revuepourêtredéterminée non plusseulementparlesoucidescontenus intellectuels (lesméthodes,lesrésultats et les théories des diverses sous-disciplines de la psychologie), mais aussi, d'une part, parcelui descontenants (la pédagogiedu travail universitaire),d'autre part, parcelui desfinalités pratiques(lesmétiers dela psychologie)etdes rôlessociaux (lesfonctionsdupsychologue dansla société). Fautedequoi,lesuniversitairesconti¬

nuerontàcreuserunpeu pluschaque annéelefosséqui lesséparedesétudiantset, àtraverseux,delasociétéde demain.

9 - Quant à la dernière réformeconsistantàconfierletutorat àdesétudiantsplusavancés, ellepeut certesrésoudreuncertainnombrededifficultés pratiquesdesétudiants deDEUG, mais ellerisque aussidedésimpliquer davantagelesenseignants etdeleséloigner encoreplus desétudiants.

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