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7. L’écologie du religieux dans la prescription

7.3 Quelle écologie du religieux pour le lycée ?

Les programmes du lyceée geéneéral suivent ceux du colleège, tout en reprenant aè l’antiquiteé.

• La seconde, les Europeéens

Le programme de 2de (Annexe E.6, p.187), qui entre en vigueur l’année scolaire 2010-

2011, s’intitule les Européens dans l’histoire du monde. La visite des différentes périodes ne suit pas une progression systématique, mais correspond à des thèmes. L’antiquité, par exemple, est abordée sous l’angle de la citoyenneté, à travers Athènes et Rome, alors que l’époque contemporaine renvoie aux nouvelles revendications politiques.

Le domaine introductif deépasse le deécoupage en peériodes pour appreéhender la place des Europeéens dans le monde. Celui qui le suit ordonne la progression dans l’Antiquiteé, entre un secteur atheénien et un autre romain, sous l’angle de la citoyenneteé. Si le texte n’accorde aucune place au fait religieux, nous pensons difficile d’aborder ces deux aires sans aborder les cultes civiques qui les caracteérisent. Le troisieème domaine se consacre aè l’Europe meédieévale du XIe au XIIIe sieècle alors que son principal secteur renvoie aè la chreétienteé. Deux mises en œuvre doivent eâtre abordeées : le patrimoine religieux et la propagation du christianisme, aè travers diffeérents angles « eévangeélisation, inteégration, exclusion, reépression ». Les deux autres secteurs s’excluent mutuellement et renvoient aè la ruraliteé ou aè l’urbaniteé dans leurs dimensions sociales et culturelles.

La peériode moderne, qui aborde les nouveaux horizons geéographiques et culturels, accorde une place au fait religieux. Le premier secteur, sur les rencontres des autres civilisations dans les XVe et XVIe sieècles, peut entre autres permettre l’eétude de Constantinople. Le texte la deécrit comme lieu de contacts des diffeérentes religions, « chreétiennes, musulmanes et juives ». Chreétien est le seul nom aè prendre le pluriel. Parmi les deux autres secteurs, qui s’excluent mutuellement, le premier consacreé aux hommes de la renaissance, inclue l’eétude d’un reéformateur protestant. Le dernier domaine, le plus vaste, englobe la Reévolution française. Dans le secteur de cette dernieère, la religion se trouve mentionneée, comme l’une des institutions « bouleverseées » par la peériode.

Les trois peériodes qui se succeèdent s’inscrivent dans des theématiques diffeérentes de celles du colleège. Si nous pouvons envisager quelques places pour les polytheéismes antiques europeéens, et peut-eâtre meédieévaux, nous constatons surtout que l’islam et le judaïïsme perdent des enseignements autonomes. Le christianisme, principalement le catholicisme, occupe la place centrale.

• La première, contemporain thématique

Le programme de 1re (Annexe E.7, p.192) a été critiqué en raison d’une structure

thématique qui sépare les totalitarismes des guerres. Son titre ne fait pas référence à une aire géographique. Pour autant, nous notons qu’il reste largement occidentalocentré. Les conflits du XXe siècle renvoient aux guerres européennes, ou impliquent une nation occidentale. Le temps européen fixe celui des domaines.

Le premier aborde donc le monde depuis le milieu du XIXe sieècle, l’eéconomie dans un premier secteur puis les mutations de la socieéteé. Le titre de ce secteur peut paraitre inteéressant, mais la prescription ne se reéfeère pas au fait religieux.

Le second domaine aborde la guerre au XXe sieècle. Son premier secteur renvoie aux guerres mondiales, ainsi qu’aux tentatives de maintien de la paix. Dans ce cadre, nous pouvons constater l’apparition de « juif », mais dans le cadre du geénocide. Le second secteur aborde la guerre froide et les formes conflictuelles les plus contemporaines. Dans ce dernier cas, notamment avec la reéfeérence aè « un acte terroriste (le 11 septembre 2001) » nous pouvons espeérer un traitement du fait religieux. Le troisieème domaine compleète l’ensemble en abordant les totalitarismes, sans mention d’eéleéments religieux. Le dernier domaine international fait reéfeérence aè la colonisation. Ici non plus, nous ne trouvons pas de reéfeérence aux religions, cependant, dans le second secteur, plus preéciseément centreé sur la deécolonisation, une eétude est preévue sur le cas de l’empire des Indes. La partition du sous-continent en deux/trois eétats ne peut pas laisser de coâteé la dimension religieuse.

Un dernier domaine se focalise sur la France reépublicaine. Il se deécoupe en deux secteurs : les reépubliques successives depuis la chute du IId empire, la Reépublique et les

eévolutions de la socieéteé française. Dans le cadre de celui-ci, une « mise en œuvre » concerne « la Reépublique, les religions et la laïïciteé depuis les anneées 1880 ». Encore une fois, la peériode contemporaine semble devoir accorder que peu d’espace au fait religieux. Seul le dernier secteur offre un hypotheétique theème au fait religieux meâme si celui-ci apparait sous l’angle de la Reépublique et son adaptation aux changements.

• Terminale, deux programmes

Avec la Tle, nous l’avons dit, nous nous trouvons devant deux programmes treès

diffeérents. Regards historiques sur le monde actuel occupe les filieères Es et L (Annexe E.8, p.197). Comme celui de 1re, il se consacre principalement aè la peériode contemporaine. Il

propose une approche de l’histoire plus proche de la discipline savante. Ainsi, le premier de ses quatre domaines interroge le rapport des socieéteés aè leur passeé, aè travers le

patrimoine puis les meémoires. Le premier nous offre une possibiliteé d’appreéhender le fait religieux, dans sa dimension patrimoniale et monumentale. Les trois theèmes proposeés portent sur Rome, Jeérusalem ou Paris, trois villes qui posseèdent de riches sanctuaires.

Le second domaine s’intitule : ideéologie, opinion et croyances en Europe et aux EÉtats- Unis de la fin du XIXe sieècle aè nos jours. Les trois secteurs qui le composent renvoient aè des objets et des aires geéographiques et chronologiques relativement diffeérentes. Les questions se confondent avec leurs mises en œuvre. La premieère question sur le socialisme s’inteéresse ainsi aè l’Allemagne depuis 1875 ; les meédias et l’opinion publique renvoient aè la France depuis l’affaire Dreyfus ; celle sur la Religion et la socieéteé porte sur les EÉtats-Unis. Ce secteur nous offre alors un espace important pour appreéhender l’enseignement du fait religieux dans un contexte particulier et largement diffeérent, une autre laïïciteé et un autre christianisme. Ce secteur disparait deès 2013 et nous pouvons nous interroger sur les raisons de cet eéchec.

Le troisieème domaine aborde la question geéopolitique depuis la fin de la Premieère Guerre mondiale. Son premier secteur porte sur les puissances internationales, les EÉtats- Unis et la Chine. Le second traite du Proche-Orient autour des troubles lieés aè Israeïl, aè l’Iran chiite ou encore au terrorisme islamiste sunnite. Il peut donner l’occasion d’une visite du fait religieux. Cependant, c’est encore une fois sous l’angle de la violence que la religion musulmane doit y eâtre enseigneée. Le dernier domaine qui se consacre aux eéchelles de gouvernement dans le monde contemporain et qui construit un emboitement entre la France, l’Union europeéenne et la gouvernance eéconomique mondiale, ne semble pas devoir aborder le fait religieux.

Le programme de Tle S (annexe E.9, p.202) est celui d’une eépheémeère option facultative.

Il deépasse la cohabitation traditionnelle de l’histoire et de la geéographie pour produire une discipline unique. Les domaines renvoient pour la plupart aè ceux du programme des ES/L. Ainsi le premier, la mondialisation en fonctionnement, et le second, enjeu et

recomposition géopolitiques du monde, ne sont pas sans rappeler ce que nous avons pu

noter plus haut. Dans le cas de ce dernier domaine, d’ailleurs, se trouve ainsi une eétude facultative sur le Proche et le Moyen-Orient. Au-delaè, il n’offre que treès peu d’espace au fait religieux.

Synthèse

En nous en tenant aux simples programmes, nous pouvons constater une diminution de l’habitat du religieux en fonction de la progression dans les diffeérents niveaux et les peériodes auxquelles ils renvoient. Comme nous en posions l’hypotheèse, l’antiquiteé et le Moyen-AÂge semblent accorder le plus de places aux religions. AÀ quelques exceptions, le fait religieux contemporain eévoque principalement la violence.

Nous ne trouvons cependant aucune mention explicite du fait religieux. Nous le rencontrons aè travers les institutions, les pratiques et les croyances. Les eéleèves le

croisent au fil des visites que produisent les niveaux autour de diffeérents objets politiques et culturels. Il se tient en lisieère des eévolutions, et aè quelques exceptions preès, il se retrouve dans le temps normal du programme et non dans des approches exteérieures. Les domaines qui lui sont consacreés restent rares. Nous les voyons surtout en 6e, 5e et 2de et correspondent aè l’antiquiteé et au Moyen-AÂge. Ils portent alors sur les

trois monotheéismes principaux. Quelques secteurs apparaissent ensuite, dans la peériode meédieévale ou moderne. Les Tles ES et L receèlent l’un des seuls secteurs pour l’eépoque

contemporaine aè travers les EÉtats-Unis.

Ces programmes constituent un ensemble relativement coheérent compte tenu de leurs eécritures dans un temps restreint. Cependant, les manuels sont nombreux et produisent des variations importantes malgreé leur tendance aè la ressemblance.