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CHAPITRE II : LE PARTI COMMUNISTE CHILIEN ET LA CONCURRENCE AU SEIN DU SYSTÈME DE PARTIS AU SEIN DU SYSTÈME DE PARTIS

A. Le PS, l’acteur qui manquait pour la représentation de la gauche

Si l’on ne saurait affirmer que le PS a été crée en 1933 en fonction de l’existence du PCCh, il est évident qu e la nou velle org anisation est ven ue combler le b esoin de représentation d’un sec teur qui, tout e n ayant des id ées socialistes, ne s’iden tifiait pa s nécessairement avec la pol itique r estreinte d u FUP du P CCh n i, d’ une m anière p lus générale, avec la passion pour l’URSS des communistes chiliens. « Nous avons fondé le

Parti socialiste parce que le Parti communiste qui existait au Chili depuis 1920 avait été incapable, après q uatorze ans de l utte, de former u ne c onscience da ns notre pe uple », affirmait le dirigeant socialiste Oscar Schnake en 1940676. La raison : le PCCh n’avait pas su, selon Schnake, « identifier l’intérêt du travailleur avec l’intérêt commun du bien-être de nous tous » et, alors, « nous avons édifié le Parti s ocialiste à cause de ces différences avec le Parti c ommuniste, p arce, da ns l e c as c ontraire, nous to us aurions dû être communistes »677.

En effet, le P CCh se trouvait da ns la ligne restreinte du FUP qui , d’après les directives de l’IC, estimait les partis démocrates et socialistes encore plus dangereux que la bourgeoisie et l’oligarchie, interdisant les alliances avec ces partis et p réconisant une politique de recrutement et d’action restreinte à des noyaux très limités678. Le PCCh se voulait une éc ole fo rmatrice de co mmunistes à l a fo is qu’il é tait ex igé d’ê tre déjà communiste pour y rentrer679. Comme pour tous les PC d e l’époque, la ligne politique sectaire qu’a mise en place l e PC Ch, a for tement lim ité la ba se du par ti e t a m is l’organisation dans « une sorte de cercle étroit »680.

Dans ce ca dre et notamment lo rsque les forces socialistes –qu i se regroupent finalement dans le PS en 1933- c ommencent à gagn er le sou tien populaire à partir de l’expérience de la « République socialiste » en 1932681, les diatribes du PCCh contre la nouvelle organisation ne se font pas attendre, notamment contre son leader, Marmaduke Grove682.

Déjà en 1932 le PCCh avait désavoué le coup d’État de Grove qui avait donné lieu, à la « République socialiste », car le PCCh condamnait l’idée d’imposer le socialisme par la voie d’un coup d’Etat –donc, personnaliste- au lieu de s’appuyer sur un mouvement social. « Le grovisme ne prépare que des putschs » et « ceux-ci se font sans les masses et dans leurs dos », affirme le PCCh. « Le grovismo est l’ennemi de la révolution ouvrière et paysanne » et l’« ennemi juré de l’URSS, la patrie des travailleurs », continue le PCCh, à

676 Schnake, O. « Por qué fundamos el Partido Socialista », dans América y la Guerra, Santiago, Depto. de Publicaciones PS, 1940, cité par Witker, A. (comp.) Historia Documental del PSCH 1933-1993. Signos de identidad, Santiago, Concepción, Instituto Latinoamericano de Concepción, 1993, p.150

677 Ibid.

678 Le PCCh se considérait dans cette première étape comme « un organisme conspiratif de classe ; où peuvent militer seulement les éléments sûrs et après avoir été soumis à des travaux que le Parti leur assignait en tant que candidats affiliés » Galdames, M.2º. « Estructura y métodos de acción del Partido Comunista », Bandera Roja, no.1, avril 1925

679 Ramírez Necochea, H. Origen…p.255

680 Ibid.

681 Dans les onze jours de durée, la République socialiste a mis en place des mesures plutôt populistes que révolutionnaires : rendre les instruments de travail qui avaient été mis en gage (comme les machines à coudre), interdire l’expulsion des locataires en retard, amnistier les prisonniers politiques (les marins et les sous-officiers qui avaient participé au soulèvement de la marine en 1931), créer des emplois d’orpailleurs pour absorber le chômage, etc. Voir Correa, S. et al. Historia del siglo XX… p.109 ; Góngora, M. Ensayo histórico…p.243-250

682 Benavides, L. « La Formación… p.9

cause de son « nationalisme patriciero », qui s’oppose « au chemin signalé par Lénine et le Parti bolchevique, qui est un chemin universel, le seul qui aboutit au socialisme»683.

Bientôt l a totalité du PS deviendra l a cible des cri tiques du PCCh , ce qui est interprété par l es socialistes en raiso n du caractère « populaire » et « étranger aux consignes de la III Internationale » du PS, en opposition à l’« obéissance aveugle à la III Internationale » e t à la « position e xtrémiste d’une grande vi rulence a ntisocialiste » du PCCh684. R amírez Necochea, reconnaît que l e s ectarisme du P CCh a contribué à que d’autres tend ances cana lisassent le s inq uiétudes et le mécontentement d ’importants secteurs de la p opulation, en s oustrayant ainsi de grands contingents d e tra vailleurs à l’influence communiste685. Deux ca s illustrent cette quest ion : l’incorporation par le PS d’ex mili tants PC exclus à c ause de leurs divergences avec l ’IC e t l’ indifférence d’un contingent socialiste qui n’arrive pas à trouver ses repères dans la structure communiste.

Le cas le plus emblématique étant la province de Magallanes.

Contrairement à d’autre auteu rs, nous sou tenons qu e ce son t les différences a vec l’IC plutôt que la tend ance tro tskiste af fichée par la Ga uche communiste (GC), ce qui détermine l’exclusion des militants qui l’intègrent, leur regroupement dans la GC et leur rapprochement du PS. D’abord, leur leader, l’ex sénateur communiste Manuel Hidalgo, s’affiche trotskiste à partir de 1933 en réponse aux divergences insurmontables avec l’IC lorsqu’il dirige la section de Sa ntiago, puis une pa rtie du PCCh en oppo sition ouverte avec l ’IC, entre 1 927 et 1 931686. Mai s en plus o n re trouve da ns la GC le g roupe de Ramón Sepú lveda Leal, p remier Se crétaire général du POS et du PCCh et l’un des leaders ouvriers les plus importants de l’époque, derrière Recabarren687. À une époque où les différences entre les trotskistes et les stalinistes ne s’invitaient pas encore au débat du PCCh, il sera exclus du p arti en 1927 à cause de ses di vergences avec le s politiques de l’IC, en entraînant avec lui la plupart des militants de la région de Valparaíso. Des années plus tard ce groupe rejoindra la GC d’Hidalgo et par la suite le PS688.

D’après le di rigeant s ocialiste A donis Se púlveda, l’adhésion de c es militants a renforcé le PS, pu isqu’il s’a gissait d ’un important contingent qui c omptait de s an ciens cadres ayant une longue expérience dans le mouvement socialiste689. Mais l’incorporation

683 Siqueiros, J. (Pseudonyme), El Grovismo. Principal obstáculo para la revolución obrera y campesina, Santiago, Imp. Selecta, s/d (1932)

684 Jobet, J.C. « Teoría, Programa y política del PSCH », Arauco, no. 27, IV, Santiago, 1962, pp.9-24, cité par Witker, A. Historia documental …pp. 56-77, p.64

685 Ramírez Necochea, H. Origen y formación… p.256

686 Cette scission a affronté le groupe staliniste dirigé par Elías Lafferte et le groupe dirigé par Manuel Hidalgo, plus indépendantiste vis-à-vis des directives de l’IC. Voir Chapitre 1. En effet, après avoir été exclus du PCCh et avoir reçu la condamnation de la part de l’IC, le groupe d’Hidalgo a crée la Gauche communiste en adhérant la ligne de l’Opposition de gauche, tendance du PCUS dirigée par Léon Trotski et opposée à la politique appliquée par Staline dans l’URSS et au sein de l’IC

687 Sepúlveda avait été élu Regidor par Viña del Mar en 1921 et député communiste par Valparaíso en 1925

688 En 1935 la GC demande son incorporation aux socialistes et le PS accepte la demande lors de son III Congrès en janvier 1936. Sepúlveda, A. « Del POS al PS », dans Witker, A. (comp.) Historia Documental…pp.103-105, p.104

689 Ramón Sepúlveda sera membre du Comité Central pendant plusieurs périodes et occupera le poste de Secrétaire national d’organisation. D’autres dirigeants de l’ancien POS qui sont passés

par le P S d ’ex militants com munistes, devenus t rotskistes, est v enue agg raver l’antagonisme entre les deux partis, en donnant des arguments au PCCh pour qualifier le PS d e « repaire de tro tskistes », à un e époque où la lu tte ent re les stalin istes et les trotskistes était particulièrement sanglante690.

Quant à la base socialiste qui n’est pas venue renforcer les rangs du PCCh, le cas de Magallanes est particulièrement intéressant, puisque curieusement un autre POS avait été aussi fondé à Maga llanes – dans l’extrême s ud d u pays- e n 1 912, juste a vec quelques jours de différence a vec le POS d e Rec abarren à A ntofagasta. L e PO S de Ma gallanes rejoint le POS de Recabarren en 1915, lors du 1er Congrès de ce dernier et devient ainsi officiellement PCC h en 1922. Pourtant, contrairement à la région de Tarapacá et d e Valparaíso, il n’est jamais parvenu à y avoir une base de représentation significative dans la région dans le domaine social ni électoral.

« Le Parti socialiste à M agallanes a vait, évidemment, u ne force beaucoup plu s grande que le Parti communiste », reconnaît Edicto Garay, dirigeant local du PCCh de Magallanes entre 1967 et 19 73691. Pour lui, la difficulté des communistes dans la zone répondait a u fait que, lorsque le PCCh s’y in stalle en tant que tel, les idées de ty pe socialiste se trouvaient d éjà bien en racinées. Not amment à c ause d e circonstances historiques, comme l’arrivée de quelques membres de la commune de Paris pe ndant le XIX siècle692. Le PCCh n’aurait donc pas pu ancrer la nouvelle doctrine « communiste » au sein de cette « masse socialiste ». Comme l’affirme Adonis Sepúlveda, dirigeant du PS et sénateur de cette région693, « le PC en tant que tel n’a pas pris racine dans la région.

Tous les anciens socialistes des deux premières décennies [du XX siècle] réapparaissent en 1933 dans les rangs du PS »694.

Garay lui-même, allendiste d’origine695, a hésité entre le PS e t le PCCh l orsqu’il a décidé en 1965 d’adhérer, comme il d it, « à l’avant-garde organisée de la province : le Parti socialiste, majoritaire, et ensuite, le Parti communiste ». S’il a eu quelques doutes à l’heure de choisir entre les deux partis, c’était finalement « la différence qu’on constatait entre l’un et l’au tre du point d e vue d e l’organisation » ce qu e l’a fait opter pour le PCCh696.

« Le Parti [communiste] était très petit à cette époque, cependant on a eu un regidor et après un sénateur », se so uvient Garay697. En effet, Luis Godoy – regidor communiste

par le PCCh et qui sont entrés au PS (Manuel Leiva, Onofre González et Benjamín Rojas) deviendront des dirigeants régionaux. Sepúlveda, A. « Del POS… p.105

690 Trotski part en exil et s’installe au Mexique, en donnant lieu au trotskisme et à la Quatrième internationale. La plupart des dirigeants de l’Opposition de gauche seront exécutés en URSS (Zinoviev, Kamenev) ou assassinés (Trotski à Ciudad de Mexico, en 1940)

691 Garay, E. Entretien avec l’auteur, 23.11.2006, Paris

692 Garay ajoute des circonstances sociales, comme l’installation des grandes haciendas de propriété étrangère, ce qui faisait de la zone un terrain propice pour la critique sociale.

693 Sepúlveda, A. « Del POS… p.104

694 Ibid.

695 C’est-à-dire, partisan du socialiste Salvador Allende

696 Garay, E. Entretien avec l’auteur, 23.11.2006, Paris

697 Ibid.

pendant deux périodes entre 1955 et 1963 et maire remplaçant à plusieurs reprises entre 1967 et 1971- a été le seul sénateur du PCCh dans la région, mais il est élu en mars 1973 et le coup d’état de septembre empêchera qu’il assume ses fonctions. En fait, le PCCh n’a présenté des candidats dans la province qu’en 1969 et en 1973698. Pour certains auteurs, la décision de ne pas présenter des candidats suppose la reconnaissance par les dirigeants du parti de la faible signification du vote communiste dans cette province699.

Au contraire, « le PS naît en 1933 et peu après la région de Magallanes devient l’un des fiefs socialistes du pays. En revanche, le PC est parvenu à avoir une existence réelle là-bas be aucoup d e d écennies pl us tard »700 , con state Sepú lveda. En effet, d ès se s premières élections parlementaires, le PS obtient une large majorité par rapport au reste des forces politiques, en faisant élire un député pour la région en 1937 et un sénateur en mars 1945701. Depuis lors, le PS comptera toujours avec un sénateur et un député702. Les graphiques suivants montrent que la province rassemble aussi la majorité des votes que le PS gagne au niveau national. En 1937, par exemple, il obtient 56,9 pour cent des voix dans la province de Magallanes (représentée par la couleur violette), ce qui représente 36 pour cent du total des voix obtenues par le PS au niveau national703.

Pourcentage de votes du PS par province et pourcentage que ces votes ont signifié dans le total national obtenu par le PS

Graphique 31 : Élections parlementaires 1937 Graphique 32 : Élections parlementaires 1941

698 En 1969 le parti a obtenu 10,4 pour cent. Urzúa, G. Historia política de Chile…p.685

699 Faletto, E. « Algunas características de la base social del Partido Socialista y del Partido Comunista. 1958-1973 », Documento de Trabajo, no. 97, FLACSO, Santiago, sept. 1980, p.7

700 Sepúlveda, A. « Del POS… p.104

701 Juan E. Ojeda, le député, et Salvador Allende, le sénateur

702 À l’exception de 1961, où le candidat Alfredo Hernández n’est pas élu, dû à des « dolosives manœuvres », d’après Jobet. El Partido Socialista de Chile, T.2, Santiago, Prensa

Latinoamericana, 1971, p.14 Aniceto Rodríguez remplacera Allende en 1953 et les députés Ojeda et Alfredo Hernández représenteront le PS jusqu’en 1973

703 Urzúa, G. Historia política de Chile… p.688

Graphique 33 : Élections parlementaires 1957 Graphique 34 : Élections parlementaires 1961

On constate que, malgré l’existence d’un noyau socialiste qui adhère a ux idées de Recabarren e n 1 915 et de la volonté de c e groupe d e militants po ur dev enir PCCh en 1922, la « masse socialiste » de la pr ovince d e Ma gallanes ne c onsidère pa s le s id ées communistes comme représentatives de l eurs intérêts. Ils attendront l’arrivée du PS, en 1933, pour se fai re représenter sur la scè ne politique institutionnelle. Ce cas précis montre comment le PS vient combler, au sein de la gauche socialiste chilienne, le manque de représentation politique existant au début du XX siècle. Pour Adonis Sepúlveda le cas de Magallanes peut être généralisé au niveau national. Il rappelle qu’au début des années trente, le PCCh n’était pas seulement « jibarizado mais scindé. Il avait perdu l’immense majorité de sa base sociale. Le PS, e n revanche », continue le s ocialiste, « fait irruption en 1933 et s’étend comme une traînée de poudre sur tout le territoire national. Toute cette force était des nouveaux venus à la lutte sociale ? », se demande-t-il. « La vérité c’est que

dans tout le Chili une grande quantité de militants anonymes de l’ancien POS a rejoint les rangs socialistes »704.

Cette question est confirmée par la base de représentation de chaque parti, au moins jusqu’aux années so ixante. En e ffet, o n distingue jusqu’au milieu des années soixante, une co rrélation po sitive en tre le ca ractère socio-économique du vote et le v ote communiste à p artir de l a distribution géographique de l ’électorat705. C ’est-à-dire, on trouve un majeur pourcentage de voix communistes dans les zones où les secteurs minier et manufacturier sont prépondérants (Tar apacá) e t une repré sentation moindre dan s les zones agraires, de services et de commerce.

Relation entre le vote réel et le vote espéré du PCCh et du PS à partir de la variable socio-économique géographique

Graphique 37 : Élections municipales 1960 (PCCh)

0 5 10 15 20 25

11 13 15 17 19 21

Tarapaca Antofagasta Atacama Coquimbo Aconcagua Valparaiso Santiago O'Higgins Colchagua

Curico Talca Linares

Nuble Concepcion Maule

Arauco Biobio Malleco

Cautin Osorno Llanquihue

Valdivia Chiloe Magallanes

704 Sepúlveda, A. « Del POS… p.104

705 Conclusion tirée des données de l’étude de Faletto, E. « Algunas características… p.6 Le travail de Faletto veut déterminer le poids socio-économique dans le vote PC et PS. Il regroupe

géographiquement la population chilienne active en cinq secteurs : industriel, minier, agriculture, services et commerce et assigne à chacun d’entre eux un poids « idéologique de gauche » qui va du plus bas au plus haut. La configuration totale étant égale à 1, les coefficients de chaque secteur seraient 0.5 (industrie), 0.3 (secteur minier), 0.15 (agriculture), 0.05 (services) et 0.0 (commerce) À partir des résultats des élections, Faletto estime si le vote pour chaque parti correspond ou non au vote espéré

Graphique 38: Élections parlementaires 1961 (PCCh) Graphique 39: Élections municipales 1963 (PCCh)

0 5 10 15 20 25 30

11 13 15 17 19 21

0 5 10 15 20 25 30

11 13 15 17 19 21

Par exemple, à Tara pacá –z one ouvr ière-minière- le vo te PC réel se trouve beaucoup plus haut que le vote espéré entre 1960 et 1 963 (Graphique 37, 38 et 39) En revanche, il se situ e beaucoup plus b as dans les m unicipales (1 960, 19 63) d ans les provinces agricoles (Co lchagua, Llanqu ihue, Osorno), da ns celles qu i conc entrent les secteurs du comm erce et des services (Sa ntiago) et dans ce lle qui pa rtage le s de ux (Atacama) (Graphiques 37 et 39). Tenant compte des résultats obtenus sans les élections municipales de 1960 et f idèle à sa politique de concentration de l’électorat, le PCCh ne présente pas de candidats pour les é lections parlementaires de 1961 dans les provinces agricoles de Aconcagua, Colchagua, Curicó, Linares, Maule, Malleco, Osorno, Chiloé et Magallanes, comme le montre le Graphique 38.

Or, si cela renforce l e p résupposé con cernant le lien e ntre le vot e PCCh et les classes ou vrières, particulièrement la clas se o uvrière organisée, cela suppose e n m ême temps une représent ation déficiente du PCCh au niveau national, au moins durant cette période. « Sa r elation positive av ec l es se cteurs ouvriers, manufacturiers e t mi niers organisés », affirme Faletto, « ne dépasse pas un certain enfermement, ce qui le mène à avoir peu d’incidence dans des zones du pays où ce type d’activité a relativement peu d’importance »706

Au contraire, d ans l e ca s du PS, les résultats électoraux n e pe rmettent p as d e conclure à une corrélation stricte entre la variable économique et le vote PS et la ligne de tendance ne montre pas une corrélation positive comme c’était le cas du PCCh707.

706 Faletto, E. « Algunas características…p.8

707 Ibid.

Graphique40:Élections municipales 1960 (PS) Graphique41: Élections parlementaires 1961 (PS)

0 5 10 15 20 25 30

11 13 15 17 19 21 0

5 10 15 20 25 30

11 13 15 17 19 21

Dans les provinces de Santiago, Co ncepción e t Atacama et da ns l es p rovinces agricoles, le vote PS n e montre pas un vote profondément plus bas (Graphiques 10,11 et 12), comme dans le cas du PCCh708, ce qui montre une meilleure distribution nationale du vote PS et une capacité à pé nétrer dans des provinces avec des structures économiques très différentes entre elles709.

Graphique 42 : Élections municipales 1963 (PS)

0 10 20 30 40 50 60

11 13 15 17 19 21

Autrement dit, on voit que, alors que le PCCh concentre son action et son vote dans des z ones f idèles aux communistes e t néglige d’autres moins a ttachées, le PS c analise l’expression et la représentation d’un secteur de gauche plus diversifié dans le domaine socio-économique gé ographique. Ce q ui ne ve ut pa s d ire, p our autant, q ue

708 Le PS obtient une représentation qui se situe trois fois au-dessus de celle espérée pour les provinces de Chiloé et Curicó et deux fois pour Aysén, Linares et Osorno

709 Faletto, E. « Algunas características…p.13 Nous relativisons, par contre, la conclusion que Faletto tire du cas de Magallanes. Etant donné que Magallanes est la zone du pays qui présente le plus fort pourcentage des gens travaillant dans le secteur Services, Falleto conclut que cela contredit le présupposé général qui attribue au secteur tertiaire un comportement politique de centre ou centre-droite et que, en revanche, cela montre que le PS est capable de générer dans le secteur des Services une identité propre de gauche. « Algunas características…p.11 Falleto semble oublier que, selon sa propre étude, le PS partage les déficiences de représentation avec le PCCh dans les provinces de Santiago, Concepción et Atacama, toutes ayant la catégorie Services comme secteur prépondérant et dans lesquelles, le PS a obtenu un vote nettement plus bas que le vote espéré au point qu’il na pas présenté des candidats à Atacama en 1961

l’« élargissement » du vote PS se révèle une mei lleure st ratégie électorale, pui sque, au contraire, en 1961 par exemple, bien que le PCCh se soit abstenu dans les provinces dites

« agricoles », il a eu 11.37 pour cent des voix au niveau national contre 10.76 pour cent obtenus par le PS710.

On s’aperçoit, donc, que le PS veut combler un certain vide dans l’espace politique chilien, dont le rés ultat est la représentation d’un groupe de gauche socialiste qui ne se

On s’aperçoit, donc, que le PS veut combler un certain vide dans l’espace politique chilien, dont le rés ultat est la représentation d’un groupe de gauche socialiste qui ne se