• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE II : LE PARTI COMMUNISTE CHILIEN ET LA CONCURRENCE AU SEIN DU SYSTÈME DE PARTIS AU SEIN DU SYSTÈME DE PARTIS

A. La controverse sur le rôle de la bourgeoisie dans une société plurielle

L’incorporation de la b ourgeoisie dans un projet q ui se ve ut réalisateur d e transformations « révolutionnaires », comme c’est l’objectif affiché par le PS et le PCCh à la fin des années cinquante, est un aspect fondamental non seulement pour la réussite du projet –tel que le voit le PCCh, quant à la possibilité de gagner le pouvoir par les urnes-, mais aussi p our la lé gitimité de s c hangements vo ulus. Autrement dit, d’une part, étant donné que, comme le reconnaît le PCCh, le Chili ne compte pas sur une majorité ouvrière ni prête à réaliser ces transformations, un accord large est indispensable–avec des forces non ouvrières- qui p ermette sa mise en place et sa réussite. D’autre part, cela permet la réalisation du processus de ch angements conformément aux règl es d ’un sy stème démocratique libéral, grâce à l’accord octroyé par la majorité.

En effet, pa rmi les actions consi dérées comme su ffisantes pour con stituer l’expression des préférences individuelles dans un processus de décision démocratique, se trouve que durant le vote, l’alternative avec le plus grand nombre de voix soit déclarée la préférence gagnante et, ensuite, que dans la période d’après vote, les alternatives avec le plus nombre de suffrages remplacent toute autre alternative avec moins de voix et que les ordres des gagnants soient exécutées789. Ces conditions sont fondamentales, comme explique Dahl, pour constituer l’ensemble des éléments qui doivent être présents pour la réalisation de l a règle q ui détermine « la réussite d e l’égalité politique e t de la souveraineté populaire »790 Le point de vue du PS et du PCCh face à l’incorporation de la bourgeoisie –dont l e con sentement do nnerait le car actère de « majoritaire » au p rojet conçu- s’avère, dans ce sens, le point de départ des limites que chaque parti accorde aux principes du système démocratique au sein du projet.

Suite à la décevante expérience au sein du gouvernement d’Ibáñez, le PSP exprime en octobre 1953, des critiques contre l’oligarchie et la bourgeoisie qui visent, en fait, les partis de droite et le PR ai nsi que la c ollaboration pol itique ave c des f orces non marxistes791. « La bourgeoisie n’est pas, d ans nos p ays, une classe ré volutionnaire. L e sont, en revanche, les travailleurs industriels et miniers, les paysans, la petite bourgeoisie intellectuelle, les artisans »792. Dans ce sens, « grâce à son organisation, son expérience syndicale et politique, son sens de classe », seulement la classe ouvrière unie peut réaliser

789 Dahl, R. A Preface to Democratic…p.67 et 71

790 Ibid. p.71

791 XV Congreso general extraordinario… La collaboration avec le gouvernement d’Ibáñez est tellement critiquée qu’Ampuero doit laisser sa place de secrétaire général du PSP à Aniceto Rodríguez

792 CC PSP, « Informe del CC al XV Congreso general extraordinario », octobre 1953, réproduit par Ampuero, R. La izquierda…p.36-38, p.37

des changements révolutionnaires pour l’avènement du socialisme, les forces du centre politique –représentées par les partis dits « progressistes »- n’étant guère nécessaires793.

Cette tendance plus « radicale » gagne du terrain au sein du PSP et en 1955, lors de son XVI Congrès général, le parti adopte officiellement le Front de travailleurs (FT), qui exclut particulièrement la bourgeoisie de toute alliance future. En termes concrets, le FT déclare é puisés le s f ronts a vec les partis « bourgeois » -qui « prolongent l’exploitation des masses » d’après le PSP- et restreint donc l’alliance aux partis ouvriers et à la Central unique de travailleurs (CUT)794.

Pour le PSP, la bourgeoisie chilienne –à la différence d’autres pays- est incapable de mener un processus de changements ou d’assumer un rôle démocratique, ce qui rend inutile d’insister sur la mise en place de l’étape démocratico-bourgeoise, tel que le fait le PCCh. « Notre con ception s’oppose radi calement à l a thèse qui assure que la phase démocratico-bourgeoise de la révolution constitue une étape historiquement nécessaire », affirme le PSP en 1956, en référe nce implicite au P CCh, et explique « que notre bourgeoisie nais sante et an émique n’a pas l’indépendance ni l a c apacité pour l es conquérir [les changements révolutionnaires] », puisque « ici elle est une classe tributaire de l’impérialisme » et « attachée profondément aux propriétaires fonciers »795. Le Comité exécutif du PSP con clut, « donc, qu’uniquement les classes exploit ées, les travailleurs manuels et intellectuels, peuvent assumer cette mission »796.

La ligne du PSP s’oppose, ainsi, complètement à la stratégie du PCCh. Appuyée sur le FLN, l ’un de ses principes fondamentaux est l’alliance entre la cl asse ouvrière et les secteurs p rogressistes de la bourgeoisie p our créer une m ajorité large qu i p ermette l’arrivée au pouvoir. « Les conditions d’un pays comme le Chili, exigent obligatoirement de travailler avec des alliés, y compris dans le camp de la bourgeoisie », affirme Corvalán lors de son premier rapport au CC en tant que secrétaire général d u PCCh en 1958 et dénonce l e fait de fai re circuler l’« idée erronée » qu e la ligne du p arti est « une ligne sociale-démocrate ou petite-bourgeoise, en arrivant à l’extrême d’affirmer que la ligne du Front de T ravailleurs est plus ju ste que c elle d e l a Lib ération Nation ale que nous préconisons »797.

Dans ce cadre, la définition du rôle de la bourgeoisie au sein du FRAP va provoquer le conflit entre les deux partis lors des négociations pour la formation de l’alliance. C’est ainsi que, lorsque le PCCh envoie une lettre au XV Co ngrès du PSP en disant que « les

793 Ampuero, R. La izquierda….p.37

794 C’est pourquoi « nous appelons Front de travailleurs ce qui est connu comme un Front de classes », affirme Ampuero. Ampuero, R. Vea, 30.09.1955 La bourgeoisie au Chili « est

organiquement incapable d’accomplir les tâches révolutionnaires que les bourgeoisies des nations plus avancées ont accomplies », « Informe del Comité Central al XV… p.37

795 PSP, « Informe del Comité ejecutivo del Partido socialista popular al Pleno », août 1956, cité par Ampuero, R. La izquierda…p.39

796 Ibid.

797 Corvalán, L. « Informe al Pleno del Comité Central del Partido comunista de Chile », marzo 1958, dans Documentos e informes…pp.74-81, pp.78. Voir aussi le rapport de Julieta Campusano au XXVI Pleno du CC du PCCh, janvier 1958, pp.73-74

secteurs qui coïncident avec les poi nts d écrits dans v otre déclaration sont vas tes et existent dans tous les camps sociaux et politiques », le secrétaire général du PSP, Aniceto Rodríguez, ré pond fu rieux : « nous, e n revanche, estimons q ue seulement peuvent coïncider avec no s points de vue les secteurs populaires » et ajoute que « votre position théorique vous a m ené, dans la pratique, à des actions communes avec les re présentants des oligarchies »798. Plus encore, le PS menace d’arrêter les négociations avec le PCCh si celui-ci continue à a voir des conversations dans le même sens a vec le PR. « Alors que nous vo us inv itons à pr endre le c hemin de la lutte sans trêve c ontre les secteurs réactionnaires, vous choisissez le raccourci des concessions à l’ennemi de classe »799.

La résistance du PCCh aux politiques restreintes du PSP, mettra même en péril la détermination d u caractère de l’alliance et de la p ortée de l’unité des de ux pa rtis800. D’après Ampu ero, l e pro blème se trouvait dan s la « ligne réfo rmiste » du PCCh, qu i s’opposait à la stratégie « révolutionnaire » du PSP. Pour Teitelboim, membre du CC du PCCh, la principale difficulté était plutôt le refus du PSP d’accepter le besoin d’inclure dans le pacte les secteurs progressistes de la bourgeoisie. C’est-à-dire, le PR et la DC801.

En effet, le PSP estime qu’une large majorité de la population chilienne appartient à la classe travailleuse, ce qui explique pourquoi ces forces réunies pourraient être, d’après les s ocialistes, la s ource d’ une p olitique de p ortée nat ionale s uffisante po ur mener le processus d e ch angements802. Cela supp ose un cri tère é troit de la com position de la société chilienne, un essai de l’homogénéiser en ce qui concerne les besoins et les intérêts et donc la négation du principe de pluralisme, entendu comme la diversité d’opinions et d’intérêts, fondamentale d ans toute démocratie et opposé à l’u nité et à l’un animité803. Puisque le pluralisme es t un fact eur de fond, un hinterland da ns le s conditions démocratiques, pour utiliser le terme de Sartori804, cette conclusion du PS sur la so ciété chilienne va à l’encontre des règles d’un système démocratique libéral.

En revanche, le PCCh est convaincu que la majorité de la population ne se tro uve pas dans le camp ouvrier et c’est pourquoi il est nécessaire de réunir le plus grand nombre de f orces progressistes –pe tite et m oyenne b ourgeoisie, incluses- af in de neutraliser l’action de la haute bourgeoisie. Ce point de vue suppose la reconnaissance de la société chilienne comme multiple et plurielle, avec un équilibre de forces précaire, qui ne permet

798 Rodríguez, A. « Carta de Aniceto Rodríguez a Galo González », journal La Nación, 20.10.1953 Réproduite par Ampuero, R. La izquierda…p.54-55

799« Nous ne pouvons pas accepter un Comité d’enlace avec nous pendant qu’un autre [Comité d’enlace] travaille avec un parti qui, comme le Parti radical, représente principalement des intérêts contraires » « Carta del PSP al Frente del pueblo », 22.05.1955, citée par Ampuero, R. La

izquierda…p.57-58

800 Arrate, J. et Rojas, E. Op.cit. p.308

801 Teitelboim, V. Cité par Furci. Op.cit. p.70

802 Pour le socialiste O. Waiss, le FT ne supposait pas un concept rigide de la lutte de classes ni de la politique d’alliances, mais l’idée que la vaste majorité de la population appartenait à la classe ouvrière, la classe moyenne et les paysans. Entretien cité par Furci, C. Op.cit. p.69 Pourtant, le FT faisait référence exclusive à la classe ouvrière, les classes moyennes restant en dehors de la base souhaitée pour le PS, au moins du point de vue théorique

803 Talmon, J. B. The Rise of Totalitarian Democracy, Beacon Press, 1952, p.44

804 Sartori, G. Partidos y Sistemas de Partidos, Madrid, Alianza Editorial, 2005, p.44

pas aux f orces « révolutionnaires » d’assumer le c ontrôle d’un proc essus

« révolutionnaire » isolées du reste de la population, mais qui exige un travail conjoint avec le reste de s fo rces pol itiques. Les co mmunistes e stiment que « l’entente des plus vastes forces démocratiques de la Gauche et du Centre et même d’éléments patriotiques de la D roite n’es t pas un e idée capricieuse, mais u n impératif posé pa r la réalité », puisque les ge ns ne militent pas se ulement dans les partis politiques. Dans ce se ns, les Communistes encouragent l’unité d’action de « toutes les couches sociales menacées par l’offensive régress ive du grand capi tal et d es pro priétaires terr iens et pou r l’impérialisme »805. Si le PCCh soutient dans ce sens le principe du pluralisme, il faut se montrer p lus pr udent à l’heure d ’identifier ce la a vec la vis ion d’ une société pluraliste dans le se ns o ù l’e ntend la dé mocratie libérale, p uisque d ’autres éléments viennent s’ajouter à une telle caractérisation, qui méritent une analyse plus large806.

Dans la pratique, pour le PSP le front devait être composé par toutes les forces qui acceptent les directives du FT, à l’ex ception du PR et de la Phalange nationale (devenue Démocratie chrétienne, DC en 1957)807, en raison de leur condition de représentants de la bourgeoisie.808. Au contraire, pour l es com munistes, l’e xclusion de s radicaux e t des phalangistes du pacte finirait par « les jeter dans les bras de l’ennemi »809.

Le point de vue du PSP l’emportera sur celui du PCCh et le FRAP n’inclura pas de forces dites « progressistes » dans l’alliance qui soutiendra la candidature d’Allende en 1958, cette fo is avec un PS réuni fié à p artir de 1957 . Le PS v erra sa l igne du F T officialisée par son XIX Congrès en 1961 –où le parti déclare que seulement les classes ouvrières et leurs partis peuvent sortir le Chili de la crise économique, sociale et morale dans laquelle il se trouve810- et ratifiée par tous les Congrès que le parti réalisera jusqu’au coup d’État de 1973.

Dans la pratique, le PS ref usera ainsi toute entente avec le PR et la D C pour les élections de 1964, le cas emblématique étant la tentative en décembre 1962 du président DC, Raúl Fuentealba, d’un r approchement du FRAP811. En effet , l a t endance la plus à gauche de la DC, dite « rebelle », refusait tout accord avec la Droite pour les élections

805 Millas, O. « Informe al Pleno del Comité Central del Partido comunista de Chile», marzo 1960.

Dans Documentos e informes… pp.110-121, p.119

806 Voir les chapitres suivants

807 Avec le Parti conservateur social Chrétien. Guilisasti, S. Partidos políticos…p. 203

808 Ampuero, R. Vea, 30.09.1955

809 Millas, O. à El Siglo…cité dans Arrate, J. et Rojas, E. Op.cit. p.308

810 PS. « XIX Congreso del Partido Socialista», Los Andes, 7-10 déc. 1961, Jobet, J.C. El Partido…

811 Le rapprochement est dû à une action conjointe des tendances « tercerista » et « rebelle » de la DC. Dans une lettre envoyée en 1962 au président du Parti démocratique national (PADENA), du FRAP, Fuentealba (DC de gauche et « tercerista ») exprimait sa « ferme décision de résoudre avec les démocratiques nationaux et avec toutes les forces populaires d’opposition, la désignation d’un candidat commun à la présidence pour les élections de 1964 » Fuentealba proposait en plus de retarder toute proclamation du candidat jusqu’après les élections municipales d’avril 1963.

Fuentealba, R. Cité dans Ampuero, R. La izquierda… p.74-75

suivantes et préconisait une voie non capitaliste de d éveloppement812. Elle commence à prendre force au sein du parti et tente des rapprochements vis-à-vis du FRAP. À l’inverse des Socialistes, qui qualifient les tendances DC comme « bourgeoises », le PCCh salue publiquement ce changement. De s ac cords sur le terrain lé gislatif vont entraîner une entente entre le FRAP et la DC qui aboutit, en juillet 1967, à la promulgation de la loi de Réforme Agraire813. Le PCCh montre sa di sposition en faveur d’une alliance, même s’il reconnaît que le but de la DC n’est pas le socialisme814.

Pourtant, la possi bilité de voir son candi dat –Allende- rem placé par un candidat DC, e ntraîne le PS à or ganiser u ne sé ance plénière d’urgence de la direction, dans laquelle la majorité rejette tout accord avec la DC, désigne officiellement Allende comme pré candidat présidentiel et dé cide de demander a u FR AP la n omination définitive e t urgente d’Al lende co mme c andidat d e l ’alliance pour les élections présidentielles de 1964815.

En ef fet, m ême si Allende a vait é té d ésigné d e m anière non officielle c omme candidat soci aliste e n 1961 e t si sa cand idature com ptait sur le soutien du P CCh, un accord av ec la DC pouvait ch anger la donne. Car, d’une part, Al lende lui -même a vait plaidé pour une formule d’engagement avec la DC lors de la séance plénière et parce que, d’autre part, le PCCh encourageait une entente avec les partis centristes, dont le PR et particulièrement la D C816. « Nous disons a ux démocrates-chrétiens : n ous a vons de s différences id éologiques ; mais vous affirmez être avec nou s contre les m onopoles et l’oligarchie et pour les intérêts du peuple », le PCCh s’adresse à la DC en 1960, en lui demandant directement : « Pourquoi alors, sans avoir besoin de transiger ni vous ni nous dans le domaine idéologique, nous n e trav aillons pas l es uns et l es autres pour les revendications des masses et les solutions nationales les plus urgentes ? »817. La position du PS l’em portera, Allende sera candidat de la gauche et les forces « progressistes » ne feront pas partie de l’alliance en 1964.

Les différences entre le PS et le PCCh s’expriment aussi une fois que le c andidat DC, Eduardo Frei, gagne la présidence en 1964. Alors que le nouveau secrétaire général du PS, Aniceto Rodríguez, annonce que « à ce gouvernement nous allons negar la sal y el

812 Grâce à une alliance de la Jeunesse démocrate chrétienne (de Rodrigo Ambrosio) et des tendances « rebelle » et « tercerista », une tendance à gauche gagne la présidence de la DC étant élu le leader rebelle Juan Agustin Gumucio, qui succède à Fuentealba

813 Les accords permettent, par exemple, l’approbation d’une loi de syndicalisation paysanne qui établit les syndicats communaux de travailleurs agricoles, fait plus fort leur droit à la grève et à la négociation collective et fonde le Fond d’Education et Extension Syndical, destiné à la formation et au renforcement de l’organisation des syndicats Arrate, J. et Rojas, E. Op.cit p.404

814 Millas, O. « Informe al Pleno del Comité Central, pp.118-119,

815 Voir Ampuero, R. La Izquierda… et Arrate, J. et Rojas, E. Op.cit. p.308

816 Alors que dans la séance plénière, la majorité du PS a rejeté l’initiative DC et a désigné Frei comme l’ennemi principal et non pas Durán, du PR. Elle a refusé aussi d’attendre les résultats de l’élection municipale pour désigner le candidat du FRAP, tel qu’il était demandé par Fuentealba.

Ampuero, R. La izquierda… p.74-75

817 Millas, O. « Informe al Pleno del Comité Central…p.119

agua »818, c’est-à-dire opposer à toutes ses propositions, le secrétaire général du PCCh, Luis Corvalán, promet que « notre opposition sera ferme, mais pas aveugle ». En effet, un an après l’élection de Frei, le PCCh affirme qu’« étant donné le fait que dans certains cas sa p olitique [de l a DC] est critique ou indépendante c ontre l’im périalisme, no us ne tombons pas dans l’attaque généralisée » et qu’au contraire, « nous nous guidons par les actions concrètes »819. Pour le PCCh « il est po ssible d’avancer sur le terrain d e l’unité d’action du FRAP, du PADENA et des démocrates chrétiens et radicaux antidroitistes, contre l’impérialisme et l’oligarchie »820.

En réponse, Ani ceto Rodríg uez, invité a u XI II Cong rès du PCCh, critique l a position communiste vis-à-vis des partis « bourgeois », réaffirme la position socialiste et assure que le FRAP est en train de « se fourvoyer en ce qui concerne l’unité » en raison du « jugement tactique différent » des deux partis821.

Le PS s’oppose aussi au soutien que le PCCh et le Parti social démocrate, du FRAP, apportent au candidat radical Alberto Baltra pour l’élection complémentaire de sénateur en 1967 dans la province qui rassemble Biobio, Malleco et Cautín. Lors du XXII Congrès du PS, le parti approuve un vote d’« abstention combative », ne pouvant pas à ce n iveau de la compétition inscrire un candidat PS. Le PS critique « les essais » que le PCCh, « en utilisant co mme prétexte cette él ection, es t en trai n de réa liser afin de ressusciter une combinaison politique radicale-socialiste-communiste » et les qualifie de « profondément nuisibles pour le développement et la maturation de la gauche chilienne »822.

Dans une première étape, donc, le FT du PS s’imposera sur le FLN du PCCh en ce qui concerne la composition de l’alliance. Cependant, le PCCh ne renonce pas à sa propre stratégie. Les co mmunistes a ffirment qu’« évidement no us gardon s la conception théorique d’ alliance avec la bourgeoise na tionale dans d es circonstances déte rminées, dans des conditions qui soient favorables à la classe ouvrière et au peuple » et soulignent que « plus enc ore, cette conception théorique se traduit dans bea ucoup de ca s da ns la pratique »823.

En ef fet, le PCCh ac compagne ses d éclarations d’actions co ncrètes des tinées à améliorer la relation du FRAP avec les partis « bourgeois » et, si possible, à aboutir à un rapprochement à partir d ’accords pon ctuels dans d es dom aines v ariés : le mouvement

818 Rodríguez A. Paroles exprimées lors du XXI Congrès du PS, Linares, juin 1965. Cité par Arrate J. et Rojas, E. Op.cit. p.392

819 Corvalán, L. « La clase obrera, centro de la unidad y motor de los cambios revolucionarios », Informe central al XIII Congreso Nacional del Partido comunista de Chile, 10 octobre, 1965, dans

819 Corvalán, L. « La clase obrera, centro de la unidad y motor de los cambios revolucionarios », Informe central al XIII Congreso Nacional del Partido comunista de Chile, 10 octobre, 1965, dans