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UN PARTI COMME LES AUTRES ?

A. L’héritage des partis populaires

On commence par l’influence q ue d ’autres partis se revendiquant d e la représentation des secteurs po pulaires, on t sur l ’habitus électoral du PCCh : le Parti démocratique (PD) e t le Parti ouvrier soci aliste (POS), dont le PCCh se voi t l ’héritier direct. Étant donné leur composition –des artisans et des ouvriers qui faisaient ou avaient fait partie des mouvements mutualiste et ouvrier de la fin du XIX ème siècle et début du XX èm e- le PD et le POS ont é té à leur tour l es héritiers de cert aines prati ques de ces groupes. Produit de l’abandon de l’État des moins favorisés,181 la relation de ces groupes vis-à-vis de l’État avait é té marquée p ar l’associationnisme182 à l’ heure de m ettre en place des actions pour répondre à des p roblèmes économiques et sociaux. Les pratiques de socialisation et le caractère revendicatif des demandes adressées aux autorités, seront notamment l’héritage que le PD et le POS se verront offrir et qu’ils transmettront par la suite au PCCh.

Le PCCh héritera, e n plus, d es élém ents p ropres à ces p artis pop ulaires qui découlent de leur participation à l’espace politique : les pratiques liées à la participation aux processus é lectoraux, le re spect des in stitutions et le pragmatisme av ec leque l les partis populaires doivent faire face à la difficulté d’agir dans un espace où les règles du jeu ne les avantagent pas. Le PCCh garde ce pragmatisme et le développe encore plus, au point d’être mal vu par d’autres acteurs.

179 Lagroye, J. et al. Sociologie…p.145

180 À cette question sera consacré le Chapitre II.

181 Ce qui au Chili est connu comme la cuestión social : paupérisation des classes populaires cristallisée surtout dans le domaine de la santé publique et du logement. Une large bibliographie

182 C’est-à-dire, « l’adoption de l’action collective organisée et propulsée par une couche sociale bien épaisse, comme la meilleure méthode d’atteindre les objectifs partagés, soit d’ordre politique, socioéconomique, culturel ou religieux ». Correa, S. et al, Historia del siglo XX… p.32

Né d’une sci ssion du Part i radical en 1887, le Part i démo cratique (PD) est le premier parti politique à se rev endiquer d e la rep résentation des couches popu laires.183 De tendance laïque, libérale et d émocratique, l e p arti –don t les m ilitants son t po ur la plupart, des artisans- s’identifie avec les demandes des artisans et des ouvriers et p laide pour la défense des réfor mes afi n d ’améliorer l es conditions de vie des cou ches populaires. Mais ce qui est plus im portant, c’est qu’il dépasse le domaine du social et amène po ur la première fois les revendications pop ulaires sur la scè ne politique. Son action, m ême si restreinte, est considéra ble si l’on t ient compte qu ’avant le PD il n’existait pas de l égislation sociale et qu’une telle possibilité n’avait même pas traversé l’esprit des partis entre 1886-1891184.

Son action, basée sur la voie de la participation électorale et de la collaboration avec d’autres acteurs traditionnels du système, reste tout de même très restreinte, son premier député étant élu sept ans ap rès la c réation du p arti et son p remier sénateur vingt-cinq après. Le PD intè gre seulement un ministère, en 1917.185 Son action sert surtout au jeu que menaient le Parti Conservateur et les Libéraux et le PD voit diminuer son potentiel en raison de son mouvement progressif au centre et à droite, ce qui finalement détermine son fractionnement et dissolution ultérieure186.

C’est l’un de ses leaders, plusieurs fois candidat à l a députation, élu en 19 06 sans pouvoir siéger et avec presque vingt ans de militantisme, qui va t ransmettre au POS et plus tard, au PC c hilien, le s avoir-faire électoral du P D : Luis Emilio Recabarren. Son discours, favorable à la participation électorale et aux moyens dits « politiques », se verra confirmé par sa pratiqu e, ce qu i est déterminant pou r l e PC Ch. Car, Recabarren, fondateur d u POS e t dont l’influence s era presque e xclusive sur ce parti, se ra a ussi l e fondateur du PCCh et so n leader incontestable jusqu’en 1924. Comme le dit l’historien officiel du parti, Ramírez, « Recabarren a balisé le chemin et a déterminé l’orientation de son œuvre (…) le Parti communiste. »187

Inspiré par le Parti Socialiste argentin, où il milite entre 1907 et 19 08, Recabarren va progressivement se mettre à la tête du courant dit socialisante du PD, c’est-à-dire qui essaye d e con juguer les p rincipes des par tis dém ocrates traditionnels av ec ceux d ’un socialisme naissant au C hili. Recabarren, chaque fois p lus c ritique à l ’égard d es dirigeants dé mocrates, finit par pr ésenter u n d iscours q ui do ute de la capacité de la démocratie pour combler les aspirations des travailleurs.188

183 Son programme se déclare en 1889 pour « l’émancipation politique, social et économique du peuple » Urzúa, G. Historia política de Chile y su evolución electoral. Desde 1810 a 1992, Santiago, Ed. Jurídica, 1992, p.368

184 Encina, F. Historia de Chile, T.20, Santiago. Le PD propose la création des ministères du Travail et d’Hygiène et Santé et du Seguro Obrero et les Lois d’accidents du travail, des Syndicats ouvriers et d’instruction obligatoire

185 Urzúa, G. Historia política de Chile… p.368

186 Ibid.

187 Ramírez Necochea, H. Origen y formación…p.119

188 Recabarren, L.E. « Democracia y Socialismo », Journal El Proletario, Tocopilla, no.112, 30.09.1905, p.2

Cependant, quand il s’agit des moyens par lesquels les travailleurs pourront aboutir à l eurs fins, le discours d e Recab arren est très ouvert et a ccepte la démocratie dans la mesure où ell e re présente un p rogramme m inimal po ssédant l es « principes fondamentaux d’où sortiront tous les détails pour transformer la société »189 En effet, le mélange dém ocratie-socialisme est pour lui tout à fait com patible e t il se dé clare

« démocrate et socialiste ». En fait, Recabarren s’intéresse à la transformation du système économique, puisqu’elle entraînera selon lui l’a mélioration d es conditions de v ie des travailleurs. La cri tique c ontre la dém ocratie ne vise donc pas des c onditions naturellement défectueuses des principes du système ou des institutions en elles-mêmes, mais les mauvaises pratiques politiques qui n’arrentent pas la misère des travailleurs.

Dans c e se ns, il dé fend l ’action p arlementaire, même si e lle n’aboutit pa s a ux objectifs d’origine, car il considère nécessaire que la classe ouvrière se fasse « représenter dans le pouvoir » pour « détruire avec les mêmes armes » le système qui a été crée « pour assrvir le peuple »190 Ainsi donne-t-il comme exemple l’action de l’élu socialiste argentin Palacios, laquelle même si « elle peut être considérée complètement nulle » (dans le sens qu’elle n’aboutit pas aux objectifs définis à l’origine, à savoir détruire le système), grâce à ses dé nonciations du d espotisme et des injustices « a in fluencé la dim inution des persécutions, qui étaient devenues un système en soi-même »191

Après avoir vu échouer toutes les tentatives d’imprégner le programme et l’action du PD des idées socialistes,192 Recabarren fonde le POS en 1912. Parmi les a rguments publics avec lesquels il justi fie son action, Recabarren accuse les dirigeants démocrates d’« ignoble con duite » parce q u’ils ne font « aucun effort pou r défendre no tre représentation parlementaire »193 La question électorale joue en fait, un rôle fondamental pour Rec abarren d ans la nouvelle organisation politi que que le dirigeant s’apprête à mettre en place.

Certes, les critiques contre les Démocrates n’empêchent pas les dirigeants du POS de con tinuer à mettre en place certaines p ratiques du PD, not amment d ans le do maine électoral. Le POS annonce dans sa p remière déclaration de principes en 1912, que son propos est de « gagner la conquête du pouvoir politique » et le moyen pour y parvenir :

« perfectionner notre s ystème po litique et a dministratif, en réformant ou en c réant des lois qui garantissent le droit électoral, d’association, de réunion, de la liberté de presse, de fiscalisation, d e s écurité, et t oute s orte de garanties »194 On réaffirme a insi l’intention d’agir au sein du système politique en vigueur au moyen des pratiques et des principes traditionnels et d e l e perfect ionner, non pas de l e détruire ou de m ettre en place d e nouvelles pratiques contraires aux règles.

189 Ibid.

190 Ibid.

191 Ibid.

192 Voir les multiples appels publiés dans les journaux El Pueblo Obrero, Iquique, sept.-oct. 1907, El Socialista, Santiago, 07.08.1909 et la série « Democracia y Socialismo », La Reforma, déc. 1907-janv.1908

193 Recabarren, L.E. journal El Despertar de los Trabajadores, Iquique, 28.05.1912

194 « Programa y reglamento del Partido Obrero Socialista. Exposición de Principios », dans Jobet, J.C., Barría, J. et Vitale, L. Obras selectas de Luis Emilio Recabarren, Santiago, Quimantú, 1971, p.232-237

Étant donné que c’est la transformation de la réalité socio-économique qui est visée,

« l’obtention de to ute la r eprésentation possible, e st une m esure de p révision » d it Recabarren, « car étant donné que la classe capitaliste se trouve seule au sein du pouvoir législatif, elle dicterait des loi s qui arrête raient ou int erdiraient le développement de l’organisation des gremios et des coopératives »195. Il soutient donc que le socialisme se dote d ’une ac tion « légale et él ectorale » qui « participe aux élections municipales et parlementaires pour g agner un e représentation qu i lu i se rve à influencer l’amélioration économique du peuple »196 : « les partis politiques, au lieu de les eclure, nous devons les conquérir, parce que pour le moment nous ne pouvons pas les détruire. »197

Le POS c onfirmera cett e option co mme v oie de lut te et qua tre mo is aprè s la création du parti, il participera aux élections municipales. Le candidat du POS, M anuel Hidalgo, sera finalement élu. Ces élections seront les premières d’une longue série, car le POS se présentera à tous l es processus électoraux qui auront lieu en 1913 et 1921 (deux élections municipales, deux parlementaires et une présidentielle), sans toutefois améliorer sa faible représentation.198

Il peut sembler que la participation à des processus électoraux ne suffisse pas à elle seule pour justifier un habitus électoral, les programmes et les objectifs des partis étant aussi f ondamentaux. C’est ai nsi que la Plateforme électorale du P arti s ocialiste qui définit la campagne d’Hidalgo, dont les mesures proposées concernent des revendications sociales bi en concrètes et tr ès se mblables au x d emandes du PD, est intéressante. El le propose l’ instauration d’une jo urnée de huit heures, un salaire m inimum pour les employés et les travailleurs municipaux, détaxation des impôts municipaux pour les biens de consommation, acc eptation d e la concurrence da ns l es moyens de tra nsport en commun et création de cantines scolaires, entre autres mesures.199

Ces mesures revendicatives se verront accompagnées par une dimension fortement institutionnelle que le POS soutiendra dans sa Déclaration de Principes de 1915. Dans ce texte le parti ajoute à la déclaration de 1912 des mesures politico-administratives liées directement à la représentation, comme l’« incompatibilité absolue » à occuper les postes de Ministre d’État, Sénateur ou député avec d’avocats représentant ou administrant des syndicats ou de s « entreprises capitalistes », l’élection directe du Préside nt de la République, l’i ncorporation du ré gime p arlementaire « en le pe rfectionnant, d ans la

195 Recabarren, L.E. «El Socialismo. Qué es y cómo se realizará » Iquique, nov.déc. 1912, réproduit dans El Pensamiento de Luis Emilio Recabarren, Santiago, s/e, 1971, T.1, p.60

196 Recabarren, L.E. « Cómo se realizará el socialismo ? », journal La Aurora, Taltal, 27.10.1916

197 Recabarren, L.E. «El Socialismo. Qué es…», p.61

198 Il n;aura que deux parlementaires, élus en 1921

199Aussi : distribution de lait, création de marchés et bibliothèques populaires, de centres de secours avec un service de gynécologie dans les quartiers ouvriers, des cours du soir pour adultes, de locaux municipaux pour la vente de pain, de viande et d’articles de premières nécessité et soutien municipal au logement ouvrier. « Plataforma Electoral del Partido Socialista », dans la section Partido Socialista Chileno, La Internacional, no.1, Santiago, 15 mars 1913, p.4-5

constitution po litique » et l’établissement d ’un salaire pou r l’ exercice de s poste s d’élection populaire.200

Ces propositions –et notamment la dernière- montrent l’intérêt du POS à faire partie intégrante du système de partis chilien et à sa professionnalisation. Certes, la proposition d’un salaire entraîne la création d’un espace politique proprement « professionnel » qui ouvre la porte aux professionnels de la politique et non seulement aux « notables ». Car elle permet l’entrée d’élus issus des milieux populaires qui ne pouvaient pas jusqu’alors, exercer une activité politique, parce qu’ils devaient consacrer leur temps à travailler pour survivre. Cel a co ntribue fo rtement à l’ élargissement de la re présentation a u sein du Parlement des secteurs populaires et des groupes jusqu’à ce moment-là exclus de la scène politico-électorale, ce qui renforce le caractère pluraliste du système politique.201

L’approche du POS de la question élec torale est un él ément p rimordial dans la construction de l’habitus électoral du PCCh. D’abord, à cause de l’élément que les deux partis ont e n c ommun : Recabarren, d ont l’influence s’ étend a ux lignes str atégiques et tactiques de s deux p artis. Recabarren met en place un discours e t u ne pratique dans lesquels la participation électorale apparaît comme normale, courante et n écessaire et le PCCh l a reço it comme une pratique h abituelle, tel le qu’ elle l’avait ét é pour le POS.

Certes, Recabarren se présente comme candidat à sept des huit élections qui ont lieu entre 1903 et 1924, date de sa mort.

Tableau 1: Pourcentage obtenu par Recabarren dans les élections parlementaires 1903-1924202

Année Zone No. votes No. Votants Parti %

1903 Serena-Coquim bo-Elqui 204 68 PD 1.4

1906 Antofagasta-Taltal-Tocopilla 2815 1407 PD 32.9

1912 T arapacá-Pisagua 839 210 PD 5.1

1915 Tarapacá-Pisagua 1440 360 POS 8.3

1918 Antofagas ta-Taltal-Tocopilla 191 95 POS 2.3

1921 Antofagasta-Taltal-Tocopilla 2856 1428 POS* 28.3

1924 Santiago 5351 412 PC 2.1

1924 Lautaro (prov. Concepción) 500 500 PC 27.9

200 Dans sa Declaración de Principios il consacre plus d’espace aux questions politiques et enlève complètement les questions d’ordre économique et concernant les travailleurs des mines. Partido Obrero socialista de Chile « Declaración de principios », El socialista, no.3, Valparaíso, 14 août 1915, p.3

201 Sur la professionnalisation des organisations politiques comme résultat de la concurrence électorale élargie, voir Garrigou, A. Histoire sociale du suffrage universel, 1848-2000, Paris, Le Seuil, 2002, chap. 7 ; Schumpeter, J. Capitalisme, socialisme et démocratie, Paris, Payot, 1965, p.388 ; Offerlé, M.

« Mobilisations électorales et invention du citoyen : l’exemple du milieu urbain français à la fin du XIX siècle », dans Gaxie, Explication du vote, Paris, Presses de Sciences Po, 1989 , p.166 et suiv.

202 Durán, L. « Visión cuantitativa de la trayectoria electoral del Partido comunista de Chile : 1903-1973 », dans Varas, A. El Partido Comunista … p.341-372, p.342 Le caractère gras indique que le candidat a gagné l’élection. En 1906 il n’a pas pu assumer

Comme d it Du rán, a ussi im portant au plus q ue d’ analyser le nombre d e votes obtenus par le P C, résulte le fai t de constater la régularité avec laquelle Recabarren se présente aux élections parlementaires. Ce f ait indique pour Durán, « que le s or igines électorales du Parti communiste ch ilien sont li ées à un e interprétation de l’idéologie socialiste dans laquelle la lutte parlementaire et l’organisation de la classe constituent les piliers fondamentaux de l’émancipation des travailleurs. »203

Le POS présente Recabarren aux élections présidentielles de 1920, en dépit du fait qu’il se trouvait emprisonné à Tocopilla.204 Cette décision marque un point majeur dans la consolidation de la participation électorale comme pratique politique du POS, puisque le pa rti voit cett e proclamation c omme la pr emière fois dans l ’histoire du Ch ili qu’un parti dit « populaire » ex prime publiquement so n intention d e conquérir le pou voir politique. L’historien officiel Ramírez assure que la candidature de Recabarren signifie pour le parti « l’ouverture définitive d’un nouveau domaine dans la lutte des travailleurs, le domaine électoral », ce qui suppose, d’un côté, « de profiter intensivement de l’activité électorale p our la mobilisation, l’o rganisation et l’é ducation politique des m asses travailleuses » et, de l ’autre côté, « l’intention de conquérir des places qui serviraient au progrès du mouvement révolutionnaire. »205

Un a utre é lément imp ortant pour co mprendre l’influence d u P OS s ur l’habitus électoral du PCCh, est la continuité de l’identité du POS une fois le PC créé. En effet, le POS ne connaît pas de scission lors de la fondation du PC, comme cela fut le cas pour la plupart de s PC du m onde. Ma lgré q uelques r éticences,206 c ’est tout le POS qui s e prononce en 1922 pour l’adoption des 21 conditions et pour prendre l e no m d e Parti Communiste. C elui-ci garde m ême co mme d ate de fond ation cel le du POS (1912 ) jusqu’en 19 56.207 C’est don c la continuité plutôt qu e la ru pture ce q ui carac térise le passage du POS au PC et l’héritage de l’ancien parti marque profondément l’action du PCCh dans ses premières années d’existence.208

Enfin, l’héritage du POS reste présent dans le PCCh parce qu’à l’inverse de ce que pensent c ertains a uteurs,209 le pa ssage d u POS en PC s’explique pa r l’ impact e t admiration que la Ré volution russe pr oduit s ur Rec abarren, plu tôt que pa r la décision consciente de transformer les pratiques du POS ou d’incorporer de nouveaux principes à son act ion. C’est Reca barren qui c ommence la campagne pour a dhérer à l a Troi sième

203 Durán, L. « Visión…p.342-343. Une idée similaire en Varas, A. « Ideal socialista y Teoría Marxista en Chile », Document de Travail no. 153, FLACSO, 1982

204 Voir La Comuna, Viña del Mar, 26 fevier 1920 et Ramírez Necochea, H. Origen…

205 Ramírez, H. Origen…p.137-138

206 Certains demandent de retarder les résolutions, d’autres plaident pour la fondation d’un parti unique sur la base de la Fédération Ouvrière du Chili, du POS et du PD et d’autres –comme les dirigeants Manuel Hidalgo, futur sénateur PC et Enrique Díaz- s’opposent au changement de nom. Ramírez Necochea, H.

Origen y formación… p.152 ; Rojas, J. « Historia, historiadores y comunistas chilenos », dans Loyola, M.

et Rojas, J. (comp.) Por un rojo amanecer. Hacia una historia de los comunistas chilenos. Santiago, Ed.

Vals, 2000, pp. 2-80, p.48 ; Sagredo, R. Crónicas políticas, de Wilfredo Mayorga. Del cielito Lindo a la Patria Joven, Santiago, 1998, p.48

207 En 1956 le XIV Congrès décide de changer cette date pour janvier 1922

208 Sur la continuité de l’organisation et de la structure, voir les pages 20, 29-31

209 Notamment Ramírez Necochea

Internationale, Internationale Communiste (IC) ou KOMINTERM. C’est lu i qui propose de discuter cette motion lors du III Congrès du POS, en décembre 1920 à Valparaíso.210 C’est lu i qui m ène le débat dans le Co ngrès au c ours duquel on réd ige un text e qui exprime le s s ympathies du pa rti e nvers la R évolution ru sse, le régime sov iétique et Lénine, on accepte d’adhérer à l’IC et on décide d’adopter le nom du Parti Communiste et on autorise le Comité Exécutif National à faire les démarches nécessaires.211

Pendant l e temps de di scussion au sei n des sections –dont l’a pprobation d e la résolution du Congrès avait était requise comme condition sine qua non-, la cam pagne menée par Recabarren pour adhérer à l’IC repose exclusivement sur l’exploit russe, plutôt que s ur les principes du co mmunisme, la mi se en ca use des p ratiques du POS ou les conditions chiliennes qui pourraient justifier une telle décision. «Il n’y a que deux voies à suivre : so it nou s so mmes d’accord a vec nos frères russes, et p ar conséquent avec la révolution sociale, soit nous n’y sommes pas favorables »212, c’est le ton de la plupart des appels. La volonté de transformer les pratiques du parti selon les nouveaux postulats reste absente.

La décision du POS d’adhérer à l’IC pourrait nous amener à penser que Recabarren et le parti décident alors d’adopter la version bolchevique de lutte pour le pouvoir. C’est-à-dire, de transformer le POS en u n parti d’ avant-garde pol itique c onsacré à l’ac tivité révolutionnaire e n t ant qu’agent d e c hangement radical, do nt l’org anisation et les pratiques établiront la voie vers la dictature du prolétariat et refuseront de travailler avec

La décision du POS d’adhérer à l’IC pourrait nous amener à penser que Recabarren et le parti décident alors d’adopter la version bolchevique de lutte pour le pouvoir. C’est-à-dire, de transformer le POS en u n parti d’ avant-garde pol itique c onsacré à l’ac tivité révolutionnaire e n t ant qu’agent d e c hangement radical, do nt l’org anisation et les pratiques établiront la voie vers la dictature du prolétariat et refuseront de travailler avec