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UN PARTI COMME LES AUTRES ?

B. Le PCCh entre la disposition électorale et le discours communiste

Pourtant, le sujet n’est pas si sim ple et s’a vérera bien plus polémique lorsque les sections approuvent la motion de Recabarren et que le POS devient la Section Chilienne de l’Internationale Communiste, l e 1er janvier 1922. C ar, bien qu e l e PC g arde les pratiques c oncernant la qu estion électorale, i l a doptera dans son discours ce rtaines approches provenant du système communiste mondial dont le résultat sera l’affrontement des domaines téléologique et sociétal.218 Cela entraînera trois lignes d’argumentation qui, en dépit de leurs tensions, caractérisent l’approche du PC chilien envers la question.

En premier lieu on constatera le refus du PCCh vis-à-vis du système en place et une forte critique des règles. Les deux députés que le POS gagne en 1921 (Recabarren et Luis Víctor Cru z) bé néficient au PCCh, puisque l’année suivante ils d eviennent le s de ux premiers parlementaires communistes. Cependant, Recabarren ne veut pas se reconnaître comme un acteur qui agit au sein du système politique traditionnel. Il établit de nouveaux rôles, de nouvelles si gnifications pour le s rè gles e xistantes, plus e n ac cord a vec le discours communiste international. Il affirme que « le Parti communiste n’est pas, ni ne sera jamais un parti politique, car il n’acceptera jamais les relations politiques avec les partis de la classe ca pitaliste » 219 Recabarren refu se publi quement le travai l des parlementaires, de « faire les lois », et affirme depuis son siège à la Chambre de députés, qu’il n’est pas là pour légiférer, car « nous ne pouvons pas offrir la réalisation de lois qui retouchent une o rganisation en ruine qui do it être abandonnée, p our do nner li eu à un e nouvelle o rganisation »220 En revanch e, il affirm e qu e le rô le du parlem entaire

216 Journal El Socialista, Antofagasta, 10 mai 1920

217 Rojas, J. « Historia…p.33

218 Voir pages 10-11

219 Recabarren, L.E. « ¿Qué es el Partido Comunista », La Federación Obrera, Santiago, 16.05.1922

220 Recabarren, L.E. Journal El Socialista, Antofagasta, 28.02. 1921

communiste est de « détruire, de morceler par sa critique libre et sévère, la dialectique des re présentants de l a bourgeoisie ». C’est po urquoi le représe ntant communiste

« continue à être antiparlementaire » et « continue à combattre le parlementarisme »221 :

« C’est po urquoi j e dis a ux électeurs, je ne vais p as au Pa rlement po ur f aire d es loi s inutiles qu i s eront violées rapidement par le s c apitalistes ; ou de s l ois qu i perfectionneront le rég ime d’esclavage, n on ; je v ais au Parle ment p our c ritiquer le régime de l’exploitation bourgeoise contre la nation et p our signaler au peuple depuis la tribune parlementaire, le chemin le plus court pour qu’il parvienne à sa li berté et sa joie complètes. »222

Il n’admet « l’action élec torale que c omme u n in strument d e lu tte à ca ractère révolutionnaire, jam ais à carac tère po litique »223 et , d ans ce se ns, le Pa rlement e st

« uniquement et exclusivement » une tribune pour la « propagande révolutionnaire » et

« la critique que, depuis un siège du Sénat, un représentant communiste peut faire »224 Le refus de Recabarren de considérer le PCCh comme un acteur au sein du système politique et les critiques des règles existantes, sont accompagnés par une seconde ligne de discours : celle qu i no us montre qu e les di rigeants du PCCh acc eptent les r ègles et reconnaissent certains principes de la c oncurrence politique, voire des règles générales (comme le besoin de légitimité, de réaliser des campagnes, etc.), auxquels ils font appel afin de se faire une place au sein du système de partis.

On c onstate, d ’abord, que le PC Ch se dé finit publiquement en tant que parti politique, ce qui signifie l’acceptation de toute la charge institutionnelle que suppose une telle définition, ainsi que la reconnaissance de la concurrence pour les postes du pouvoir dans l’État. E n ef fet, malgré l’a ffirmation q ue « le Par ti communiste n ’est p as ni s era jamais un parti politique »225, Recabarren assure que « le parlementaire communiste » est investi de « la représentation d’un parti sérieux ».226 C’est-à-dire, le P CCh se rec onnaît non seulement co mme un parti, mais co mme un p arti « sérieux ». C’est pou r quoi Recabarren appelle à faire campagne pour le PCCh, à m ettre en mouvement « tous les ressorts de l’agitation et de la propagande, pour assurer le meilleur succès possible à l a candidature c ommuniste »227 Agi tation en ta nt q ue mobilisation concernant le s manifestations et les grèves, non dans un sens violent comme les mesures déstabilisantes proposées par les bolcheviks.228

Ensuite, le rôle du parlementaire PC se trouve aussi dans le cadre traditionnel des règles g énérales d e la compétition politique, l orsque Recabarre n affirme qu e l’élu communiste va à la Ch ambre d e d éputés pou r « éclairer avec l’éclat de la do ctrine

221 « Partido Comunista de Chile adherido a la Internacional Comunista », La Federación Obrera, Santiago, 07.04.1922

222 Recabarren, L.E. Journal El Socialista, Antofagasta, 28.02. 1921

223 Recabarren, L.E. « ¿Qué es el Partido…

224 Recabarren, L.E. « Partido Comunista de Chile…

225 Recabarren, L.E. « ¿Qué es el Partido…

226 Recabarren, L.E. « Partido Comunista de Chile…

227 Ibid.

228 La description des moyens révolutionnaires dans Recabarren, L.E. « La Rusia Obrera y Campesina », dans Obras Escogidas, Santiago, Talleres Gráficos, 1923, pp.143

communiste, les prob lèmes vitaux qu’on subit »229 C’est-à-dire, l e rôle du parlementaire PC ne s’arrête pas à la critique ou à une pure propagande révolutionnaire qui refuse tout travail de législ ation. L’él u communiste doit agir a u se in du Pa rlement, « l’éclairer », travailler pour apporter une la solution aux problèmes quotidiens et enfin, apporter une solution communiste a ux prob lèmes qui étaient traités à l’époque, par l es acteurs traditionnels. En effet, le p rogramme du PCCh approuvé lors du II Congrès du parti en 1923, affirme q ue l es r eprésentants du p arti « doivent réaliser un e act ion immé diate destinée à d éfendre tou s les travailleurs et emp loyés des p ersécutions e t mesu res arbitraires que les autorités commentent contre eux » et établi un programme spécifique d’action immédiate municipale et un autre d’action parlementaire.230

Un troisième aspect concerne la recherche de légitimité à laquelle le PCCh se livre pour gagner une place au sein du système de partis. Face à son électorat et à ceux qui critiquent sa col laboration avec l e sy stème, le PC chi lien cherche sa l égitimité en se revendiquant de la représentation exclusive des exclus du système –les travailleurs- et en soulignant le t ravail que les élus du parti réalisent en fa veur d e leurs él ecteurs. C’est pourquoi Recabarren insiste sur le fait que le travail d’un parlementaire communiste est différent de celui des partis traditionnels, parce qu’il « bénéficie à to ut le prolétariat et, donc, à tou te la masse des travailleurs, qui au fond est communiste, bien qu’elle ne soit pas inscrite dans sa totalité dans nos registres »231 Le PC chilien, comme tous les partis communistes, se dé finit com me « l’expression p olitique de l a tac tique offensive e t défensive du prolétariat » et assure que « nos camarades agissent dans les Chambres avec l’applaudissement unanime, avec l’approbation la plus enthousiaste, de la vraie masse de travailleurs de la nation ».

Dans la recherche de légitimité face a u reste des parti s, ceux qui ne l ui accordent pas une légitimité suffisante pour faire partie du jeu (les partis traditionnels), Recabarren utilise, d’ une pa rt, des termes pl us conventionnels. Il te nte de les convaincre d u b on travail que le PCCh ré alise au sein du Par lement –la défense de son éle ctorat : les travailleurs- en affi rmant sa qualité de « parti sérieux »232. D’aut re p art, Recabarren souligne l a di stinction e ntre c e type d’a ction politique, des pratiques q ue l es élus des partis traditionnels réalisent c ouramment et qu i entachent la pr atique politi que (des demandes c lientélistes, d e né gociations obscures, des « combines »)233. C’e st dans c e sens que Re cabarren a ffirme q ue « le Pa rti c ommuniste a de puis un a n, d eux représentants au Parlement » dont « la politique n’a pas lésé les intérêts des prolétaires, ni diminué l’enthousiasme révolutionnaire ni affaibli la foi dans un avenir meilleur » « Au contraire », continue Recabarren, « les intérêts des tra vailleurs ont ét é défendus a vec force »234

229 Recabarren, L.E.« Partido Comunista de Chile…

230 Ramírez Necochea, H. Origen…p.258-259

231 Recabarren, L.E. « Partido Comunista de Chile…

232 Ibid.

233 Ibid

234 Ibid

En fait, les critiques de Recabarren visent les mauvaises habitudes et les pratiques malhonnêtes des élus traditionnels pl utôt q ue l ’institution e n el le même ou le r ôle des parlementaires, qu’il désigne avec des lettres majuscules, ce qui montre son respect pour les i nstitutions. Comm e l e laisse voir le re ste de sa déclaration, il s’estime dans l e parlement pour

« signaler cla irement au peuple, dep uis la tribune pa rlementaire, toute l’ insolite corruption capitaliste, toute l’incapacité bourgeoise, toute l’inutilité des lois bourgeoises, pour que le peuple vo ie la vérité par ses p ropres y eux et p renne alors les mesures nécessaires afin d’organiser le bien-être social »235

Ses arguments répondent plutôt à une mauvaise impression de la politique courante (« un représentant communiste ne v a pas au Parlement pour faire de la politique »), qui n’est plus considérée comme « une force sociale au profit du progrès et du bien-être du peuple »,236 c omme c’était l e ca s un an a uparavant. Dé sormais, il lie l’exercice de la politique à la « collaboration avec les bourgeois, à demander des emplois, à mendier des salaires ou à des combines d e coulo irs » (entre pasillos)237 Ce tte idée re stera présente dans le PCCh et on la retrouvera chez certains dirigeants des années soixante et soixante-dix, dont la justification de la méfiance envers leurs candidatures parlementaires, repose sur ce s prat iques c ourantes de l’action pa rlementaire. Pour Luis Corvalán, se crétaire général du PCCh (1958-1990), sa candidature au Sénat décidée par le parti en 1961, « a été une nou velle d ifficulté d ans ma vie », car « je d ésapprouvait c ertaines pra tiques parlementaires. »238

L’acceptation des institutions et des principes généraux du système, d’une part, et le développement d’un discours public agressif qui les r efuse, d’autre part, s’explique pa r la co existence des domaines té léologique et sociétal que Re cabarren voit désormais s’affronter. Ce face à face entre les pratiques héritées des partis populaires–qui répondent aux rè gles du s ystème et q ui continuent à être mises en p lace- et le nouveau discours provenant du système communiste mondial, n’entraîne pas, pour nous, une argumentation involontaire vis-à-vis de la question.

Certes, nous so mmes en désaccord avec certain s auteu rs q ui, en constatant la faiblesse théorique des d irigeants du PC chi lien –aspect avec lequ el no us so mmes d’ailleurs d ’accord- nient p resque toute ca pacité de réf lexion de s leaders dans la définition des pratiques du parti.239 Nous soutenons qu’au-delà du fait qu’il s’agisse de questions de fond qui dépassent largement l’engagement des militants ou leur capacité intellectuelle, Rec abarren reconnaît la tension qu e provoque au se in d e la doctrine communiste de s premières a nnées, le f ait d’aborder la qu estion électorale pa r les pratiques traditionnelles –comme la participation aux élections et tout ce qui est autour-, parce que cela entraîne de façon implicite la reconnaissance des règles du système.

235 Journal El Socialista, Antofagasta, 28.02. 1921

236 « ¿Revolucionarios o dogmáticos? », 1919, cité par Cruzat, X. et Devés, E. (comp.) Recabarren.

Escritos de Prensa, santiago, Nuestra América, T.4, 1986, pp.38-39, p.39

237 Recabarren, L.E. « Partido Comunista de Chile…

238 Corvalán, L. De lo vivido y lo Peleado… p.92

239 Moulián, Varas, Benavides

La question n’est pourtant pas résolue par l’abstention électorale ou par la mise en place de pratiques différentes de celles que le POS ou le PD connaissaient déjà –comme ce peut être le cas pour d’autres PC-, mais par une troisième ligne d’argumentation : celle où le discours, contraire et critique à l’égard des pratiques parlementaires, cristallise le besoin con stant de ju stification des pratiques él ectorales et finit par donner à la participation électorale du PCCh une place et un rôle différent de celui qui est critiqué par le c ommunisme. Ce qu e no us appelons différenciation dis cursive, dans le s ens où e lle cherche à se dif férentier au ni veau du dis cours, sans se voir re produite a u niv eau d es pratiques.

En ef fet, la te nsion e xistant e ntre les domaines té léologique et s ociétal ve ut être résolue p ar cette différenciation di scursive qui met dans un plan d istinct la politique

« communiste », préconisée par l e PC Ch, « honnête » et la politi que « bourgeoise », suivie par les acteurs traditionnels, « malhonnête ». Ainsi, cette distinction est différente de cel le d e Lén ine concernant l a démocratie bourgeoise-formelle et l a démocratie prolétaire, pui sque d ans le dis cours de R ecabarren i l n ’y a pa s u ne c ritique d e la démocratie, des institutions en tant que telles ou des principes qui en font partie. Quant au niveau de la p ratique, les pra tiques élec torales mises en place c ontinuent à suivre la même voie qu’avaient établie le PD et le POS. En fait Recabarren ne voit pas de raisons pour s’opp oser aux principes traditionnels de l a d émocratie, sa uf a ux pratiques des mauvais p arlementaires bou rgeois.240 Si le rejet de la « politique » par les dirigeants communistes entraîne les critiques du système, il vise moins la fonction représentative et les institutions en tant que telles (celles-ci ne reçoivent pas de critiques directes), que les politiciens capitalistes qui les dénaturent par ces pratiquent malhonnêtes.

La mauvaise image de la p olitique co urante pl utôt que le ref us d u pr incipe de représentation, est confirmée par l a résolution du Co mité Ex écutif National du 14 juin 1922, qui déclare que « toute l’action » du Parti, « développée en différents domaines et par des moyens multiples, doit être dirigée pour entraîner toutes les m asses opprimées, depuis le prolétariat industriel jusqu’aux couches moyennes et inférieures, en vue de la conquête du pouvoir politique »241 Autrement dit, tous les moyens son bons, entre autres la p articipation électorale, po ur attein dre l’objectif rec herché : la c onquête du pouvoir politique. Et l e fait de rec hercher le pouvoir poli tique par les élect ions suppose la reconnaissance des instituions et des règles du système démocratique libéral en vigueur.

Cette a pproche c hangera rad icalement po ur Re cabarren lor s de sa visite e n U nion Soviétique en 1922. À son retour il souligne le fait que le PCUS ait pris le pouvoir par la violence : « Le Parti Communiste soviétique n’a pas attendu de conquérir le p ouvoir au moyen du vote électoral, de l a légalité, comme nou s conseillent t oujours les partis démocrates, toujours a ppelés par tis d ’ordre ». En fait, il s e m ontre c onvaincu qu’« au moyen de l’exercice lé gal d u vote, de l ’élection parlementaire, l a c lasse ouvrière n’arrivera j amais à con quérir le p ouvoir pour a bolir l e système d’exploitation e t d’oppression »242

240 « Partido Comunista de Chile adherido a la…

241 Ramírez Necochea, H. Origen…p.258

242 Recabarren, L.E. « La Rusia Obrera…p.148

Pourtant, Recabarren n’appelle pas le PCC h à s uivre l’e xemple d u Part i communiste de l’ Union Soviétique (PCUS ) et i l gardera da ns s on d iscours et d ans sa pratique certains principes traditionnels, comme le refus de la lutte armée.243 Lors du II Congrès du PCCh, tenu en décembre 1923 à Chillán, le parti ratifie un accord adopté en 1920, qui affirmait qu’« est u tile et nécess aire, d ans les circonst ances act uelles, la représentation socialiste dans parlements et dans les mairies » Pour cette raison, le parti s’autorise à « prendre les m esures et les précautions nécessai res qui lui p ermettent d’atteindre une certaine représentation, aussi bien au Parlement que dans les mairies » et

« à allier ses forces à des cand idatures d’éléments a vancés qu i m ontrent le plus grand rapprochement de notre action e t v eulent c ontribuer à a ssurer le tri omphe que nos doctrines désirent »244

Ses résolu tions sont ap pliquées et le parti décid e de parti ciper aux élections parlementaires en 1924 et 1925 et en plus au sein d ’une alliance composée par le Parti salarié et le PD, malgré les critiques adressées contre ce dernier. C’est ainsi que le PCCh obtient un sénateur et sept d éputés en 1925, un aut re sénateur en 192 6 et plu sieurs regidores dans les élections municipales.245

2.La participation électorale face aux épreuves des configurations politiques

La décision du PC chilien de participer aux processus électoraux et en général, de suivre une voie institutionnelle dans la lutte pour le p ouvoir, con naîtra p lusieurs difficultés. C es d ifficultés résident trouvent dans le syst ème pol itique chi lien et cristallisent les r apports difficiles entre l e PCCh et les au tres acteurs. Un nombre de mesures des autorités destinées à empêcher la consolidation du PCCh en tant qu’acteur au sein du système de partis, en témoignent. Ces difficultés existent aussi dans les rappo rts que le PC chilien garde avec le monde communiste, notamment au début de son existence quand les pratiques du parti s’opposent aux directives de Moscou.

Ces e mpêchements ne parviendront pourtant p as à modifier la lig ne d’ action du PCCh chilien répondant à son habitus démocratique. Au c ontraire, elles mettent le parti face à d es dilemmes dont les c hoix dé finitifs ne font que , pour la plu part, c onfirmer l’engagement du parti avec le chemin institutionnel et consolider l’action du PCCh basée sur les règles du système démocratique libéral. La participation électorale et le soutien de la voie pacifique étant les questions les plus marquantes.

243 Cette question sera traitée dans le chapitre 3

244 Cité par Ramírez Necochea, H. Origen…p.257-258

245 Ramírez Necochea, H. Origen…p.257-258

A.Le conflit avec le KOMINTERM : la participation électorale du PC, malgré lui La décision d e particip er a ux p rocessus électoraux pr ovoque d es tensions particulières pour les partis communistes qui agissent dans des s ystèmes démocratiques libéraux. Dans le cas du PC c hilien, les tensions entre ses pratiques politiques –héritées des anciens partis populaires- et certains principes du monde communiste, alimenteront dans un premier temps les conflits entre le PCCh et l’IC.

Bien qu e le PC Ch ait accep té les 21 c onditions, les rapports entre l’organisation chilienne et l ’IC son t presque nuls. La di stance géographique a de t oute évidence une partie de la responsabilité, notamment à une époque où la Ru ssie regardait uniquement l’Europe.246 Les priorités rest aient donc b ien loin d’un petit pays situé a u bout de l’Amérique du sud. Ce n’était pourtant pas le cas, du P C argentin, qui juste à quelques kilomètres du PCCh, voyait le Bureau sud-américain de l’IC s’installer à Buenos Aires et témoignait de relations très étroites avec l’IC. Au-delà donc de l’évidence géographique, nous soutenons que le maintien des pratiques traditionnelles a empêché le PCCh d’établir une bonne relation avec les re présentants de l ’IC e n Amérique d u sud. La qu estion institutionnelle étant l’une des principales sources de conflit.

Lors d e sa création le 4 mars 1919 , l’I C croyait à un e nouv elle époq ue n ée d e l’après-guerre, u ne époque de dé sagrégation du capitalisme, de son ef fondrement intérieur. Dans la théorie marxiste-léniniste, cette étape correspond à la seconde phase de la l utte ré volutionnaire, ce qui suppose que la pr emière étape d émocratico-bourgeoise, qui a ccepte l a coll aboration entre le prol étariat et la bou rgeoisie progressiste pou r l’obtention des a cquis politiques et so ciaux qui ouvrent la vo ie à l’étape suivante, est dépassée. Il convient donc, de passer à la révolution communiste du prolétariat.

Autrement dit, en considérant que l’effondrement du capitalisme était pratiquement acquis, l’IC prônait l’abandon de l’étape démocratico-bourgeoise et la mise en place de la révolution du prolétariat, qui c onsiste e n l a conquête du pouvo ir politiqu e par le

Autrement dit, en considérant que l’effondrement du capitalisme était pratiquement acquis, l’IC prônait l’abandon de l’étape démocratico-bourgeoise et la mise en place de la révolution du prolétariat, qui c onsiste e n l a conquête du pouvo ir politiqu e par le