• Aucun résultat trouvé

Tableau 13. Niveaux obtenus aux épreuves en fonction des moyennes.

Moyenne du participant avec hémiparésie Niveau

Meilleure que la norme haute du groupe contrôle + + Située entre la moyenne du groupe contrôle et sa norme haute + Située entre la norme basse du groupe contrôle et sa moyenne - Moins bonne que la norme basse groupe contrôle - -

Ainsi, nous faisons l’hypothèse que les enfants qui sont les meilleurs aux épreuves de comptage sur les doigts sont ceux qui présentent une dextérité préservée et donc, en conséquence, une bonne discrimination individuelle de leurs doigts. Selon l’hypothèse fonctionnelle, ce sont ces mêmes participants qui devraient être les meilleurs aux épreuves de comparaison de nombres et d’additions. En revanche, aucun profil particulier ne devrait se dégager pour les niveaux obtenus à l’épreuve de comparaison non-symbolique, où les doigts ne sont pas concrètement impliqués. C’est seulement si un effet retour des connaissances symboliques, élaborées notamment grâce au comptage sur les doigts, sur les compétences non-symboliques qu’une association entre les niveaux de réussite en comptage sur les doigts et en comparaison approximative pourrait être présente.

2. Profils particuliers en analyse transversale

!

Par ailleurs, à un niveau transversal cette fois en dernière évaluaiton, période à laquelle les participants ont davantage stabilisé leurs compétences, l’étude de cas cliniques isolés est une démarche de la tradition neuropsychologique qui peut permettre de repérer des phénomènes explicatifs intéressants que nous souhaitons également exposer dans ce chapitre.

Par exemple, la mise en lumière d’une double dissociation pourrait témoigner de l’indépendance du fonctionnement cérébral de deux composantes cognitives. Puisque la nature du lien entre doigts et nombres occupe une part centrale de notre étude, nous essayerons encore de départager l’interprétation neuro-anatomique de l’explication fonctionnelle par la recherche d’une éventuelle double dissociation. En effet, l’intrication

neuronale des aires dédiées aux habiletés digitales et au « sens du nombre » prédit que tout enfant avec un trouble sensori-moteur des doigts ne soit donc pas en mesure de réussir l’épreuve de comparaison approximative puisque la zone cérébrale commune serait déficitaire. Inversement, et toujours dans l’hypothèse neuro-anatomique, un « sens du nombre » préservé devrait automatiquement être accompagné d’une bonne gnosie digitale. En revanche, la présence d’une double dissociation serait en faveur de l’indépendance des compétences non-symboliques et des habiletés digitales, comme le prédit davantage l’explication fonctionnelle.

Dans ce cadre explicatif, nous faisons l’hypothèse qu’il est possible de trouver un participant avec bonne gnosie digitale qui ne réussisse pas l’épreuve de comparaison de quantités analogiques, et inversement, un autre participant qui réussisse cette épreuve non-symbolique malgré une mauvaise gnosie digitale. La présence de tels cas cliniques témoignerait de l’indépendance possible du recrutement des aires neuronales dédiées aux doigts et aux nombres malgré leur proximité anatomique.

B. RÉSULTATS

!

1. Profils particuliers en analyse longitudinale

Aucun profil particulier ne semble émerger dans les compétences numériques en fonction des niveaux de comptage sur les doigts (Tableau 14). Et même, contre toute attente, parmi les enfants qui ne réussissent pas à atteindre un très bon niveau en comptage sur les doigts (- ou - -), nous trouvons justement les cinq enfants qui atteignent les meilleurs niveaux en addition (+ +). Nous tenterons d’interpréter de ce résultat en discussion.

Tableau 14. Profils de réussite à différentes épreuves numériques en dernière évaluation en fonction des niveaux de réussite obtenus à l’épreuve de comptage sur les doigts en première évaluation (encadrés : niveaux au-dessus de la norme haute ; en gris : niveaux en-deçà de la norme basse). Les numéros des participants correspondent à leurs rangs selon leur âge.

!

Comptage Dextérité Gnosie Comparaison Addition Comparaison sur les doigts fine digitale symbolique symbolique non-symbolique

T1 T1 T1 T3 T3 T3

1 - + + + + - - + + - -

2 + + + + + + + - - -

3 - - - + + - - - - -

4 + + - - - - - + - -

5 + + - + - - + -

6 + + - - - - - - - - + +

7 + + - - + + + + + +

8 + + - - - - - - - - - -

9 - + + - - - + + + +

10 - - - + - - - - - -

11 - - - - - - + + -

12 + + - - + + - - - - -

13 - + + + + + + + +

14 - - + - - + + + + -

15 - - - - - + + + + + +

2. Profils particuliers en analyse transversale

Le tableau 15 montre qu’il n’est finalement pas rare de trouver des dissociations de niveaux entre les épreuves relevant du « sens du nombre » et celle relevant du « sens digital ».

Ainsi, trois participants ont un excellent niveau en comparaison non-symbolique malgré une faible gnosie digitale (dans les encadrés en gras, participants 6, 13 et 15) et trois autres participants présentent un profil exactement inverse (dans les encadrés en gris, participants 3, 4 et 12).

Tableau 15. Profils de réussite opposés à l’épreuve de comparaison numérique non-symbolique et à l’épreuve de gnosie digitale en T3 : en encadrés gras, niveaux au-dessus de la norme haute pour l’épreuve numérique et en-deçà de la norme basse en gnosie digitale ; en gris, niveaux en-deçà de la norme basse pour l’épreuve numérique et au-dessus de la norme haute pour la gnosie digitale. Les numéros des participants correspondent à leurs rangs selon leur âge.

!

Comparaison Gnosie non-symbolique digitale

1 - - - -

2 - -

3 - - + +

4 - - + +

5 - - -

6 + + - -

7 + + +

8 - - - -

9 + + -

10 - - -

11 - -

12 - - + +

13 + + - -

14 - - -

15 + + - -

C. DISCUSSION

!

1. Profils particuliers au niveau des compétences non-symboliques

!

À nouveau dans l’idée de préciser le rôle des doigts dans le traitement des quantités, nous avons examiné au niveau individuel les dissociations éventuelles entre les pourcentages

!

de réussite au test de gnosie digitale et les temps de réponses à l’épreuve de comparaison approximative dans la population avec paralysie cérébrale en T3. Ainsi, un résultat local nous permet de remettre en cause la nature exclusivement neuronale du lien entre traitements analogiques des grandes quantités et habiletés digitales. Nous avons en effet mis à jour plusieurs cas de double dissociation montrant l’indépendance du « sens du nombre » et de la gnosie digitale. Nous avons choisi de faire cette analyse à un niveau transversal en dernière évaluation pour observer les niveaux les plus matures possibles des participants. Ainsi, trois enfants présentent de bonnes capacités de comparaison approximative malgré une gnosie digitale atteinte, et trois autres enfants reconnaissent parfaitement tous leurs doigts dans l’épreuve de gnosie digitale mais ont de très mauvais temps de réponses en comparaison approximative. Sans remettre en cause la réalité anatomique de la proximité ou de l’intrication des aires du « sens du nombre » et celles responsables de la gnosie digitale, cette double dissociation montre que ces aires peuvent fonctionner indépendamment l’une de l’autre sur le plan du recrutement cérébral (Guedin, Castel, Thevenot, Fluss, soumis). Reste cependant à confirmer sa stabilité dans le temps et sa présence avec des tests complémentaires.

!