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ancrée dans l’histoire de l’éducation formelle

EN 13 Personnel de direction dans le réseau SCÉREN Coproduction d’expositions, publicisation sur un site institutionnel et sélection EN 14 Responsable de médiathèque dans

III. Premiers résultats : contexte et organisation des circuits de diffusion et de publicisation des expositions

1. Les producteurs à la recherche de l’imprimatur de l’Éducation nationale

Dans le cadre de la liberté pédagogique, dans la mesure où les principes fondamentaux de l’École républicaine sont respectés, les enseignants peuvent utiliser n’importe quel support médiatique, qu’il soit reconnu officiellement par l’Éducation nationale ou pas. Ainsi, tout membre de la communauté éducative (conseiller principal d’éducation, enseignant, chef d’établissement, assistant pédagogique, etc.) peut être à l’origine de l’entrée d’une exposition dans un établissement scolaire ou une école122

. Pour autant, nous présupposons que les membres de la communauté éducative recherchent des ressources légitimées par l’institution. Ils y sont de plus incités dans les textes officiels de l’ÉDD (MEN 2007 ; MEN - DGESCO 2011a). Aussi, à tous les échelons de l’Éducation nationale, les cadres responsables de la coproduction, la sélection ou la publicisation de ressources sont en proie à des sollicitations nombreuses de la part de producteurs extrêmement divers :

« On a trop de sollicitations. » (EN 17) « On est sollicité beaucoup, hein. » (EN 3)

« Pendant le Grenelle de l'environnement, c'était dément. Je recevais des camions de kits, c'est dommage qu'on ne se soit pas connus à cette époque […] vous auriez dû venir avec des brouettes. Mais donc régulièrement, je vidange avec des sacs pilons, parce qu’il y a des tonnes et des tonnes, des tonnes de collectivités, d'associations, de services de l'État, d'entreprises, qui veulent produire avec d'excellentes intentions des ressources pour l'Éducation nationale. D’accord ? Il y a de tout. Il y a de tout. » (EN 9)

Ce que recherchent les producteurs, c’est un agrément officiel de l’Éducation nationale, même s’il n’est pas obligatoire, pour augmenter leurs chances d’entrer dans les classes :

« En tout cas, ce qu'on peut dire, c'est qu'on a des producteurs indépendants qui nous sollicitent pour avoir justement, cet... agrément. […] Parce qu'ils cherchent à avoir l'approbation de l'Education nationale. » (EN 7)

122 En général, dans les établissements du second degré (collège et lycées), la demande passe par un professeur

documentaliste, enseignant spécialisé dans la pédagogie documentaire qui est responsable du CDI (Centre de Documentation et d’Information). Dans le premier degré, c’est-à-dire au primaire, la demande passe par le directeur, responsable administratif et pédagogique de l’école.

« Tous les collègues qui travaillent dans différentes disciplines ou sur des sites de ressources, sont énormément sollicités pour avoir le label. Parce que c'est l'entrée... c'est une entrée dans les établissements scolaires. » (EN 6)

« J’ai vu bien des associations là-dessus, qui me demandaient mon quitus sur telle ou telle mallette pédagogique. » (EN 3)

C’est que l’enjeu pour le producteur, en terme de diffusion, est de taille :

« S’il y a tous ces gens qui viennent proposer de la ressource pour le système éducatif, ayez bien en tête que c'est tout simplement parce que ça représente une masse citoyenne incroyable. Douze millions. Douze millions. Hein. Ça veut dire que en gros, un Français sur cinq est dans le système éducatif. » (EN 9)

En effet, l’entrée dans l’École est souhaitée par de très nombreux organismes. En « off »123 , nous avons été informée de la volonté de certaines sectes de pénétrer dans les écoles, que ce soit par les partenariats ou par les ressources, sous couvert de thématiques environnementales. Ne pouvant pas véritablement juger si le phénomène décrit est révélateur d’un rejet du biocentrisme ou si la menace est bien réelle, nous avons pu percevoir, par deux fois, comment un producteur peut forcer la reconnaissance de l’Éducation nationale à son égard. Le premier exemple est relaté dans ce témoignage :

« On a vu malheureusement le label Education nationale récupéré, hein... Avec le nom d'un inspecteur général qui faisait partie du comité de pilotage, et qui s'est dit : "Je me suis fait piéger". À un moment, il a dit "Ah, c'est bien votre produit, je suis tout à fait d'accord", il était inspecteur général... Bing ! Le label est sorti le lendemain, Ministère de l'Education nationale, écrit, "Monsieur Machin, a validé ceci". Et il s'est trouvé piégé, il a été obligé de déposer plainte, etc., parce qu'on a utilisé.... Donc il y a des gens qui sont très... très... opportunistes, hein, très très à l'affût d'un label qui à la fois leur permettrait... idéologiquement parlant, de rentrer dans les établissements scolaires... » (EN 6)

Le deuxième est lié à l’exposition que nous avions choisie pour « l’exercice » pratique permettant de révéler plus pragmatiquement les critères choisis pour la légitimation de telle ou telle exposition. Lorsque nous l’avons présentée au responsable qui était censé l’avoir validée pour lui demander son avis et donc ses critères de sélection, nous n’avons, dans un premier temps, pas rappelé ce détail. Il s’est montré très critique devant l’exposition, la jugeait124

tout à la fois comportementaliste, moralisatrice et faisant des raccourcis. Lorsque nous lui avons objecté que, sur le site du producteur, nous avions lu qu’elle avait reçu sa validation pédagogique, il s’est montré très mal à l’aise. Finalement, face à cette situation, il a donné l’explication suivante : son rôle n’est pas de donner un veto aux ressources

pédagogiques. Ayant été au courant de cette publication, via un intermédiaire, il ne s’y simplement pas opposé. Il semble qu’ensuite le producteur ait accentué, dans sa communication, la validation obtenue.

En se plaçant du point de vue de l’Éducation nationale, ce constat confirme la pertinence de la mise en place du FOREDD pour pouvoir porter un regard critique sur les ressources produites voire pour reprendre en main la production. Ce choix en matière de ressources pédagogiques a été affirmé comme faisant partie intégrante de la politique volontariste de l’ÉDD :

« Alors dans le domaine de l’ÉDD, la production de ressources adaptées, ça pose un vrai problème. Un vrai, un vrai problème. Ça a été pour ça d'ailleurs qu'on a créé le FOREDD à Amiens, Centre de Ressources d'Education au Développement Durable, parce qu’il nous semblait qu’il fallait absolument que déjà, rien qu'au niveau de l'Education Nationale, que les relais et les responsables se mettent bien d'accord d'abord sur ce qu'on entendait par EDD, la définition, l'esprit, les problématiques, et aussi le type de ressources-supports, qu'on construit. Il ne s'agit pas d'avoir des ressources qui ne soient pas, qui ne correspondent pas au développement de la problématique qu'on souhaite, hein ! Donc c'est une vraie question. […] Et c'est à partir du milieu des années 2000 donc, que définissant une politique qui s'est affinée au fil des années, qui est maintenant extrêmement claire, maintenant on demande, à l'intérieur du système éducatif, les réseaux... les réseaux publics, mais aussi on essaie d'inciter les partenaires extérieurs, donc collectivités, associations, etc., à inscrire la production de documents sous différentes formes, dont des expositions, dans l'esprit de ce que nous souhaitons voir enseigner. » (EN 10)

Qu’en est-il ? Quels sont les réseaux « à l’intérieur du système éducatif » qui sont concernés par la mise en œuvre de cette politique ?

2. Le réseau SCÉREN : voie principale de diffusion des expositions légitimées

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