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Partie I: Cadre théorique et problématique de recherche

4. Problématique de recherche

4.3 Principales questions de recherche

La problématique exposée dans les premières parties de ce chapitre est doublement complexe. Elle l’est d’abord par le nombre de thèmes pris en compte : usage du quartier, mobilité résidentielle, espaces intermédiaires, ségrégation et mixité, qualité des relations de voisinage, règles et nuisances, relations entre contrôle et entraide, participation communautaire, liens et réseaux sociaux. Elle l’est ensuite par les interrelations existant entre certains de ces thèmes : mobilité résidentielle et usage du quartier, espaces intermédiaires et contacts de voisinage, dimensions des relations de voisinage (civilité, convivialité, contrôle, entraide) et participation communautaire. Afin de faciliter la lecture de la suite de ce travail de bachelor, les éléments principaux sont repris ci-dessous sous une forme synthétique.

L’usage du quartier par ses habitants se situe entre deux extrêmes, un rapport de proximité et

une approche plus distante, avec une ouverture plus grande sur le cosmopolitisme urbain. Ce rapport dépend en particulier de la mobilité résidentielle antérieure, de la pendularité (au plan professionnel) et plus généralement de l’utilisation des moyens de déplacement, ainsi que de l’usage qui est fait des espaces intermédiaires et des commodités offertes par le quartier.

La trajectoire de mobilité résidentielle peut être maîtrisée ou non. Dans l’enquête de terrain, elle est saisie notamment par les raisons qui ont amené les répondants à quitter leur logement antérieur et à occuper l’actuel. La perte de maîtrise de sa mobilité résidentielle peut entraîner un repli sur le quartier, voire dans son logement – une forme en somme négative du rapport de proximité au quartier. Une mobilité résidentielle maîtrisée peut au contraire enrichir les réseaux de contacts, en conservant ceux qui ont été créés au domicile antérieur et ceux qui se créent au nouveau domicile.

Cet élargissement des réseaux de contacts en-dehors du quartier peut être également favorisé par la mobilité à partir du domicile, notamment la pendularité professionnelle. La voiture constitue un facteur de mobilité important. L’existence d’un emploi est évidemment un facteur favorable, renforcé par le revenu et l’appartenance à une catégorie socio-professionnelle favorisée.

Le développement d’un rapport de proximité au quartier est favorisé par l’existence

d’espaces intermédiaires (lieux de passage, espaces verts), qui offrent des occasions de contacts

entre voisins tout en constituent des lieux de contrôle des comportements de voisinage. Les contacts sont favorisés notamment par la maîtrise de la langue française et la présence d’enfants dans le ménage.

Ces éléments contribuent à déterminer le cadre dans lequel se développent les relations de voisinage. Mais avant de les détailler, quelques mots sur les dimensions de ségrégation et de

mixité dans le champ d’enquête. La composition des habitants dépend essentiellement des

décisions d’attribution d’appartements prises par la régie responsable. Dans le cas d’un ensemble HBM, les conditions économiques des ménages jouent un rôle central, de même que le caractère d’urgence de leur dossier de logement. A priori, il y a donc une certaine homogénéité socio-économique des habitants, qui n’empêche pas une diversité du point de vue de la composition des ménages (familles monoparentales, couples avec enfants, etc.), de la formation et de la qualification professionnelle, de l’emploi, de l’âge, de la nationalité et de l’immigration. Aux rapports que ces caractéristiques personnelles déterminent dans les relations de voisinage s’ajoutent les rapports avec les voisins d’autres immeubles, en loyer libre, qui

ouvrent la perspective plus classique de la mixité sociale proprement dite. Selon ces diverses caractéristiques personnelles et de ménage, y a-t-il une tendance à privilégier les relations avec des personnes qui nous ressemblent (notion d’entre-soi) ? Quels sont les effets de ces caractéristiques sur le rapport à l’autre ?

Les relations de voisinage proprement dites s’articulent autour de quatre thèmes principaux : le rapport aux règles et aux nuisances, la qualité des relations de voisinage et ses diverses dimensions (contrôle, civilité, entraide et sociabilité), la participation à des activités communautaires et le développement de réseaux sociaux. Cette structure reprend les thèmes exposés dans la problématique, mais dans un ordre un peu différent.

Mais avant de détailler ces dimensions du vivre-ensemble, il s’agira de mettre en évidence l’existence et la fréquence de contacts avec les voisins ainsi que le souhait d’en avoir davantage.

Les rapports aux règles et nuisances commencent par la connaissance des règlements et des habitudes de voisinage, qui favorise une cohabitation maîtrisée. Les réactions aux transgressions (que faire si… ?) constituent une des questions de recherche. Elles peuvent dépendre de l’ancienneté de la présence dans le quartier, qui favorise l’assimilation de la « culture » de voisinage, mais aussi de la durée de présence à Genève pour les immigrés et d’une meilleure connaissance des mentalités locales qui va avec. Par ailleurs, on peut se demander si la cohabitation est facilitée lorsque les habitants sont socialement homogènes.

La qualité des relations de voisinage s’articule autour de quatre thèmes principaux, qui ont été développés en deux temps dans la problématique : le contrôle, implicite dans les questions touchant aux règles et aux nuisances, la civilité comme mode de communication minimale centrée sur le respect, l’entraide entre voisins et l’existence de contacts plus approfondis qui peut être qualifiée de sociabilité (on parle également de convivialité). La qualité des relations de voisinage dépend des modes de vie, du contexte social et de l’environnement construit. Décrite en termes d’attentes, de valeurs et de comportements, elle dépend entre autres de l’ancienneté de la présence dans le quartier, mais également des caractéristiques personnelles déjà évoquées plus haut. Si le contrôle correspond à un mode d’intervention unilatéral, l’entraide implique elle une collaboration bilatérale, tout comme la sociabilité constitue une relation réciproque. Ces dernières sont donc personnellement plus impliquantes. Il est pour cela intéressant de déterminer avec qui elles se développent, ce qui peut éclairer les questions de ségrégation et de mixité sociales.

La participation à des activités communautaires permet le développement de liens sociaux et un élargissement des réseaux sociaux. Ces réseaux sociaux constituent à leur tour un facteur d’intégration sociale (capital social). Dans ce sens, une meilleure intégration favorise-t-elle de meilleures relations de voisinage ? Parmi les caractéristiques personnelles, qui peuvent toutes jouer un rôle, constate-t-on chez les bénéficiaires d’aide sociale une tendance au repli sur soi ? La proximité culturelle joue-t-elle un rôle important dans la création de liens ? Dans le cadre du risque de marginalisation des personnes de milieu défavorisé, dont peuvent faire partie les habitants de logements HBM, le sens des réponses à ces questions est important.

Les différentes dimensions de la problématique peuvent être reliées entre elles par une chaîne d’interactions : espaces intermédiaires et autres occasions de contacts, fréquence et nature des contacts de voisinage, qualité des relations de voisinage, participation à des activités communautaires et développement de réseaux sociaux, intégration à la société. Cette chaîne résume le sens global de la recherche conduite dans le cadre de ce travail de bachelor.

Partie II