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Prendre appui sur le développement des métropoles

Dans le document QUELLE FRANCE DANS DIX ANS? (Page 136-140)

D’un point de vue territorial, on assiste à un ancrage de plus en plus affirmé de la croissance dans les grandes métropoles. C’est vrai à l’échelle internationale comme en France : entre 2000 et 2010, le PIB des métropoles françaises a évolué au rythme annuel moyen de 1,6 % contre à peine 1,1 % pour la moyenne nationale, et celles-ci représentaient en 2010 plus de 50 % du PIB national1. Cette métropolisation est appelée à se poursuivre. Elle ne doit pas être découragée, car ce serait se priver de ressorts de prospérité, mais elle doit être accompagnée de manière à organiser, au niveau régional, ses effets d’entraînement.

Pour cela il faut :

Miser sur les métropoles et développer les écosystèmes territoriaux

Économiquement et environnementalement efficaces, les métropoles peuvent être le creuset de la croissance de demain. Il faut donc accepter, et même encourager, la concentration géographique des activités à forte dimension synergétique, et dans le même temps faire de ces métropoles les pivots de projets de développement incluant les espaces connexes. Cela passe par l’organisation d’écosystèmes territoriaux et de mobilités intrarégionales. Pour que les grandes villes puissent contribuer au développement des territoires avoisinants, il faut aussi, comme cela a été indiqué au chapitre 6, rapprocher la carte politique de la carte économique et envisager des regroupements de régions en sorte que chacune d’entre elles s’appuie sur un pôle dynamique.

Accélérer la constitution du Grand Paris et mettre fin à la dualité métropole-région

Paris est pour la France un atout considérable. Seule métropole européenne de classe mondiale avec Londres, le Grand Paris peut être un facteur d’entraînement majeur pour l’économie nationale et l’ensemble du pays. Il faut pour cela qu’il sache combiner vitalité intellectuelle, dynamisme économique et ouverture au monde.

L’Île-de-France dispose de points forts : une concentration exceptionnelle d’activités de recherche, la localisation de nombreux sièges sociaux, une place financière qui reste puissante (avec notamment quatre des vingt plus grandes banques de la zone euro et 40 % de sa capitalisation boursière), une capacité d’innovation notable. Mais elle

(1) Source : base de données Métropoles et régions, OCDE.

souffre aussi de handicaps : une internationalisation sensiblement moins forte que celle de Londres, le faible rayonnement des médias français, la rareté du foncier, un réseau de transports insuffisant. Paris peut aussi glisser doucement vers un statut de ville-musée.

La capitale est un atout trop important pour ne pas faire l’objet d’efforts prioritaires. En particulier, on ne peut accepter que son dynamisme soit entravé par une organisation territoriale dysfonctionnelle qui voit coexister la région et une métropole en devenir, dont le territoire ne comprend pas le pôle universitaire et de recherche de Saclay. La redéfinition de l’organisation du Grand Paris devra nécessairement figurer à l’ordre du jour de la réforme territoriale.

La France dans dix ans

LES INDICATEURS D’UNE SOCIÉTÉ DÉCLOISONNÉE ET OUVERTE SUR LE MONDE

Une dizaine d’universités pluridisciplinaires de classe mondiale. Il existe un fort décalage entre la bonne position scientifique de la France dans le monde et le classement individuel des établissements d’enseignement supérieur. Alors que le poids de la France dans les publications de référence internationale s’établit à 3,8 %, soit au sixième rang mondial, les établissements d’enseignement supérieur n’arrivent pas, à l’exception de quatre d’entre eux, à se hisser dans le peloton de tête des universités de classe mondiale. L’objectif à dix ans est de voir émerger une dizaine d’institutions françaises.

Deux fois plus de jeunes ayant séjourné à l’étranger dans le cadre de leurs études (20 % contre 10 % aujourd’hui). Parmi les jeunes sortis de l’enseignement supérieur en 2004, environ 17 % ont effectué un séjour à l’étranger pendant leurs études, essentiellement supérieures. Compte tenu du taux d’accès aux études supérieures et de la hausse des séjours à l’étranger depuis 2007, on peut estimer qu’environ 10 % des jeunes sortis de formation initiale ont effectué un séjour à l’étranger dans le cadre de leurs études.

À dix ans, l’objectif est de doubler ce taux.

200 000 étudiants de plus venant étudier en France (270 000 aujourd’hui).

La France a accueilli en 2011 environ 270 000 étudiants internationaux, soit 6,2 % du total mondial. Si cette part est stable depuis le début des années 2000, elle reste faible comparée au Royaume-Uni (13 %), et comparable à celle de l’Australie ou de l’Allemagne. Dans un contexte d’internationalisation de l’enseignement supérieur, plusieurs pays se sont fixé des objectifs ambitieux : 15 % à 20 % d’augmentation des effectifs d’étudiants accueillis au Royaume-Uni d’ici 2017, 350 000 étudiants internationaux en Allemagne en 2020. Pour la

France, en accueillir 200 000 de plus dans dix ans nous permettrait de conserver la place qui est la nôtre parmi les pays d’accueil d’étudiants internationaux.

Une satisfaction des salariés sur leurs conditions de travail parmi les meilleures en Europe. L’amélioration des conditions de travail et de la satisfaction des salariés dans ce domaine est un facteur positif pour les relations au sein de l’entreprise et la productivité. La France se situe actuellement au 20e rang sur 27 au sein de l’Union européenne. L’objectif à dix ans est d’être dans le premier tiers des pays européens.

CHAPITRE 11 UNE ÉCONOMIE DU MOUVEMENT

Certains déséquilibres macroéconomiques – une inflation trop forte ou trop faible, un partage du revenu trop inégal, un déficit budgétaire ou extérieur trop négatif – se corrigent en quelques années. D’autres – une dette excessive, une compétitivité dégradée au sein d’un régime de change fixe ou d’union monétaire ou, pire, la combinaison des deux – sont sensiblement plus longs à résorber. Des handicaps qui tiennent aux stocks qui fondent la performance d’une économie – les compétences, le capital productif, la technologie – prennent plus longtemps encore à se résorber, surtout quand les déficiences qui les expliquent tiennent aux institutions – l’appareil éducatif, le système d’innovation, le fonctionnement du marché du travail, le financement des entreprises.

Les difficultés actuelles de l’économie française sont en partie d’origine macroéconomique.

Certes, nous n’avons pas commis les erreurs de l’Espagne ou de l’Irlande, et nous avons su éviter une bulle du crédit. Mais depuis les débuts de l’euro, nous avons laissé notre compétitivité, qui était initialement très favorable, se détériorer en comparaison de l’Allemagne, nous avons laissé notre dette publique dériver graduellement et, vis-à-vis de l’extérieur, nous sommes passés d’une position créditrice à une position débitrice. En outre, depuis deux ou trois ans les pays qui ont le plus violemment subi la crise (l’Espagne notamment) ont entrepris de réduire agressivement le coût de leur travail, alors même que la progression des salaires nominaux reste très modérée en Allemagne et dans les autres pays d’Europe du Nord. En résulte une dynamique de concurrence salariale dans un contexte de faible inflation qui complique sérieusement le désendettement public et privé. Pour la France, qui doit prendre garde à la fois à sa compétitivité externe et à son désendettement, ce contexte est évidemment difficile. Dans les années à venir, la gestion de nos priorités macroéconomiques – croissance et emploi, désendettement et compétitivité – va continuer à demander du doigté.

Beaucoup de récentes discussions sur la compétitivité ont porté sur la manière dont la fiscalité pouvait contribuer à son redressement. En régime d’union monétaire, une baisse des prélèvements sur les salaires assortie d’une taxation de la consommation ou des revenus de transfert s’analyse effectivement comme une « dévaluation fiscale » et permet, à court terme, que les entreprises soumises à la concurrence internationale baissent leurs prix, modernisent leurs équipements, embauchent ou investissent dans l’innovation. Comme une dévaluation monétaire, cependant, une dévaluation fiscale n’est qu’un palliatif temporaire dont les effets peuvent se dissiper rapidement. Les ressorts d’un redressement durable de la compétitivité se trouvent ailleurs : dans les compétences, l’innovation de

produits et de processus et, au-delà, dans l’efficience publique, le fonctionnement des marchés, l’entreprenariat et la démographie des entreprises.

À horizon de dix ans, les enjeux structurels sont ainsi prioritaires. Plus qu’à nos déséquilibres immédiats, à cet horizon il faut surtout porter attention aux facteurs qui leur sont sous-jacents. Le plus important tient sans doute à notre capacité à transformer les idées en opportunités, les opportunités en facteur de croissance et la croissance en prospérité partagée, en d’autres termes à construire ce qu’on peut appeler une économie du mouvement. Pour cela, nous devons actionner trois grands leviers :

 il importe d’abord de renouveler les fondements de la croissance. Au-delà des efforts déjà évoqués pour réformer l’école primaire, pour la prise en charge des

« décrocheurs » et pour la qualification des adultes entrés dans la vie active avec une formation inadéquate, et des transformations de notre système d’enseignement supérieur (chapitre 10), il convient de faire évoluer notre système d’innovation et de tirer le meilleur parti des mutations induites par la révolution numérique ;

 il faut aussi financer le développement des entreprises. La France dispose, avec ses groupes mondiaux, d’un atout économique considérable, mais elle souffre de ne pas assez savoir faire grandir ses entreprises et de ne pas assez stimuler le renouvellement du tissu productif par l’émergence de nouveaux acteurs porteurs d’innovations techniques ou managériales. Favoriser le renouvellement des entreprises, cela signifie non seulement créer un environnement favorable à leur croissance, mais aussi faciliter leur financement ;

 il faut enfin élargir le socle de notre compétitivité. Celle-ci repose d’abord sur l’industrie, qu’il importe de renforcer. Mais, parce que la France ne peut pas tout miser sur le seul secteur manufacturier et ne doit pas prendre le risque de manquer la vague d’internationalisation des services qu’annoncent les développements techno-logiques, il est nécessaire de préparer à l’ouverture internationale les secteurs de services jusqu’ici à l’abri.

Dans le document QUELLE FRANCE DANS DIX ANS? (Page 136-140)