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2.3 La paroisse

2.3.5 Les prˆ etres

La paroisse a toujours eu un poste de prˆetre r´emun´er´e et deux ou trois postes de chantres, dont un r´emun´er´e. Les prˆetres qui ont ´et´e en fonction ici ´etaient issus des familles du village et avaient ´et´e form´es au S´eminaire th´eologique d’Arad. L’histoire de la famille S. montre l’affinit´e d’une famille avec la prˆetrise, qui devient une sorte de tradition et d’embl`eme de famille. Il s’est form´e ainsi, dans le village, une sorte de tradition : avoir un prˆetre originaire du village. Nous avons trouv´e, au moment de l’´etude dans le village, deux descendantes de la famille Stan, deux filles, qui suivent actuellement, toutes deux, les cours de la Facult´e de th´eologie d’Arad. Leur p`ere est un proche collaborateur du prˆetre et un conseiller actif de la paroisse. Ce statut de I.G. se refl`ete jusque dans les repr´esentations du village, telles que les r´ev`ele la perception d’un jeune sans pratique religieuse r´eguli`ere. A.C. dit de celui-ci :

”Il y a une fiert´e du village, ”d’avoir son prˆetre” (cf. aussi B.D.). Quand il n’est pas possible d’avoir un prˆetre originaire du village, alors le village influence la

nomination de celui-ci, comme c’´etait le cas en 1996. Ils ont refus´e un prˆetre nomm´e par l’´evˆeque, pour, ensuite, accepter le prˆetre actuel F. Il n’y a pas, apparemment, `

a ce que nous avons pu constater sur place, de motif particulier pour ce refus. Il semble qu’il s’agisse, tout simplement, d’affinit´e ou de sympathie envers le prˆetre.

Voici la liste des prˆetres qui ont conduit la paroisse de Caporal Alexa apr`es la deuxi`eme guerre mondiale :

– pr. S T. : de 1939 `a 1960

– pr. S I. : de 1963 `a 1983

– pr. I. : de 1984 `a 1996

– pr. F. : de 1996 jusqu’`a pr´esent.

On remarque une certaine continuit´e, une stabilit´e minist´erielle des prˆetres de Caporal Alexa. Ceci peut ˆetre interpr´et´e comme le signe d’une paroisse bien or- ganis´ee, capable d’entretenir et de satisfaire les besoins mat´eriels de la famille du prˆetre. La maison paroissiale, tr`es bien am´enag´ee et modernis´ee par les paroissiens, montre leur force financi`ere et leur souci des biens mat´eriels de la paroisse. Il est vrai que, d’ici, les prˆetres partent pour les paroisses de premier degr´e dans la ville d’Arad ; c’´etait le cas du prˆetre I., et les villageois redoutent la mˆeme chose pour le prˆetre actuel F.

Les interviews montrent comment le prˆetre est per¸cu par les gens du village. Ressort souvent de leurs propos la perception d’une sorte de ” style professionnel ” qui exprimerait un m´elange d’un certain type de caract`ere humain et de traits professionnels : ”l’ autoritaire”, ”l’ordinaire”, ”l’accessible” ou ”l’abstrait”.

L.A. : P`ere I. parlait simplement, pour tout le monde, je sais pas, comme un vieil homme sage. P`ere F fait des comparaisons entre la Bible et la vie, et on com-

prend bien si on est attentif. J’aime plus ce prˆetre, mˆeme s’il utilise un mot difficile, il l’explique tout de suite. Ce n’est pas un homme pr´etentieux, il me semble qu’il est un homme ordinaire.

Q : Les deux sont des personnes ordinaires... ?

L.A. : Il y a une diff´erence, l’autre avait un autre style. L’autre ´etait plus autori- taire.

A travers l’appr´eciation de M.T. on peut distinguer l’existence de plusieurs ”modes” : le prˆetre ”`a l’ancienne”, qui porte partout la soutane, et le prˆetre mo- derne, quelque fois en bermuda. Mais l’usage de la soutane est un signe qui r´ev`ele diff´erents degr´es et fa¸cons d’assumer la mˆeme fonction sacerdotale. A cela s’ajoute aussi la force de la perception locale sur la prˆetrise (en Moldavie ou en Transyl- vanie). Les diff´erentes images correspondent aux diff´erentes cat´egories ou ”types” de prˆetre : le prˆetre classique, attach´e aux coutumes, assimil´ees `a une autorit´e canonique-eccl´esiastique, et le prˆetre ´emancip´e, g´en´eralement plus jeune, qui bri- cole la fonction sacerdotale avec d’autres besoins, voire fonctions de la vie la¨ıque. On pourrait voir s’esquisser une autre typologie : le prˆetre total, qui revendique uniquement cette fonction, et le prˆetre pluriel, pour qui la prˆetrise est une fonction compatible avec d’autres images ou fonctions qui d´efinissent, `a leur tour, son profil. C’est un aspect qui tient de l’´evolution contextuelle du rˆole du prˆetre en fonction de la dynamique sociale g´en´erale mais qui est susceptible d’entraˆıner des changements dans la red´efinition par l’institution eccl´esiale, d’un futur statut du prˆetre orthodoxe.

M.T. : Je condamne le prˆetre qui ne porte pas les vˆetements sacerdotaux. Par exemple, j’ai vu `a la foire de Pˆıncota des prˆetres habill´es en bermuda ; or, ¸ca n’est pas permis `a un prˆetre.

Q : Pourquoi ?

M.T. : Ce n’est ´ecrit nulle part, mais... Il y avait un prˆetre venu de Moldavie, p`ere Barcari, qui, apr`es le d´ec`es de sa femme, a achet´e une maison et s’est retir´e ici. P`ere G., qui l’a enterr´e, disait de lui : ”celui qui est prˆetre est comme un militaire”, parce qu’il ´etait toujours habill´e en prˆetre. Moi, je suis d’ac- cord avec lui. Quand j’´etais `a l’´ecole, il y avait le prˆetre Stan, avant le prˆetre Stoica. Lui, par exemple, il ´etait toujours rep´er´e par n’importe qui passait dans la rue, d’apr`es ses habits : ”voil`a, lui, c’est un prˆetre”. Certainement, ¸

ca ne suffit pas, mais ¸ca fait partie de la conduite d’un prˆetre. Ma belle-sœur a une cousine mari´ee `a un prˆetre de Moldavie qui ´etait avant archiprˆetre `a Baia. Une ann´ee, il passait ses cong´es `a Baia et l`a-bas les gens le cherchaient pour parler avec lui. Alors, si quelqu’un venait chez lui, il prenait sa soutane et il sortait pour le rencontrer. Il disait que c’est comme ¸ca, la coutume chez eux (en Moldavie) et moi, je trouve que c’est une bonne coutume. C’est une opinion personnelle. Ce n’est pas une lettre de loi qui contraint.

La discussion avec M.T., le chantre de la stalle, nous r´ev`ele l’image du prˆetre telle que M.T. la per¸coit en milieu villageois. Il s’agit d’une r´eflexion personnelle, mais aussi d’une description collective de ce que dot ˆetre le prˆetre. En tant que chantre, il a l’occasion d’entrer en contact avec beaucoup de monde et de s’entretenir avec eux.

L’image du prˆetre qui circule largement dans le milieu villageois, est reprise par M.T. mais aussi par B.D., I.G., H.I. ; elle correspond au dicton : ”Il faut faire ce que dit le prˆetre et non ce qu’il fait ”. Nous l’avons rencontr´ee dans les discours de presque chaque interlocuteur. Voil`a le discours un peu plus argument´e de M.T. :

M.T. : Le monde d’en bas ne me prend pas, moi, comme mod`ele, mais un profes- seur, un prˆetre, un avocat, etc. Et les gens du village disent ceci : ”le pope n’a

pas besoin du salut ? ” (il livre ici, directement de l’int´erieur, le raisonnement des gens). J’ai eu, au travail, beaucoup de discussions avec des coll`egues. Ils venaient chez moi pour parler de la religion. A l’´epoque des communistes, il ´

etait interdit de parler religion, on ne pouvait pas parler avec n’importe qui.

Q : Qu’est ce que vous voulez dire par ” le pope a besoin aussi du salut ” ? (Il livre ici le raisonnement des gens. Le mot ” pope ” est un mot populaire, et mˆeme p´ejoratif ).

M.T. : Il y avait un Allemand de Vladimirescu (un village du d´epartement). Il le- vait le coude, mais c’´etait un type tr`es cultiv´e. On parlait religion le matin, avant de commencer le travail. A l’´epoque des communistes, il ´etait interdit de parler religion, on ne pouvait pas parler avec n’importe qui et il y avait des neo-protestants qui venaient chez moi pour me contredire avec leur religion, comme quoi elle est sup´erieure et ainsi de suite. L’Allemand restait de cˆot´e et ´

ecoutait, car il aimait mes digressions (au sens acad´emique du terme) sur la religion. Moi, dans la limite des mes connaissances, je fermais leurs gueules. C’est pour ¸ca qu’ils me cherchaient et venaient avec d’autres, en disant : ” il y en a un qui a dit ¸ca et ¸ca ”. L’Allemand disait ainsi : ” Notre cur´e me dit d’ˆetre correct et honnˆete, de ne pas boire, d’aimer ma femme, de ne pas fr´equenter d’autres femmes, mais il a une bonne ˆag´ee de 20 ans (il s’agit d’un cur´e du culte catholique, la religion pr´epond´erante des minorit´es allemande et hongroise de Roumanie). Qu’on ne me prenne pas pour un imb´ecile qui croit qu’il ne vit pas avec elle. Alors, moi, j’ai dit : Ecoute, pour ses propres actes, c’est le prˆetre qui sera responsable, va, et toi, tu ne le seras jamais pour lui mais lui pour toi, oui. Tu n’as pas cette mission Que le prˆetre soit responsable devant ses sup´erieurs, s’il le veut, mais toi, tu ne dois pas faire ce que fait le prˆetre mais ce qu’il dit, si tu veux ˆetre sauv´e. Sinon, ce n’est pas ton affaire. Il ne faut pas croire que le prˆetre sera guillotin´e si tu n’es pas sauv´e, car tu es

une personne mˆure, tu crois et tu fais ce que tu veux. Je t’ai dit ce que tu as `a faire et n’oublie pas que si tu sais mais tu ne le fais pas, c’est en connaissance de cause, mais tu n’as pas ob´ei et tu seras condamn´e pour cela. Il me disait, mon ami : ”il me d´estabilise, le pope, et c’est pas seulement chez nous, chez les orthodoxes c’est pareil, c’est sˆur”. Il y a eu ici, chez nous, avant le prˆetre I., il y a donc une vingtaine d’ann´ees, un prˆetre venu de Gurba, il s’appelait Stoica I., il avait fait le lyc´ee `a Beiu ?, c’´etait un homme qui se vantait tout le temps. C’´etait un homme cultiv´e, il parlait avec des professeurs fran¸cais, j’ai- mais discuter avec lui, il avait une sacr´ee culture. Mais son comportement...Il se saoulait jusqu’`a ce qu’il tombe raide. Et alors, je vous demande : `a quoi sert la culture si la conduite est ´egale `a z´ero. En plus, en famille, lui et sa dame s’engueulaient comme des Tsiganes. (formule utilis´ee souvent pour exprimer un style de vie d´egrad´e, d´esordonn´e, avec bagarres et scandales, sans principes ou r`egles de vie civilis´ee).

Q : Et, par la suite, il n’est plus prˆetre ?

M.T : Moi, je dis, que non. Bon, chacun est responsable pour ses actes, mais il induit plusieurs en erreur. Il dit, pendant la Confession, qu’il faut ˆetre comme ¸

ca ou comme ¸ca, tandis que lui, personnellement, ne l’est pas ; et celui qui est agenouill´e devant lui pense : ”c’est toi qui veux me donner des le¸cons” ? Comme le dit un cousin `a moi : ”le pope prˆeche de l’eau mais boit du vin” (on retrouve encore le mˆeme th`eme : ”il ne faut pas faire ce que fait le pope mais ce qu’il dit”, ainsi que la distinction entre la personne et la fonction du prˆetre).

On peut noter ici que, pendant tout l’entretien, notre interlocuteur livre beau- coup de d´etails, qu’il consid`ere importants au point de s’y appuyer au cours de son t´emoignage sur les acteurs et les ´el´ements de la vie religieuse du village. En mˆeme temps, il semble se ranger du cˆot´e des villageois, repr´esent´es sous la forme d’une

sorte de conscience communautaire, collectivement partag´ee, p´erenne, autonome et critique, de son autorit´e : ” nous avons eu, ici, chez nous, un prˆetre...”. De mˆeme, `a cause de cette conscience communautaire, il utilise le terme ” la dame ”. ” Madame ” en roumain, mˆeme si on n’est pas en pr´esence de la personne en parlant de la femme du prˆetre, ainsi que de la femme du maire ou du notaire, de l’institutrice ou du m´edecin, en assumant ainsi une perception du monde villageois conforme `a un mod`ele hi´erarchique et normatif. A ce mod`ele hi´erarchique fait r´ef´erence l’expres- sion : ”le monde d’en bas”. Ici, il s’agit du menu peuple, mais il est ´evident aussi qu’il s’agit d’une vision hi´erarchique de la soci´et´e, avec les couches inf´erieures, en bas, et les classes sup´erieures, l’´elite : les intellectuels et les riches. D’autre part, il va assimiler `a cette cat´egorie commune du menu peuple un Allemand catholique et des gens d’autres confessions que les orthodoxes.

Q : Cela influen¸cait la vie de la paroisse ?

M.T. : Moi, ¸ca ne m’influen¸cait pas, mais beaucoup le voyaient et rigolaient.

Q : Parmi les fid`eles ?

M.T. : Non, les autres rigolaient et disaient : ha, ha, comment va le diable ? il a ses moyens de travailler, non ? et puis il se tient de cˆot´e et il s’en r´ejouit.

Provoqu´e par notre question, il livre une image du village partag´e entre fid`eles et infid`eles, mˆeme si, en r´ealit´e, ou consciemment, personne ne revendique une identit´e ath´ee nette. Quels sont les infid`eles pour lui ? On supposerait, d’apr`es ses propos, que ce sont ceux qui se tiennent `a distance, par rapport au prˆetre, en tant que fonc- tion, et puis par rapport `a l’institution de l’Eglise qu’il repr´esente. Avec ce type de perception relative au degr´e de fid´elit´e, on ne peut vraiment pas dire qu’on s’´ecarte

de la conception qui d´efinit le fid`ele d’apr`es le crit`ere de la pratique cultuelle insti- tutionnalis´ee.

Q : Mais ceux qui allaient `a l’´eglise, ont commenc´e `a ne plus y aller `a cause de ¸ca ?

M.T. : Non, celui qui va `a l’´eglise et voit le pope faire ce genre de choses, a une ´

epine dans le cœur, mais continue sa vie religieuse.(En tant que chantre et, d’une certaine mani`ere, ” personne eccl´esiastique”, on peut supposer que T. connaˆıt le discours et l’argumentaire th´eologique sur le rapport entre la vie personnelle et la fonction sacerdotale. Mais, indirectement, il a ainsi livr´e di- vers ´el´ements de ce discours).

I.G. nous a confi´e une petite histoire sur le prˆetre I. Il d´ecrit le contexte d’un vol qui s’est produit apr`es un office de l’Onction. Il s’agit d’un Sacrement, qui, dans l’Eglise Orthodoxe, est c´el´ebr´e aussi bien en priv´e que publiquement et qui peut devenir l’occasion d’un rassemblement massif de gens cherchant ainsi le soulage- ment et la gu´erison corporels. Pendant l’´epoque communiste, cette pratique s’est beaucoup r´eduite, limit´ee aux besoins priv´es, c’est-`a-dire qu’elle se passait chez les fid`eles. Cet office a commenc´e `a ˆetre c´el´ebr´e r´eguli`erement par le prˆetre ant´erieur, I., il y a environ 18 ans, c’est-`a-dire en 1983-1984, et notre interlocuteur consid`ere que la curiosit´e et le fait que le prˆetre soit jeune ont attir´e massivement les paroissiens. Il parle de cet office comme d’une fˆete et dit que ”l’ˆage jeune” des deux derniers prˆetres, I. et F, ”a r´evolutionn´e la vie religieuse dans le village” par rapport aux prˆetres ant´erieurs, Stan et Stoica. Il explique cela par le fait que ceux-ci ´etaient plus ˆ

ag´es et que ”le couvercle communiste” ´etait plus lourd `a l’´epoque.

Il nous paraˆıt int´eressant de signaler `a ce propos une ´evolution sensible dans l’attitude du r´egime communiste envers les activit´es de masse de l’Eglise Ortho- doxe. Il s’agit, plus pr´ecis´ement, des processions publiques autour des grandes fˆetes, qui entraˆınaient exceptionnellement dans les rues un nombre impressionnant de vil-

lageois. C’´etaient des moments forts qui prouvaient d’une mani`ere tr`es visible la r´esistance, la vivacit´e et l’emprise d’un mod`ele socio-culturel concurrentiel avec le mod`ele communiste.

C’est aussi une preuve de l’importance de la personnalit´e, de ”l’ˆage jeune” du prˆetre, quand il s’agit de faire connaˆıtre les formes de manifestation de sa fonction par les autorit´es communistes.

Il est ´egalement int´eressant de pr´eciser la perception de son image du prˆetre.

Q : Comment prenez-vous le sermon du prˆetre : mot `a mot ou plus s´electivement ?

I.G. : Il parle de l’id´eologie chr´etienne, de la mati`ere qu’il faut prˆecher. Puis c’est le charisme, le talent de chacun pour prˆecher.

Q : Mais comment vous recevez le sermon, si vous avez connaissance de quelques faits condamnables du prˆetre ?

I.G. : Nous avons eu ici au village, un bottier et il aimait boire, un vrai ivrogne, mais il avait du talent pour ce travail. Chacun a un bon cˆot´e et un mauvais cˆot´e. C’est comme ¸ca que l’homme est fait. Il n’est pas `a 100% bon. Il a des faiblesses. Et il est prouv´e que, d’habitude, quelqu’un avec un d´efaut a aussi une qualit´e, un talent exceptionnel

Q : Les prˆetres aussi... ?

I.G. : Les prˆetres sont des hommes comme nous. Il y a aussi parmi eux des meilleurs et des pires. On n’est pas tous pareils.

dans les deux cas il s’agit du talent, de la capacit´e, d’une qualit´e sp´ecifique dans la pratique d’un m´etier. Alors, comme le bottier, le prˆetre doit faire preuve, avant tout, d’une capacit´e humaine. Il ne projette pas, d’embl´ee les notions religieuses de grˆace ou de charisme sur la fonction du prˆetre ; pour lui, le crit`ere d’´evaluation est le perfectionnement sp´ecifique d’un m´etier particulier : la prˆetrise ou la cordonnerie.

Q : L’Eglise est une institution humaine ?

I.G. : C’est vrai que, pour les prˆetres, ˆetre ivrogne ou coureur ou vicieux est plus frappant que s’il s’agissait de moi, un homme ordinaire. S’il y a des ´el´ements fond´es, l’institution doit intervenir et remplacer ou recycler le prˆetre. Il est vrai que c’est une trag´edie, que celui qui nous livre des exemples ait de grands d´efauts.

Q : S’il n’est pas un homme ordinaire, alors qu’est-ce qu’il faut pour devenir prˆetre ?

I.G. : Ben... il doit faire une ´ecole et...il est ordonn´e.

Q : Qu’est ce que ¸ca veut dire, ˆetre ordonn´e ?

I.G. : Ben... C’est comme prˆeter un serment, il a un engagement envers son m´etier, comme le m´edecin et pas comme moi, qui allais `a l’usine de wagons. Il sait qu’il a ´et´e consacr´e devant les fid`eles, il a fait une promesse solennelle envers eux...C’est autre chose. Il compte comme un dieu pour le troupeau qu’il conduit

Il nuance donc, il enrichit maintenant la figure du prˆetre, en y ajoutant un trait