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Présentation de la tradition manuscrite

a. Présentation générale

Avant même de tenter de présenter la tradition manuscrite du Bellum ciuile, il convient d'annoncer le caractère partiel des analyses qui vont être développées. En effet, étant donné que ce travail se limite à l'édition du chant II de la Pharsale, il ne m'a pas été possible de faire une étude de première main sur toute la tradition manuscrite. J'ai fait, moi-même, la collation de l'ensemble des manuscrits précédemment mentionnés pour le texte du livre II mais les éléments étrangers au livre II proviennent de collations faites par d'autres érudits470. Les analyses que je fournis sur des manuscrits non étudiés sont également à considérer avec précaution : elles devront nécessairement être poursuivies par une collation faite sur l'ensemble du Bellum ciuile. En effet, la restriction de l'étude aux 736 vers du chant II ne permet pas d'avoir un échantillon suffisamment représentatif de la qualité du manuscrit. En outre, sur un extrait aussi court, la polygénèse des fautes peut laisser penser à une parenté entre deux manuscrits sans qu'il y ait, de fait, de lien direct entre ceux-ci.

La tradition manuscrite du Bellum ciuile est complexe : le premier éditeur à s'y être intéressé avec la méthode lachmanienne est C. Hosius en 1892. Le travail de Hosius a été vivement critiqué par Housman dans la préface de son édition (1926) : en réalité, au-delà des analyses d'Hosius, Housman cherche à critiquer la tendance des éditeurs du Bellum ciuile à considérer qu'un manuscrit est meilleur que les autres. Hosius, par exemple, a principalement considéré cinq manuscrits, MBGUV, auxquels il a ajouté les leçons de fragments anciens, de scholies et des variantes trouvées dans d'autres manuscrits, cités seulement occasionnellement. Il considère que, parmi les cinq principaux manuscrits qu'il a collationnés, M est le codex optimus, c'est-à-dire le manuscrit qu'il faut suivre en cas de doute. Il convient de souligner que, malgré cette théorie, Hosius semble avoir compris que la tradition manuscrite de Lucain était contaminée et qu'il n'était pas véritablement possible de considérer qu'un manuscrit était le modèle de tous les autres471. Le statut de codex optimus de M ne signifie donc pas qu'Hosius adopte ses leçons de façon systématique mais qu'il suit ce

470 Il s'agit principalement de l'édition de Badali 1992 et des travaux de Gotoff 1971.

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manuscrit à chaque fois qu'il ne voit aucune raison de trancher dans un sens plutôt que dans l'autre. En choisissant de favoriser M plutôt que d'autres manuscrits, Hosius prend le contrepied de F. Oudendorp qui, plus d'un siècle auparavant, préférait davantage suivre les manuscrits U et V. Enfin, C. M. Francken, après Hosius, choisit A comme manuscrit de référence. La fin du XIXème siècle est donc marquée par deux éditions dans lesquelles les éditeurs tentent de déterminer quel est le meilleur manuscrit, celui qui fait autorité, pour établir le texte du Bellum ciuile.

Or, le défaut de ces éditions ne provient pas tant du manuscrit sur lequel le choix de l'éditeur s'est arrêté que de la volonté de faire ce choix. Comme je l'ai déjà évoqué, c'est l'idée même de l'existence d'un codex optimus pour le texte de Lucain qui doit être remise en cause et c'est A. E. Housman qui a dénoncé cela avec force. Si Housman est, sans nul doute, celui qui a combattu le codex optimus avec le plus de vigueur, d'autres ont formulé avant lui cette hypothèse. Ainsi P. Lejay a-t-il déjà souligné que C. Hosius « a pris le parti trop simple de décider tous les cas douteux par l'autorité de M »472. Surtout, J. P. Postgate, dans la préface de son édition du livre VII, écrit à propos des manuscrits que «as to their authority it may be briefly said that none of them is entitled to a distinct preference over the rest, and that each reading that they offer is to be judged on its intrinsic merits »473. Housman vient confirmer l'ensemble de ces jugements en mettant en exergue les défauts du manuscrit M, montrant ainsi qu'il ne peut s'agir d'un codex optimus474. Le philologue anglais va plus loin et soutient qu'il est impossible de parler de famille de manuscrits pour la transmission du texte du Bellum

ciuile. Il développe l'image d'un fleuve en soutenant que « there were no sequestred valleys

through which streams of tradition might flow unmixed, and the picture to be set before the mind's eye is rather the Egyptian Delta, a network of watercourses and canals »475. L'image établit ainsi l'idée que l'on a affaire à une tradition contaminée et que, par conséquent, il semble vain de raisonner en tentant de classer les manuscrits afin de déterminer leur valeur. Ce sont les variantes elles-mêmes qui doivent être placées au cœur de la réflexion philologique. A ce propos, Fraenkel, dans sa recension de l'édition de Housman, suppose que ces variantes proviennent des premières éditions du Bellum ciuile peu après la mort de Lucain,

472 Cf. Lejay 1894, p. XCVIII.

473 « A propos de leur autorité, on peut dire en quelques mots que aucun d'entre eux ne mérite une préférence marquée par rapport aux autres et que chaque leçon qu'ils proposent doit être jugée selon son propre mérite ». Postgate 1917, p. C.

474 Cf. Housman 1927, p. X-XIII.

475 « Il n'y avait pas de vallées séparées les unes des autres, à travers lesquelles pouvait couler le courant d'une tradition, sans qu'il se mêle à une autre eau, et l'image que l'on doit avoir en l'esprit est plutôt celle du Delta d'Egypte, un réseau de flux et de canaux .» Housman 1927, p. VII.

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dans lesquelles les éditeurs auraient marqué d'autres leçons en les identifiant à l'aide d'un signe, disparu par la suite476. Les divergences profondes entre les manuscrits auraient alors pour origine des variantes d'auteurs et non seulement des fautes de copie477.

Enfin, c'est H. C. Gotoff qui a tenté de faire progresser notre connaissance de la tradition manuscrite de Lucain grâce à une étude détaillée des manuscrits du IXème siècle. Ce travail est fondé sur une critique d'Housman478. Il estime que ce dernier a été aveuglé par la théorie du codex optimus d'Hosius et qu'il a refusé de voir les mérites du manuscrit M pour mieux la combattre. En outre, Gotoff souligne le fait que Housman utilise les collations incomplètes de Hosius, ce qui rend difficile une réflexion nouvelle sur les manuscrits479. Gotoff cherche donc à remettre la réflexion sur les manuscrits au centre de son travail et établit ainsi un stemma expliquant les liens entre les divers manuscrits du IXème siècle.

Ces trois étapes principales de l'étude de la tradition manuscrite du Bellum ciuile sont, nous l'avons montré, toutes nées en réaction par rapport aux théories formulées par des éditeurs précédents, Hosius réagissant face à Oudendorp, Housman face à Hosius et Gotoff face à Housman. Néanmoins, si l'incompatibilité des théories de Hosius et Housman est évidente, cela ne me semble pas le cas de celles de Housman et de Gotoff. En effet, Housman ne me paraît pas exclure la possibilité de rapprocher certains manuscrits : il tente au contraire de montrer certains regroupements au sein d'un groupe ZPGUV480. A l'inverse, le stemma de Gotoff sur les manuscrits du IXème siècle met en évidence la contamination omniprésente dans la tradition manuscrite. Sa conclusion sur le manuscrit R, intermédiaire entre MZAB et QPGUV, érige d'ailleurs ce manuscrit en véritable modèle d'une tradition contaminée481. Or, je pense que la meilleure description de la tradition manuscrite du Bellum ciuile est, en effet, celle qu'en donnent les études de Housman et de Gotoff combinées. Les principaux manuscrits de la Pharsale peuvent être répartis en deux groupes principaux, MZAB d'une part, QPGUV d'autre part. Le premier groupe est constitué des manuscrits les plus anciens

476 Cf. Fraenkel 1964, II, p. 291-303 (= Fraenkel, Gnomon (2), 1926, p. 517-527).

477 Il convient néanmoins de rester prudent avec cette hypothèse : en effet, au-delà de l'impossibilité d'avoir une quelconque certitude sur l'existence de ces variantes d'auteur – il faudrait, pour cela, trouver un manuscrit autographe du Bellum ciuile ou, du moins, avoir un témoignage d'un contemporain de Lucain évoquant ce phénomène –, cette hypothèse n'est d'aucun secours pour l'éditeur. Lorsqu'il s'agit de choisir entre deux leçons, savoir que l'auteur lui-même a pu hésiter entre deux variantes ne permet pas d'établir le texte avec plus d'assurance. Sur les variantes d'auteurs, cf. Liberman dans l'introduction de son édition de Valerius Flaccus, p. XXVI. 478 Cf. Gotoff 1971, p. 28-29. 479 Cf. Gotoff 1971, p. 42. 480 Cf. Housman 1927, p. VII. 481 Cf. Gotoff 1971, p. 97-98.

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(IXème siècle) : ce groupe donne une version plus complexe du poème de Lucain, avec de nombreuses leçons difficiles à comprendre. A l'inverse, QPGUV paraît fournir une forme de vulgarisation de l'épopée, supprimant bon nombre de passages dont l'interprétation est complexe482. Néanmoins, ces deux groupes ne sont pas tout à fait indépendants : la brève description qui vient d'en être faite ne nie pas les liens fréquents entre ces deux ensembles, bien illustrés par Housman dans sa préface483. Enfin, au sein même de ces deux groupes, il est possible de définir certains ensembles comme l'a fait Gotoff : ABR apparaît ainsi comme un sous-ensemble, dérivant du manuscrit Z484. Néanmoins, même si, dans le stemma de Gotoff, A semble être un codex descriptus, véritable copie de Z, l'érudit n'en conclut pas qu'il ne faut pas le consulter. Et, de fait, il fournit une abondante liste des leçons présentes dans le manuscrit A qui s'étend sur plus de 40 pages485. Ce paradoxe apparent est lié à la contamination dans la tradition manuscrite du Bellum ciuile : A a beau être une copie de Z, il contient parfois d'autres leçons, ajoutées par des correcteurs, leçons qui peuvent être dignes d'intérêt486. Par conséquent, même si le fait que la tradition soit contaminée n'empêche pas toute réflexion sur les liens qui unissent les manuscrits, cette réflexion a une importance bien moindre que pour une tradition non contaminée. Les corrections, nombreuses dans les manuscrits du Bellum ciuile que nous avons collationnés, rendent légitime l'étude de ces manuscrits, parce que, au-delà de la valeur de la première main, il est toujours possible de trouver une variante nouvelle de la main d'un correcteur. Enfin, il demeure intéressant de regarder d'un œil attentif les leçons qui ne sont attestées que par un seul manuscrit, le phénomène étant nécessairement assez rare dans une tradition contaminée.

Pour achever la présentation générale de la tradition manuscrite, il est nécessaire d'évoquer brièvement le cas de la souscription de Paul de Constantinople. Cette question a été évoquée principalement par H. Usener487, P. Lejay488, avant d'être reprise par A. Bourgery et A. E. Housman dans la préface de leur édition489. La difficulté provient du fait que l'on trouve dans plusieurs manuscrits un texte variable, évoquant l'action d'un certain Paul de Constantinople : on retrouve, néanmoins, systématiquement dans ce texte la phrase Paulus

482 Cela ne signifie pas, néanmoins, que les manuscrits MZAB ont toujours la bonne leçon et que c'est à l'éditeur de s'efforcer de la comprendre. Un bon exemple de la difficulté de la leçon de MZAB face à une leçon plus simple dans QPGUV se trouve en II, 292.

483 Housman 1927, p. VII-VIII.

484 Gotoff 1971, p. 97.

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Gotoff 1971, p. 137-178.

486 Cf. par exemple auertitque en II, 470.

487 Usener 1868. p. 490-507.

488 Lejay 1894, p 53-59.

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Constantinopolitanus emendaui manu mea solus490. Cette souscription a été relevée dans quatre manuscrits : le manuscrit P, à la fin de tous les livres à l'exception du livre IX491 et du livre X, la fin du manuscrit étant mutilée, le manuscrit M, à la fin des livres I, VIII, IX et X492, le manuscrit U, à la fin des livres II, VII et X et enfin le manuscrit Kassel, Landesbibliothek, 2 poet. F 5, à la fin du livre I. L'existence de cette souscription a longtemps été considérée comme fondamentale puisqu'elle est présente dans trois des principaux codices de la Pharsale et qu'elle pourrait aider à comprendre les liens qui unissent les manuscrits entre eux. En effet, en théorie, la présence de la souscription pourrait signaler le fait que ces manuscrits descendent d'un ancêtre commun, corrigé par un certain Paul de Constantinople, tandis que les autres codices auraient eu pour modèle un manuscrit que Paul de Constantinople n'a pas eu entre les mains. Il serait alors possible de distinguer deux branches dans le stemma des manuscrits du Bellum ciuile. Bourgery voit, par exemple, dans une variante en IV, 677 la trace d'une correction qu'il attribue à Paul de Constantinople493. Néanmoins, comme le montre H. C. Gotoff494, les conclusions de Bourgery sont vraisemblablement erronées puisqu'il se fonde sur un passage dans lesquels il y a une erreur de copie mécanique et sur une restitution incertaine du texte gratté dans un manuscrit. Ce simple exemple met en lumière la difficulté qu'il y a à traiter du phénomène de la souscription de Paul de Constantinople : si, sur le plan théorique, l'apport d'un tel processus dans la transmission du texte est d'une grande importance, il convient de savoir quels sont les faits qui peuvent être établis avec certitude. Or, la description de la présence du texte de la souscription met en évidence plusieurs éléments : tout d'abord, seul le manuscrit P possède la souscription à la fin de tous les livres (si l'on admet que l'espace laissé à la fin du livre IX était destiné à accueillir la souscription). En outre, il paraît délicat de considérer la souscription comme un indice pour structurer une famille de manuscrits contenant cette souscription dont on exclurait les codices qui ne la présentent pas. En effet, l'absence de la souscription à la fin de certains livres dans les trois des manuscrits pauliniens montre que le report de la phrase de Paul de Constantinople n'est pas systématique et peut avoir disparu dans d'autres manuscrits que nous avons consultés. Bien plus, dans le manuscrit M, la souscription de la fin du livre I a manifestement été ajoutée par une seconde main. Ce phénomène met en évidence les chemins par lesquels la souscription a pu circuler avant d'arriver dans la première main des manuscrits que j'ai

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« Moi, Paul de Constantinople, j'ai corrigé le texte seul, de ma main. »

491 Mais une place est laissée libre pour y inscrire la souscription.

492 A la fin du livre I, la souscription est ajoutée en marge par la main qui a écrit les scholies.

493 Cf. Bourgery 1927, p. XV, n 1.

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collationnés : la présence de la phrase Paulus Constantinopolitanus emendaui manu mea

solus ne signifie pas que le manuscrit a pour modèle direct un manuscrit consulté par Paul de

Constantinople puisque la souscription a pu seulement être ajoutée au cours d'une correction. En outre, comme le remarque Housman, quand bien même la souscription permettrait d'établir de façon certaine des liens entre plusieurs manuscrits par la mise en évidence du fait que leurs points communs proviennent de l'action de Paul de Constantinople, « what knowledge could be more worthless ? how is criticism helped ? They must be derived from some source : what does matter if their source was a copy corrected by one Paulus of Constantinople ? The readings are none the better nor the worse for that, and are still to be judged on their merits »495. En outre, même en ce qui concerne l'histoire de la transmission du texte du Bellum ciuile, l'existence de cette souscription ne me semble pas revêtir une importance capitale : elle nous apprend simplement le nom d'un des multiples correcteurs des manuscrits de la Pharsale, correcteurs dont l'existence était déjà connue, sans qu'il soit possible d'identifier une conjecture ou une correction que l'on pourrait attribuer à Paul de Constantinople. Il convient donc de ne pas prendre en considération la souscription lors de l'établissement du texte puisque celle-ci ne nous donne aucun renseignement utile sur la tradition manuscrite, si ce n'est une preuve supplémentaire de la large contamination de la tradition.

Pour conclure la présentation de la tradition manuscrite de la Pharsale, il me semble important de présenter les divers manuscrits auxquels j'ai accordé une importance plus grande que les précédents éditeurs. Etant donné la qualité de son travail sur les manuscrits496, je prends ici comme référence l'édition de R. Badalì et je défendrai donc ici la différence entre ma sélection de manuscrits et la sienne. Cette différence consiste en l'ajout du manuscrit Y au sein des témoins cités de façon systématique dans l'apparat et à l'étude des manuscrits T et S, non collationnés par Badalì. Pour mener cette étude, je ne considère pas comme des erreurs les leçons pourtant rejetées dans le texte que j'ai établi au profit d'une conjecture. Le consensus des manuscrits contre une conjecture n'est en effet d'aucun intérêt pour comprendre les liens qui unissent les manuscrits.

495 « quelle connaissance pourrait avoir moins de valeur ? en quoi cela aide-t-il la critique textuelle ? Elles [les leçons communes] doivent provenir d'une source : quelle importance si cette source était une copie corrigée par un certain Paul de Constantinople ? Les leçons ne sont ni les meilleures ni les pires pour cette raison et elles doivent toujours être jugées selon leur mérite propre. » Housman 1927, p. XIV.

496 Outre le grand nombre de manuscrits consultés pour son édition, Badali a également réalisé plusieurs études sur les manuscrits du Bellum ciuile. Cf. Badali 1973, Badali 1974 et Badali 1975.

101 b. Etude du manuscrit Y

Y est un manuscrit déjà consulté par F. Oudendorp puis C. Hosius, mais qui n'a pas été l'objet d'une collation complète comme le souligne H. C. Gotoff : « This manuscript [...] has never been fully reported. From it we may see what happened in the tenth century to a book descended from a manuscript like MZABR »497. Gotoff pense donc que le manuscrit se rattache au groupe MZ mais n'a pas véritablement mené d'étude sur Y. De même, R. J. Tarrant498 mentionne ce manuscrit sans essayer de le situer dans la tradition manuscrite.

Au sein du livre II, Y partage 25 fautes avec le groupe MZ499. Parmi ces 25 erreurs, il ne faut pas tenir compte de six cas dans lesquels un seul manuscrit détient la leçon la plus satisfaisante puisque presque tous les manuscrits s'accordent dans l'erreur, ce qui ne permet pas de classer les codices fautifs500. Le groupe MZY n'est donc uni que par 19 erreurs communes et signifiantes. Néanmoins, il me semble que l'on pourrait ajouter à la liste des éléments qui rapprochent le manuscrit Y du groupe MZ d'autres passages dans lesquels MZ d'une part et Y d'autre part proposent des leçons fautives assez similaires. Ainsi, en II, 677, Y lit differret au lieu de deferrret tandis que M et Z ont la leçon diferret. Si l'on prend en compte ces erreurs proches501, on revient au chiffre de 25 erreurs partagées par Y et le groupe MZ. Ce chiffre me paraît trop faible pour considérer qu'il existe un lien direct entre ces manuscrits502. Néanmoins, il me semble indéniable que MZ et Y ont un lointain modèle commun, différent de celui du groupe QPGUV. En effet, un examen attentif des erreurs partagées par le groupe MZY met en évidence un accord régulier des trois manuscrits contre QPGUV sur des leçons qui ne peuvent pas être attribuées à de simples erreurs de lecture : les exemples les plus frappants sont ceux du vers 346 du livre II (sociam MZY et comitem QPGUV) ou encore du vers 614 du livre II (sulcum MZY et linguam QPGUV). Le manuscrit Y me semble donc devoir être rapproché du groupe MZ, confirmant ainsi la supposition de Gotoff.