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I. Lucain et le Bellum ciuile

4. La postérité du Bellum ciuile

Pour achever cette rapide présentation du Bellum ciuile, il convient d'évoquer brièvement la postérité de l'œuvre au fil des siècles. Je ne pourrai pas ici entrer véritablement dans le détail de l'étude de la fortune du Bellum ciuile qui consisterait notamment en un relevé exhaustif de toutes les citations, imitations et mentions de l'épopée, depuis le premier siècle de notre ère jusqu'à nos jours et je me bornerai donc à un tableau rapide de la réception de la

Pharsale96.

Au début du premier siècle de notre ère, l’éducation secondaire à Rome est faite par le

grammaticus et le rhetor. C’est le premier qui s’occupe essentiellement de la lecture et de

l’interprétation de la poésie. A cette époque, les auteurs étudiés pour la poésie sont principalement Ennius et Plaute. Mais, aux alentours de l’an 26 avant notre ère, Q. Caecilius Epirota, un affranchi d’Atticus, apporte un renouveau dans les pratiques scolaires, comme en témoigne Suétone : primus dicitur […] Vergilium et alios poetas nouos praelegere coepisse97. C’est ainsi que le « programme scolaire » a inclus progressivement de nouveaux poètes comme Virgile, mais aussi Horace ou Ovide qui étaient étudiés de leur vivant et ce, aux dépens d’Ennius qui a progressivement disparu de l’enseignement. Cette intégration des poètes modernes a duré jusqu’à la fin du premier siècle, marquée par une réaction archaïsante qui a fixé définitivement le canon des auteurs classiques. Toutefois, aux côtés des deux poètes les plus étudiés, Virgile et Térence, certains écrivains sont restés présents dans les lectures scolaires : c’est le cas d’Horace, mais aussi de Lucain. Néanmoins, la fortune de Lucain à partir du IIème siècle de notre ère est sujette à débat : je ne développerai pas ici les différents arguments avancés pour défendre les deux thèses qui s’opposent sur ce point, et je me contenterai de rappeler les deux hypothèses émises à ce sujet. Certains, comme notamment P. Wessner98, pensent que Lucain et Stace n’ont eu qu’un court succès, que les écoles ont refusé de changer durablement leur programme et qu’ils sont tombés dans l’oubli à partir du IIème siècle. D’autres, comme H. J. Thomson99, soutiennent que le Bellum ciuile est toujours resté au cœur de l’enseignement, même s’il a pu connaître moins de faveur aux IIème et IIIème

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Les études sur la survie du Bellum ciuile et de Lucain sont nombreuses. Les principales sont les suivantes : pour l'antiquité, cf. Thomson 1928, Wessner 1929, Sanford 1931, Ahl 2010 ; à partir du Moyen-Âge, cf. Sanford 1924, Crosland 1930, Sanford 1934, Sanford 1934 b, Fischli 1944, Paoletti 1962, Malcovati 1963, Jennings 1974, D'Angelo 2011, Hardie 2011, Paleit 2011. En ce qui concerne les imitations de Lucain, je les ai relevées au fil du commentaire pour celles qui concernent le livre II.

97 « On dit qu’il a été le premier à commencer à expliquer Virgile et d’autres poètes nouveaux. » Suétone, de

grammaticis, 16, 3.

98 Cf. Wessner 1929.

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siècles. Néanmoins, il est certain qu’au IVème siècle, Lucain est à nouveau étudié dans les écoles : ainsi, Jérôme rappelle dans l’Apologia aduersus libros Rufini100, quels étaient les auteurs qui ont participé à sa formation dans sa jeunesse à l’école de Donat. Il cite notamment l’auteur de la Pharsale parmi Virgile, Térence, Cicéron, Salluste, Plaute, Lucrèce et Horace. Finalement, si la réception de Lucain entre le Ier et le IVème siècle peut faire débat, il faut remarquer que tous les critiques soulignent l’importance du rôle de Servius dans le renouveau de l’intérêt pour le Bellum civile. Ainsi peut-on dire avec A. Pellizzari :

« furono proprio i Commentarii serviani a ufficializzare il loro ingresso fra le

auctoritates linguistico-letterarie e a pareggiarli ai veteres como modelli di un latino

corretto »101.

En effet, Lucain est un des auteurs que Servius cite avec le plus de fréquence, tout comme Juvénal et Stace, par exemple. A la suite de Servius, de nombreux auteurs feront référence au

Bellum ciuile qu'il s'agisse d'Augustin, de Priscien ou encore d'Isidore de Séville102. Cette popularité de Lucain persiste même au-delà de l'époque carolingienne : le grand nombre de manuscrits du IXème au XIIème siècle contenant le texte du Bellum Ciuile met en évidence le fait que l'épopée a fréquemment été copiée et donc lue103. Outre les copies du texte même, les vers de Lucain apparaissent également dans un grand nombre de florilèges. C'est par exemple le cas du florilège composé par Mico de Saint Riquier au XIème siècle104. Enfin, la popularité de Lucain se manifeste dans la fréquence des citations de la Pharsale : Sanford105 constate que sur les 8060 vers du Bellum ciuile, 3870 sont cités à une reprise au moins chez les auteurs médiévaux écrivant en latin. Or, étant donné que nombre de ces vers cités n'apparaissent qu'une seule fois, il convient de conclure que la connaissance de Lucain chez les auteurs qui le citent ne provenait sans doute pas de la lecture de florilegia, mais bien d'une lecture du texte même de l'épopée, que celle-ci ait été une lecture personnelle ou l'objet d'un enseignement scolaire dont l'auteur se souviendrait. Pour illustrer l'importance de Lucain au sein des citations d'auteurs classiques au Moyen-Âge, je ne prendrai que l'exemple de l'œuvre

100 Hier, Ruf., 1, 16. Puto quod puer legeris Aspri in Vergilium et Sallustium Commentarios, Vulcatii in

Orationes Ciceronis, Victorini in Dialogos eius et in Terentii Comoedias praeceptoris mei Donatii, aeque in Vergilium, et aliorum in alios, Plautum uidelicet, Lucretium, Flaccum, Persium atque Lucanum.

101 « Ce furent précisément les Commentarii de Servius qui ont officialisé leur entrée [de Stace et de Lucain] parmi les auctoritates linguistico-littéraires et à les placer sur un pied d’égalité avec les ueteres en tant que modèles d’un latin correct. » Pellizzari 2003, p 241.

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En témoignent les nombreuses citations du livre II que nous avons regroupées dans les testimonia au fil du texte. A ce sujet, cf. infra p. 108 sq.

103 La liste des manuscrits du IXème au XIIème siècle a été établie par Munk Olsen 1985, p. 25-77.

104 Cf. Sanford 1924, p. 197-198.

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de Rupert de Deutz, étudiée par H. Silvestre106, dans laquelle Lucain est le deuxième auteur le plus cité, après Virgile et avant Horace. Lucain apparaît donc, semble-t-il comme un auteur classique majeur aux yeux des lecteurs du Moyen-Âge. Ce statut sera conservé par Lucain aux yeux de Dante qui le fait figurer, au chant IV de l'Enfer, au côté d'Homère, Virgile, Horace et Ovide.

Néanmoins, l'histoire de la survie du Bellum ciuile est plus complexe que la simple reconnaissance de l'importance d'un auteur étudié dans le cadre scolaire. En effet, la Pharsale a, en réalité, alimenté très tôt un débat autour de la qualité de la production poétique de Lucain. La question du genre de la Pharsale s’est posée rapidement après la publication de l’épopée : l’auteur n’étant plus là pour défendre son œuvre, les discussions étaient nombreuses pour savoir s’il s’agissait véritablement du travail d’un poète ou non. Martial nous rapporte, dans une épigramme destinée à accompagner un exemplaire du Bellum civile que l’on voudrait offrir, que ce débat existait déjà à son époque. Ainsi écrit-il, en prêtant la parole à Lucain, sunt quidam qui me dicant non esse poetam, | sed qui me uendit bibliopola

putat107. Il faut comprendre, dans ces deux vers de Martial, que, de façon pragmatique, la

Pharsale est classée parmi les ouvrages de poésie dans les librairies. E. M. Sanford avance

même qu’il s’agit sans doute là d’une manifestation de mépris à l’égard des lecteurs incapables de classer en tant que poésie un livre dont l’irrégularité en longueur des lignes montre bien qu’il s’agit de vers108. Quoiqu’il en soit, les propos de l’auteur des Épigrammes soulignent que la question du genre du Bellum ciuile est ancienne. Mais, si l’on peut penser qu’à cette époque cette interrogation est soulevée en raison de la relative actualité de la publication de l’œuvre, on constate néanmoins que le débat perdure au fil des siècles : Quintilien, par exemple, considère que la Pharsale est plus adaptée à l’instruction des orateurs qu’à celle des poètes109, ce qui peut être interprété comme un signe que l’épopée ne lui semble pas génériquement marquée. Servius, ensuite, estime que Lucain est l’auteur d’une histoire et non d’un poème110. La présence d’un tel propos dans les commentaires du disciple de Donat montre que ce débat était toujours d’actualité au IVème siècle : le grammairien prend, en

106 Cf. Silvestre 1950, p. 172.

107 « Il y a des gens pour dire que je ne suis pas un poète, mais le libraire qui vend mes livres pense que j’en suis un. » Martial, Épigrammes, 14, 194.

108 « We may picture his scorn of a reader who was too stupid to know how to classify a book whose irregular lines marked it as poetry whether you read it or not. » Sanford 1931, p 235.

109 Institution oratoire 10, 1, 90 : Lucanus ardens et concitatus et sententiis clarissimus et, ut dicam quod sentio,

magis oratoribus quam poetis imitandus. « Lucain, brûlant et emporté, très célèbre pour ses maximes, à mon

avis, doit davantage être imité par les orateurs que par les poètes. »

110 Cf Servius, Én., 1, 382 : Lucanus namque ideo in numero poetarum esse non meruit, quia uidetur historiam

composuisse, non poema : « et de fait Lucain ne mérite pas d’être compté au nombre des poètes précisément

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apparence, nettement position en affirmant que le Bellum ciuile se rattache au genre historique. Enfin, il faut souligner que cette question ne cesse pas d’être posée après les travaux de Servius : Isidore de Séville, par exemple, reprend à son compte le jugement servien en réemployant presque les mêmes mots pour qualifier Lucain. Ainsi peut-on lire, dans les

Etymologiae, les mots suivants

officium autem poetae in eo est ut ea, quae vere gesta sunt, in alias species obliquis figurationibus cum decore aliquo conversa transducunt. unde et Lucanus ideo in

numero poetarum non ponitur, quia videtur historias composuisse, non poema111.

Isidore de Séville définit ici le rôle du poète qui travaille sur une matière historique : il estime que chez Lucain, il n’y a pas de réelle transformation des faits réels à l’aide des procédés poétiques et c’est ce qui explique qu’il rende le même jugement que Servius, considérant la

Pharsale comme un récit historique et non comme une épopée. Le jugement de Servius a

fréquemment été repris au Moyen-Âge et le Bellum ciuile a souvent été considéré comme un œuvre historique. E. M. Sanford112 illustre ce phénomène par les propos d'Otton de Freising : ce dernier rapproche Lucain de Virgile en les présentant comme étant tous deux des modèles pour les historiens en cela qu'ils ne se contentent pas d'exposer des faits mais qu'ils en font une analyse philosophique. De même, si l'on reprend l'exemple de Rupert de Deutz, celui-ci ne désigne jamais Lucain à l'aide du terme poeta et se contente du mot auctor, ce qui pourrait laisser entendre qu'il ne voit pas en Lucain un poète. Le jugement de Servius finit parfois par être considéré comme une véritable critique à l'égard de l'auteur de la Pharsale et c'est ainsi que Scaliger reprend à son compte une partie du propos de Servius pour nourrir les reproches qu'il adresse au poète. Scaliger écrit finalement que Lucain « n'a sceu que c'estoit que faire un Poème » et considère l'auteur du Bellum ciuile comme un rhéteur113. Il semble donc qu'une partie de la postérité a pu juger sévèrement l'oeuvre de Lucain, considérant qu'elle n'était pas le travail d'un poète.

Toutefois, il convient de nuancer cette affirmation : si les mots de Scaliger sont sans nul doute une critique adressée à l'auteur du Bellum ciuile, il n'en est pas nécessairement de même pour l'ensemble des propos concernant le genre de la Pharsale. En effet, la question générique ne doit pas être abordée d'après nos canons modernes sur les genres, canons selon lesquels faire œuvre d'historien et non de poète signifierait que le texte écrit par Lucain serait

111 Orig., 8, 7, 10 : « Dans ce domaine le travail du poète consiste en ce que les faits qui se sont réellement déroulés prennent un autre aspect en étant transformés à l’aide de représentations figurées biaisées, accompagnées de quelques ornements. C’est pour cette raison précise que l’on ne place pas Lucain au nombre des poètes : il semble avoir composé des Histoires, et non un poème. »

112 Sanford 1931, p. 237.

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un texte prosaïque. Si l'on considère à nouveau le propos d'Otton de Freising sur Lucain, modèle pour les historiens, il faut souligner que Lucain et Virgile sont sur un pied d'égalité aux yeux de l'érudit : il est donc peu vraisemblable qu'il s'agisse là d'une critique visant à dénier le caractère poétique du Bellum ciuile. De même, un examen attentif du jugement d'Isidore de Séville fait apparaître que celui-ci, peu avant le passage précédemment cité, évoquait les poètes « qui ont fait des poèmes parlant des dieux »114. Lucain n'est donc pas un poète, aux yeux d'Isidore, parce que les dieux n'interviennent pas dans la Pharsale. Le propos d'Isidore de Séville touche donc à la matière qui constitue le Bellum ciuile sans qu'il y ait, dans ces quelques mots, un jugement de valeur, semblable à celui que formulera plus tard Scaliger. De même, le fait que Quintilien estime que Lucain doit être imité par les orateurs ne signifie pas que la valeur du poète n'est pas reconnue115. De la même manière, Macrobe souligne qu'il faut voir en Virgile non seulement un poète mais aussi un orateur, ce qui constitue un véritable éloge de l'auteur de l'Enéide, qui pourrait alors être jugé supérieur à Cicéron116. Il n'est donc pas aisé de voir, dans chacun des jugements formulés sur Lucain, quelle est la part de critique et quelle est la part d'éloge. Il convient simplement de rappeler que le Bellum ciuile a été au cœur d'un véritable débat sur la nature de cette œuvre et sur le talent de son auteur.

Pour achever ce bref aperçu de la réception de la Pharsale, il me semble intéressant de présenter les différents usages qui ont été faits des citations de Lucain. Comme le souligne E. M. Sanford, les auteurs qui ont convoqué le texte de Lucain dans leurs écrits l'ont fait de façon très diverse, ce qui confirme qu'il n'y a pas eu jugement unique de la postérité sur le

Bellum ciuile. Sanford écrit ainsi :

« If we had to reconstruct his Pharsalia on the basis of citations in certain authors, as Hugh of St. Victor or Hrabanus Maurus, we should be forced to the conclusion that it was a didactic poem on snakes. A different choice of citations might lead with equal cogency to the theory that it was a metrical geography. »117

114 Isidore de Séville, Orig., 8, 7, 9 poetae theologici dicti sunt, quoniam de diis carmina faciebant.

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Cf. Ahl 2010, p. 2.

116 Macrobe, Sat., 5, 1, 2 'dicas mihi,' inquit, 'uolo, doctorum optime, si concedimus, sicuti necesse est oratorem

fuisse Vergilium, siquis nunc uelit orandi artem consequi, utrum magis ex Vergilio an ex Cicerone proficiat?' « il

dit : 'Dis-moi, ô le meilleur des savants, si nous admettons, comme il le faut bien, que Virgile était un orateur, qui de Virgile ou de Cicéron sera préférable pour celui qui désormais veut étudier l'art oratoire' »

117 « Si nous devions reconstituer la Pharsale de Lucain en nous fondant sur les citations chez certains auteurs, comme Hugues de Saint Victor ou Hrbanus Maurus, nous devrions conclure qu'il s'agissait d'un poème didactique sur les serpents. Un autre choix de citations pourrait nous amener, de façon tout aussi convaincante, avoir pour théorie qu'il s'agissait d'un ouvrage géographique en vers. » Sanford 1931, p. 236.

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Il est vrai que l'intérêt qui a pu être trouvé, au fil des siècles, dans l'œuvre de Lucain a été très variable. Mais si certains auteurs comme ceux cités par Sanford n'ont retenu qu'un aspect unique du Bellum ciuile, d'autres en revanche ont pris conscience de la richesse de l'épopée. Servius est de ces derniers : on peut déterminer plusieurs catégories au sein des 140 citations qu'il fait de la Pharsale. Lucain illustre ainsi des commentaires grammaticaux, historiques, géographiques, scientifiques ou encore stylistiques118.A la suite de Servius, les grammairiens ont continué à faire usage du texte du Bellum ciuile pour illustrer leur propos, comme l'a fait notamment Priscien119. Lucain a particulièrement été apprécié par les historiens et les moralistes, depuis l'antiquité jusqu'à la Renaissance. Les auteurs chrétiens ont ainsi pu convoquer les texte de Lucain pour montrer le déclin moral connu par Rome à la fin de la République. C'est par exemple le cas de la citation de II, 313 (quidquid Romani meruerunt

pendere mores) chez Gélase, Adu. Andromachum, 14120. Sanford souligne également le succès

des propos de Lucain sur le pouvoir et la difficulté à le partager121. Enfin, les historiens ont parfois repris des passages moins généraux, dans lesquels le poète décrit une scène bien précise d'une bataille afin de l'appliquer à un autre combat122. Le fait que le Bellum ciuile soit cité par des historiens et des moralistes correspond à l'idée selon laquelle le principal intérêt de l'œuvre de Lucain était historique et politique : cette idée est formulée explicitement au XIIIème siècle par Gorus de Aretio123. Cet avis n'est, cependant, pas partagé par tous les lecteurs de Lucain au Moyen-Âge : Zonus de Magnalis, pour sa part, voit dans le Bellum

ciuile un intérêt principalement littéraire, philosophique et astrologique124. Néanmoins, comme le souligne Sanford125, le principal usage qui est fait des vers de la Pharsale touche à la rhétorique : cela apparaît tant dans la manière dont l'épopée est présentée dans les manuscrits anciens que dans certains jugements formulés sur l'œuvre. John de Salisbury considère ainsi que Virgile et Lucain sont les deux principales sources d'exempla pour la rhétorique, au même titre qu'Homère en grec. Il convient donc de souligner que le texte de Lucain a pu être utilisé à des fins très diverses, ce qui illustre la richesse et la complexité de l'épopée. Cette complexité a même mené certains lecteurs à interpréter le Bellum ciuile de

118 A ce sujet, cf. Esposito 2004 b, étude que j'ai prolongée dans une communication intitulée « Présence de Lucain dans les commentaires de Servius : les citations du Bellum ciuile » à paraître dans les actes du colloque « Présence de Lucain », tenu à Clermont-Ferrand le 22-24 novembre 2012.

119 Cf. Sanford 1934 b, p. 18.

120 Sanford 1934 b, p. 15-16 prend d'autres exemples, notamment chez Augustin.

121

Cf. par exemple Lucain, I, 92 ; cf. Sanford 1934 b, p. 3 sq.

122 Cf. Sanford 1934 b, p. 9.

123 Cf. Sanford 1934, p. 282.

124 Cf. Sanford 1934, p. 282.

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manière surprenante. C'est ainsi que E. Paleit a mis en évidence, dans une étude de la réception de la Pharsale, l'existence d'une lecture de l'épopée dans laquelle César était le héros valorisé par le poète126. Ce courant d'interprétation s'est développé en Angleterre à la fin du XVIème et au début du XVIIème siècle autour de la traduction de Marlowe qui a sensiblement modifié le texte de Lucain en faisant disparaître les charges du poète contre la tyrannie et le pouvoir personnel127.

Au terme de cet aperçu de la fortune du Bellum ciuile à travers les siècles,