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Chapitre 3 : Présentation du terrain et méthodologie

1. OBJET ET CADRE D’ANALYSE DU TRAVAIL DU TRAVAIL DE RECHERCHE

1.3 PRÉSENTATION DU TERRAIN

Nous avons choisi quatre sites différents et complémentaires au sein même du Bassin minier dans les villes de Lens (62), Loos-en-Gohelle (62), Oignies (62) et Wallers-Arenberg (59) en fonction de critères spatiaux et de logiques d’aménagement explicités ci-après.

141 Extrait de INSEE, « Le Louvre à Lens : un défi culturel, sociétal, économique et urbain », Pages de Profils,

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Figure 23 : Carte des cas d’étude retenus

REALISATION :T.GUY, CONCEPTION :C.MORTELETTE,2019

Nous avons sélectionné un site minier reconverti en lieu culturel dans chacune des villes précédemment énumérées. Pour Lens, il s’agit du musée du Louvre Lens déjà présenté qui est situé sur une ancienne fosse, bien qu’il n’en reste que de rares témoignages visibles ; pour Loos-en-Gohelle, le site du 11/19 qui accueille depuis 1998 l’association Culture Commune et sa Fabrique théâtrale dans les anciens bâtiments des douches. Cette association intercommunale, devenue Scène Nationale en 1999, promeut la pratique et la diffusion du théâtre, de la danse et du spectacle vivant dans le Bassin minier et propose une saison de représentations ainsi que des résidences d’artistes. Pour Oignies, nous avons ciblé le site du 9/9 bis qui organise régulièrement des événements à dimension culturelle et/ou patrimoniale dans la salle des machines et depuis 2016 dans les anciens bâtiments des douches. Depuis 2013, l’équipement du Métaphone, salle de concert destinée aux musiques actuelles, y est également présent. Enfin, pour Wallers-Arenberg, nous nous sommes intéressés à la fosse d’Arenberg, site rendu célèbre par le tournage de nombreuses scènes du film Germinal sorti en 1993, ainsi qu’à l’initiative

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creative mine142 qui permet la reconversion de l’ancien site minier en pôle d’excellence de l’image et des médias numériques en accueillant notamment un site de tournage, des salles de projection et un laboratoire universitaire. Les photographies ci-après permettent de repérer les éléments contemporains et ceux qui datent de l’exploitation minière.

Figure 24 : Photographies des terrains retenus

Le Louvre à Lens (62), hiver 2015 et été 2016

142 L’italique est ici simplement indicatif de la langue anglaise, c’est la raison pour laquelle les autres sites

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La Fabrique théâtrale de Culture Commune à Loos-en-Gohelle (62), printemps et automne 2016

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Creative Mine sur le site de Wallers Arenberg (59), été 2016 SOURCE :C.MORTELETTE,2016

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Nous avons sélectionné ces quatre terrains en fonction de deux critères principaux : d’abord parce qu’il s’agit de sites positionnés par les pouvoirs locaux comme des sites emblématiques du Bassin minier. En effet, le 11/19, le 9/9 bis et Wallers Arenberg sont 3 des 5 grands sites de la mémoire retenus pour l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco143. Il nous a paru tout particulièrement pertinent d’interroger leur dimension emblématique pour le territoire en tant qu’emblèmes territoriaux « officiels » et la manière dont ils sont vécus par les habitants : sont-ils le support d’une identification collective pour ceux-ci et comment cette dernière s’exprime-t-elle ? Le deuxième critère était que ces projets devaient être représentatifs d’une part des différentes manières dont la reconversion culturelle est menée localement, à savoir la réhabilitation et la démolition-construction pour laisser la place à un équipement culturel contemporain, mais aussi représentatifs d’autre part de l’économie culturelle actuelle : lieux de création (Wallers-Arenberg, Culture Commune), lieux d’exposition (Louvre Lens, 9/9bis), lieux de représentation (le Métaphone, Culture Commune).

Ces lieux sont donc les supports d’équipements culturels récents comme le Louvre à Lens,

creative mine à Wallers-Arenberg ou le Métaphone à Oignies mais aussi de projets aux généalogies plus anciennes comme Culture Commune à Loos-en-Gohelle. Notre intérêt est donc double : ces projets ainsi que les sites d’héritage minier dans lesquels ils se situent et leur relation à ceux-ci. Notre intention était également de pouvoir comparer différents projets afin d’échapper, au moins en partie, à un aspect monographique de notre recherche. Ici, la comparaison est également utile car ces projets appartiennent non seulement à deux logiques urbanistiques différentes (réhabilitation d’anciens bâtiments industriels et construction d’équipements culturels contemporains) mais aussi à deux logiques de politiques culturelles différentes (démocratisation de la culture et démocratie culturelle), en apparence du moins144. Le tableau ci-après présentent de façon synthétique les différents sites de l’étude :

143 Les deux autres sont le Centre Historique Minier de Lewarde et la cité des Electriciens de Bruay-la-Buissière.

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Figure 25 : Tableau présentant le détail des cas d’étude

Lens Loos-en-Gohelle Oignies Wallers-Arenberg Lieu Ancien carreau de mine de Lens (traces) Base 11/19 (site protégé et valorisé) 9/9 bis (site protégé et valorisé) Le site minier d’Arenberg (site protégé et valorisé) Date de création 2012 1998 2013 2015 Equipements culturels Louvre-Lens (équipement contemporain) Culture Commune (réhabilitation) Le Métaphone (équipement contemporain) Creative mine (équipement contemporain et réhabilitation)

Activité Lieu d’exposition

Lieu de création et de représentation Lieu de représentation et d’exposition Lieu de création et de représentation Evénementiel / Ici et là dans la cité des Provinces, Constellations imaginaires Les Rutilants / REALISATION :C.MORTELETTE

L’approche par les lieux nous permettra d’apprécier leur forme et leur organisation spatiale ainsi que leur logique d’insertion à plusieurs échelles. De même, cette approche a la vertu d’interroger simultanément les politiques de changement d’image via la construction d’un équipement métropolitain ou la mise en valeur du patrimoine minier et les politiques culturelles à proprement parler. Ces dernières concernent davantage l’occupation ou la mise en vie du lieu culturel, la mise en œuvre d’une saison culturelle (ou d’exposition temporaire) avec des objectifs et des missions propres à chaque lieu, une démarche et des dispositifs particuliers en direction des publics mais aussi les potentielles mises en réseau de ces différents équipements. Nous ferons également référence dans notre travail à d’autres équipements culturels du Bassin minier lorsqu’ils sont également emblématiques et structurants comme le Centre Historique

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Minier de Lewarde. Le centre historique minier de Lewarde fait partie des 5 sites de mémoire inscrits à l’Unesco et est le premier musée de la mine de France (par date de création et par importance). Il était, avant l’arrivée du Louvre Lens, le principal motif de déplacement de touristes dans le Bassin minier. Afin de consolider notre analyse, ces lieux et équipements culturels doivent être associés à l’appropriation dont ils sont potentiellement l’objet par les habitants. Cette notion d’appropriation nous paraît être une étape supplémentaire par rapport aux pratiques puisqu’elle révèle une dimension idéelle forte à partir de la familiarisation et de l’attachement aux lieux (Veschambre, Ripoll, op. cit.).

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Conclusion intermédiaire : Ce premier point nous a permis d’établir le cadre d’analyse de notre travail de thèse. Nous sommes revenus sur l’aspect fragmentaire et discontinu du tissu urbain dans le Bassin minier qui est un héritage direct de l’ancienne activité économique. Ces discontinuités, visibles à petite comme à grande échelle, préoccupent les pouvoirs publics qui les perçoivent comme des handicaps s’opposant à la rencontre ou à la mobilité. La pauvreté et les conditions d’existence difficiles d’une grande partie de la population, notamment celle qui habite l’ancien logement minier, sont le socle de politiques publiques spécifiques comme la réhabilitation thermique de ces logements mais aussi celui de discours de légitimation de politiques qui semblent plus éloignées du quotidien de ces personnes ; à savoir les projets de reconversion par la culture. Parmi ces projets, nous avons par la suite présenté ceux qui constitueront nos cas d’étude et justifié ces choix en termes de choix urbanistiques et patrimoniaux mais aussi en termes de diversité des pratiques culturelles. Le détail de ces équipements a été accompagnée de celle des quartiers riverains afin d’offrir au lecteur une vision globale des sites étudiés. Après avoir présenté l’objet et le cadre d’analyse de notre terrain de thèse, nous nous proposons d’exposer notre protocole de recherche et les détails de notre méthodologie d’enquête.

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