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Partie I : En s’approchant du lieu

I. Vers une vue d’ensemble

1. Présentation des expériences

Présenter les lieux n’est pas une tâche si aisée qu’il n’y paraît. A quoi doit ressembler une telle présentation ? L’objectif est ici de contextualiser le propos. Ainsi, il n’est pas question de réaliser une analyse monographique de chacune des expériences mais bien d’en « dresser le portrait ». L’analyse porte sur le lieu culturel intermédiaire et, comme il a été annoncé, elle va constituer en une reconstruction, une recomposition de l’expérience. Présenter les lieux, c’est d’une certaine manière les décrire, mais ce n’est en aucun cas les typifier. Preuve en est avec le déroulé de cette présentation, qui portera sur chaque lieu pris séparément, dans une suite alphabétique et non thématique. Pour autant, il ne s’agit pas non plus de proposer des « fiches

signalétiques »70 des lieux. Simplement, au travers de présentations « racontées »71, se construira une réponse à la question : de quoi est-il question concrètement ?

102

Tableau 1 : fiche synthétique du 102

Date d’ouverture 1983

Structure principale Association le 102

Statut du bâtiment Convention d’occupation depuis 1992

Propriétaire Ville de Grenoble

Subventions Non

Budget global Entre 10 000 et 13 000 euros

Nombre de personnes Entre dix et quinze bénévoles

Structures impliquées/hébergées 103 (sérigraphie), Archipel urbain (musique), CNT (activités politiques), Gute Nacht (cinéma)

Disciplines représentées Cinéma, musique, activités politiques

De la rue d’Alembert72, le bâtiment ne paraît pas très imposant. On longe d’abord un petit

muret, derrière lequel semble se cacher une cabane, on passe ensuite devant un portillon qui laisse deviner un jardin ou une cour intérieure. Ensuite, on se trouve devant la façade, sur laquelle a été placé un panneau couvert d’affiches, certaines annonçant des évènements au 102 et d’autres s’apparentant plutôt à des journaux muraux, à caractère politique. Après avoir ouvert la porte rouge, on peut entrer dans le 102, et tout d’abord dans un petit hall d’accueil. En face, il y a une porte, celle qui donne sur la salle. A droite, un espace tel qu’on peut en voir dans les vieux cinémas, genre de guérite dans laquelle sont entreposés divers objets, notamment un imposant projecteur à bobine – j’ai longtemps considéré ce « projo » comme un objet décoratif, avant de constater son utilité lors des soirées cinéma. A gauche, après les WC et derrière une porte, un escalier monte à l’étage. En haut de celui-ci se trouvent différents espaces. Après la dernière marche, on peut aller tout droit où quelques pas suffisent pour nous conduire dans une grande salle aux murs blancs salis, avec sur son côté droit une verrière donnant sur le jardin. On note rapidement aussi un sombre enfoncement à l’autre bout. Cette salle, glaciale l’hiver, accueille régulièrement des expositions et des installations

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De telles fiches seront disponibles en annexe.

71 En ce sens le procédé s’inspire de l’ekphrasis, d’une mise en phrase qui vise à donner une image de l’objet raconté. Dans le présent cadre, cette image ne se veut pas mimésis, les mots offrant une médiation permettant la compréhension de chaque lieu, dans ses dimensions architecturale, historique et relationnelle.

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le reste du temps. En revenant sur nos pas et en tournant légèrement le regard vers la gauche, on constate qu’à côté de l’escalier un étroit passage dessert trois espaces. D’abord, il y a un atelier, dans lequel on a pu autrefois gratter des bandes vidéo mais qui sert aujourd’hui à la sérigraphie, ensuite un local de stockage où est entreposé le matériel de sonorisation. Enfin, au bout, se trouve la salle dans laquelle je venais participer aux réunions et tenir permanence

avec la CNT73, on y trouve des banderoles, des brochures, des tracts, une table, quelques

chaises et deux fenêtres surplombant la rue d’Alembert.

Il faut redescendre pour s’enfoncer au « cœur » du 102, dans la salle de spectacle. Après avoir passé la porte, on découvre une salle qui aurait pu être parfaitement rectangulaire sans la présence tout de suite à gauche d’une émergence cubique, au milieu de laquelle une porte ouvre sur une cave connue essentiellement par les membres des groupes punk-rock venant y répéter. A droite, la sortie de secours donne sur le jardin. La scène, à peine surélevée, est au fond, elle prend peu de place sur la longueur mais occupe les deux tiers de la largeur, laissant sur sa droite un passage en corridor permettant d’accéder au bar. C’est donc dans cette salle que se déroulent la plupart des activités ayant lieu au 102. Elle est modulée selon les types d’évènements. Lors de certains concerts, elle est vide, ce qui permet de recevoir, au maximum, 120 personnes debout. A l’occasion des performances ou des projections cinéma, des coussins en premier rang et plusieurs rangées de fauteuils suffisamment confortables accueillent jusqu’à 70 personnes. Avant et après les évènements, et lors des éventuels entractes, le bar est ouvert. On peut s’y rendre en longeant la scène. La première partie du bar apparaît comme une salle avec tables et chaises, un piano non accordé indiquant le chemin de la sortie de secours, à droite. Sur ce même côté, le mur devient courbe, réduisant de ce fait la largeur de la salle. La deuxième partie peut se voir comme un espace de passage conduisant au jardin, par une porte vitrée à droite, ou au comptoir où l’on vient quérir bière, verre de vin, jus de fruit ou nourriture. Derrière ce comptoir, on voit une tireuse à bière, un évier ainsi qu’un imposant four à pain – ou à pizza – tout en rondeurs. On devine une porte au fond à droite. Cette porte, les participants du public ne peuvent y accéder, elle conduit à la partie privée du 102. Elle donne d’abord sur un couloir sans lumière naturelle, y sont entreposés des outils, du matériel et des matériaux de récupération, les balais ; un escalier descend vers une cave. Au fond du couloir, une porte permet de sortir du bâtiment et d’accéder à une ruelle perpendiculaire à la rue d’Alembert. Cette porte a toujours eu un caractère privé, réservée aux membres du 102. En effet, si au lieu de sortir, on fait demi-tour, on découvre deux ouvertures,

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l’une conduisant au couloir sus-cité et une autre, légèrement surélevée. Après avoir monté trois marches, on peut soit prendre l’escalier – genre de colimaçon – d’une vingtaine de marches, afin de découvrir la partie habitation, soit entrer dans une grande pièce – que l’on appelle « cuisine » – dont les fonctions multiples lui confèrent un statut semi-public. Un coin cuisine permet de faire le repas pour le public ainsi que pour les artistes ; une grande table, et les chaises l’accompagnant, accueille ces derniers quand ils désirent se restaurer, cette même table trouvant aussi son utilité lors des réunions du collectif. Une porte-fenêtre donne accès au jardin.

La partie habitation est assez réduite, elle n’occupe qu’un seul niveau dans lequel sont regroupés salle de bain, évier et WC d’un côté, cuisine et chambre de l’autre. Elle ne peut accueillir guère plus d’une personne, deux éventuellement dans le cas d’un couple. A l’heure actuelle, il n’y a qu’un seul habitant au 102. Au-dessus de la partie habitation, un sleep-in permet aux artistes invités de passer une ou plusieurs nuits.

Un endroit reste à décrire, on l’a aperçu plusieurs fois. Une partie de l’année, il est le poumon du 102, sa zone de respiration. Par contre, lorsque le froid s’impose, c’est à peine si on se rend compte de sa présence. Le jardin, c’est ainsi qu’on le nomme, prend ses aises dès que le printemps lui offre un soupçon de disponibilité. Protégé par son mur d’enceinte, ses quelques bambous et par un grand arbre procurant l’ombre nécessaire, il devient parfois piège pour celles et ceux du public qui, palabrant autour d’une bière, oublient parfois le film ou le concert compris dans le prix d’entrée. C’est ce même piège qui guette les organisateurs qui ont peine à garantir les horaires fixés, tant il peut être difficile de faire rentrer dans la salle celles et ceux du public qui, palabrant autour d’une bière, préfèrent en recommander une autre en s’allumant une cigarette mais « promis c’est la dernière ».

J’ai rencontré le 102 avant d’avoir rencontré Grenoble et c’est peut-être cette rencontre originelle qui m’a offert une première grille de lecture de la ville, d’autant plus que je connaissais son existence avant même le voyage qui allait me conduire loin de mon village. Le 102 offrant un abri à mes activités militantes hebdomadaires (réunions, permanences), il est vite devenu un repère. D’ailleurs, je n’y ai jamais habité à plus de dix minutes à pied. C’est donc en septembre 1998 que j’ai posé un premier pas dans ce lieu, qui m’est tout d’abord apparu à travers le prisme de la CNT, organisation à laquelle je participais à l’époque. C’est là, dans une petite pièce au premier étage, que j’ai vécu mes premiers moments de vie militante grenobloise, de la fabrication de banderoles à la conception de tracts et autres affiches. C’est comme ça que j’ai connu le 102 et comme ça que je l’ai vécu pendant plusieurs

années, en ayant la clef de la porte d’entrée mais sans forcément franchir ce deuxième pas qui m’aurait permis de découvrir les activités artistiques s’y développant. Depuis son entrée dans le lieu, dans les années 80, la CNT a toujours été autonome par rapport à la vie du 102 et à son

organisation74, c’est ce que j’ai pu constater malgré les rencontres régulières avec les

animateurs du lieu et ma présence à quelques réunions trimestrielles concernant son fonctionnement général. Ce n’est que quelques années plus tard, après avoir quitté la CNT, que j’ai rencontré de nouveau le 102, quand je suis revenu en tant que membre du public, sans la clef.

Quand j’ai découvert le 102, il existait déjà depuis de longues années. Son histoire débute en

198375. De cette période ne demeure que le flou, que l’on peut distinguer au travers de

discussions informelles ou de sources documentaires secondaires76. Reconstituer la naissance

du 102 s’avère être une entreprise délicate, si ce n’est une tentative vouée à l’échec. Ce qui apparaît, c’est que le 102 est né au même moment que le squat Bévière, situé à proximité, et que ces deux squats étaient importants. Portés par des militants trentenaires post-68 issus des milieux éducatif et socioculturel (animateurs, instituteurs, éducateurs), ces lieux comportaient deux dimensions : d’un côté, un discours critique concernant la politique locale autour du logement et d’un autre côté, le développement d’activités associatives à caractère culturel ou socio-éducatif (débats, ateliers…). Si le squat Bévière s’est fait expulsé après quelques années d’existence, le 102 s’est inscrit dans le temps et a évolué pour prendre la forme qu’on lui connaît aujourd’hui.

Cette évolution a d’abord conduit à un renouvellement des occupant-e-s du lieu, peu de temps après son ouverture. Peut-être à la suite de certains conflits, une nouvelle équipe a placé au cœur du projet la salle de spectacle, associée à des choix esthétiques (rock progressif), délaissant de ce fait les activités précédentes. Ainsi, en 1986, naît « Archipel Urbain », association programmant les activités musicales du 102 ; elle existe encore aujourd’hui. Suite à ces changements, de nouvelles personnes ont pris place dans le lieu à la fin des années 80, participant au développement du 102 au cours des années 90, autour de la musique improvisée et du cinéma expérimental.

74 Ce qui est encore le cas aujourd’hui, si ce n’est à travers l’investissement personnel d’une ou deux personnes.

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Année de l’accession d’Alain Carignon à la Mairie de Grenoble.

76 En effet, parmi les acteurs interrogés, le plus « ancien », Christophe, est arrivé dans les années 90. Par ailleurs, les archives du lieu ne remontent pas aussi loin. Concernant les sources secondaires, voir notamment Cécile Gouy-Gilbert, Thierry Nahon et Diana Szanto, Squats artistiques. De l’occupation des friches urbaines à la

Ce développement n’aurait pu ne jamais avoir lieu. En 1991, la Mairie – avec à sa tête Alain Carignon –, propriétaire du bâtiment, a fortement songé à l’expulsion en vue de la réalisation d’un projet immobilier sur le site. Ce n’est qu’après une mobilisation des acteurs locaux (manifestation) et avoir rassemblé mille signatures de soutien (artistes, structures partenaires, particuliers) que le projet immobilier a été abandonné et qu’une convention d’occupation triennale a été signée, en l’occurrence le 5 avril 1991 – elle est régulièrement reconduite depuis. Cette convention gratuite a notamment été permise par le fait que le 102 ne demandait pas de subvention à la Ville, ni à aucune autre collectivité – il n’en demande toujours pas. A vrai dire, la seule fois où de l’argent public a été utilisé par le 102, ce fut lors de la mise aux normes, rendue obligatoire par la signature de cette convention.

Si la reconnaissance de ses activités et la convention ont permis au 102 de stabiliser et de développer son projet, il a par ailleurs renforcé son inscription dans le territoire, notamment à travers les liens qu’il a tissés avec les mouvements sociaux locaux et le soutien à d’autres initiatives de squats. Il faut noter ici l’émergence dans les années 90 de figures tutélaires du 102, principalement M. et I., qui y ont habité pendant plusieurs années. A la fois chevilles ouvrières et « représentants » du lieu, le 102 n’aurait pas le même visage aujourd’hui, sans l’investissement de ces deux personnes, même plusieurs années après leur départ choisi. M. a notamment lié le 102 à la ville, par exemple à travers son engagement auprès des SDF, lors

d’un combat mené fin 1995, qui a conduit à l’occupation de la place Verdun77 – où se situe la

préfecture – et à la création de l’association le Fournil78. Par ailleurs, le 102, en partie par l’entremise de M., a régulièrement soutenu l’ouverture de nouveaux squats, ce fut le cas en 1995 avec le Brise-Glace, squat d’artistes, et plus tard en 2000, en accompagnant les jeunes gens du CPA (Centre Psychiatriq Autogéré), éphémère squat situé au 124, rue d’Alembert – à quelques mètres du 102 – qui a marqué le début de l’aventure d’un collectif qui, après plusieurs lieux, trouvera une certaine maturité dans le squat des 400 Couverts…

77 Pendant plusieurs semaines hivernales, un campement « sauvage » s’est installé sur cette place grenobloise symbolisant le pouvoir étatique. Cette histoire s’est terminée par une expulsion.

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A la fois chantier d’insertion et table d’hôtes pour personnes sans ressources. On pourrait dire en allant vite que le Fournil est un endroit où d’anciens mal logés, salariés par l’association, permettent à des SDF de venir se restaurer et se réchauffer pour peu d’argent, sachant que le lieu est aussi ouvert à n’importe qui, le prix étant alors un peu plus élevé. Cf. Vincent Berthet et Claude Royon, « Visages grenoblois de l’auto-promotion »,

400 Couverts

Tableau 2 : fiche synthétique des 400 Couverts

Date d’ouverture/fermeture 2001/2005

Structure Association CPA

Statut du bâtiment Squat

Propriétaire Ville de Grenoble

Subventions Non

Budget global Impossible à chiffrer

Nombre de personnes Une vingtaine d’habitant-e-s, une dizaine de

bénévoles

Disciplines représentées Cinéma, danse, musique, théâtre, activités politique et sociale

Au Printemps 2000, sur le campus universitaire de Grenoble, s’est déroulée la première tentative du Festival de Résistance et d’Alternative au Kapitalisme, communément nommé Fraka. Plusieurs autres suivirent, les printemps suivants, et j’ai pu prendre part activement à la plupart d’entre eux. Mais c’est bien lors de cette première fois que se tint une conférence-débat intitulée « Squats, à la conquête de l’espace ». Y étaient invités des représentants du 102, de l’espace autogéré des Tanneries (Dijon), du Rhîno (Genève) et d’autres squatteurs, ce afin qu’ils témoignent de leur expérience. Ce jour-là marqua la date de naissance d’un désir qui liera, des mois plus tard, quelques unes des personnes présentes dans cet amphithéâtre de l’université Stendhal, certaines d’entre elles participant du Fraka, d’autres venues simplement écouter et découvrir ces expériences. Ce désir, posé d’abord comme une question : « et si on squattait ? », allait se concrétiser, après des mois de préparatifs, à la rentrée scolaire 2000, par l’ouverture du Centre Psychiatriq Autogéré, au 124 rue d’Alembert. Cette usine immense, trop grande pour la quinzaine d’occupant-e-s, a permis à ces derniers de mettre le « pied à l’étrier ». Ils ont appris à partager un quotidien marqué par un certain inconfort, à organiser des activités, à tisser des relations avec les voisins mais aussi à vivre l’expulsion, qui s’est déroulée en l’occurrence un 2 janvier. Suite à cette expulsion, ils ont ouvert un deuxième CPA (Centre Presqu’Autogéré) dans un autre secteur de la ville, au 28 rue Georges Sand, à proximité de l’emplacement de la future Bifurk. Suite à une nouvelle expulsion, ils ont déménagé au Sing-Sing, situé rue de New-York, à quelques dizaines de mètres du 102, qu’ils ont squatté peu de temps, avant de s’installer en novembre 2001, de manière plus durable,

dans plusieurs bâtiments appartenant à la Mairie, situés dans la traverse des 400 Couverts, dans le secteur de la gare.

Si un seul exemple suffit à signifier que « lieu » n’est pas forcément synonyme de « bâtiment », cet exemple est sûrement celui du squat des 400 Couverts. Au total, il y eut trois bâtiments dédiés à de l’habitation, une salle de spectacles et un dernier bâtiment aux statuts divers. Ainsi, au bout d’un certain temps, c’est bien la traverse en tant que telle qui fut squattée. Deux bâtiments ont d’abord été aménagés et occupés, situés d’un bout à l’autre de la petite traverse, dont un consacré aux activités publiques, qui s’est rapidement appelé « le Chapitônom ». Quand on arrive du centre ville, cette salle est le premier bâtiment de la traverse que l’on découvre. D’ailleurs, beaucoup de ceux qui sont venus assister à des concerts acoustiques, lectures de contes, spectacles de marionnettes, projections ou conférences-débats n’ont connu que cette partie-là du squat. Il était en effet possible de venir profiter d’une soirée sans s’aventurer plus loin dans la traverse. Ancienne fabrique de store, ce premier espace de la traverse ne pouvait se laisser deviner de l’extérieur. Une enceinte de murs gris, un portail plein et coulissant en bois au milieu duquel un portillon permettait d’entrer. Ce que l’on découvrait de prime abord, une fois ce portillon et l’effet de surprise passés, c’était une cour intérieure avec suffisamment de verdure pour être considérée comme un jardin. Ce jardin n’était pas si grand mais il accueillait tout de même quelques tables et chaises et un solide arbuste en son centre. Avant de vouloir y pénétrer, le passage à la caisse « prix libre » permettait de glaner des informations concernant le Chapitônom en particulier et les 400 Couverts en général. Derrière cette caisse, une petite bâtisse – qui devait être le bureau de la direction autrefois – permettait d’organiser un coin cuisine en rez-de-chaussée, le seul étage ayant une utilité relativement limitée, à part accueillir, parfois, des gens pour quelques nuits. En face de cette bâtisse, se trouvait la première partie de la remise, dans laquelle étaient stockés matériels et matériaux. Cette remise continuait jusqu’à la salle de spectacle en tant que telle, qu’elle croisait en angle droit. La salle avait tous les traits d’une grange, rappel d’une époque où les mots « norme » et « sécurité » n’étaient jamais prononcés dans la même phrase. De la pierre et du bois, et du tissu. Des mètres d’épais tissu accrochés à la charpente et aux piliers créaient, au sein de cette grange, un espace à part, en forme de chapiteau, que l’on