• Aucun résultat trouvé

Avant de questionner cette potentialité d’un monde commun, essayons de voir se dégager certains traits qui pourraient permettre de le définir.

Nous avons croisé l’expression « communauté d’expérience » sans plus la spécifier que cela. Que peut-elle signifier dans le cadre qui nous intéresse ? Ce qu’il y a de complexe avec le terme « communauté », c’est d’arriver à le penser en le dégageant du lien communautaire.

Autrement dit, il est question d’une « communauté sans communauté »107, une communauté a

minima qui ne se définit pas par rapport à la forme du lien mais plutôt par rapport à un sentiment de partage, sentiment de partage et non pas d’appartenance. Ainsi, cette communauté d’expérience est bien la résultante de ce processus dynamique de reconnaissance mutuelle non pas des similitudes, mais des singularités.

107 Cette expression est empruntée à Florence Meyssonier, Du commun à la communauté. Une expérience de la

Cette communauté d’expérience s’inscrit-elle dans un milieu spécifique ? Questionner le milieu nécessite au préalable d’en questionner sa définition. Un rapide détour par un dictionnaire permet de dégager différentes propositions dont aucune n’est véritablement satisfaisante. On peut noter tout de même différentes analogies, dont une au « groupe social »

et une autre à « l’environnement »108. En croisant les deux, on pourrait en arriver à cette idée

de « groupe social environnant » et une piste de définition apparaîtrait alors. D’ailleurs, elle se rapprocherait de la proposition d’un dictionnaire concurrent qui fait référence à « l’entourage social »109. Ainsi, s’il était question de milieu, il regrouperait un ensemble d’acteurs qui se croiseraient de manière plus ou moins régulière et qui participeraient d’un même ensemble social. Pour autant, deux étudiants, ou deux chômeurs, ou deux cadres, peuvent être voisins et se croiser de manière régulière, sans avoir le sentiment de participer du même milieu. Effectivement, peut-être est-il aussi question de reconnaissance ici. A la différence de la communauté d’expérience, ce ne serait pas le fait d’avoir quelque chose à partager qui serait reconnu, mais plutôt de participer d’un même ensemble, aussi flou qu’il puisse être. Pour que cela soit possible, il ne suffit pas de se croiser, mais il faut se croiser dans des endroits spécifiques. En allant plus loin, on peut imaginer que si ces acteurs se croisent dans des endroits spécifiques, qui pourraient être nos lieux, ce n’est pas totalement par hasard et que les activités qui les rassemblent revêtent aussi certaines spécificités. Par exemple, il pourrait s’agir d’un spectacle, d’un débat ou d’une réunion. Ainsi, ce milieu s’organiserait tout de même autour de certaines activités, il serait dynamique. A ce titre, Daniel Colson considère que le milieu est « le seul espace, la seule réalité où peut naître une recomposition

émancipatrice de ce qui est »110. Cette définition correspondrait à ce que l’on pourrait

imaginer comme un « biotope politique » dont le liant serait la construction d’un changement. Une telle définition paraît assez éloignée de la présente préoccupation mais elle a le mérite de poser cette question du politique, et il ne faudra pas l’oublier.

Il semble toutefois que les lieux ne seraient qu’un élément d’un milieu ainsi défini. On ne peut raisonnablement pas parler d’un « milieu des lieux culturels intermédiaires » et encore moins

restreindre le propos à un « milieu squat » par exemple111. Dans les expressions couramment

entendues, celle de « milieu alternatif » paraît être suffisamment floue pour être retenue, à

108

Le petit Robert

109 Le petit Larousse

110 Daniel Colson, petit lexique philosophique de l’anarchisme, 2001, p 187.

111 Bien que cette expression soit régulièrement employée, elle occulte la complexité et les multiples réalités tapies derrière le mot squat.

condition de ne pas vouloir trop la préciser112. Une expression floue pour un milieu mouvant. Ce mouvement est celui d’acteurs se croisant régulièrement au travers d’activités politiques et culturelles, donc sociales, activités se déroulant couramment dans certains lieux.

Concrètement, c’est au niveau local que se donne à voir « l’effet milieu ». Intéressons-nous

aux cas de Dijon, Bourges, Grenoble et Paris, quatre villes113 dont sont issus les lieux

observés. Il va sans dire que les éléments qui vont être rapidement mis en avant ici seront repris et analysés plus profondément quand il s’agira d’aborder la question de la relation des lieux avec le territoire.

Dijon et Bourges mettent en évidence de manière assez claire les réalités du « milieu alternatif » et le rôle des lieux intermédiaires en son sein. En effet, l’espace autogéré des Tanneries à Dijon et la friche l’Antre-Peaux à Bourges sont des « passages obligés ». C’est à dire que ce sont les seuls à accueillir des activités « alternatives » au sens large. Ainsi, ils ont un rôle central dans leur ville respective, pour ne pas dire « structurant ». Ce sont les seuls points où suffisamment de lignes se croisent pour qu’il soit envisageable d’affirmer que sont acteurs du « milieu alternatif » celles et ceux qui y passent régulièrement. Un tel constat se renforce à travers le fait que, finalement, le nombre d’acteurs concernés n’est pas si important que cela. La dimension « alternative » de ces villes est fortement liée aux activités ayant trait aux lieux qui nous concernent. Ainsi, la forme que pourrait prendre les milieux de ces deux villes serait plutôt concentrique. D’ailleurs, concernant Dijon, l’origine de l’Espace Autogéré des Tanneries apparaît comme un objectif pour le « milieu alternatif » local ; objectif correspondant à la nécessité d’avoir un lieu permettant de développer tout un ensemble d’activités et offrant un « point de rendez-vous ».

112 D’ailleurs, il n’est pas pertinent de vouloir le préciser d’un point de vue théorique. On peut tout au plus en tracer les contours, en sachant qu’ils sont mouvants, un peu à la manière de Julie quand elle prend l’exemple grenoblois : « Mais en gros sur Grenoble quand j’entends, quand on me dit « milieu alternatif », je vois cette

espèce de réseau large que j’essayais de décrire qui va du milieu… alors déjà il y a plusieurs milieux. Il y a le milieu associatif, le milieu squat et un milieu artistique, et aussi un milieu politique. Moi je mets ces milieux, je mets le milieu squat parce que je sais pas où le caser. Pour moi c’est un peu ça, en gros c’est toutes les personnes qui essaient de construire quelque chose de différent et qui à la fois s’insurgent contre des politiques abusives. Donc, en gros le milieu artistique, c’est les intermittents et toutes les personnes qui font que l’art c’est pas seulement une marchandise. Dans le milieu politique, évidemment il y a tous les groupes comme la CNT ou la Fédération Anarchiste, mais cela va de soi. Les squats ben voilà, tout ce que j’ai dit ça rentre à peu près là-dedans. Après, au niveau des associations, je vais parler essentiellement de la pépinière associative qui est Cap Berriat qui essaie d’accompagner des assos mais qui est institutionnalisée. Attention des fois le milieu alternatif ça veut pas dire que c’est des gens qui sont en dehors des institutions, mais qui défend en gros une certaine couleur politique et une certaine éthique qui correspond pas à un ordre dominant Le milieu alternatif pour moi, c’est des personnes qui essaient de construire « un monde meilleur », voilà j’emploie des formules aussi bateau que ça parce que je trouve que ça correspond à « milieu alternatif » quoi ». (Julie, 400 Couverts, Grenoble)

« Sachant qu’à Dijon, on a aussi la spécificité d’avoir un local duquel nous sommes propriétaires, qui s’appelle « le local libertaire » qui est en centre ville dans lequel, pendant pas mal de temps on a fait ce truc de distro (fanzines, disques, bouquins), un resto végétalien tous les jeudis, avec des débats, projections et qui nous servait aussi de lieu de réunion, d’activités, sauf qu’il était petit. […] Et il s’est joint, à un moment, divers intérêts autour de l’envie d’avoir un gros lieu public où l’on puisse développer d’autres types d’activités, au sein duquel puissent se rencontrer aussi des militants, des artistes, des associations et essayer de faire fusionner un peu tout ça. Avoir un lieu un peu plus gros, un peu plus fédérateur. […] Les gens qui étaient à la base de ça, du coup, c'était pas mal des gens du collectif Maloka. Collectif anarchiste dijonnais, issu de l'anarcho-punk on va dire. Et qui, au cours des années, avant que les Tanneries ouvrent, était dans des actions militantes de type anticapitaliste, pour faire large on va dire avec tout un tas d'actions, des journées anti-Macdo, des manifs en vélo, des actions en supermarché contre les OGM […] Après, voilà, c'était du coup des gens, on va dire, d'une vingtaine d'années, à l'époque, assez fortement lookés, c'était encore la période encore un peu crust : Patch, dreadlocks, piercing, habits puants et troués… Bon, ce n'était pas que ça, mais quand tu regardes un peu des images d'époque, il y a avait une espèce de culture un peu comme ça avec un espèce de mélange. C'est aussi un peu l'époque de l'apogée de la culture free-party en France, on avait aussi des potes qui étaient plus là-dedans, avec aussi le côté militant dans la démarche qui s'était peut-être un peu plus perdue après. Il y avait un milieu autour de ça, avec des gens qui n'étaient pas tous forcément militants, il y avait aussi des potes que l'on avait de soirées, des gens qui venaient aux concerts, des espèces de rebelles marginaux dijonnais, plus ou moins impliqués dans des actions politiques. On va dire, le groupe qui a un peu monté l'occupation, c'est plus ça. » (François, Espace Autogéré des Tanneries, Dijon)

L’exemple grenoblois est différent, notamment parce que le territoire est plus grand. Mais la différence est surtout à mettre en rapport avec d’une part, la concentration des lieux et d’autre part, la sociologie d’une ville qui a vu, ces dernières décennies, le nombre d’acteurs participants potentiels du « milieu alternatif », de par leurs activités, grandement augmenter. Souvenons-nous du propos de Julie et constatons qu’à Grenoble, ce milieu est beaucoup plus mouvant, ce qui est amplifié par l’absence de « passage obligé ». A Dijon et à Bourges, ces acteurs se croisent dans un seul lieu, à Grenoble les possibilités sont plus variées. L’exemple grenoblois paraît d’ailleurs être une métaphore de l’entrecroisement des cercles sociaux de Simmel. Plus les lieux et les acteurs sont nombreux, plus les croisements sont fréquents, mais plus le milieu est différencié. C’est à dire que les gens se croisent, se reconnaissent mais se

connaissent moins. Cette différenciation fait que les lieux sont moins structurants114, ils sont

juste liants. Le milieu, dans ce cas, ne regroupe pas seulement des acteurs différents, mais se

113 Par ville, il faut plus entendre ici agglomération que commune.

114

construit autour de « l’entrelacement » de groupes différents. Ce qui laisse une marge plus

grande à chaque individu mais augmente les possibilités de conflits115.

Ce qui est vrai à Grenoble l’est encore plus à Paris. Il semble d’ailleurs difficile de penser Paris en termes de « milieu alternatif » ou alors il faudrait le conjuguer au pluriel. La différenciation est beaucoup plus poussée, ce qui paraît être une évidence compte tenu de la

densité et de la superficie de cette ville116. La résultante, c’est que la reconnaissance

n’implique pas la connaissance. Ainsi, les réseaux actes-if et inter-squats parisiens ne se croisent que très rarement. Pour l’anecdote, j’ai été témoin de la rencontre à Grenoble des acteurs de Mains d’œuvres et de l’Atoll 13, qui ont ainsi pu faire véritablement connaissance loin de Paris. Certains individus s’étaient tout de même croisés auparavant, chacun était au courant de l’existence de l’autre mais le fait est qu’ils ont fait connaissance dans le trajet de tramway qui reliait la gare à la Bifurk, lieu qui accueillait le débat auquel ils étaient invités. Ce genre d’exemple permet tout de même de penser un potentiel « milieu alternatif » parisien, ne serait-ce que virtuel. La méconnaissance de l’autre n’induit pas une indifférence par rapport à l’autre. Effectivement, certains lieux ne sont pas directement reliés entre eux, mais ils peuvent l’être de manière indirecte. Le contexte urbain parisien ne permet pas de penser ce milieu de manière globale, mais il n’empêche que ce qui a été dit précédemment par rapport au réseau-rhizome reste vrai, et au gré des pérégrinations individuelles, on pourrait éventuellement imaginer une cartographie dynamique des connexions parisiennes… Cette tâche semble, en bien des points, devoir rester du côté de l’imagination justement. Par contre, ce qui n’est pas possible pour Paris est envisageable pour Grenoble, l’exemple grenoblois pouvant servir de « point de référence » du point de vue des interactions urbaines… mais n’allons pas trop vite.

Ces réflexions conduisent à poser la question problématique du monde. Alain Pessin, en prenant l’exemple de la Croix-Rousse à Lyon, évoque le « monde de l’alternative » –

115 Patrick Watier résume ainsi le propos de Simmel concernant l’entrecroisement des cercles sociaux :

« L’entrecroisement des cercles sociaux est un modèle de différenciation sociale qui conduit à la description d’une société caractérisée par des appartenances plus souples, les appartenances ne sont plus concentriques, une appartenance de base définissant toutes les autres, mais entrecroisées, les cercles se recoupent ou se chevauchent, et chaque individu est supposé pouvoir réaliser une figure singulière d’entrecroisement. Un tel modèle accroît la marge de liberté individuelle, tout en produisant des « complications morales » nouvelles : en effet, moins soumis au regard d’un seul groupe, l’individu est confronté à d’éventuelles contradictions résultant de ces multi-appartenances. » Patrick Watier, op. cit., 2003, p 32-33.

116

Concrètement, même à l’époque où la concentration des lieux était la plus développée à Grenoble, il était possible de les croiser tous en à peine une demi-journée lors d’une dérive urbaine à pied (à condition de ne pas s’arrêter boire le thé dans chaque lieu). A Paris, une « tournée » des lieux ne peut pas s’imaginer sans transports

expression potentiellement synonyme de « milieu alternatif » – qui apparaît être, toujours selon Alain Pessin, une « société d’exception ». Cette société se constitue autour de ce qui fait sa singularité, c’est à dire sa souplesse. Il s’agit d’une société qui « construit à mesure sa propre culture comme une médiation éphémère, dont les formes sont offertes d’avance à se

dissoudre pour la mise en actes de tournures nouvelles de l’expérience collective. »117

Ce « monde de l’alternative », que l’on peut associer à la définition de Becker118

, nous indique-t-il qu’il faudrait considérer, en son sein, « le monde des lieux culturels intermédiaires », tout simplement ? Peut-être que les choses sont plus complexes que cela. Il faudrait intégrer les différents acteurs qui traversent ces lieux au sein d’un tel monde : les acteurs des lieux, bien sûr, mais aussi les militants, les structures associatives, les artistes, les habitants, les travailleurs sociaux, les opérateurs culturels et même les collectivités territoriales… Il paraît difficile d’« enfermer » tous les acteurs de la ville et de la culture dans un seul « monde ». Il s’agit plutôt de considérer des lieux à la croisée des mondes ; et ces mondes sont ceux de la ville et de la culture.

Le propos d’Alain Pessin ouvre une autre réflexion. Il fait référence à la dimension éphémère, à la potentielle dissolution des expériences alternatives, mais aussi à leur émergence permanente par le biais de « tournures nouvelles ». Qu’en est-il d’une telle dynamique qui produit sans cesse des formes, pas si nouvelles que ça, à partir d’autres formes, pas si disparues que cela ? Cette question incite à aborder cette dynamique, celle issue de la tension entre inscription et subversion. Il convient auparavant d’interroger ces autres formes auxquelles les lieux empruntent.

__________

Une étape reste à franchir afin de nous approcher encore plus près du lieu culturel intermédiaire. Nous venons ici de prendre en compte un élément essentiel : les singularités

en commun (même en laissant de côté les lieux situés en banlieue, tels que Mains d’œuvres ou Gare au Théâtre) et la demi-journée paraît courte.

117

Alain Pessin, L’imaginaire utopique aujourd’hui, 2001, p 170.

118 Rappelons-nous de cette définition, qui concerne effectivement les mondes de l’art, mais qui peut être élargie : « le réseau de tous ceux dont les activités, coordonnées grâce à une connaissance commune des moyens

conventionnels de travail, concourent à la production des œuvres qui font précisément la notoriété du monde de l’art ». Howard S. Becker, Les mondes de l’art, p 22.

sont peut-être la meilleure porte d’entrée pour considérer le commun. Après avoir présenté chaque lieu, la mise en perspective – et en discussion – des singularités n’a pas mis en évidence de différence fondamentale au niveau de la dynamique motrice des lieux. Au contraire, les singularités ne figent pas les lieux, ne serait-ce qu’au niveau de la manière dont on peut se les représenter, étant donné que l’« esprit » du lieu est bricolé, mouvant. Par ailleurs, le constat des interconnexions réticulaires entre les lieux, qui se donnent notamment à voir au niveau local, suggère l’existence d’un espace du commun. Mais si la réalité d’un tel espace s’appuie sur ce constat, un élément reste à interroger. Si ces lieux sont connectés, c’est peut-être qu’au-delà des intérêts communs, il y a aussi des références communes, voire un « imaginaire » commun. Ainsi, il paraît nécessaire désormais de remonter les flots du temps et d’adopter une démarche socio-historique.

II. Ruissellements : une approche socio-historique

Cette troisième étape du cheminement vers le lieu va nous conduire à opérer un détour par le passé. Ce qui ne va pas sans interroger. Les considérations du propos qui va suivre pourraient en effet paraître subsidiaires, voire inopportunes, tant elles nous éloignent de la réalité des lieux, à savoir une réalité contemporaine. Toutefois, il me paraît important de rappeler que si ces lieux s’inscrivent dans des histoires de vie individuelles et collectives, ils font aussi référence à d’autres histoires, sans forcément de majuscule mais non dénuées d’ancrage dans le temps. Ces histoires, que l’on peut qualifier, à la manière de Greil Marcus, de

« secrètes »119, apparaissent comme autant de ruissellements venant irriguer les lieux

observés. Il faut voir ici la métaphore du « ruissellement », empruntée à Gilbert Durand120,

comme l’illustration du fait que les lieux ne sont pas sortis de terre à partir de rien. Ils ont été bricolés à partir d’emprunts à des mouvements sociaux et culturels passés, et à ce titre, ils sont à la croisée de différents univers symboliques.

Il ne faut pas pour autant imaginer ici des filiations directes mais plutôt des généalogies imaginaires ; généalogies qui font référence à des « prédécesseurs » ou à « des pères fondateurs » qui participent, de manière symbolique, à l’expérience du lieu. Pour le dire à la

manière de Schütz ou de Berger et Luckmann121, les mouvements qui vont nous intéresser ici

s’inscrivent dans cette expérience à travers la transmission, ils participent des « stocks de connaissances » des acteurs et de la sorte, sont convoqués au travers des récits, des discours voire des pratiques. A ce titre, c’est bien la question de la mémoire qui est évoquée ici ; non pas une mémoire qui se limiterait à un « vague souvenir » mais une mémoire, bien qu’imaginaire, active, parce que bricolée. Ainsi, tout phénomène social a priori nouveau ne