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Des outils de positionnement centrés sur l’analyse des situations professionnelles Dans le contexte en mouvance de la formation professionnelle et de l'évolution des

Du langage au travail, à la formation des employés Introduction

4.3. Des outils de positionnement centrés sur l’analyse des situations professionnelles Dans le contexte en mouvance de la formation professionnelle et de l'évolution des

pratiques didactiques, le CLP élabore un outil de positionnement interbranches, destiné à mesurer les compétences de communication (écrite et orale), en situation professionnelle.

Cette approche s’inscrit dans le courant didactique du FLP et marque l'évolution des pratiques de formation jusqu'alors dominées par des contenus à visée sociale, dont l'approche pédagogique se situe sous l'influence du modèle scolaire. Cette démarche d'évaluation prend appui sur les référentiels métiers et l'analyse des besoins, en situation.

Cet outil se présente sous la forme d’un cercle représentant un ensemble de compétences langagières qui se réfèrent à des situations de la vie professionnelle. Une progression partant du centre, permet de mesurer l’évolution des compétences langagières et donc de déterminer les acquis du salarié (De Ferrari, 2007). Les situations communicatives proches du poste de travail se situent au centre du cercle. Les compétences langagières sont réparties sur onze axes. Ces axes se rassemblent autour de trois grandes dimensions qui permettent d’évaluer la perception de l’environnement de travail (« pôle réflexif »), la gestion de l’activité (« pôle organisationnel ») et la gestion de l’information avec le « pôle communicationnel » (De Ferrari & Mourlhon-Dallies, 2008, pp. 22-23).

La dimension relative à la gestion de l’information concerne plus particulièrement les compétences langagières, auxquelles notre étude s’intéresse. Il s’agit de la verbalisation relative aux tâches et à l’activité. Notons que l'outil de positionnement propose une approche catégorisée par genres discursifs et de communication : « décrire pour faire faire », « rendre compte » et « justifier » (De Ferrari, 2007, p. 51). Cela permet d’appréhender les compétences langagières relatives à la circulation de l'information et à la transmission des consignes écrites et orales. Cette dimension prend également en considération les codes socioculturels relatifs à la situation professionnelle.

Les dimensions critique et pragmatique permettent d’évaluer le discours produit et de mesurer s’il est adapté à la situation de communication.

La dimension socio-affective permet d'ajuster la communication en fonction des réactions de l’environnement. Il s'agit du regard perçu par l'interlocuteur et de la manière de l'envisager, soit par un blocage, soit par la prise de distance face à une moquerie ou une plaisanterie.

Enfin, soulignons que cet outil comporte une dimension organisationnelle. Celle-ci prend en compte les capacités cognitives associées à la communication, comme l'observation, la compréhension, l'organisation et l'anticipation mobilisées sur le poste de travail. Notons que ces capacités peuvent être rapprochées de la raison graphique et des compétences issues de la tradition orale, évoquées au chapitre III, car elles peuvent être puisées dans l’expérience. Cet outil s'inscrit donc dans la visée du français langue professionnelle. La démarche propose une entrée par compétences générales, quel que soit le métier.

Le référentiel des compétences clés professionnelles publié par l’ANLCI en 2009 s’inscrit également dans la démarche du FLP. Plutôt qu’un référentiel et de même que l’outil de positionnement du CLP, ce document est avant tout un support qui permet de repérer des informations sur les compétences des salariés. Il permet de recueillir des compétences langagières en situation professionnelle, en fonction de trois niveaux : « imitation », « adaptation », « transposition ». Notons que pour évoquer les compétences professionnelles des adultes, ces termes renvoient à des savoir-faire rudimentaires.

Des capacités professionnelles (reproduire une tâche, donner une information), des savoirs « généraux » (oral, écrit, calcul, espace/temps) et « appliqués » (informatique, technologie, attitudes et comportements, gestes, postures, observation, ouverture culturelle) sont déclinés en fonction de ces niveaux. Ils permettent notamment d’identifier des situations de communication de la vie professionnelle ou quotidienne comme « utiliser des mots du lexique professionnel », « établir une facture » ou « expliquer un itinéraire ».

Notons que l’évaluation de certains savoirs généraux cités dans ce référentiel nécessite une mise en situation ou de se déplacer sur le poste de travail pour observer leur mise en œuvre. Il s’agit notamment de ceux qui relèvent de la rubrique espace/temps : situer dans l’espace et dans le temps, ordonner la succession de sous-tâches, faire face à un aléa et s’organiser pour atteindre un objectif.

Conclusion partielle

De la présentation des pistes didactiques issues de travaux de recherche sur le langage au travail, nous pouvons retenir les éléments suivants.

Le courant du Français langue professionnelle s’inscrit dans la lignée des recherches car il envisage la formation linguistique en lien avec le contexte de mise en œuvre des savoirs langagiers. Ainsi, ce courant didactique permet une approche de la maîtrise de langue qui prend en considération le contexte professionnel et donc les acquis des apprenants. Pour valoriser les compétences langagières mobilisées sur le poste de travail il est nécessaire de mieux les connaître.

Cependant, bien que le courant didactique du FLP montre de multiples avantages pour la formation des salariés, il convient de rester prudent. D’une part, le passage par la formation peut devenir une contrainte supplémentaire, qui s'imposerait aux salariés de premiers niveaux de qualification. D’autre part, comme nous l’avons déjà évoqué, étudier la langue en vue de réinvestir les nouveaux savoirs dans les situations professionnelles ne doit

pas faire oublier les autres contextes dans lesquels les compétences sont construites et mobilisées.

Conclusion du chapitre

L'étude des recherches sur le langage au travail mène aux conclusions suivantes. Les changements intervenus dans l’organisation des entreprises, associés à celui des moyens de communication, modifient le rôle et le statut du langage au travail. Dans cette même période, les chercheurs orientent leurs travaux sur les discours des employés, y compris les moins qualifiés. Le langage est alors envisagé sous l’angle des usages sociaux et de la variation.

Les travaux de recherche du réseau Langage et Travail sont issus de ce courant. L’interdisciplinarité qui le caractérise, procure une approche élargie et contextualisée du langage au travail. Dans le sillage des travaux des ethnologues et des ergonomes, notre recherche se situe au carrefour de la sociolinguistique et de la didactique des langues.

Les travaux du courant didactique du français langue professionnelle sont issus de ceux des chercheurs. Soulignons qu’ils tiennent compte du contexte dans les apprentissages langagiers. Toutefois la mise en relation des apprentissages avec le contexte professionnel ne doit pas faire oublier la dimension sociale du langage, et plus particulièrement de l’écrit auquel notre étude s’intéresse. Ainsi, il serait réducteur de centrer les apprentissages seulement sur l’usage des écrits professionnels. Le développement de la dimension critique évoquée par F. Mourlhon-Dallies gagnerait à être envisagée de manière globale, au-delà des enjeux liés à l’écrit dans les situations professionnelles.

Parmi les bénéfices de cette démarche citons également la prise en compte des savoirs et savoir-faire des apprenants. L’étude des outils de positionnement qui s’inscrivent dans la démarche didactique du FLP, montre que les compétences langagières sont envisagées de manière globale, en lien avec les compétences de numératie et d’autres compétences cognitives qui relèvent de la raison graphique comme la gestion de l’espace et du temps. Ainsi, il convient de mieux connaître ces compétences empiriques et de les décrire pour les valoriser.

CHAPITRE V

La place de l’écriture et des écrits dans les formations

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