Rappelons, avant de présenter un portrait du VIH/sida au Mali en le comparant, pour la plupart des indicateurs, aux données relatives à l'échelle mondiale et en le situant par rapport aux moyennes de l'Afrique subsaharienne, quelques chiffres et statistiques introduites un peu plus tôt. Pour l'année 2005, les estimations établissaient à 38,6 millions le nombre global d'individus vivant avec le VIH/sida, à 4,1 millions les nouveaux cas d'infection et à 2,8 millions les décès attribuables au sida pour la même année (ONUSIDA/OMS, 2006a). Bien que certaines régions du monde aient connu des taux croissants d'infection, ce qui est le cas notamment de l'Asie, c'est en Afrique subsaharienne, plus précisément dans la sous-région de l'Est que la prévalence demeure la plus élevée, avec des taux variant entre 15 et 34%. De son côté, la sous-région ouest de l'Afrique dont fait partie le Mali, demeure la région la moins touchée avec, dans plusieurs pays, une prévalence inférieure à 2%.
Suivant la tendance du continent au sud du Sahara, le Mali a connu, entre 2003 et 2005, un léger recul quant au taux de prévalence du VIH chez sa population âgée entre 15 et 49 ans. Alors que l'ensemble de l'Afrique noire a vu son taux de prévalence passer de 6,2% à 6,1%, le Mali lui, l'a vu diminuer de 1,8% à 1,7%. La prévalence de l'infection à l'échelle globale est de son côté demeurée au même niveau avec un taux de 1 % pour les deux années étudiées (figure 9).
Figure 9 : Estimation des taux de prévalence (%) du VIH chez les 15-49 ans dans le monde, en Afrique subsaharienne et au Mali, en 2003 et en 2005
Monde Afrique
subsaharienne
Lieu
Mali
2003 2005
Source : ONUSIDA/OMS, 2006a Malgré ce léger recul du taux de prévalence du VIH en Afrique subsaharienne, il demeure qu'un nombre de plus en plus important de personnes, adultes et enfants, hommes et femmes, soit infecté. Ainsi, entre 2003 et 2005, 10 000 Maliens et Maliennes ont contracté le virus, portant à 130 000 le nombre d'individus infectés au pays, ce qui suit la tendance de l'Afrique subsaharienne qui a vu son nombre de personnes infectées augmenter d'un million pour passer de 23 500 000 à 24 500 000. Le monde comptait enfin 38 600 000 cas de VIH en comparaison à 36 200 000 pour l'année 2003, un accroissement de 2 400 000 personnes entre les deux années (tableau 1 ).
Tableau 1 : Estimation du nombre de personnes (adultes et d'enfants) vivant avec le VIH dans le monde, en Afrique subsaharienne et au Mali, en 2003 et en 2005
Région/pays 2003 2005 Région/pays Estimations Monde Afrique subsaharienne Mali 36 200 000 23 500 000 120 000 38 600 000 24 500 000 130 000
Source : ONUSIDA/OMS, 2006a Si nous isolons le groupe des personnes âgées de 15 ans et plus, les deux sexes confondus, et vivant avec le VIH, nous constatons, à la lumière des données présentées dans le tableau 2, que leur nombre a augmenté à l'échelle globale et en Afrique subsaharienne, alors qu'il est resté le même au Mali, ce qui laisse supposer que les 10 000 cas supplémentaires de l'année 2005 relevés au tableau précédent appartenaient à la tranche d'âge des moins de 15 ans. Ainsi, 110 000 individus de 15 ans et plus étaient infectés au Mali en 2003 et en 2005, alors que dans le monde, ils passaient de 34 000 000 à 36 300 000 et que dans l'ensemble de l'Afrique au sud du Sahara leur nombre se voyait augmenter de 21 600 000 à 22 400 000 pour la même période.
Tableau 2 : Estimation du nombre d'individus âgés de 15 ans et plus vivant avec le ■ VIH dans le monde, en Afrique subsaharienne et au Mali, en 2003 et en 2005
Région/pays 2003 2005 Région/pays Estimations Monde Afrique subsaharienne Mali 34 000 000 21 600 000 110 000 36 300 000 22 400 000 110 000
les deux années, faisant de cette façon diminuer le nombre d'hommes atteints au cours de cette même période et de ce même groupe d'âge. Ainsi, les femmes Maliennes étaient, en 2003, 1,3 fois plus touchées que les hommes par l'infection et en 2005, 1,5 fois, toujours chez les 15 ans et plus. Cette tendance s'observe à l'échelle de l'Afrique subsaharienne où une augmentation du nombre de femmes atteintes de l'ordre de 600 000 a été notée entre les deux années (respectivement 12 600 000 et 13 200 000), portant ainsi le ratio à 1,4 femme infectée pour un homme également touché. Toutefois, bien qu'à l'échelle mondiale le nombre réel de femmes porteuses de la maladie ait aussi augmenté, passant de 16 300 000 à 17 300 000 cas entre 2003 et 2005, il demeure que les hommes sont légèrement plus atteints avec une proportion de 1,1 homme pour 1 femme, et ce pour les deux années visées (tableau 3).
Tableau 3 : Estimation du nombre de femmes de 15 ans et plus vivant avec le VIII dans le monde, en Afrique subsaharienne et au Mali, en 2003 et en 2005
Région/pays 2003 2005 Région/pays Estimations Monde Afrique subsaharienne Mali 16 300 000 12 600 000 63 000 17 300 000 13 200 000 66 000
Source : ONUSIDA/OMS, 2006a L'écart entre les hommes et les femmes d'Afrique subsaharienne en général et du Mali en particulier est encore plus marqué si nous observons les données relatives à l'infection chez la population des 15 à 24 ans pour l'année 2005. Ainsi que l'indique la figure 10, les taux de prévalence de l'infection en Afrique au sud du Sahara étaient de 1,5% chez les hommes et de 4,3% chez les femmes pour un ratio de 2,9 alors qu'au Mali, en comparaison, la prévalence affichait des taux de 0,4% chez les hommes et de 1,2% chez les femmes pour un ratio de 3. Les femmes Africaines du sud du Sahara âgées entre 15 et 24 ans sont donc 3 fois plus infectées par le virus du sida que ne le sont les hommes du même groupe d'âge.
Figure 10 : Comparaison des taux de prévalence estimée du VIH (%) entre les hommes et les femmes âgés entre 15 et 24 ans en Afrique subsaharienne
et au Mali en 2005 !. 4 3 S* 2 I 0
Afrique subsaharienne Mali
Lieu
■ Femme Homme
Source : ONUSIDA/OMS, 2006a Le Mali présente par ailleurs des taux de prévalence du VIH chez les femmes enceintes relativement élevés par rapport à un de ses pays voisins, le Burkina Faso, dont la capitale, Ouagadougou, a connu, entre 2002 et 2005, une diminution de 1,5% de la prévalence chez cette même population âgée entre 15 et 24 ans (de 3,3% à 1,8%). En comparaison, l'ensemble du Mali a dû faire face, au cours de cette période, à une augmentation variant entre 0,8% et 3% d'infection chez les femmes enceintes âgées de 15 ans et plus. Ainsi, les femmes enceintes de 15 à 19 ans ont connu des taux d'infection passant de 2,5% en 2002 à 3,4% en 2005, une augmentation de 0,9%, alors que celles âgées de 35 ans et plus présentaient des taux variant de 1,5% à 4,5% pour la même période, un accroissement dans ce cas de l'ordre de 3%. Une fois les âges confondus, la hausse était de 0,8%, passant de 3,3% en 2002 à 4,1% en 2005 (figure 11).
Figure 11 : Comparaison des taux de prévalence estimée du VIH (%) parmi les femmes enceintes âgées entre 15 et 24 ans de la capitale burkinabé et de l'ensemble du
Mali, par groupe d'âges, entre 2002 et 2005
s?
15-24 ans 15-19 ans
Tous les âges + de 35 ans
Qroupe d'âges
2002 ■ Bukina Faso 2005 ■ Mali
Sources : Burkina Faso : ONUSIDA/OMS, 2006a Mali : ONUSIDA/OMS, 2006b À l'échelle globale, le nombre d'orphelins du sida âgés entre 0 et 17 ans et toujours en vie a progressé de façon importante, passant de 12 600 000 en 2003 à 15 200 000 en 2005, une hausse de 20,6%. Le Mali a connu une augmentation semblable, de l'ordre de 20,5%, comptant en 2005, 94 000 enfants devenus orphelins des suites du sida. L'ensemble de l'Afrique subsaharienne est aussi touchée, mais de façon légèrement moins prononcée avec une augmentation de 17,6% du nombre d'enfants orphelins pour la même période (10 200 000 en 2003 et 12 000 000 en 2005) (tableau 4).
Tableau 4 : Estimation du nombre d'orphelins du sida vivants (0-17 ans) dans le monde, en Afrique subsaharienne et au Mali, en 2003 et en 2005
Région/pays 2003 2005 Région/pays Estimations Monde Afrique subsaharienne Mali 12 600 000 10 200 000 83 000 15 200 000 12 000 000 94 000
Source : ONUSIDA/OMS, 2006a À titre comparatif, la figure 12 présente différents taux de prévalence du VIH relevés auprès des travailleuses du sexe de la ville de Bamako et de quelques autres capitales du monde, et ce pour les années 2000 et 2005. Il en ressort que Bamako, Dakar et Ciudad- Guatemala ont connu des hausses du taux d'infection au VIH parmi leur population féminine échangeant du sexe contre une forme quelconque de rétribution. En plus de présenter les plus forts taux de prévalence, les deux capitales africaines ont vu ces taux s'accroître de façon beaucoup plus marquée que celui de la capitale guatémaltèque qui a crû de 6,4%, portant à 8,7% la prévalence du VIH parmi la population étudiée. Ainsi, la prévalence du VIH est passée de 21 % à 31,6% à Bamako, une hausse de 10,6% et de 13% à 27,1% à Dakar, pour une augmentation de 14,1%. Les autres pays présentés ont tous connu une baisse plus ou moins importante des taux de prévalence de l'infection chez les travailleuses du sexe pratiquant au sein de leur capitale respective. Katmandou a sans doute connu la chute la plus importante, passant de 17,1 à 2,0 le pourcentage des travailleuses du sexe infectées, suivie de Bangkok dont les taux ont varié de 8,5% à 4,3%. Le Honduras et la République Dominicaine concluent cet exercice en présentant une décroissance respective de 2,8% et 1,6%.
Figure 12 : Estimation des taux de prévalence du VIH (%) au sein des travailleuses du sexe de Bamako et de quelques autres capitales du momie' pour les
années 2000 et 20054 35 :tn 25 20 15 10
Bamako Katmandou Tegucigalpa Santo Domingo Dakar Ciudad-Guatemala Bangkok
Villes
■ 2000 2005
Ces données proviennent dans la plupart des cas de surveillance sentinelle de routine. La figure donne l'année de notification la plus récente et la valeur médiane pour les sites de surveillance dans la capitale. 2 Le choix des capitales présentées tient de la disponibilité des taux de prévalence sur deux périodes de suivi. 11l s'agit dans l'ordre des capitales des pays suivants : Mali, Sénégal, Népal, Guatemala, Honduras, Thaïlande et République Dominicaine.
4 La seconde donnée des villes de Bangkok et de Santo Domingo réfère à l'année 2004.