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d'études Types d'intervention Champ

Chapitre 3 : Plan méthodologique

3.3 Collecte de données

3.3.2 Outils de collecte de données

La première étape de notre collecte de données visait à rencontrer de jeunes filles s'adonnant à des activités sexuelles contre rétribution en abordant les thèmes suivants : les trajectoires familiales, scolaires, résidentielles, sanitaires et de travail, les expériences vécues et le contexte lié au travail sexuel, l'histoire relationnelle et les expériences sexuelles qui y sont reliées, les réseaux sociaux au sein desquels elles évoluent, de même que les risques connus du travail sexuel, les moyens pour s'en protéger et les ressources pour leur venir en aide. Pour ce faire, nous avons opté pour l'entretien individuel qui « [...]

interrogé » (de Loenzien, 2006). Particulièrement féconde dans la création d'une relation de confiance et d'un climat de confidence nécessaires au recueil d'un matériel riche de sens, la technique d'entretien individuel nous est parue appropriée étant donné le type d'informations que nous allions chercher (Beaud et Weber, 2002). De nature personnelle et expérientielle, ces informations ont été recueillies de façon semi-directive en laissant tout l'espace à la parole des filles rencontrées qui ont été invitées à se raconter dans un discours de style « récit de vie », mais dans une version plus simple et plus facile d'accès qu'Olivier de Sardan a nommé « séquences de vie ». Cette façon de faire amène les participants à retracer des épisodes biographiques limités choisis en fonction de leur pertinence pour l'enquête, dans ce cas-ci des épisodes liés aux thèmes à couvrir (Olivier de Sardan, 2003). Développée à partir de la littérature scientifique consultée dans l'élaboration de la problématique du VIH/sida chez les jeunes, en particulier chez celles qui échangent des actes sexuels contre de l'argent ou d'autres biens, une grille d'entretien a été préférée au canevas qui convient mieux aux entretiens de type non directif (annexe 3). Ainsi, seuls quelques thèmes centraux ont au préalable été identifiés et quelques sous-thèmes précisés pour s'assurer qu'ils soient tous abordés par la personne qui allait conduire les entretiens. En plus d'autoriser la relance de l'interlocuteur en cours d'entretien, cet outil « [...] permet de concilier la poursuite d'un objectif précis, la recherche d'une relative comparabilité des réponses [...] et le recueil d'informations significatives pour les personnes interrogées » (de Loenzien, 2006). L'entretien semi-directif nous est ainsi apparu comme un choix juste du fait de la spontanéité et de la liberté des propos qu'il suscite en même temps qu'il assure un tour complet des thèmes à aborder pour répondre à la problématique à l'étude. Notons enfin qu'en vue d'éviter d'induire des réponses et de rendre les personnes rencontrées le plus à l'aise possible, une attention particulière a été portée à l'ordre des thèmes qui ont été présentés du plus large au plus précis (de Loenzien, 2006). La question suivante ouvrait donc l'entretien pour ensuite poursuivre selon ce que la participante racontait et ainsi de suite, jusqu'à ce que l'ensemble des thèmes ait été couvert : Parle-moi un peu de toi. Peux-

Comme nous avions envisagé qu'il serait probablement difficile d'obtenir un matériel d'analyse suffisamment riche à travers les entretiens individuels qui nécessitent, aux dires de Beaud et Weber, « une certaine habitude de parler de soi ou de «s'épancher» » (2002:216), ce qui n'est pas le cas des jeunes filles du contexte culturel étudié, nous avions dès le départ prévu de tenir quelques groupes de discussion centrée « [...] qui procurent un sentiment d'anonymat plus grand que dans le cas de l'entretien individuel » (de Loenzien, 2006:92). Cette décision a été prise certes pour augmenter le volume d'informations à traiter, mais avant tout pour répondre aux objectifs de la recherche qui visaient à documenter la part attribuable au contexte normatif dans le risque particulièrement élevé au VIH/sida des filles amenées à se prostituer pour gagner de l'argent. Cette technique nous est parue appropriée pour y arriver du fait « [...] qu'elle donne un aperçu global de ce qui est socialement acceptable, ce qui est [...] très utile à certaines études qui s'intéressent aux normes sociales » (de Loenzien, 2006:93). Nous avons ainsi tenté, à l'aide des groupes de discussion centrée, de recréer en quelque sorte un milieu très proche des conditions sociales dans lesquelles les opinions se forment, duquel les attitudes collectives émergent au contact avec les autres membres de la société.

À l'instar des entretiens individuels, une grille comportant les thèmes à aborder au cours des groupes de discussion centrée a été élaborée (annexe 4). De cette façon, les représentations de la santé sexuelle et reproductive, de la sexualité, des relations hommes- femmes, de la fidélité et de la virginité, de l'estime de soi et de l'autonomie ont toutes été discutées par les participantes et les participants. Une précaution particulière a été mise de l'avant dans la formation des groupes, eu égard notamment à l'homogénéité des caractéristiques sociodémographiques des jeunes. En vue de contrer un éventuel biais de courtoisie qui « consiste à préférer laisser parler quelqu'un dont le statut est plus valorisé que le sien plutôt que de parler de soi-même » (de Loenzien, 2006:93), nous avons formé des groupes selon des catégories d'âge faiblement étendues, sachant que cette variable est très sensible dans le contexte africain en général et malien en particulier. Non que l'âge en

ou nuancer un propos émis. Or, la discussion de groupe vise tout le contraire. Cet exercice a en effet pour visée de favoriser les interactions entre les participants et participantes et stimuler les réactions face aux commentaires des uns et des autres sur un sujet précis, ce qui se serait avéré impensable sans cette préoccupation entourant la formation de groupes homogènes.

3.3.3 Échantillonnage

Compte tenu des objectifs posés par le présent projet qui visaient « moins à mesurer [qu'à] découvrir une logique » (Beaud, 2003:229), du caractère exploratoire de sa démarche et des contraintes de temps et de moyens dont nous devions tenir compte, nous avons opté pour un échantillonnage de type non probabiliste. Particulièrement appropriée lorsque l'on s'intéresse au pourquoi et au comment d'un fait social spécifique, dans ce cas-ci le risque d'infection au VlH/sida de jeunes filles s'adonnant à des pratiques de prostitution, la technique d'échantillonnage typique s'est avérée intéressante du fait que nous nous n'intéressions pas « aux variations à l'intérieur de la population, mais plutôt à [une] particularité de celle-ci» (Beaud, 2003:225), à savoir sa fragilité face aux normes sociales régissant les rapports hommes-femmes. L'échantillonnage typique, ou « puiposive sampling », regroupe des « participants according to preselected criteria relevant to a particular research question » (Mack, Woodsong et al., 2005:5). L'échantillon des jeunes filles a ainsi été formé « [...] non pas en fonction de sa représentativité statistique, mais du fait de son caractère typique, parce que l'on pense qu'il ne présente aucun trait particulier, exceptionnel, susceptible d'affecter fortement le phénomène étudié, et donc que ce qu'on y a observé est suffisamment semblable à ce qu'on aurait trouvé ailleurs » (Matalon,

1988:80-81). Cette particularité, ou caractère typique du climat social dans lequel des jeunes filles se livrent à des activités sexuelles contre rétribution s'est lentement dessinée à

travers l'examen d'une littérature importante à ce sujet, tant en contexte africain (Bajos, 1997; Adomako, 1998; Caraël et Holmes, 2001; Koné, Henry et al., 2002; Barker et Ricardo, 2005; CCISD, 2005) qu'au sein d'autres pays en développement (Bhende, 1993;

La taille de l'échantillon final, qui n'avait pas au préalable été fixée, a été déterminée suivant le principe de saturation rapidement mentionné plus haut, qui signifie « [...] that no additionnai data are being found whereby the sociologist can develop properties of the category. As he sees similar instance over and over again, the researcher becomes empirically confident that a category is saturated » (Glaser et Strauss, 1973:61). Les catégories auxquelles réfèrent Glaser et Strauss ont été considérées dans notre projet sous la forme de thèmes à aborder au cours des entretiens individuels et de groupe, la redondance des propos entourant ces thèmes nous ayant indiqué que la saturation empirique était atteinte, donc que la validité externe de notre étude était satisfaisante. L'échantillon final est ainsi composé de 33 jeunes répartis comme suit : 17 filles ont participé aux entretiens individuels alors que huit garçons et autant de filles ont fait partie des groupes de discussion.

Figure 18 : Représentation graphique de l'échantillon final de la recherche

Source : Auteure