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d'études Types d'intervention Champ

Chapitre 3 : Plan méthodologique

3.3 Collecte de données

3.3.5 Déroulement de la collecte de données

Le recrutement des jeunes filles pour la phase d'entretiens individuels s'est effectué par l'entremise de deux organismes situés au centre-ville de Bamako qui travaillent de façon directe et indirecte avec elles, soit Soutoura So24, qui offre entre autres des consultations

d'écoute, d'accueil et d'orientation (CEAO) qui héberge de jeunes garçons de la rue et reçoit des jeunes filles défavorisées pour les activités de jour. Une fois l'accord de participation obtenu, nous nous assurions que le profil des jeunes correspondait bien à nos critères d'inclusion pré-établis. Si tel était le cas, nous poursuivions en leur transmettant l'information nécessaire à l'obtention d'un consentement libre et éclairé à participer au projet pour ensuite remplir avec eux une fiche visant à recueillir quelques données sociodémographiques afin de dresser un portrait juste de l'échantillon constitué. Quelques éléments de ce profil ont été présentés dans la section précédente, alors que d'autres figurent dans le chapitre Présentation des résultats, notamment ceux liés à la trajectoire de santé reproductive des filles rencontrées de même qu'à leur portrait scolaire.

Dix entretiens individuels ont ainsi été réalisés au Centre, alors que les sept autres participantes ont été désignées par une paire éducatrice qui nous a menées un soir dans un maquis où se déroulent des activités de prostitution, et un matin, aux abords du fleuve Niger, sur la rive gauche de la ville, où plusieurs jeunes filles se regroupent pour dormir quelques heures, se laver et lessiver leurs vêtements. Pour assurer la sécurité et la tranquillité des filles rencontrées et créer un climat propice aux confidences, nous nous sommes éloignées, dans la mesure du possible et au sein de chacun des lieux de rencontre, du reste du groupe qui est bien souvent composé de plusieurs personnes. Rares sont en effet les filles qui évoluent seules dans la ville. Nous nous sommes donc installées, au CEAO, dans une petite salle fermée, attenante au bâtiment, dans la voiture de l'intervieweuse du CAREF derrière le maquis et sous un manguier à proximité du fleuve pour toute la durée des entretiens. Bien que nous ayons ait été présente à chacune des entrevues, elles ont toutes été conduites par une ressource du CAREF, une femme médecin reconnue pour son travail en recherche qualitative et dont la parfaite maîtrise des langues bambara et française a assuré la qualité des entretiens.

Le recrutement des participants pour la tenue des groupes de discussion s'est également fait par l'entremise du CEAO qui abrite chaque jour une trentaine de garçons âgés entre 14 et 19 ans. Ces groupes de discussion ont été menés dans la même salle que les entretiens

individuels tenus avec les filles, mais animés cette fois par une ressource de sexe masculin, liée aussi au CAREF. Nous avions en effet convenu d'un commun accord, qu'étant donnée la nature des questions à aborder et le souci d'obtenir le maximum d'informations de la part des garçons, il était préférable qu'un homme anime ces groupes de discussion. Enfin, la composition des groupes de discussion féminins a d'une part été assurée une fois de plus par le CEAO et de l'autre, par l'Organisation Malienne d'Appui au Développement Communautaire dans le Sahel (OMADECOS)25 qui nous a indiqué un maquis, situé dans

un quartier de la rive droite de la ville, où nous avons pu rencontrer d'autres filles. Ces discussions ont été réalisées par la même personne qui a conduit les entretiens individuels. Il est à noter, et nous reviendrons sur ce point dans la section portant sur les considérations éthiques propres au projet, que le recrutement de l'ensemble des participantes et participants s'est effectué sur une base volontaire et que les jeunes ont accepté d'y participer uniquement après avoir été mis au courant du contenu de la recherche et de ses implications. Leur accord préalable était aussi sollicité pour l'enregistrement audio des entretiens dont l'utilité en termes d'analyse de l'intégralité des propos recueillis leur a clairement été expliquée (Beaud et Weber, 2002).

Bien que nous n'avions pas prévu au départ de compensations financières pour les jeunes participantes et participants, nous avons été contraints de leur en offrir du fait des difficultés de rétention auquel avait dû faire face le CAREF dans la réalisation de son étude pour le Projet SIDA 3. Ainsi, afin d'éviter que les jeunes filles ne quittent les entretiens pour aller à la rencontre de clients payants, nous avons choisi de leur offrir 1000 CFA26 une

fois l'entretien conclu, montant que nous avons jugé suffisant pour les garder avec nous et insuffisant pour représenter une motivation unique à participer au projet. Par souci d'équité, nous avons offert le même montant aux garçons participants qui n'étaient par contre pas informés d'avance de cette compensation.

Enfin, à mesure de l'avancement de la collecte de données, qui s'est échelonnée entre le 10 février et le 13 mars 2006, nous soumettions les enregistrements des entretiens à la

personne désignée au CAREF qui en a assuré la traduction et la transcription Verbatim de façon parallèle. Ce matériel a été relu par l'intervieweuse et l'animateur des groupes de discussion masculins afin de s'assurer de la conformité des propos en présence avec ceux obtenus sur le terrain, stratégie de validation encouragée par Poland (2001).