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Chapitre 1 : Délitement du lien social et communautaire

1/ Le poète contre les hommes

L’isolement du poète comme défense de la polis

Dans les poèmes, la figure du poète habite la marge de la communauté et cette figure

de l’exilé prend sa pleine mesure dans A Drunk Man (1926), où l’énonciateur est représenté

seul, sur une colline, mais participe aussi à la cérémonie annuelle appelée « Common

Riding » à Langholm. Durant la cérémonie, un chardon gigantesque est porté pendant le

défilé :

Drums in the Walligate, pipes in the air,

Come and hear the crying of the Fair.

A’ it used to be, when I was a loon

On Common-Ridin’ Day in the Muckle Toon.

The bearer twirls the Bannock-and-Saut-Herrin’,

The Croon o’ Roses through the lift is farin’ (CP, p. 97)

L’énonciateur du poème incarne le poète, un poète semblable au Christ, la croix sur le dos,

qui traverse la foule sous le poids du chardon, comme s’il était seul capable de porter la

culture écossaise ou de produire un poème au sein de sa nation (« the breengin’ growth that

alone I bear », CP, p. 98). Le rythme des distiques contredit la sensation de légèreté et de

rapidité apportée par les rimes « air/Fair » ou « Herrin’/farin’ » ; il rappelle le pas lourd du

marcheur dont le pied gauche puis le pied droit avancent l’un après l’autre, en deux temps.

Les vers sont capables de faire ressentir au lecteur à quel point porter la croix de sa nation est

pesant pour le poète. Ils montrent également que, sous le regard des autres, il est seul à

parader et seul à cheminer sous le poids du labeur poétique. Cette cérémonie divise ainsi la

rue du village en deux : le porteur d’un côté, les spectateurs de l’autre. Les liens entre le poète

et les hommes se distendent, et le poète est défini comme l’autre de la société.

Ce phénomène n’a pourtant rien de douloureux car MacDiarmid met en scène la

scission entre ces deux pans de la société, les hommes et le poète, pour une bonne raison.

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Dans A Drunk Man, il emprunte au Lucerne de Tolstoï (1857) l’image du pauvre musicien

moqué par les touristes anglais : « As Tolstoi o’ Lucerne alane / Minded a’e beggar minstrel

seen! / The woundit size draws a’ the warld. / Barbarians ha’e lizards’een. » (CP, p. 153)

Malgré la référence indirecte aux touristes anglais de Lucerne, c’est davantage le regard de

l’artiste que celui de l’Écossais qui se confronte aux yeux froids de lézard qu’arborent les

passants. Les classes supérieures méprisent de leur regard le musicien issu du peuple, dont la

musique ne semble pas les attendrir du tout. Emblématique de l’opposition entre les puissants

et les artistes, cette scène interroge l’identité de ceux qui sont qualifiés de barbares :

MacDiarmid renverse la dichotomie habituelle entre l’homme civilisé et le barbare en

qualifiant de barbares les puissants du monde civilisé dans sa description des yeux des

touristes qu’il emprunte à Hérodote1

. MacDiarmid n’a sans doute pas lu Lucerne de Tolstoï,

mais la figure du marginal permet au poète de faire face aux barbares et de prendre place sur

les trottoirs de la société, aux côtés des exclus. L’isolement du poète n’est donc pas absolu car

le poète ne rompt pas les liens avec la société des hommes mais choisit seulement son camp

en s’exilant loin des hautes sphères du pouvoir. L’éloignement de la forme d’altérité incarnée

par le poètereprésente un choix politique dans lequel la rupture des liens humains n’a rien de

tragique. Pour le poète, et pour MacDiarmid, s’isoler revient à prendre place aux côtés des

marginaux, des autres de la société, et à leur donner un visage.

Cette corrélation entre la voix du marginal et la voix du poète est développée dans In

Memoriam :

– I delight in all these and hundreds more

As one of the ‘funny ones’, a race which includes

Any creature unlike his fellows

And sensitive of his unlikeness,

Any misfit, any lunatic, any deformity, hobbledehoy,

Mystic, criminal, beggar, saint

Or persecuted or martyred unfortunate,

A race for which I have boundless sympathy and love

– Not only am I, as a ‘funny one’,

[…], but also I recognise in them

That prophetic, sooth-saying, magical, Logos-uttering quality

[…]

But also the salt of the earth (CP, p. 741)

Encore une fois, l’énonciateur représente le poète. Il rassemble tous les exclus de la société

dans l’expression « funny ones » et affirme en faire partie2

. Le poète réinstaure alors le

1

Dans son édition annotée de A Drunk Man, Kenneth Buthlay indique toutefois que MacDiarmid a trouvé

l’expression « Barbarians have lizard’s eyes » dans l’histoire de la littérature russe de A. Brückner, A Literary

History of Russia (London : Fisher Unwin, 1908, p. 392) (Hugh MacDiarmid, A Drunk Man Looks at the Thistle,

Kenneth Buthlay (ed.). Edinburgh : Polygon, 2008, p. 210).

2

On pourrait penser qu’une telle sympathie pour les excentriques émane en partie de la biographie de

MacDiarmid lui-même, dont l’enfance fut parfois synonyme d’isolement. À cause de son apparence physique et

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paradigme christique traditionnel du fou visionnaire, prophète et guérisseur. Comme dans A

Drunk Man, la solitude s’avère hautement désirable car elle ouvre les voies du chemin vers la

raison (« logos »), vers la vérité (« sooth ») et vers la sagesse qui s’exprime dans la métaphore

biblique « salt of the earth » (Matthieu, 5 : 13). La folie constitue le masque, pris ou imposé,

de cette solitude qui est nécessaire pour atteindre la vision. Dans cette évocation d’une

intuition au caractère transcendant, la cessation des rapports humains dépasse alors la simple

visée politique.

À l’image de la pierre de On A Raised Beach, dont le poète célèbre la solitude et

l’indépendance (CP, p. 431), le poète doit s’isoler pour penser le monde. Dans Lament for the

Great Music et In Memoriam, le même aphorisme est introduit : « the supreme reality is

visible to the mind alone. » (CP, p. 475, p. 888) Jouant sur la double signification du terme

« alone », l’énonciateur insiste sur l’exclusivité de l’esprit dans la quête de la vérité : seul

l’esprit est capable d’accéder à cette réalité supérieure, mais l’esprit seul, confronté à la

solitude, peut l’atteindre. La vérité ne peut être rejointe qu’à travers la posture du solitaire ou

de l’autre. Cette représentation d’une humanité dans laquelle seul un individu visionnaire

pourrait accéder à une forme de réalité ultime provient sans doute de l’influence de la théorie

nietzschéenne du surhomme mais elle émane aussi de l’éducation religieuse reçue par

MacDiarmid dans son enfance. La Bible a fortement influencé l’auteur qui fait par exemple

régulièrement appel au personnage d’Ismaël pour représenter sa propre solitude3

. Les

doctrines calvinistes ont également joué un rôle puisque MacDiarmid a été éduqué dans la

croyance du salut des élus4.

Dans la même veine élitiste, l’énonciateur du poème Lament for the Great Music

(Stony Limits, 1934) continue à couper les fils qui attachent le poète à l’humanité : « I am

lonely and unfrequented as your music is. / I have to get rid of all my friends, / […] / I could

not stand undivided and true amongst them. » (CP, p. 475-476) Ce passage révèle que, avant

vestimentaire le jeune Christopher Grieve était raillé par ses camarades et ses professeurs : « from his teens

onwards, he has found people turning round and gaping at him as he passed them in the street » (Kenneth

Buthlay, « Hugh MacDiarmid: Where Extremes Meet » in MacDiarmid: An Illustrated Biography of

Christopher Murray Grieve (Hugh MacDiarmid), Gordon Wright, Edinburgh : Gordon Wright Publishing, 1977,

p. 9-18, p. 9). « Christopher and Andrew were kept tidier and better dressed than other boys in Langholm, even

attired in Highland dress of the Green Graham Tartan for special occasions. Consequently the two boys were

jeered at as ‘Mother Angels’. Even as a boy Christopher preferred to keep his own company » (Alan Bold,

MacDiarmid – Christopher Murray Grieve, A Critical Biography, op. cit., p. 38-39). « His striking physical

appearance […] led teachers to predict both his intellectual superiority and his ultimate isolation from society. »

(Stephen Smith, « Hugh MacDiarmid’s Lucky Poet: Autobiography and the Art of the Attack » in Hugh

MacDiarmid: Man and Poet, op. cit.,p. 275-294, p. 281)

3

MacDiarmid défend par exemple ce qu’il appelle une « attitude proche de celle d’Ismaël » dans son

autobiographie Lucky Poet (« the Ishmaelitish attitude I have chosen to adopt », Lucky Poet, op. cit., p. 80).

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même de pouvoir prétendre à une forme de vérité supérieure, le poète se voit obligé de

découvrir sa propre vérité. Ainsi que le suggèrent les adjectifs « undivided » and « true », le

poète doit s’isoler pour retrouver son intégrité et son authenticité. À première vue, la solitude

représente donc une démarche exclusivement destinée à faire croître l’individu,

spirituellement ou intellectuellement. Le poète sacrifie sa relation à autrui, délaisse ses amis,

pour se retrouver soi-même et pour accéder à une vérité transcendante de laquelle les autres se

trouvent exclus. L’utilisation de la locution verbale « have to » suggère toutefois un autre

dessein sous-jacent : cette expression est normalement employée pour qualifier une obligation

provoquée par des circonstances extérieures ; elle désigne une prescription émanant, non pas

de l’énonciateur, mais d’une entité différente. Bien que le prescripteur ne soit pas nommé, il

est alors possible d’imaginer que c’est la société elle-même qui impose la solitude au poète,

ce que confirme la suite du poème.

Malgré la rupture entre lui et les hommes, le poète prétend renouer avec la

communauté : « So those who have to dwell / In solitude, at the furthest remove from their

fellows / Serve the community too » (CP, p. 476-477). Le terme « solitude » et le syntagme

verbal « serve the community » se contredisent, et la syntaxe les obligent même à se séparer

puisque la longueur du complément « at the furthest remove from their fellows » les éloigne

l’un de l’autre. L’allitération en [ s ] parvient tout de même à les rapprocher : au milieu de la

confusion sonore provoquée par la répétition du son [ ð ], le son [ s ] fait ressortir les deux

expressions « solitude » et « serve the community », les réunissant ainsi sur la page. Cette

proximité textuelle instaure presque un contrat entre le poète et les hommes ; elle démontre

que la solitude de l’individu bénéficie à la société dans son ensemble. À présent, même si la

posture du solitaire est sans doute supposée mettre l’humanité sur le chemin vers la lumière

du logos, le poème n’indique pas vraiment en quoi l’isolement pourrait participer du bon

fonctionnement de la communauté.

Au sein du même recueil, l’énonciateur de Ode to All Rebels offre une réponse

possible et précise comment sa solitude pourrait rendre service : « I am Ishmael, the only

man, / Who’s the freend o’ a’ men. » (CP, p. 507) Comme c’est le cas avec l’utilisation

polysémique de l’adjectif « alone » dans In Memoriam, MacDiarmid exploite la polysémie du

terme « only ». Séparé de la seconde proposition par la virgule, l’adjectif souligne la solitude

de l’exilé biblique, mais, associé au second vers, il renvoie à la capacité exclusive du poète à

être l’ami de tous les hommes. La solitude du poète s’avère ici très ambigüe ; elle est à la fois

union et désunion. D’un côté, elle sacrifie le poète sur l’autel de la communauté mais le relie

aussi aux hommes dans l’image de l’amitié. En apparence anodine, l’expression « o’ a’ men »

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(of all men) montre quant à elle le rôle que peut avoir le poète. Grâce à lui, l’humanité entière

ne fait qu’un. Que les hommes soient tous amis avec lui signifie qu’ils possèdent quelque

chose en commun, malgré leurs différences : le poète et sa solitude. Bien que le marginal

visionnaire se soit retiré du monde des hommes, il représente un lien pour souder et donner du

sens à la communauté. De la même façon que s’exiler dans le désert n’empêcha pas Ismaël

d’engendrer douze fils dans le mythe biblique, rompre les liens avec les hommes laisserait la

possibilité au poète de rester au contact des hommes et de faire perdurer le genre humain. En

retenant les fils qui unissent la congrégation, le poète devient celui qui fait battre à l’unisson

tous les cœurs de la cité, de la polis. Avoir dénoué les liens qui l’attachaient à l’humain le

rapproche des membres de la société et les aide à se rapprocher entre eux. On constate alors

que le mythe du poète sacrifié, profondément inspiré de la période romantique, contient, en

creux, une dimension politique et sociale chez MacDiarmid. C’est grâce à l’altérité du poète

que la société peut s’unir. Ici, la marginalisation de la figure du poète prend une dimension

positive parce qu’il subsiste une force d’union. Mais, dans l’œuvre de l’auteur, ce n’est pas

toujours le cas, et les liens sociaux, déjà bien distendus, paraissent souvent bien plus lâches.

L’exclusion des masses comme protection de la poïesis

Le poète macdiarmidien est un personnage qui vit loin des foules, dans monde qu’il

habite en exilé, ce que confirme la devise de On A Raised Beach : « Great work cannot be

combined with surrender to the crowd » (CP, p. 429). Cette phrase incarne l’opposition qui

travaille l’ensemble de la production artistique de la période : la dissonance entre culture

populaire et culture des élites. MacDiarmid déclare dans une lettre de 1950 : « I have never

written for a ready-made public or to evoke the most easily-evoked responses. I have always

been utterly opposed to the fetishism of the Capitalist system, which turns art, ideas and

everything into things to sell. »5 Le poète reformule ici la critique marxiste de la fétichisation

des œuvres d’art dans le système capitaliste, mais ses propos opèrent également une scission

du tissu social, entre l’art poétique et un certain type de public dont les réponses sont trop

simples à son goût. Bien plus qu’un simple rejet de la réification capitaliste de l’art, cette

analyse refuse aussi la soumission aux goûts d’une masse que l’auteur tient pour ignorante.

Avec cet exposé, MacDiarmid continue à présenter l’art poétique comme un autre supérieur,

mais il fabrique également un tout autre type d’altérité, négatif cette fois : les masses.

Envisagé comme un bien sociétal dans le cas du poète, le processus d’isolement prend cette

fois un caractère négatif. Alors que l’établissement de l’altérité du poète le rattachait encore

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au peuple et aux parias de la société, la mise en avant du concept des masses et de leur

inculture l’éloigne davantage des hommes et contribue à défaire les liens sociaux.

Publié en 1935, le poème « Glasgow, 1960 », une utopie pleine d’humour, installe une

dichotomie culturelle entre l’énonciateur et les masses :

Returning to Glasgow after a long exile

Nothing seemed to me to have changed its style.

Buses and trams all labelled ‘To Ibrox’

Swung past packed tight as they’d hold with folks.

Football match, I concluded, but just to make sure

I asked; and the man looked at me fell dour,

Then said, ‘Where in God’s name are you frae, sir?

It’ll be a record gate, but the cause o’ the stir

Is a debate on “la loi de l’effort converti”

Between Professor MacFadyen and a Spainish pairty.’ (CP, p. 1039)

L’énonciateur voit défiler des bus pleins à craquer, dont les voyageurs se rendent à Ibrox, non

pas pour assister à un match de football, mais pour assister à un débat philosophique sur « la

loi de l’effort converti ». Par la suite, il se rend aussi compte que les tabloïds ont disparu des

trottoirs glaswégiens, laissant la place à des revues poétiques qui se vendent comme des petits

pains. La critique Eloisa Nos Aldas estime que le poème est optimiste6 ; il est vrai que ce

dernier représente une forme de souhait, un rêve qu’aurait eu MacDiarmid pour Glasgow. Par

l’entremise du mode utopique, un mode que MacDiarmid emploie d’ailleurs très rarement, le

poème envisage un avenir plus glorieux pour Glasgow. Mais ce portrait éclatant contient

également un désir impérieux de liquidation pure et simple de la culture populaire, allégorisée

par le football et les journaux à grand tirage7. Une fois ces formes de divertissement écartées,

la philosophie et la poésie peuvent prendre une place d’honneur dans la cité. La mise en scène

d’un avenir fictif permet donc à MacDiarmid de se projeter dans un monde où la culture des

masses populaires ne vient plus occuper tout l’espace public et n’entre plus en conflit avec

d’autres formes de culture comme la poésie. Le fait de reléguer le football dans le passé et de

réserver l’avenir à la poésie ou à la philosophie sépare pour de bon la culture intellectuelle et

la culture populaire

6

Eloisa Nos Aldas, « Shadowy Cultural in Hugh MacDiarmid’s City » in Terranglian Territories: Proceedings

of the Seventh International Conference on the Literature of Region and Nation, Frankfurt Am Main : Peter

Lang, p. 79-89, p. 87.

7

Dans une lettre de 1978 adressée au journal The Scotsman, MacDiarmid ironisait en déclarant : « High

intelligence and football seldom go together… » (Lettre du 3 mai 1978, Hugh MacDiarmid, The Letters, op. cit.,

p. 837)

On trouvera la même équation, culture populaire = stades de football et journaux, dans le poème « In the

Shetland Islands » (CP, p. 574), poème sans doute écrit à la même époque que « Glasgow 1960 », lui aussi une

émanation du projet Mature Art.

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Un grand nombre de poèmes expose la peur de voir ces deux cultures se mélanger, de

voir la poésie se faire contaminer par la culture populaire8. Cette angoisse a souvent pris la

forme d’attaques dirigées vers la littérature du Kailyard9

, tant décriée par le poète et emblème

pour lui de la culture populaire et du pire des sentimentalismes10. Le poète consacre

également des poèmes entiers à l’autre grande question littéraire du début du XXe

siècle

écossais : l’héritage et la position du monument littéraire Robert Burns dans la culture. La

question du legs de Burns a cristallisé l’anxiété de MacDiarmid face à la culture populaire des

masses durant toute sa carrière. Devenu le « poète de l’intestin » (« Poet Intestinal », CP,

p. 77) à l’occasion des Burns Suppers, Burns illustre la contagion du goût populaire sur la

poésie et l’écrasement de la voix poétique sous la gastronomie de masse. Littéralement

assaillie par la nourriture et l’alcool, sa poésie est métaphoriquement dévorée par l’inculture

du peuple écossais dans « Your Immortal Memory Burns! » (Penny Wheep, 1926) où les

images de régurgitation annihilent la beauté du processus créatif burnsien :

Only thy star

Falls from afar

To swim into the ken

Of countless masses of befuddled men,

In their hearts’ skies

Like a barmaid’s eyes

Glabrous to glitter till

Their minds like rockets shoot away and spill

These vivid clots

Of idiot thoughts (CP, p. 78)

Le verbe « swim » installe l’ambiance liquide et collante d’ébriété qui atteint son point

culminant dans l’enjambement « spill / These vivid clots », dégorgement littéral et

métaphorique sur la page de l’ignorance des buveurs de poésie. L’allitération en [ g ] alourdit

la légèreté transmise par le sémantisme de « glitter » et matérialise le rythme pesant des

pensées idiotes, qui sont décrites comme de lourds caillots de l’âme. Simultanément, la rime

« clots/thoughts » suggère que toute pensée se fige. Finalement, la rime « hearts’

skies/barmaid’s eyes » révèle qu’aux régions éthérées du ciel ne répond que le regard noyé

8

Pour plus d’informations sur la relation entre MacDiarmid et la culture populaire, l’on pourra consulter : David

Goldie, « Hugh MacDiarmid, Harry Lauder and Scottish Popular Culture » in International Journal of Scottish

Literature, 1, automne 2006 : http://www.ijsl.stir.ac.uk/issue1/goldie.htm.

9

Le terme « Kailyard » est un terme utilisé pour évoquer les nouvelles et les romans de trois auteurs écossais de