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Chapitre 3 : L’irréductible lien à Dieu

1/ Le lien à Dieu

La figure divine : mort et absence

Dans l’une de ses premières nouvelles, « A Four Years’ Harvest », mettant en jeu son

expérience de la guerre à Salonique, MacDiarmid fait dire à son narrateur : « the essence of

death […] is that it separates. »1

À l’instar de Blanchot qui définit le désastre comme un état

de séparation sans objet (« le désastre est séparé, ce qu’il y a de plus séparé »2) le poète utilise

le verbe « separate » de façon intransitive et propulse le principe de séparation au-delà de la

seule sphère humaine. La mort force quelque chose à se séparer. La nature de ce « quelque

chose » est cachée à ce stade de la nouvelle mais la suite permet de désigner cette inconnue.

En évoquant les effets désastreux de la Première Guerre, le narrateur s’arrête sur la mort qui

emporte les soldats, mais précise, quelques lignes plus bas, ce qu’a disjoint la mort dans les

tranchées : « The strength of death must be great if it can, having separated man from man,

keep him away from God. »3 L’expérience de la mort n’a pas uniquement séparé les hommes

et arraché les défunts aux vivants, elle a séparé les hommes de Dieu. L’angoisse face à

l’absence et au vide tend en fait à représenter le résultat d’une perte historiquement datée pour

l’homme moderne : la séparation d’avec le principe du divin et de sa personnification

judéo-chrétienne, Dieu, au début du XXe siècle. Ce thème mérite une attention particulière car une

place majeure lui est accordée dans les poèmes et son exploration permet également de

révéler la contradiction la plus fondamentale au cœur de l’œuvre.

En regardant la mort en face dans ses poèmes, MacDiarmid n’a eu d’autre choix que

de penser les abstractions qui lui sont associées et, selon l’expression de Heidegger, de

1

Hugh MacDiarmid, « A Four Years’ Harvest » (1923) in Annals of the Five Senses, op. cit., p. 28-60, p. 59.

2

« Le désastre est séparé, ce qu’il y a de plus séparé. » (Maurice Blanchot, L’Écriture du désastre, Paris :

Gallimard, 1980, p. 7)

86

« regarder la métaphysique en face »4. La métaphysique, cet au-delà de la physique et de la

vie matérielle, représente une autre forme de dialogisme orphique, un autre type « de

rencontre avec la mort […] [où] nous nous approchons d'un seuil périlleux, d'un point crucial

où nous sommes brusquement retournés. »5 Elle traite de ce qui se détourne6 et de ce qui

échappe à l’entendement. Depuis l’avènement des religions monothéistes, le concept de

divinité a été mobilisé pour permettre à l’homme occidental de penser la métaphysique, de

concevoir la transcendance, et d’accepter la mort et sa finitude de mortel. La pensée

métaphysique de MacDiarmid se fonde principalement sur la figure divine et la relie à la

mort.

Quand l’énonciateur de « Of John Davidson » contemple la mort du poète écossais, il

dit observer Dieu du mauvais côté du télescope :

I remember one death in my boyhood

That next to my father’s, and darker, endures;

Not Queen Victoria’s, but Davidson, yours,

And something in me has always stood

Since then looking down the sandslope

On your small black shape by the edge of the sea,

– A bullet-hole through a great scene’s beauty,

God through the wrong end of the telescope. (Scots Unbound, 1932, CP, p. 362)

Face à la perte, le regard se pose sur Dieu, de l’autre côté de la lunette, et trahit l’impossibilité

d’assimiler Dieu au vivant. La vie ne se trouve pas du même côté du télescope que lui.

L’énonciateur ne perçoit Dieu que du mauvais côté, du côté de la mort, ce que montrent de

nombreux poèmes de MacDiarmid qui associent Dieu à la destruction plutôt qu’à la vie.

Dans les poèmes de jeunesse soumis à l’influence des poètes romantiques, tels que « A

Moment in Eternity » (Annals, 1923), Dieu est lumière ou vent, il se révèle dans et par une

nature aux allures panthéistes. Pourtant, dans la plupart des poèmes qui évoquent directement

le démiurge, Dieu apparaît comme l’expression privilégiée de la colère et de la mort. Pendant

apocalyptique du poème de Yeats « The Second Coming », le poème « Prayer for a Second

Flood » (First Hymn, p.299), dont nous avons déjà analysé un extrait dans le chapitre

précédent, est adressé à un Dieu de destruction à qui l’énonciateur demande de noyer

l’humanité dans un second déluge7

. Le Dieu de MacDiarmid tient du titan Cronos et

4

Martin Heidegger, Les concepts fondamentaux de la métaphysique, op. cit., p. 15.

5

Maurice Blanchot, op. cit., p. 18.

6

« [La métaphysique] ne désigne plus ce qui fait suite aux leçons sur la physique, mais ce qui traite de cela qui

se détourne […] et se tourne vers un autre étant, vers l'étant en général et vers l'étant véritable. Ce retournement

a lieu dans la véritable philosophie. […] Ce mouvement, accompli par la philosophie véritable, de se détourner

de la nature en tant que sphère particulière, et en général de toute sphère particulière, et une sortie au-delà de

l'étant particulier, par-dessus lui vers cet Autre. » (Martin Heidegger, op. cit., p. 68)

7

« Whummle them again! / […] Let yoursel’ gang, / Scour to the bones, and mak’ its marrow holes / Toom as a

whistle as they used to be » (CP, p. 300).

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s’apparente à la figure élaborée dans l’Ancien Testament : il est un créateur aux pulsions

infanticides. L’association entre Dieu et la mort repose donc, en premier lieu, sur la figure

d’un Dieu de mort qui se retourne contre sa créature dans les poèmes apocalyptiques. La

relation entre Dieu et l’humanité est devenue mortifère mais elle apparaît aussi empreinte

d’une dimension morbide dans la description d’un Dieu plus passif, un Dieu qui n’a même

plus le désir ou la force d’annihiler les humains.

Le Dieu de Ode to All Rebels est présenté comme complètement indifférent au sort des

hommes, en particulier à deux destins individuels :

They turn to meet their natural need,

One finds domestic bliss;

The other a lock hospital

To rot with syphilis.

Which seems to be no concern of God’s

Though to them, of course, it makes all the odds;

Or so one thinks, knowing but one of the roads… (CP, p. 490)

L’adaptation de l’expression « make no odds » (cela n’a pas d’importance), qui devient

l’inverse, « make all odds », laisse entendre que les hommes se préoccupent de l’individualité

de chacun, qu’ils remarquent la dissemblance entre deux expériences très divergentes de

l’amour. Mais la rime « God’s/odds » fait rebondir mollement ce souci de la singularité de la

vie humaine contre la désinvolture divine : Dieu a oublié sa création jusqu’à devenir, dans le

même poème, « irresponsable » (CP, p. 502). Son indifférence apparaît également dans la

rudesse de la consonance en [ k ]. En se délestant de ses responsabilités, Dieu a abandonné les

hommes à leur destin. Il s’est détourné et a transformé la filiation entre lui et ses créatures en

un second type de relation : les hommes sont morts à ses yeux, et Dieu est mort aux yeux des

hommes. À l’image des nombreux interlocuteurs absents, lui aussi a disparu.

Cette absence paraît souhaitée par Dieu lui-même dans le poème « God Takes a Rest »

(Sangshaw, 1925). L’énonciateur, un Dieu fatigué, décrit ce désir :

I cast me off frae the guid dry lan’

And turn yince owre to the deep.

[…] And the lives o’men sall be again

As they were lang, wi’oot me.

[…] And lie i’ the stound o’ its whirlpools, free

Frae a’ that’s happened since. (CP, p. 31-32)

Le Créateur se libère du poids des hommes dans les derniers vers grâce à la puissance d’une

parole performative : en isolant l’expression « free » du reste de la phrase « frae a’ that’s

happened since », Dieu brise le lien créé par l’allitération en [ f ] qui unissait sa liberté et le

devenir des hommes dans le dernier vers. Désormais libre, il ne lui appartient plus de décider

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de l’avenir de sa créature, pour qui cet affranchissement paraît douloureux. La connotation

positive normalement associée à l’adjectif qualifiant Dieu, « free », se heurte en effet à la

description cruelle d’une humanité dépourvue de Dieu. L’utilisation de l’expression « wit’oot

me » prouve que les hommes se définissent à présent à partir d’une perte et d’un manque. Les

hommes sont sans Dieu et c’est Dieu lui-même qui l’a décidé. L’adoption du point de vue

divin rend ce choix compréhensible car le lecteur peut aisément s’identifier à un Dieu

humanisé, un Dieu las, demandant seulement un peu de repos, usé par le travail. Or, quand les

hommes reprennent la parole, tout semblant d’indulgence disparaît.

Le poème A Drunk Man pose le problème en des termes bien moins empathiques et

bien plus blasphématoires en évoquant cette absence par le biais de l’image du postérieur de

Dieu : « We can never whummle to oor een / As ‘twere the hinderpairts o’ God / His face aye

turned the opposite road » (CP, p. 123). Le point de vue du créateur n’est plus accessible et

l’énonciateur fait face à un Dieu démissionnaire pour lequel tout sentiment d’empathie est

désormais impossible. Kenneth Buthlay rappelle à juste titre que ces vers se réfèrent à la

rencontre entre Moïse et Dieu dans le livre de l’Exode8

. À Moïse qui cherche à contempler sa

gloire, Dieu répond qu’il ne pourra pas voir son visage mais seulement apercevoir son dos car

les hommes ne peuvent dévisager Dieu et rester en vie (Exode 33 : 20, 23). Mais à la

différence du mythe biblique qui conçoit le détournement comme une preuve de la puissance

de Dieu, MacDiarmid présente le détournement comme un évènement à la fois grotesque et

tragique, et comme un abandon aux conséquences graves.

L’impossibilité de regarder la face de Dieu modifie la représentation que l’homme a

du divin :

Whaur is the fool that hasna wished

That he’d been God and no’ anither,

And ev’n in daen’t thocht o’ a’

Frae sicna role micht gars him swither

And kent God even better by that

Yet evn’ in feelin’ he kent Him better

Kent than nae man can think o’ God

In terms ayont his ain puir natur’

And syne, in kenning that, kent God

As something he could never ken

And felt his ain life soarin’ up

To hidden heichts, like some great Ben? (CP, p. 241)

Ce long passage tiré de Cencrastus établit la primauté du désir de transcendance chez

l’humain qui cherche à devenir Dieu ou à le connaître. L’élévation vers les hauteurs

inconnues du monde semble pouvoir s’accomplir par l’entremise de la figure divine. Pourtant,

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la transcendance s’échappe dans le point d’interrogation qui termine la strophe, une strophe

au sein de laquelle Dieu se détourne petit à petit. À mesure que l’énonciateur décrit la relation

que l’homme peut entretenir avec Dieu, ce dernier s’éloigne.

Dans un premier temps, le verbe « be » (« he’d been God ») disparaît au profit du

verbe « ken » (« he kent God »), ce qui sous-entend que la relation d’identité entre Dieu et

l’homme est remplacée par une relation moins étroite basée sur la connaissance. Dans un

deuxième temps, la répétition étourdissante du verbe « ken » confère à la strophe un rythme

indomptable qui noie Dieu dans ses méandres et le repousse de plus en plus loin. Les

différentes significations attachées au verbe « ken » contribuent ensuite à éloigner pour de

bon Dieu des hommes. La réflexion introduit d’abord la perfection d’une connaissance du

divin (« kent God even better ») mais modère ensuite le caractère absolu de cette

connaissance dans les vers suivants : « Kent than nae man can think o’ God / In terms ayont

his ain puir natur’ ». L’homme ne peut penser Dieu qu’à partir de l’imperfection de sa propre

nature. Enfin, la dernière expression, « kent God / As something he could never ken », renie

toute possibilité pour l’homme de connaître Dieu. La tentative de définition d’une relation au

divin s’achève donc dans une absence totale de relation.

En évoquant l’incapacité de l’énonciateur à définir la nature de la relation des hommes

avec Dieu, cet extrait dévoile également l’impossibilité de définir Dieu lui-même. L’absence

de connaissance prévient l’élaboration d’une véritable définition. Le mot Dieu est mentionné

quatre fois mais aucune des caractéristiques du divin n’est par exemple invoquée. Il demeure

l’ « Inconnu »9

par excellence. Le défaut de caractérisation peut refléter encore une fois les

limites propres à l’homme : puisqu’il lui est interdit de regarder Dieu en face, il ne saurait le

définir réellement. L’absence de détails émane toutefois principalement de la disparition pure

et simple de la figure divine. Le poète ne peut plus définir Dieu puisqu’il ne reste que son

nom pour attester encore de son existence. Il n’est donc pas surprenant que MacDiarmid, bien

que façonné par la religion presbytérienne, ne définisse jamais vraiment le divin, et se

contente de suggérer un agrégat de représentations bibliques et de conceptions

idiosyncratiques floues. La figure divine s’est absentée, ce que rappelle finalement le dernier

vers de l’extrait de Cencrastus où l’intrusion d’une montagne écossaise désigne une nouvelle

forme de transcendance débarrassée de Dieu.

Ce passage montre également la corrélation symbolique entre Dieu et la signification

de l’existence humaine. L’absence de volonté divine pose bien évidemment la question du

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sens de la vie : pourquoi sommes-nous là et à quelles fins vivons-nous ? Que veut dire vivre ?

Nous reviendrons davantage sur les conséquences en termes philosophiques et poétiques de

cette absence dans la dernière partie de notre travail, cependant, force est de constater que la

confusion syntaxique ne submerge pas uniquement la figure divine mais aussi le sens de la

strophe que l’on a peine à déchiffrer. Il faut s’y reprendre à deux fois pour comprendre le sens

de ces vers et les subtilités philosophiques associées au verbe « ken ». Avec le départ de Dieu,

le sens a lui aussi démissionné du langage. Est-ce Dieu qui a repris le sens avec lui quand il

est reparti vers les profondeurs insondables du monde, « the deeps », dans « God Takes a

Rest », ou bien le sens qui s’est émancipé pour suivre sa propre voie ? Chose très claire en

tout cas, dorénavant, l’homme ne peut plus fonder sa compréhension du monde et sa quête de

transcendance sur la figure de Dieu, lui qui était responsable de l’origine et ordonnateur de la

fin du monde. L’idée de la divinité ne peut plus expliquer ni le fondement de la vie ni la perte

et l’absence des êtres chers que le poète redoute tant. Si le concept du divin permettait à

l’homme de « se regarder lui-même »10

, sa disparition prévient toute construction du sens,

d’un sens défini à la fois comme signification et comme direction.

Un autre dialogisme orphique avec Dieu

Les poèmes de MacDiarmid mettent au jour la perte métaphysique la plus violente qui

soit pour la civilisation occidentale au tournant du XIXe et du XXe siècle : la mort de Dieu. Ils

diagnostiquent la disparition de la figure divine et rendent compte du processus de

sécularisation progressive ou bien, pour employer le lexique nietzschéen, de l’avènement du

nihilisme à cette époque. La poésie de l’auteur écossais semble malgré tout refuser de manière

tenace le départ de cette altérité, de cet Autre qui a abandonné les hommes. Les poèmes

restent tournés vers Dieu et continuent à s’adresser directement à lui. Le poème A Drunk Man

termine justement sa course sur un dialogue avec Dieu :

‘Mercy o’ Gode, I canna thole

Wi’ sic an orra mob to roll.’

-‘Wheesht! It’s for the guid o’ your soul.’

‘But what’s the meanin’, what’s the sense?’

-‘Men shift but by experience.

‘Twixt Scots there is no difference.

They canna learn, sae canna move,

But stick for aye to their auld groove » (CP, p. 164-5).

10

« And God Himsel’ sall only be / […] / A way o’ looking at himsel’. » (« Ballad of the Five Senses », CP,

p. 40)

91

La disposition du dialogue et la typographie distinguent la voix de l’homme ivre de celle de

Dieu qui, malgré les reproches qui lui sont faits quelques pages plus haut, tente de venir en

aide à sa créature et de répondre à la question la plus complexe qui soit : quel est le sens, la

raison de la vie de cet homme ? Quel rôle doit-il jouer auprès de son peuple, cette foule qu’il

abhorre ? Le sentiment d’angoisse qui colore l’attente de l’énonciateur apparaît à travers la

répétition affolée du concept de signification dans les termes synonymes « meaning » et

« sense ». Dieu est-il capable de lui donner une réponse satisfaisante ? Dieu se met certes à

parler des Écossais mais ne répond en aucun cas aux interrogations de l’homme ivre, qui doit

lui demander à nouveau quelques lignes plus bas : « ‘But in this huge

ineducable / Heterogeneous hotch and rabble, / Why am I condemned to squabble?’ » (CP,

p. 165) L’emphase sur le sujet « I » tente de pousser Dieu à repenser la question et à recentrer

le débat sur le rôle tenu par le personnage du poète en Écosse.

Dieu indique ensuite, dans une nouvelle tentative de réponse : « ‘A Scottish poet maun

assume / The burden o’ his people’s doom, […] // You maun choose but gin ye’d see / Anither

category ye / must tine your nationality.’» (CP, p. 165) Encore une fois, Dieu décentre le

problème en se référant à « un poète écossais ». L’article indéfini « a » renie à nouveau

l’individualité du sujet « I » revendiquée par la voix du poème et oriente la discussion vers

des généralités. En outre, ses derniers mots, très cryptiques, semblent conseiller au poète de

quitter son pays dès qu’il en aura l’occasion, ce qui ne répond en rien au questionnement de

l’énonciateur. Dieu paraît uniquement capable de différer sans cesse la révélation du sens et la

signification du rôle de ce poète précis dans son pays. L’analyse de la parole divine donne

ainsi à voir la position ambivalente de Dieu : la mise en scène de la voix de Dieu atteste

encore d’une présence tandis que le processus d’affaiblissement du sens qui lui est attaché

désigne davantage une absence. L’existence de la figure de Dieu se trouve reniée par

l’évidement de sa parole, parole qui n’est plus capable de donner du sens à ce monde ni

d’aider les hommes dans leur voyage existentiel.

Dieu ne répond plus directement aux questions qu’on lui pose dans A Drunk Man, il y

répond encore moins dans des poèmes plus tardifs comme « Tam o’ the Wilds and the

Many-Faced Mystery » (Scottish Scene, 1934). La dernière strophe de ce poème tente quand même

encore de scruter le ciel :

O thou inscrutable, Maker o’ these,

Wha dealt oot endless hardship to honest Tam

And gar’d him sell his prized collections and brought him

In ruin to the grave, […]

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La question de l’énonciateur est directement adressée à la figure divine, encore un Dieu de

mort ici, mais elle ne pourra jamais trouver de réponse puisqu’elle est placée à la toute fin du

poème. Il ne reste plus de place pour que Dieu puisse répondre. Cette absence de la parole

divine sur la page peut suggérer deux réactions contradictoires de la part de l’instance

énonciative. D’un côté, l’absence de réponse atteste du fait que l’énonciateur prend note du

caractère effectif du départ de Dieu. La conclusion ouverte du poème reflète le vide laissé par

Dieu en partant. D’un autre côté, le suspense généré par la question suppose toujours une

présence invisible. Même si elle n’apparaît pas sur la page, la réponse de Dieu reste