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Chapitre 2 : L’absence et le néant

1/ Le lien par le regard

Le regard échangé : construction du sujet

À l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de MacDiarmid, sa compagne, Valda

Trevlyn, composa un poème :

Over the years you’ve dreamed your dreams

And as always

You go back to your past

In Langholm – your tap-root.

[…]

And always in the background

The rivers Ewes and Wauchope

[…]

For your home-town is silent and indifferent

Reaching out you find no welcoming hand

1

.

Le poème de Valda semble avoir saisi une image très appropriée pour décrire la vie mais aussi

l’œuvre de son compagnon : une main qui se tend dans l’épaisseur de l’absence et un lien

entre les êtres qui ne se fait pas. Les représentations de l’isolement du poète ou de la distance

entre les classes ne peuvent sans doute pas exprimer une souffrance absolue car la séparation

continue à mettre en présence des êtres humains mais les poèmes dessinent également un

chemin vers le vide et laissent entrevoir le basculement de la problématique du lien dans

l’absence et dans la mort, un lieu où les liens ne peuvent même pas se rompre puisqu’ils

n’existent plus. Pour commencer à percevoir ce déplacement, une analyse du regard comme

représentation métaphorique du lien s’avère indispensable car c’est le regard qui permet de

dévoiler la disparition absolue du lien entre le poète et les autres, et la présence d’un néant

monstrueux.

L’image du regard émerge régulièrement dans la poésie de Hugh MacDiarmid. Pour le

poète, à l’imagerie très classique dans ce domaine, le regard a pour fonction principale de

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symboliser un contact entre les êtres et les choses. À première vue, bien qu’intangible, le lien

qu’il opère ne semble rien avoir de problématique. Parfois, le regard réunit deux êtres aimés

comme dans « Trompe l’œil » (Penny Wheep, 1926, CP, p. 45), où les œufs bleus d’un oiseau

rappellent à l’énonciateur les yeux bleus de son aimée. Le poème « Cornish Heroic Song for

Valda Trevlyn» se clôt sur une comparaison romantique entre le regard porté sur le soleil et

sur Valda : « To see the sun through its branches. / When the tree is full of bloom / Is a thing

that can never be forgotten. / Nor the sight of your eyes now, Valda, / Through the toppling

wave of love. » (A Kist of Whistles, 1947, CP, p. 712) Cette utilisation du regard à des fins

purement romantiques est toutefois très peu caractéristique de l’œuvre du poète.

Tout d’abord, le regard peut aussi présupposer une relation non humaine. Le poème

lyrique préféré de MacDiarmid2, « Milk-Wort and Bog-Cotton », dépeint la relation entre

l’homme et la nature : « Cwa’ een like milk-wort and bog-cotton hair! » (Scots Unbound,

1932, CP, p. 331). Mentionnés dès le premier vers, les yeux introduisent un éloge amoureux

mais pas celui d’un être humain puisque l’énonciateur déclare ensuite « I love you, earth ».

MacDiarmid insista même sur cette question en racontant : « Sometimes this poem is taken as

a love poem. […] But the real reason of course is quite different – nothing to do with a

woman. It’s the earth, it’s this particular landscape I’m writing about, and in love with, as

Gerard Manley Hopkins, the English poet, was with the wilderness. »3 Les yeux annoncent

une rencontre entre le poète et la terre, et disent l’amour de MacDiarmid pour sa terre

ancestrale. De plus, grâce à la comparaison, le regard humain (« een ») se mêle à la nature

puisqu’il est assimilé à des plantes, l’Euphorbe réveille-matin (« milk-wort ») et la linaigrette

(« bog-cotton »), ce qui rend le regard du sujet humain et la nature indissociables.

Le regard permet également à l’auteur une réflexion sur la relation du sujet au monde.

Dans le poème « Wheelrig » (Sangshaw, 1925), le regard amoureux introduit une réflexion

plus large sur le rapport entre le sujet et ce qui l’entoure. Dans la seconde strophe,

l’observation du passage d’un nuage par l’instance énonciative est comparée au regard posé

sur les mouvements d’une jeune fille par son prétendant : « Only a wee whiley-sin’ it was

figin’ fu’ fain / In its gowd and green – / Movin’ in the sun like a lassie, / Under her

sweethert’s een. » (CP, p. 30) Ce regard entre deux êtres disparaît ensuite dans le dernier

quatrain pour laisser place à un face à face entre l’énonciateur et le monde : « And the warld

2

« So I regard the following poem, ‘Milk-Wort and Bog-Cotton, as my best lyric. » (Hugh MacDiarmid, A

Poet’s Choice, Edinburgh University Library, MS 2964, f. 115-121, 1954, f. 118)

3

Dans son introduction au poème sur l’enregistrement de juin 1978 Whaur Extremes Meet (Thuatha Music

Limited, Station House, Lasham, Alton, Hampshire), cité dans Peter McCarey, Hugh MacDiarmid and the

Russians, Edinburgh : Scottish Academic Press, 1987, p. 59.

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gaups at me like a saul frae its body » (CP, p. 30). Grâce à une comparaison panthéiste, le

monde devient l’âme du corps et le sujet énonciateur s’immobilise sous le regard scrutateur de

la nature. Le poème « Au Clair de la lune » met en scène le même jeu de regards dans lequel

l’énonciateur est observé par le monde qui l’entoure : « That licht-lookin’ craw o’ a body, the

moon, / Sits on the fower cross-win’s / Peerin’ a’ roon’. // She’s seen me – she’s seen me –

an’ straucht / Loupit clean on the quick o’ my hert. » (Sangshaw, CP, p. 24) La métaphore du

corbeau suggère que la lune est douée de vie et, dans les vers suivants, elle renvoie même à

l’énonciateur son regard. L’image de la croisée des vents annonce cet entrecroisement de

regards auquel l’énonciateur ne s’attendait pas et auquel il ne semble pouvoir répondre qu’en

répétant avec stupeur la phrase « she’s seen me »4. Le sujet humain n’est donc pas seul à

observer ce qui l’entoure, même l’inanimé peut lui renvoyer son regard, ce qu’avait su décrire

Merleau-Ponty grâce à la figure du chiasme : « le chiasma [sic] n’est pas seulement échange

moi autrui […], c’est aussi échange du moi et du monde, du corps phénoménal et du corps

‘objectif’ du percevant et du perçu »5

. Ces jeux de regards entre soi et le monde extérieur

occupent une place centrale dans la poésie de MacDiarmid qui montre que l’autre, ce qui nous

entoure, est observé mais nous observe aussi en retour.

Le fait de voir et d’être vu apparaît comme une nécessité dans A Drunk Man : « The

munlicht is my knowledge o’ mysel’, / Mysel’ the thistle in the munelicht seen, / And hauf my

shape has fund itsel’ in thee / And hauf my knowledge in your piercing een. » (CP, p. 112)

Dans cet entrelacs complexe de regards, de miroirs lexicaux et rimiques, l’instance

énonciative se construit sur différentes altérités : la lune, le chardon et l’interlocuteur, Jean, sa

femme. Sa connaissance se construit grâce au regard de son épouse tandis que son être

(« mysel’ ») naît dans le regard qu’il porte sur le chardon. En plaçant ces échanges de regards

au cœur de la constitution du sujet, cet extrait rappelle les théories de Lacan, qui a insisté sur

la place centrale du discours dans la structuration du sujet, mais a également évoqué le rôle du

regard, pendant silencieux de l’acte de parole : « c’est dans l’Autre, le regard de l’Autre, qu’il

[le sujet] saisit sa propre position. »6 Le regard, cet « envers de la conscience »7, est

régulièrement mis en scène dans ce sens chez MacDiarmid. Le sujet macdiarmidien se

4

Nancy Gish remarque que cette configuration des regards échangés réapparaît également dans « Gairmscoile »

avec les monstres qui dévisagent le poète (Nancy K. Gish, Hugh MacDiarmid: The Man and his Work, London :

The MacMillan Press, 1984, p. 51).

5

Maurice Merleau-Ponty, Le Visible et l’Invisible, Paris : Gallimard, 1964, p. 268.

6

Jacques Lacan, Le Séminaire V, Paris : Seuil, 1998, p. 315.

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construit sur le regard échangé, il est basé sur une relation scopique, sur la nécessité de

regarder et d’être regardé.

Sartre avait bien noté que le sujet « a besoin d’autrui pour saisir à plein toutes les

structures de [son] être »8. Le poème « Morning Gift » témoigne de ce besoin : « ‘O what can

be my mornin’ gift / Noo a’ we hae in common?’/ – To wauk and in your een to see / My ain

face like a happy omen! » (The Lucky Bag, 1927, CP, p. 172) Après l’acte sexuel, une

distance bienvenue se rétablit entre les deux amants dont l’individualité est exprimée par les

adjectifs possessifs « your » et « my », qui distinguent les yeux de l’aimée d’un côté et le

visage du sujet poétique de l’autre. Le rythme et le son font cependant tomber les barrières

entre l’énonciateur et son amante : dans les deux derniers vers, les iambes « your een » et

« my ain » se reflètent parfaitement grâce au monosyllabisme et à la consonne [ n ] qu’ils ont

en commun. Le sujet peut alors voir se refléter son propre visage dans le regard de l’autre ; il

a donc besoin de cet entrecroisement de regards pour construire sa propre image. À travers

l’évocation de la découverte d’un augure radieux dans le regard de l’amante (« like a happy

omen »), on peut voir également que l’échange visuel entre les humains donne accès à

l’avenir et à la signification du monde. MacDiarmid dote le regard d’un pouvoir de vision

surhumain et lui assigne une visée quasi mystique.

« Morning Gift » semble être inspiré du poème « The Good Morrow » du poète

métaphysique John Donne où l’on retrouve ce jeu de miroir entre les regards des amants et

dans lequel la fusion amoureuse vient balayer la crainte de la mort9. Dans l’avant-dernière

strophe du poème de MacDiarmid, l’échange de regards avec l’autre permet aussi de

transcender la condition humaine et de s’élever vers la lumière : « Sin’, wauknin’, in your een

I see / Daylicht, no’ bluid, as in a glass! » (CP, p. 172) L’image du verre annonce celle du

verre d’eau pure utilisée par MacDiarmid dans le poème plus tardif « The Glass of Pure

Water ». Associée à la lumière du jour, elle renvoie à une forme de transcendance qui éloigne

l’énonciateur de la chambre qu’il partage avec son aimée. Et c’est bien le regard de

l’amoureuse qui lui permet ce mouvement d’élévation et d’union avec une altérité invisible :

l’autre « est le foyer visible de ce point de vue sur le monde qui me restera toujours

invisible »10. Or c’est justement dans cette tentation d’un regard aux limites infinies que

l’auteur va ôter tout pouvoir de liaison au regard car, bien que le regard puisse « donner à

8

Jean-Paul Sartre, L’Être et le Néant, Paris : Gallimard, 1943, p. 277.

9

« My face in thine eye, thine in mine appears, / And true plain hearts do in the faces rest; / […] Whatever dies,

was not mixed equally; / If our two loves be one, or, thou and I / Love so alike, that none do slacken, none can

die. » (John Donne, «The Good Morrow » in Poems of John Donne Vol. 1, K. K. Chambers (ed.), London :

Lawrence & Bullen, 1901, p. 3)

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penser l’immensité de ce qu’il n’est pas, […] la tragédie du perdre de vue menace » son

opération11.

Quand le regard ne fait plus lien et enchaîne l’homme

MacDiarmid joue sur la mystique associée aux aveugles dans « Blind Man’s Luck »

(Penny Wheep, CP, p. 46) : ils auraient un pouvoir de vision supérieur aux autres. L’image de

l’aveugle est néanmoins très souvent négativement connotée dans son œuvre12

, et se trouve

associée à une conception platonicienne du monde. Les cinq sens, et le regard en particulier,

ne laissent entrevoir qu’un « théâtre d’ombres » dans « Ballad of the Five Senses »

(« shaddaw-show », Sangshaw, CP, p. 37). Le regard est supposé donner accès à une réalité

invisible et transcendante mais la perception humaine est limitée. Le poète s’avère finalement

« moins sensible à la souveraineté du regard qu’à ses limites »13. L’énonciateur de A Drunk

Man explique : « Men canna look on naked licht. / It flings them back wi’ darkened sicht. »

(CP, p. 143) Dans ces deux tétramètres iambiques symétriques, le regard de l’homme se

heurte brutalement à un miroir : la rime interne et la rime finale font apparaître un miroir dans

lequel seul le noir de « darkened » se reflète, et non la lumière de l’adjectif « naked ». À ce

miroir iambique et aux échos entre les rimes répondent nombreuses images d’entraves faites

au regard dans l’œuvre du poète : il faut déchirer le « voile de l’être » dans « First Hymn to

Lenin » (« tear / The veil of being », CP, p. 298) ou lever « le rideau lourd » des choses dans

In Memoriam (« to lift / The heavy curtain », CP, p. 805). Ces voilages importuns soulignent

le fait que le suprasensible se dérobe aux yeux des hommes.

Ce phénomène est reproduit par les éléments naturels, qui renforcent l’infirmité des

sens quand il s’agit d’atteindre l’invisible : le blizzard (« yowdendrift ») empêche

l’énonciateur de lire les inscriptions sur la pierre de « Eemis Stane » (CP, p. 27)14; la

signification de l’inscription est invisible, comme balayée par la colère de la neige. La même

11

Pierre Arnaud & Élizabeth Angel-Perez, Le regard dans les arts plastiques et la littérature (Angleterre,

États-Unis), Paris : Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2003, p. 5.

12

Le système judiciaire est aveugle dans A Drunk Man (CP, p. 128), la société s’organise autour de « leaders

aveugles » dans Cencrastus (CP, p. 204) et « The Belly Grip » (CP, p. 396), et c’est sans doute pour cette raison

que l’énonciateur déclare : « I ha’e nae sympathy for ophtalmic ills » (Cencrastus, CP, p. 230).

13

Michel Collot, op. cit., p. 30.

14

Une image que l’on retrouve presque exactement dans « East Coker » d’Eliot :

Home is where one starts from. As we grow older

The world becomes stranger, the pattern more complicated

Of dead and living. Not the intense moment

Isolated, with no before and after,

But a lifetime burning in every moment

And not the lifetime of one man only

But of old stones that cannot be deciphered.

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colère blanche refait son apparition dans la violence allitérative de l’expression « snowstorm

stare » dans A Drunk Man (CP, p. 104) où, dans une sorte d’hypallage, le regard lui-même est

devenu tempête de neige. On croisera également des images de brouillard ou de brume dans

Cencrastus (« the foggy curtain », CP, p. 223), dans l’épigraphe emprunté à Coleridge de

« The Seamless Garment » (« the mist which stands twixt God and thee », CP, p. 311) ou dans

« Depth and the Chthonian Image » (« a fog twixt you and us », CP, p. 352). Des nuages sont

aussi évoqués : les regards du père et du fils de « At My Father’s Grave » sont entravés par

l’opacité d’un nuage (CP, p. 299), image semblable à celle du « Ciel Brouillé » de Baudelaire

dans Les Fleurs du Mal où le regard de l’aimée, « l’œil mystérieux », est « d’une vapeur

couvert »15. Ces barrières naturelles renvoient à la limitation des sens et à l’incapacité

humaine à atteindre autrui, à accéder au monde de l’invisible ou à la sphère du suprasensible.

Ces « métaphores négatives » qui renvoient à l’ineffable16 trahissent la fonction originelle du

regard : le regard ne parvient pas à relier les hommes ni à les unir à un sens caché du monde, à

une transcendance qui demeure invisible.

À cause de ses limitations, le regard devient celui qui enchaîne l’humain. La

représentation macdiarmidienne du regard enferme l’homme dans un espace confiné, dans la

prison du monde visible et des sens. L’homme est forcé à demeurer enchaîné pour toujours au

monde qu’il doit souffrir. Cette conception platonicienne prend une forme scientifique, voire

même cubiste quand l’énonciateur de In Memoriam décrit l’impossibilité d’accéder à tous les

« plans » ou « niveaux » de la perception : « countless other planes, / In addition to the few

we envisage / On the planes within our purview. » (CP, p. 817) Le plan humain du visible

constitue une prison qui cache la lumière de l’invisible. Cette prison du visible se dévoile dans

« Ephphata » (Stony Limits) :

Only a sheep’s fodder bush and a screw pine

And a dark sea going by at a piaffer

And a little palaeocrystic light keeping watch

Through the phengites of this panopticon

On mankind in the last stages of pellagra. (CP, p. 393)

Dans cet exercice de variation sur la lettre « p » et cette liste de mots sans doute tirée du

dictionnaire Webster, la lumière palaeocrystique (dérivée d’une formation glaciaire) surveille

l’être humain qui, écrasé par la préposition « on », se trouve enfermé dans un panoptique

benthamien effrayant. La lumière des termes « light » et « phengites » (pierre translucide)

15

Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Paris : Librio, 1998, p. 49.

16

« pour dire l'ineffable de l'union, la poésie mystique recourt à la voie théologique de la négation. Soit par des

métaphores négatives en elles-mêmes : nuit, nuée, nuage d’une connaissance, absence, silence. » (Jean-Pierre

Jossua, Pour une histoire religieuse de l’expérience littéraire 4 : Poésie et roman, Paris : Beauchesne, 1998,

p. 12)

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affirme la puissance visionnaire de la nature mais laisse l’homme dans l’ombre. La lumière,

métaphore du sens caché du monde, domine l’homme d’un regard glacial avec qui il

n’échange pas et qui ne lui laisse rien entrevoir. La symétrie des regards est détruite et

l’homme, enfermé dans le panoptique, demeure confiné au monde du visible, à sa cellule. De

sa présence menaçante, la lumière écrase l’humain et lui rappelle son insuffisance : son regard

à lui n’atteindra jamais la sphère de l’invisible. L’homme doit se contenter de rester attaché à

un monde qu’il ne connaît que trop bien et dont il voudrait pourtant désespérément

transcender les limites.

De nombreux critiques ont attribué à l’art et à la poésie la fonction de côtoyer

l’invisible et de rejoindre l’altérité la plus absolue ou bien ce qui ne se donne pas à voir. Le

rôle de l’artiste serait même « de faire rentrer dans le visible ce monde invisible »17

. Une telle

conception implique que l’invisible, bien qu’il soit difficile à entrevoir, habite le monde, y est

présent. La poésie de MacDiarmid nous donne à voir cette présence mais, la plupart du temps,

elle montre davantage que l’invisible est absent et qu’il est impossible de se connecter à une

forme de transcendance. Le regard cherche encore et toujours mais doit faire face à une

présence qui lui échappe. Quand la relation distendue entre le poète et les hommes

sous-entendait toujours la possibilité d’un lien, aussi ténu soit-il, les limitations du regard obligent

le poète à contempler l’absence pure, le vide qui s’offre à lui et qui rend douloureuse

l’expérience existentielle de l’être humain.

2/ Le lien à l’absence