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Partie 2 : le contexte des paysans indigènes de l’ayllu Urinsaya : entre

2. Les politiques agraires mises en place par le MAS depuis 2005

2.3 Les politiques publiques de gestion des risques climatiques et

2.3.2 Le Plan National de Développement (2007)

Le décret de 2007, qui instaure le « Plan National de Dévéloppement » , prévoit la création d’un système de prévention des risques, sous l’autorité du ministère de la Défense : « grâce à un système d’alerte présent dans les différents centres d’opération départemental et en collaboration avec les municipalités, préfectures et communautés, des réseaux communautaires pour la réduction des risques s’organiseront, diminuant, considérablement, l’effet des désastres naturels dans les zones de risque élevé. » (Plan Nacional de Desarrollo, 2007, p.66). Cette disposition ne décrit pas les processus, les moyens et les champs d’activité liés à la réduction des risques. Le décret indique que l’Etat garantira la gestion durable des ressources naturelles en assurant qu’il incorporera la dimension environnementale et de gestion des risques dans les plans de développement (Ibid. p.128). Il instaure la création du Système National d’Information Environnementale qui s’impliquera dans les questions liées à la protection de la biodiversité mais aussi à gestion des risques, mais sans apporter d’autres précisions (Ibid. p.130). Il prévoit une « Stratégie Nationale de Planification Environnementale et de Risques » (Ibid. p.133) qui garantira la durabilité dans les processus de développement et qui permettra d’implanter des politiques et projets de gestion des risques, à partir de la synergie entre les secteurs et les territoires. Cette disposition apporte peu d’informations précises sur cette stratégie. Le plan promeut la dimension environnementale et de gestion des risques dans les plans de développement, à l’échelle locale (municipale et départementale), en renforçant les compétences techniques et administratives et en favorisant la décentralisation technico-financière de la gestion environnementales (Ibid. p.134). Le décret précise que le Programme de prévention des désastres inclura la gestion des risques dans les processus de planification et de financement sectoriel et national pour réduire la vulnérabilité des communautés rurales et urbaines, en améliorant leur capacité d’adaptation aux impacts urgents des changements environnementaux et socioéconomiques. Le programme d’adaptation des systèmes de production évaluera la vulnérabilité de l’agriculture de subsistance, dans les écosystèmes fragiles pour incorporer

111 des espèces natives résistantes aux changements environnementaux, qui permettront aussi de profiter des opportunités dans le marché émergent de l’agroécologie.

2.3.3 Le Plan Stratégique pour le secteur agricole de gestion du risque et d’adaptation au changement climatique (2012)

Les acteurs

Le plan de 2012 identifie les acteurs de la politique de gestion du risque et de l’adaptation.

Au niveau national, les administrations chargées de cette politique sont le Ministère du Développement Rurale et des Terres (MDRT), la direction Générale de production agricole et de la souveraineté alimentaire et l’Unité du Risque Rural, qui organise et coordonne les mécanismes de protection face aux risques agricoles et ceux de l’adaptation.

Au niveau local, les gouvernements départementaux doivent intégrer, dans leur politique d’aménagement du territoire et d’occupation des sols, des actions de prévention de risques et d’information ainsi que des mécanismes de récupération de la base productive. En ce qui concerne les municipalités, le plan précise que les mécanismes nationaux de gestion du risque et de l’adaptation doivent s’articuler de manière plus précise avec les actions municipales, au nom du principe de subsidiarité. A l’échelle des territoires des communautés paysannes indigènes, le plan précise qu’il faut impulser de nouvelles actions car aucune politique publique en lien avec les risques n’avait été implantée.

Les finalités et les objectifs

La finalité du plan est de construire la souveraineté et la sécurité alimentaire du peuple bolivien et de réduire la vulnérabilité du secteur agricole.

112 • renforcer la prévention et l’adaptation du secteur agricole face aux désastres naturels et aux changements climatiques pour réduire les dommages sur la population et la production agricole,

garantir une prise en charge et une assistance efficace pour les populations humaines et animales victimes de désastre,

contribuer à la réhabilitation des bases productives (sols, eau, animaux, etc…),

• institutionnaliser l’approche de la gestion des risques agricoles et de l’adaptation dans les politiques locales des départements, des municipalités et des territoires indigènes,

• renforcer l’articulation des mécanismes d’action entre les administrations nationales et locales,

revaloriser et diffuser des « savoirs locaux et pratiques ancestrales » (p.13), notamment ceux qui présentent un coût faible, une utilisation facile et une application locale, qui sont complémentaires aux savoirs « conventionnels » (p.13) et qui contribuent à « réduire l’incertitude » et à « améliorer la planification productive et l’adaptation au changement climatique »,

améliorer la production, la gestion et la diffusion de l’information et de la connaissance agricole,

améliorer la conservation des sols (revalorisation des plantes natives, fertilisants naturels, etc…) pour renforcer leurs résistances aux aléas climatiques et maladies,

fournir une aide financière aux communautés les plus vulnérables pour assurer la réhabilitation des sols.

Malgré ces objectifs ambitieux, les mesures présentes dans le plan sont davantage destinées à renforcer les compétences des acteurs institutionnels (à l’échelle départementale et municipale) dans la gestion des risques et l’adaptation au changement climatique. Très peu de dispositions sont directement destinées aux paysans, notamment en ce qui concerne la formation, l’assistance technique, ou encore l’innovation technologique. La formation des acteurs institutionnels implique le recours à des formateurs qualifiés pour la gestion des risques et l’adaptation au changement climatique, or le plan offre peu d’informations sur la disponibilité de ces compétences en Bolivie. En effet, Le plan indique plusieurs que des partenariats seront construits avec les agences de coopération et institutionnels qui « travaillent le thème » (p. 19, 20, 23, 27,

113 29, etc…) afin de former les acteurs institutionnels mais les conditions les formes et les contenus de cette collaboration ne sont pas mentionnées. Il n’y a aucune information sur les contenus pédagogiques (et notamment les compétences de gestion des risques et d’adaptation au changement climatique) des formations qui seront destinées à ces acteurs. Le plan prévoit le transfert de divers outils de travail, depuis les instances nationales vers les acteurs institutionnels locaux, concernant la gestion des risques climatiques et l’adaptation au changement climatique (des guides théoriques et de bonnes pratiques, des bases de données, des cartes thématiques, etc…), sans préciser les contenus et les objectifs précis de ces outils. Ainsi, le plan vise le renforcement de 60 unités locales de gestion de risques, qui seront formées à la prévention des risques, à l’adaptation au changement climatique, à l’assistance des victimes de désastre et à la réhabilitation des sols, sans apporte des précisions. Il indique que ces unités seront équipées de plusieurs matériels, sans préciser leur nature, leurs objectifs et leur quantité. Sur le plan quantitatif, il est possible de s’interroger sur la disponibilité de ressources humaines suffisantes pour former la cohorte importante des acteurs institutionnels. En ce qui concerne la valorisation des savoirs locaux, il n’y a aucune mention dans les contenus du plan et les questions suivantes restent sans réponse : Qui va récupérer et valoriser les savoirs locaux ? Quels savoirs vont être récupérés ? Fonctionnent-ils dans des contextes locaux différents ? Ces questions sont essentielles dans la mesure où les acteurs institutionnels sont peu sensibilisés aux savoirs locaux , qu’une partie des savoirs locaux ne fonctionnent plus en raison des changements climatiques (Zamorra, 2013) et ne sont pas transposables dans tous les contextes locaux.

IV/ L’agriculture paysanne et indigène

Le terme d’agriculture familiale est très peu utilisé en Amérique latine, il est remplacé par le terme espagnol « agricultura campesina » qui signifie agriculture paysanne ou celui de petits et moyens producteurs (Merlet, Clara Jamart, 2007).

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