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Chapitre 2 Traduction et société : état de la question

2.1 Les quatre grands virages de la pensée traductologique

2.1.4 Le virage sociologique en traductologie

2.1.4.3 Les théories prédominantes dans le virage sociologique de la traduction

2.1.4.3.1 Pierre Bourdieu : champ, habitus et illusio

Si le recours à la sociologie de Pierre Bourdieu est fréquent dans plusieurs disciplines, à savoir le droit, les sciences politiques, l’économie, l’histoire, entre autres, il est sans aucun doute le sociologue dont la pensée est la plus présente dans l’approche sociologique à la traduction. S’il n’est pas simplement cité dans les publications portant sur la traduction, ses idées sont adoptées

107À la distinction classique entre le produit et le processus, Gouanvic (2007, p. 13-14) propose une approche de la traduction

en termes de production. Considérer la traduction en tant que production signifie que la traduction est considérée « dans le moment même de sa genèse, dans l’instant de son émergence » selon l’habitus du traducteur. Elle n’est qu’accessoirement envisagée en tant que produit (Gouanvic 2007, p. 22). Ce « possible théorique » ajoutera une « dimension spécifique » à la recherche axée sur le processus et le produit. Gouanvic n’explique pas toutefois ce qu’il entend par « dimension spécifique ».

108 Il y en a bien une troisième, celle de Niklas Luhmann, qui semble intéresser Théo Hermans au point où ce dernier lui a

consacré quelques articles. L’intérêt de Hermans ne semble pas être partagé par d’autres traductologues. Ce qui peut s’expliquer par le fait que, dans une sociologie de la traduction fondée sur les idées de Luhmann, les traducteurs ne feraient pas partie du système social. Selon Luhmann, le système n’est pas constitué d’individus, mais de communications (Hermans 1999, p. 137- 150 et 2007, p. 55-75).

par de nombreux chercheurs en tant qu’outils exploratoires de la pratique traductionnelle. Citons à titre d’exemple, Daniel Simeoni, Jean-Marc Gouanvic, Moira Inghilleri et Michaela Wolf. Parmi ces chercheurs, Jean-Marc Gouanvic est sans doute le chercheur qui s’est le plus penché sur l’application des concepts sociologiques de Bourdieu à la traduction. Critiquant les constructions binaires (source/cible, fond/forme, domestication/étrangéisation) qui dominent la pensée traductologique et qui voilent « la nature de ce qui est à l’œuvre dans la traduction » (2006, p. 123), il propose d’objectiver la traduction (connaissance scientifique) afin d’y intégrer le sujet (le traductologue) (2006, p. 125). Analysant l’importation et la réception d’un genre littéraire, soit la science-fiction au moyen de la traduction, il affirme que la théorie de Pierre Bourdieu permettrait d’analyser le phénomène de la traduction dans tous ses états, du texte traduit à la pratique de la traduction (1999, p. 20). Selon Gouanvic, c’est un modèle heuristique grâce auquel il sera possible de « rendre compte de ce qui est au principe des transformations et des manipulations que subissent les textes dans le processus de la traduction » (1999, p. 141). Il serait également possible, grâce aux concepts bourdieusiens, en particulier ceux de champ, d’habitus et d’illusio, de rendre compte de toute la complexité de l’opération de traduction à la fois en tant que production et produit et du traducteur en tant que producteur (Gouanvic 2007, p. 22) et créateur de nouveaux espaces/champs. Pour Gouanvic « l’enjeu d’une sociologie de la traduction réside dans l’articulation de ces concepts avec la traduction » (2006, p. 125). Dans les pages qui suivent, nous procéderons à la présentation des trois concepts les plus utilisés en traductologie, soit le champ, l’habitus et l’illusio. Nous verrons également leur application à la traduction.

Le concept de champ est venu répondre à l’insuffisance des deux modes dominants de lectures sociologiques de la modernité (Voyé 1999), à savoir la classe et la strate. Le concept de classe, qu’on doit au marxisme, établit des rapports de conflit entre deux classes, celle des bourgeois et celle des prolétaires. Le concept de strates est d’origine américaine. Comme sa connotation géologique l’indique, il exprime une idée de « couches » dans laquelle l’individu n’est pas enlisé, contrairement à l’idée de classe sociale. Une strate est plutôt vue comme « une échelle sur laquelle chacun a la possibilité de monter pourvu qu’il fasse des efforts dans ce sens » (ibid., p. 84). Le concept de classe n’était plus pertinent à l’étude de sociétés dans lesquelles les termes « révolution » et « aliénation économique » n’avaient pas de sens. Celui de strate a vu son

importance réduite par la prise de conscience que l’ascension sociale « facile » à laquelle il référait n’était pas aussi aisée (ibid., p. 85). C’est alors que le concept de champ a fait son apparition.

Le champ est un concept fondamental à la théorie sociale de Bourdieu dans lequel s’insèrent tous les autres concepts (habitus, capital, illusio)109 et qui permet de tenir compte du changement social. Dans le sens bourdieusien, ce concept renvoie à la manière dont « un “produit social” déterminé est mis à la disposition d’une certaine demande sociale à travers l’organisation légitime (c’est-à-dire généralement admise) d’un ensemble de rôles, d’objectifs et de moyens » (ibid., p. 86). C’est un espace où « les agents ou les groupes d’agents sont définis par leurs positions dans le champ » (Bourdieu 2001, p. 294) et où « les rapports de forces objectifs s’imposent à tous ceux qui entrent dans ce champ » (ibid.). La définition à laquelle on a le plus souvent recours dans les contributions d’inspiration bourdieusienne veut que le champ soit un système de « dispositions durables et transposables, structures structurées prédisposées à fonctionner comme structures structurantes, c’est-à-dire en tant que principes générateurs et organisateurs de pratiques et de représentations qui peuvent être objectivement adaptées à leur but sans supposer la visée consciente de fins et la maîtrise expresse des opérations nécessaires pour les atteindre […] » (Bourdieu 1980, p. 88, cité dans Gouanvic 2007, p. 82).

Gouanvic distingue le champ de la traductologie de l’espace de la traduction. Le champ de la traductologie, un champ scientifique « au plein sens du terme » (Gouanvic 2007, p. 81) possède toutes les caractéristiques d’un champ dans le sens bourdieusien. Sa raison d’être est de se faire reconnaître « en tant que champ autonome du savoir » (Gouanvic 1999, p. 146) et de mettre fin à la subordination du « champ » de la traduction par rapport à d’autres champs apparentés (la linguistique ou la littérature110 par exemple). Il repose sur l’existence d’agents qui lui sont propres (traducteurs, réviseurs, éditeurs, entre autres). Il a des industries (maisons d’édition, cabinets et agences de traduction et de révision) ainsi que des moyens techniques en perpétuelle

109 Les concepts bourdieusiens ne sont pas à prendre dans une définition figée ou unique. Bourdieu a défini ses concepts de

plusieurs manières au fil de l’évolution de sa théorie sociale.

110 Les champs ne sont pas égaux. Ils sont hiérarchisés les uns par rapport aux autres en fonction de plusieurs facteurs, dont le

poids (ou le capital) accordé au produit qu’ils diffusent. Le statut de texte traduit ayant toujours vécu dans l’ombre du texte original, il est facile de comprendre que le champ traductologique ait eu de la difficulté à se positionner en tant que champ distinct.

évolution pour accompagner l’essor de ce domaine (logiciels informatiques, outils d’aides à la traduction). Il se prévaut de lieux de formation (universités, écoles de formation). Il s’est doté d’institutions, de revues et d’associations (OTTIAQ, Association des traducteurs littéraires, de réviseurs entre autres) et son thème fait l’objet de conférences et de rencontres nationales et internationales. C’est un champ qui existe parce qu’il y a des agents qui ont des intérêts matériels et symboliques qui prennent position sur le thème de la traduction (Gouanvic 1999, p. 144). Par contre, la traduction n’est qu’un espace qui relève de la nature des textes traités d’un champ en particulier111. Par exemple, la traduction littéraire appartient au champ littéraire et la traduction juridique au champ juridique112. Une traduction aura les mêmes enjeux que ceux du champ source « dont certains traits se communiquent aux champs ciblés par la traduction » (ibid.) Gouanvic estime que le traitement des traductions au sein d’un champ permet de saisir les enjeux de ces traductions dans le champ en question. Ces enjeux seraient mesurables, pour ce qui est de la littérature française, objet d’intérêt de Gouanvic, grâce à l’analyse de la manière dont les traducteurs font bouger les « hiérarchies de légitimités socio-esthétiques dans le champ » (Gouanvic 2006, p. 126) en question.

L’habitus est le concept le plus fréquemment employé dans les études sur la traduction. Bourdieu définit ce concept comme suit :

Produit de l’histoire, l’habitus produit des pratiques, individuelles et collectives, donc de l’histoire, conformément aux schèmes engendrés par l’histoire; il assure la présence active des expériences passées qui, déposées en chaque organisme sous la forme de schèmes de perception, de pensées et d’action, tendent, plus sûrement que toutes les règles formelles et toutes les normes explicites, à garantir la conformité des pratiques et leur constance à travers le temps.(Bourdieu 1980, p. 91)

111 Selon Michaela Wolf (2007, p. 21), l’appartenance de chaque traduction au domaine dont elle relève rend difficile la

conceptualisation d’un champ dans le sens bourdieusien. D’abord parce qu’il existe des différences fondamentales entre les mécanismes opérant dans la production des textes originaux et celle des traductions. Ensuite, la position des agents dans ce champ est éphémère vu la nature temporaire de leurs contrats, ce qui entraîne une reconstitution constante des circonstances de la traduction. Enfin, les instruments destinés à la consécration des traducteurs et de leur produit sont beaucoup moins établis que ceux des auteurs et du produit source, ce qui conduit à un partage inégal du capital symbolique.

112 Bourdieu n’a pas pensé sa théorie pour le droit et encore moins pour la traduction. Ses écrits concernant le champ juridique

et les actions de ses agents (dont le traducteur ne fait pas partie) sont peu nombreux. Dans « La force du droit. Éléments pour une sociologie du champ juridique » (1986), il définit le champ juridique comme « le lieu de concurrence pour le monopole du droit de dire le droit, c’est-à-dire la bonne distribution (nomos) ou le bon ordre, dans laquelle s’affrontent des agents investis d’une compétence inséparablement sociale et technique consistant pour l’essentiel dans la capacité socialement reconnue d’interpréter (de manière plus ou moins libre et autorisée) un corpus de textes consacrant la vision légitime, droite, du monde social » (Bourdieu 1986, p. 4).

Bourdieu traite ici d’une sorte d’habitus113 générique, qu’en est-il de l’habitus du traducteur?

Présente-t-il des spécificités?

Appliqué à la traduction, le concept d’habitus prend une dimension beaucoup plus large et complexe. Selon Munday (2001, p. 158), Gouanvic met l’accent sur l’habitus comme étant une partie intégrante de l’histoire, de l’éducation et de l’expérience personnelle des traducteurs. Ce traductologue affirme que les choix lexicaux et esthétiques révélant la voix du traducteur ne sont pas des choix stratégiques conscients, mais l’effet d’un habitus particulier acquis dans le champ littéraire cible. Étant « le social incorporé » (Bourdieu 1992, p. 103, cité dans Gouanvic 2007, p. 86), l’habitus du traducteur se forme « dans les luttes antérieures menées dans les champs, il se définit dans la relation avec les enjeux du présent et est tourné vers l’à-venir qui se dessine dans les comportements qui s’offrent à lui » (Gouanvic 2006, p. 127). La traduction résulte de la « rencontre entre un habitus socialement constitué et une certaine position déjà instituée ou possible dans la division du travail de production culturelle » (Bourdieu 1984, p. 210).

Gouanvic distingue l’habitus primaire de l’habitus spécifique. L’habitus primaire est formé à l’apprentissage d’une seconde langue et serait une condition de l’acquisition de la pratique de la traduction. Il n’est toutefois pas suffisant pour faire le traducteur. L’habitus spécifique se construit à partir de la rencontre de deux cultures, l’indigène et l’étrangère. La culture indigène est celle de l’habitus primaire du traducteur, celle vers laquelle il traduit. Pour Gouanvic, l’habitus primaire conditionne le processus de traduction, ce qui peut créer des traductions ethnocentriques. S’il traduit vers la « seconde langue-culture », il sera plus porté, par son

habitus, à aller vers le champ source que vers le champ cible et à conserver les marques

d’étrangeté du texte source dans la traduction.

Dans « Objectivation, réflexivité et traduction » (2007), Gouanvic analyse les habitus de trois « agents traducteurs » français (p. 84) de littérature américaine, notamment Maurice-

113 Il semble judicieux d’insister sur le fait que Bourdieu sépare l’habitus de l’habitude. Celle-ci est répétitive et mécanique,

tandis que l’habitus comporte un côté créateur et non servile et « quelque chose de puissamment générateur » (Bourdieu 1980, p. 134). Le concept d’habitus est créatif en ce sens que bien qu’il soit ancré dans l’agent, il ne l’empêche pas de produire des stratégies ou d’avoir une capacitéd’ajustement à des situations données. Dans ce sens, il est « […] à la fois principe générateur de pratiques objectivement classables et système de classement (principiumdivisionis) de ces pratiques. C’estdanslarelation entre les deux capacités qui définissent l’habitus, capacité de produire des pratiques et des œuvres classables, capacité de différencier et d’apprécier ces pratiques et ces produits (goût), que se constitue le monde social représenté, c’est-à-dire l’espace des styles de vie » (Bourdieu 1979, p. 190).

Edgar Coindreau, Marcel Duhamel et Boris Vian. L’habitus étant lié à la trajectoire sociale de chacun de ces traducteurs, il permet d’expliquer les raisons qui poussent ces derniers à apprécier ou à rejeter un auteur. Il cite le cas de Coindreau dont l’appréciation de Faulkner (et par ricochet le rejet de Hemingway) résulte du fait qu’il établissait un parallèle entre les personnages brossés par cet auteur du sud des États-Unis et les chouans, contre-révolutionnaires vendéens auxquels il s’identifiait parce qu’il était originaire de la même contrée qu’eux. Gouanvic évoque plusieurs types d’habitus. Coindreau possède un habitus qui le pousse vers la littérature sérieuse, Duhamel a un habitus plébéien dont le trait principal est « une conception eudémonique, ludique et jubilatoire » et Vian possède un habitus de taupin114 possédant un réel talent littéraire (2007,

p. 85). L’habitus peut être individuel ou collectif. Dans Sociologie de la traduction (1999, p. 142), Gouanvic traite d’un habitus collectif, celui de la bourgeoisie française dont la crainte de la science et de la technologie perçue comme productrice de mutations sociales risquant de renverser les rapports de force dans la société explique la difficile implantation de la science- fiction en France au début du siècle dernier.

Daniel Simeoni (1998) établit un lien entre le concept d’habitus et le concept de « normes ». Par rapport au concept tourien, le concept d’habitus présente l’avantage d’inclure un « caractère structurant et structuré ». Pour Simeoni, si tous les individus disposent d’un habitus social, peu d’entre eux disposent d’un « specialized professional habitus ». Il distingue entre l’habitus général (social) et l’habitus spécialisé (professionnel). L’apprentissage de la traduction transforme l’habitus général en un habitus spécialisé. Simeoni évoque l’idée d’un habitus traductionnel et encourage les traductologues à chercher à savoir « whether the differential of stylistic choices distinguishing different translators can be shown to be a function of the differences in their specialized habitus » (1998, p. 21).Pour Simeoni (1998, p. 18), le « modèle social » constitue une tentative d’interpréter les rapports entre l’habitus général ou restreint « within the context of the society at large, in a reasoned manner » (ibid.). Avant d’adhérer à un champ, le traducteur doit posséder un habitus compatible avec ce champ, ce qui renvoie à l’idée bourdieusienne « d’intérêt dans le jeu », reprise par Gouanvic grâce au concept de l’illusio.

Le troisième concept qui intéresse Gouanvic est celui de l’illusio. L’illusio est « le fait d’être pris au jeu » (Bourdieu 1997, p. 25). C’est un élément nécessaire au fonctionnement d’un champ dans la mesure où « pour qu’un champ marche, il faut qu’il y ait des enjeux et des gens prêts à jouer le jeu, dotés de l’habitus impliquant la connaissance et la reconnaissance des lois immanentes du jeu, des enjeux, etc. » (Bourdieu 1984, p. 114-116). Pour Gouanvic, l’enjeu d’une sociologie de la traductologie consiste à « faire apparaître les ressorts de l’illusio, l’adhésion au jeu traductologique, à savoir les intérêts pour un agent à prendre position sur un thème et s’efforcer de “dire le vrai” de ce thème » (1999, p. 145). Se penchant sur « le discours littéraire de la traduction dans sa pluralité socialement hiérarchisée » (2007, p. 10), Gouanvic place sa pensée dans le champ spécifique de la traduction littéraire et de ses genres. Il a choisi la définition de l’illusio littéraire, soit l’« adhésion originaire au jeu littéraire qui fonde la croyance dans l’importance ou l’intérêt des fictions littéraire, est la condition, presque toujours inaperçue, du plaisir esthétique qui est toujours, pour une part, plaisir de jouer le jeu, de participer à la fiction, d’être en accord total avec les présupposés du jeu » (Bourdieu 1992, p. 455, cité dans Gouanvic 2007, p. 87).

Le traducteur (littéraire) est un agent qui s’investit dans le jeu que lui offre le champ traductologique « selon des dispositions ajustées à ce jeu, elles-mêmes acquises dans le champ » (Gouanvic 2007, p. 87). De quelle manière le traducteur concrétise-t-il son intérêt à entrer dans le jeu? Selon Gouanvic, il « s’efforce de » transporter « en quelque sorte » les traits « du texte source dans la culture cible » (Gouanvic 2007, p. 87). Ce sont ces traits qui sont les producteurs de l’illusio (littéraire). La mission du traducteur consiste à trouver les moyens d’exprimer les traits génériques et discursifs du texte source de façon à ce que le lecteur cible prenne part au type d’illusio d’un champ, de la même manière que le lecteur du texte source. Le lecteur sera amené par cet illusio à classer les textes traduits dans des catégories génériques (policier ou science-fiction). Chaque illusio d’un texte reflète l’illusio d’un champ en particulier. Gouanvic donne l’exemple de Fondation du célèbre auteur de science-fiction Isaac Asimov. Cette œuvre exprime l’illusio du champ de la science-fiction. En revanche, A Farewell to Arms d’Hemingway exprime celle du champ du roman réaliste.

L’importation des concepts bourdieusiens semble répondre à un certain besoin du champ traductologique. Le concept de « champ », bien qu’il présente des similitudes avec celui de

« système », semble être moins soumis à la détermination présente dans ce dernier (Munday 2001, p. 158). Il permet d’intégrer la présence et l’action d’agents, peu explorée par les autres théories traductologiques, ainsi que la notion de lutte et de positions, approchées d’un point de vue plus objectif que dans l’approche postcoloniale. Plus généralement, les idées bourdieusiennes fournissent des moyens pour conceptualiser un cadre théorique sur le traducteur et sa pratique, grâce à l’habitus et à l’illusio, afin de leur faire acquérir la visibilité qui leur manquait.