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3- Chaque nouvelle forme d’action collective émerge d’un contexte d’actions collectives anciennes

3.1. La phase exploratoire : Observation directe et anthropologie sociale anthropologie sociale

3.1.6. Phase d’exploitation des données et validation

L’exploitation des données commence, dans cette méthodologie, relativement tôt, à vrai dire, alors même que l’observateur participant est encore en pleine phase de récolte de données. Cette phase pourrait être celle des pré-résultats, du fait de la fonction du journal de bord qui est «réflexive et analytique» (Winkin, 2001, p.147). C'est donc à travers une relecture régulière dans le temps que les premiers résultats, à travers des codes et des règles, émergent des données. Les Américains les nomment aussi les «patterns»144.

C’est donc très tôt que l’observateur participant réalise les premières synthèses de ses notes et ajoute des réflexions soutenues par la littérature. A partir du moment où il dispose de plusieurs résultats d’observations, la comparaison peut commencer entre eux. Et c’est ainsi qu’il constate des similarités, des différences ou encore des exceptions. Ici, les premières catégories observées émergent des données du terrain. Le chercheur est en mesure de les nommer et de leur attribuer des composantes descriptives.

D’ailleurs, la validation de ces composantes descriptives peut être faite par des entretiens sur le terrain. De cette manière, nous écartons tout biais d’observation dans la démarche méthodologique. Est-ce qu’il s’agit d’une véritable exception, et si oui, pourquoi ? C'est également à ce stade que le chercheur décide de les maintenir dans son corpus de données ou de les éliminer, et de voir ainsi les limites de la méthode sur le terrain.

144 Ibid.

Les entretiens qui se sont faits par hasard sur le terrain font partie des données du journal de bord. Ils complètent les descriptions des observations et s’exploitent également via une relecture régulière. C’est ainsi qu’une attribution de leurs différents contenus à tel ou tel type de codes ou de règles comportementales observées sur le terrain peut être effectuée. Au début, le chercheur les a numérotés, datés, notés dans la durée, en précisant les coordonnées de la personne interviewée, pour, par la suite, les attribuer aux terrains observés. C'est seulement lors de l’exploitation des données qu'ils seront inclus dans l’intégralité de la relecture.

Les noms de personnes et ceux des lieux observés seront donc effacés pour que l’essentiel de notre objet d’étude puisse sortir naturellement.

Le support visuel - des photos par exemple - ne remplace en rien la prise de notes ni des entretiens anthropologiques. Il n’y a donc pas de substitution à l’observation «à l'œil nu» (Winkin, 2001, p.148) qui soutient la perception de notre regard. Or, l’observateur participant ne peut guère saisir la situation dans sa globalité par un simple acte d’écriture. Cet outil de travail l'appareil photo ou la caméra est donc à considérer au même titre que l’acte d’écriture et l’interview. Seulement, la lecture de l’image ne se fait pas de la même manière.

La méthode sémiologique à image fixe (Barthes, 1957, 1964 et 1985;

Bremond, 1964; Eco, 1970; Gauthier, 1986; Joly, 1993; Charon, 1995) ou en mouvement (Veron, 1983) se prête à l’exploitation du corpus visuel. Après avoir passé la première phase de la dénotation (Barthes, 1964; Eco, 1972, Joly, 2001), les premières catégories peuvent être créées. Dans l’étape suivante, nous faisons émerger les trois groupes de signes: iconiques, plastiques et linguistiques (Barthes, 1957 et 1985; Eco, 1978; Gauthier, 1979; Joly, 1993 et 2002). Il s’agit de différentes catégories de signes qui permettent d’analyser dans le détail des images fixes telles que des photos. Cela nous permet de mettre davantage en évidence les différentes composantes de l'une ou de l’autre dimension qui sont sorties lors de nos résultats issus de l’exploitation du journal de bord et des entretiens anthropologiques.

Pourquoi opter pour une autre méthode d’exploitation dans le corpus visuel?

Parce que la lecture d’une image et son exploitation se fait d’une manière différente par rapport à celle de nos données manuscrites. Pourtant, les différents niveaux de lecture d’un texte écrit et d’une image peuvent se rejoindre dans un niveau de lecture

plus avancé. Mais, dans ce cas, nous nous trouvons dans la mythologie (Barthes, 1957; Eco et Pezzini, 1982), où un signifié devient le signifiant à partir du deuxième niveau de lecture, et ainsi de suite.

Nous choisissons la méthode d’exploitation qui correspond à nos différentes données: pour la prise de notes du terrain, une approche anthropologique ou linguistique, et pour le corpus visuel, une approche sémiologique de l'image fixe.

Nous avons alors exploité les données en passant par les synthèses de notes de terrain et en créant des catégories relatives aux critères d’analyse. La méthode sémiologique de l'image fixe (Barthes, 1957) était utilisé pour le corpus visuel. Voici un extrait d’une piste de recherche145 qui illustre une partie du travail sur le terrain :

La validité des données venant de l’observation participante a été, entre autres, discutée d’une manière explicite dans la littérature anthropologique (Winkin, 2001), ethnographique (Weber, 2009), sociologique (Peneff, 2009), ou encore en

145 Ce tableau apparaissait dans une publication lors de la conférence

«International Marketing Trends» qui se tenait en janvier 2009 à Paris. Les résultats représentaient différents lieux de rencontres avec les produits d’artisanat d’Art. A ce stade, nous avons compris le lieu de vente, mais pas encore le produit même. L’acceptation de cet article a certainement aussi contribué à une meilleure définition de la problématique de recherche. Ainsi, nous avons obtenu une validation d’autres chercheurs concernant des résultats exploratoires, à un instant d’avancement difficile de cette thèse. La formulation finale de la question de recherche étant encore inexistante à ce stade. Mais cela souligne bien la démarche constructive de la part du chercheur ici.

« Les

Authentiques » « Les Réalistes » « Les Artistes » Nombres de photos

pr is

122 60 65 Référ ences Métier d’artisanat et

au Artisan

L’habituel des espaces commerciaux

Art

Notions de Luxe via Manière de la mise en scène de l’objet

Ambiance L’originalité de la mise en scène

Tableau 4: Tableau récapitulatif des lieux d’expositions et de rencontres d’un objet d’artisanat d’Art

marketing (Penaloza et Cayla, 2006). Or, les suggestions pour obtenir une validation des données varient entre l'auto-analyse et des actions proposées pour une démarche rigoureuse qui garantit la récolte des données d’une manière objective.

Par conséquent, nous proposons de choisir un terrain de contrôle qui permet d’effectuer une récolte des données en appliquant les mêmes conditions que celles utilisées lors de phases antérieures.

Pendant cette phase, le chercheur réalisera si ces données sont valables ou non en extrapolant les résultats par l’observation directe sur un terrain de contrôle.

En clair, il constatera très vite s’il trouve les mêmes résultats ou non. Le choix du nouveau terrain doit répondre à tous les critères de sélection réunis. C’est-à-dire qu'il doit répondre à toutes les conditions prédéfinies qui ont permis d'intégrer les différents terrains d’observation au cours de la période d’observation.

Cette démarche ne permet pas uniquement de rester fidèle à l’observation participante jusqu’au bout, mais également de la choisir comme méthode de validation. L’application de la même méthode permet aussi d'éviter le risque d’introduire des biais supplémentaires en utilisant une autre méthode.

L’observateur participant peut également décider d'utiliser d’autres méthodes qualitatives ou quantitatives pour valider ses résultats, comme des focus groups ou des entretiens individuels. Mais il ne s’agit surtout pas d’appliquer toute la procédure méthodologique pour exploiter ces données. En clair, le choix de la méthode pour valider les données issues de l’observation participante dépend aussi de l’objectif de recherche.

La validation du corpus visuel se fait en la comparant à des données visuelles issues d’un domaine semblable, par exemple en comparant deux pays, deux groupes sociaux, etc. Ceci peut se faire en regardant la littérature si elle existe. ou en réalisant des photos du groupe comparatif qui sert ainsi de groupe de contrôle par rapport à nos résultats visuels. L’exploitation de données de validation se fait aussi via la méthode sémiologique de l’image fixe ou en mouvement.

Pour conclure, la validation de nos résultats a été réalisée en comparant les différents résultats des trois pays. Mais pour valider davantage nos composantes et

nos définitions conceptuelles du terrain, nous avons effectué 12 entretiens en profondeur avec les experts146 (artisans, clients et commerciaux) venant de nos trois pays. Ainsi nous avons validé nos différentes dimensions de lieux d’exposition et de rencontre. Cela nous a permis de mettre en évidence avec précision les différences conceptuelles relatives à notre objet de recherche, c’est-à-dire où se trouve la frontière entre l’Art147 et l’artisanat, ainsi que celle entre l’artisanat et l’artisanat de luxe.

Le corpus visuel était aussi validé par les entretiens en profondeur avec des experts ici.