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3- Chaque nouvelle forme d’action collective émerge d’un contexte d’actions collectives anciennes

2.4. LA FONCTIONNALITE D’UN PRODUIT D’ARTISANAT D’ART D’ART

2.4.3. Le contexte d’utilisation d’un produit d’artisanat d’Art

Arrêtons-nous un instant sur la notion de contexte d’utilisation et son influence sur la détermination de la fonction d’un produit d’artisanat d’Art à travers sa représentation commerciale.

L’attribution d’un contexte d’utilisation au produit d’un métier d’artisanat d’Art par ses usagers définit également le type de fonctionnalité. Baudrillard (1968) nomme aussi ce contexte particulier «…la réalité vécue de l’objet» (p.14). Donc, l’objet change sa fonctionnalité selon les contextes qui lui sont attribués par les usagers. Ceci vient d’un «… degré de l’exclusivité ou de socialisation dans l’usage (privé, familial, public, indifférent)…»93 de l’objet.

Un acte de socialisation qui se traduit en usages divers d’un produit d’artisanat d’Art découle, certes, de nouveau, d’un besoin de la part d’un individu.

Mais la perception du contexte d’utilisation peut différer entre celui qui décide de ce contexte et celui qui va découvrir le produit dans ce même contexte. Ainsi, la perception de la fonctionnalité d’un produit d’artisanat d’Art peut changer en lien avec un contexte donné et l’interprétation individuelle du client qui le regarde.

Cette interprétation individuelle de l’usager d’un produit d’un métier d’artisanat d’Art est à comprendre comme une libération de quelque chose en lui-même (Baudrillard, 1968). Baudrillard (1968) dit que «l’homme n’est pas libre de ses objets, les objets ne sont pas libres de l’homme» (p. 67). D’après lui, il y a une interdépendance relationnelle entre un objet et l’individu qui l’utilise. Ici, nous ne cherchons pas à comprendre le produit à travers cette relation. Mais plutôt à définir le produit d’un métier d’artisanat d’Art en passant par le regard de l’homme et son appréciation fonctionnelle. C’est la fonction de l’objet qui déclenche une réaction sensorielle et se traduit en attribution du sens94 qui permet une identification de la fonction primaire du produit d’artisanat d’Art. Elle est dégagée par les rites et l’étiquette95 que l’homme connaît. Ceci lui permet de reconnaître l’utilité même de l’objet.

93 Ibid, p.8.

94 Ibid.

95 Ibid.

Baudrillard (1968) parle ainsi d’une liberté dans le fonctionnement même des objets et de l’individu qui les utilise. Donc, une fois qu’un produit d’un métier d’artisanat est identifié dans son utilité première, toute autre fonction peut lui être attribuée par son usager. Prenons l’exemple d’un vase qui est fait par un céramiste.

Le vase en soit est un contenant où disposer des fleurs par exemple. En l’intégrant dans une chambre avec des meubles, il devient à son tour un objet parmi ceux qui existent déjà. Il devient un objet décoratif. Alors, Baudrillard (1968) nomme cette liberté de changer la fonction d’un objet «…la liberté réelle de l’objet» (p. 26). Or, sa fonction primaire, qui était de simplement contenir des fleurs, s’appelle une «…liberté formelle» (p. 26). Ainsi, chaque produit d’un métier d’artisanat d’Art a ses fonctions qui sont reconnues par le client.

La discussion sur la fonctionnalité d’un objet se fait à deux niveaux (Baudrillard, 1968). La première est la dénotation objective, donc la première fonctionnalité du produit d’artisanat d’Art. La deuxième est la connotation, «…par où il arrive à l’usage et entre dans le système culturel» (Baudrillard, 1968, p.16).

Donc c’est le client qui attribue l’usage personnel du produit d’un métier d’artisanat d’Art dans son esprit, en le regardant dans une vitrine par exemple.

Cette libération formelle et réelle d’après Baudrillard (1968) représente la perception d’un individu face à l’objet. Le produit d’artisanat d’Art déclenche alors quelque chose chez les clients. En corollaire, l’objet en soi ne se situe pas au centre du débat96 dans la littérature, mais plutôt dans la réaction individuelle qui y est liée.

Par contre, nous nous focaliserons avant tout sur la définition de la fonctionnalité du produit d’artisanat d’Art en passant par le regard du client. Ceci peut se faire

96 Par «au centre», nous entendons que le produit «seul» ne se trouve pas à l’origine d’un débat dans la littérature en général. C’est souvent le comportement individuel à travers le produit d’artisanat d’Art qui est au centre d’un débat théorique, comme le discours philosophique de Baudrillard (1968) sur des choses, ou encore le discours historique de Seymour (1987) sur l’utilité des objets de décoration à différentes époques. Tous les deux illustrent un débat qui passe par l’individu et, par la suite, par l’objet, pour se retrouver de nouveau dans une dimension individuelle. Mais nous pensons qu’en débutant par la dimension «objet» (produit) qui se révèle à l’individu, le discours change sur la perception du produit d’un métier d’artisanat d’Art. Cependant, cette idée n’est pas traitée d’une manière explicite dans ce travail.

également en regardant une forme de mise en scène commerciale d’un produit d’artisanat d’Art, qui est destinée au client par exemple. Alors, nous considérons le contexte de mise en scène ici comme une suggestion d’utilisation, voire un type de fonctionnalité pour le produit d’artisanat d’Art. Par conséquent, nous ne sommes pas intéressés de savoir comment l’individu compte utiliser le produit d’artisanat d’Art, ni quelle est son intention d’achat avant de découvrir l’objet dans une représentation commerciale. En revanche, nous nous intéresserons à la perception du produit d’artisanat d’Art97 en passant par son contexte d’exposition commerciale qui peut contribuer à une compréhension fonctionnelle à travers le regard du client.

Aussi, nous distinguons jusqu’ici deux types de fonctionnalité d’un produit d’artisanat d’Art : la fonctionnalité individuelle et la fonctionnalité contextuelle.

La première est liée au produit même et à sa fonctionnalité d’origine. La seconde est celle dans laquelle le client découvre le produit d’artisanat d’Art dans un contexte d’utilisation proposé. Dans ce cas, l’usager inclut dans son identification un sens fonctionnel au produit d’artisanat d’Art en passant par un environnement d’application de l’objet. Les deux fonctionnalités passent par une interprétation personnelle du client.

Les deux types de fonctionnalité du produit d’artisanat d’Art peuvent être complémentaires, mais aussi indépendants. Ils sont complémentaires au moment d’une mise en scène de l’objet dans un contexte qui soutient l’identification de l’utilité de l’origine du produit. C’est ce qui l’entoure qui facilite la compréhension de la fonction d’origine de l’objet. En revanche, ils sont indépendants quand nous nous trouvons uniquement devant le produit d’artisanat d’Art seul, sans indicateurs sensoriels venant de l’environnement de l’exposition commerciale. Dans ce cas, le produit d’un métier d’artisanat d’Art correspond à une fonctionnalité individuelle de l’objet, car le client n’a pas besoin d’un contexte pour le comprendre. Le produit d’artisanat d’Art peut également être détourné de sa première fonction en étant dans un contexte qui diffère de cette dernière. Le nouveau contexte d’utilisation dicte donc

97 Nous soulignons ici l’importance que l’artisan d’un métier d’Art qui expose son produit dans un espace commercial, ne connaisse pas l’intention d’achat de son client. Il la connaîtra plus tard dans le processus d’achat, mais pas au moment de la rencontre entre le produit exposé et le client.

la définition de la fonctionnalité. Ici, nous avons une fonctionnalité contextuelle d’un produit d’un métier d’artisanat d’Art.

La figure suivante illustre l’idée de la complémentarité et de l’indépendance des fonctionnalités individuelle et contextuelle de notre objet de recherche :

Les fonctionnalités individuelle et contextuelle sont à considérer comme deux types de fonctionnalité indépendants. La complémentarité est, elle, déclenchée par la simple présence de stimuli sensoriels d’un contexte donné. C’est par la suite que la fonctionnalité contextuelle renvoie soit à celle d’origine, donc à l’individuelle, soit à une nouvelle fonctionnalité de l’objet. La nouvelle fonctionnalité se nomme alors la fonctionnalité contextuelle, car, sans le contexte, une reconnaissance du nouveau type de fonctionnalité n’est pas possible. Or, elle est distincte de la fonctionnalité individuelle. Dans ce cas, cette dernière est même exclue du processus d’identification de la fonctionnalité du produit d’un métier d’artisanat d’Art.

La notion de complémentarité est maintenue dans ce dernier cas (fonctionnalité contextuelle – contextuelle), car le produit représente de toute façon, à l’origine, la fonctionnalité individuelle. Elle existe de manière tacite à travers l’objet,

Fonctionnalité de l’objet

Fonctionnalité individuelle

Fonctionnalité contextuelle

Fonctionnalité individuelle

Figure 2 : Modèle de la fonctionnalité individuelle et contextuelle d’un produit d’un métier d’artisanat d’Art Fonctionnalité contextuelle

complémentaire indépendante

dans un contexte donné. Mais, elle n’est pas perçue de manière explicite, comme telle, par le client. Ici, le produit est représenté avec une autre fonctionnalité qui est reconnue par le client, surtout grâce à son nouveau contexte d’utilisation exposé.

Éclairons les deux types de fonctionnalité de notre objet de recherche par l’exemple de l’intention d’achat d’une chaise par un client chez un tapissier. Si le client se trouve en face de la vitrine d’un tapissier exposant des chaises seules, donc sans stimuli externes à l’objet dans l’espace commercial, il comprendra qu’il s’agit de chaises pour s’asseoir98. Nous avons ici une fonctionnalité du produit d’un métier d’artisanat d’Art qui est de type individuel. Le client peut identifier la fonctionnalité qui est propre à l’objet sans influences externes.

Il est vrai que l’objet peut être ensuite être détourné de sa première fonctionnalité (Baudrillard, 1968). Une fois que la chaise est acquise par le client et placée dans un salon à un endroit particulier, elle n’a plus sa première fonctionnalité qui était simplement de permettre de s’asseoir. Elle devient un objet de pure décoration par exemple. Sa fonctionnalité est alors de remplir un espace donné;

l’objet remplit une fonction décorative (Seymour, 1987) à la maison. Dans ce cas, il s’agit donc d’une fonctionnalité contextuelle, car l’objet est exposé dans un nouveau contexte d’utilisation. Mais, nous avons limité notre débat au contexte de la rencontre commerciale avec un produit d’artisanat d’Art.

Poursuivons alors notre illustration concernant l’identification du type de fonctionnalité par le client d’un produit d’artisanat d’Art. Notre client peut trouver les chaises d’un tapissier exposées comme du linge suspendu à un fil par exemple. Il doit d’abord passer par une fonctionnalité contextuelle, donc il va, en premier lieu, considérer la chaise comme un objet de décoration pour arriver, par la suite, à sa fonctionnalité individuelle, en se disant, «tiens, c’est une chaise, donc je peux m’asseoir dessus», par exemple.

Prenons le dernier cas, la fonction contextuelle qui propose une nouvelle fonction (fonction contextuelle – contextuelle). La chaise est intégrée dans une scène

98 Ici, nous excluons le débat sur le processus mental de la reconnaissance fonctionnelle de l’objet de la part du client. Il a déjà eu lieu dans le cadre du chapitre «le signe fonctionnel d’un objet d’artisanat d’Art». Donc, nous nous concentrerons uniquement sur l’identification du type de la fonctionnalité dans un contexte donné.

de salon. Elle a un support dur, sur lequel se trouve une grande plante par exemple.

Tacitement, le client va voir qu’il s’agit d’une chaise du fait de la forme d’origine de l’objet. Mais cette première fonctionnalité est détournée par la façon dont elle est mise en scène. Le client peut donc identifier d’entrée une autre fonctionnalité. Il pourrait considérer la chaise comme un pur objet de décoration, comme un support pour poser des plantes, ou autres, parce que l’objet se trouve exposé dans un contexte qui le détourne d’entrée de sa fonctionnalité première.

Notons, que le contexte d’utilisation que nous nommons ici peut également correspondre à un environnement «neutre» (Augé, 1994), soit une mise en scène sans stimuli autour de l’objet. Même si l’environnement n’a aucune influence dans ce cas sur la définition du type de fonctionnalité de l’objet, nous pensons qu’un espace99 qui entoure l’objet d’un métier d’artisanat d’Art existe. Il s’agit alors d’une autre manière de soutenir l’identification de la fonctionnalité de l’objet. Nous pensons avant tout au type de fonctionnalité individuelle de l’objet d’un métier d’artisanat d’Art.

L’identification du type de fonctionnalité dans un contexte d’utilisation en passant par la représentation de l’objet d’un métier d’artisanat d’Art permet ainsi de contribuer à la définition conceptuelle. La mise en scène commerciale est ici le contexte d’utilisation proposé au client. Nous posons donc les sous-questions de recherche suivantes:

Quels sont les différents types de fonctionnalité d’un objet d’un métier d’artisanat d’Art dans une mise en scène commerciale (fonctionnalité individuelle, contextuelle, ou autre)?

Quels sont les indicateurs visuels dans une représentation commerciale qui permettent d’identifier les différents types de fonctionnalité de l’objet d’un métier d’artisanat d’Art?

Comment le type de fonctionnalité identifiée contribue-t-il à la définition conceptuelle de l’objet d’un métier d’artisanat d’Art?

99 L’influence de différents stimuli est discutée dans le chapitre sur la mise en scène commerciale, plus tard. Nous ne définissons donc pas ici la notion d’«espace» ni son lien avec une représentation commerciale.

Pour conclure, nous retenons ici que l’objet d’un métier d’artisanat peut avoir deux types de fonctionnalité dans un contexte d’utilisation qui passe par sa représentation commerciale. La fonctionnalité individuelle renvoie à sa première fonctionnalité au sens de Braudrillard (1968). La fonctionnalité contextuelle correspond à une situation dans laquelle l’objet d’un métier d’artisanat d’Art est entouré par une proposition de contexte d’utilisation. Ce dernier soutient la fonctionnalité individuelle ou en suggère une nouvelle. Le contexte d’utilisation a donc pour objectif d’aider le client qui rencontre l’objet de recherche dans une mise en scène commerciale à identifier le type de fonctionnalité.