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2. LE CADRE CONCEPTUEL D’UN PRODUIT D’ARTISANAT D’ART D’ARTISANAT D’ART

2.2. Le regard de l’homme sur le produit d’un métier d’artisanat d’Art

2.2.4. Le rapport entre l’interactionnisme symbolique et le monde de l’artisanat d’Art vu comme une propre société de l’artisanat d’Art vu comme une propre société

2.2.4.1. La nature du monde de l’artisanat d’Art vu comme une propre société société

Dans notre débat, nous incluons, en utilisant le terme société de l’artisanat d’Art, tous les groupes d’acteurs qui y sont impliqués. Commençons par l’homme qui désigne le produit, le réalise et le met en vente, continuons par celui qui peut remplacer le créateur à un moment donné comme intermédiaire dans la vente; et terminons par celui qui s’intéresse au produit, l’achète et le consomme. Nous incluons ainsi tous les groupes qui existent au sein du monde de l’artisanat d’Art.

Mais nous mettons un accent particulier sur le point de vue du client sur le produit.

Nous essayons ainsi de saisir en quoi consiste la compréhension de ce qu’est le produit vu sous l’angle de la vie du monde de l’artisanat d’Art dans son ensemble, et particulièrement à travers le regard du client. Parce qu’il fait partie de ce monde social construit.

Le groupe humain se définit comme des individus qui sont liés par l’action sociale (Blumer, 1998). Cette dernière consiste en une multitude d’activités que les individus réalisent au quotidien en rencontrant d’autres individus dans les situations successives auxquelles ils sont confrontés. Ainsi, les hommes agissent de manière individuelle, en collectivité ou encore comme représentant d’un autre groupe (Blumer, 1998) qui n’appartient pas forcément au monde de l’artisanat d’Art. Les activités sont donc vécues par ces différents individus en fonction des diverses situations dans lesquelles ils interagissent. Par conséquent, la société de l’artisanat d’Art, les différents groupes qui la composent, tout comme les acteurs de toute la chaîne existent en actions sociales (Blumer, 1998). C’est-à-dire que ce sont les actions de la part des différents acteurs qui font que les groupes des hommes appartiennent au monde de l’artisanat d’Art et agissent ainsi. Par conséquent, Blumer (1998) introduit le regard de la culture à la structure sociale, la société, voire le groupe social.

D’après Blumer (1998), la culture est vécue au travers des activités des individus. Il s’agit précisément de ce que les hommes font dans le monde de l’artisanat d’Art. Nous avons donc affaire ici à une culture propre à l’artisanat d’Art. Elle se traduit en valeurs, normes, règles, coutumes et traditions (Blumer, 1998; Becker, 2010; Durkheim, 1937, 2007) qui sont propres à l’artisanat d’Art. Dès lors, les artisans d’un métier d’artisanat d’Art, les vendeurs et les clients

comprendront la culture qui tourne autour du produit d’artisanat d’Art. Prenons l’exemple des photos suivantes pour illustrer les aspects de la culture de l’artisanat d’Art. Elles ont été prises lors de la phase exploratoire en observant les différents types de rencontres entre le client et le produit.

Vue de la vitrine d’un magasin de tapisserie à Carouge, Genève (22 août 2008)

Voici quelques indications visuelles(signes iconiques et plastiques (Joly, 2008)):

- différents matériaux (tissu, cordes, bois, etc.)

- le produit semi-fini (chaise sans placet pour s’asseoir)

- ambiance mélangée (entre l’attribution de la fonctionnalité de la chaise dans un vrai contexte d’utilisation (comme un salon – indications supplémentaires sont la commode, le tableau au mur, les lampes diffusant une lumière ambiante, le tapis etc.) et une connotation au processus de travail voici ce que nous faisons avec… »))

Le client peut comprendre ce qu’est le produit ici : - en passant par des matériaux visuels et

l’illustration d’une partie du processus de fabrication.

- en passant par une mise en scène du contexte d’utilisation du produit, ce qui nous revoie à la fonctionnalité même du produit, une chaise qui est destinée pour un salon par exemple.

Vue de la vitrine d’un magasin de tapisserie à Carouge, Genève (22 août 2008)

Les indications visuelles sont presque les mêmes. Seulement, ici, nous reconnaissons davantage d’indications qui renvoient au métier de l’artisan d’Art.

Ceci est souligné par le cahier ouvert illustrant les différentes formes et couleurs, les tissus, un outil de travail en fer, etc. Le fait que le tout se retrouve dans une veille mallette ouverte renforce le sentiment de la magie qui tourne autour du métier ici, et qui s’illustre sous forme de produit.

Tout d’abord, nous insistons sur le fait que ces photos n’ont absolument pas été dénaturées. Il s’agit d’illustrer la vérité du terrain dans les conditions réelles de la rencontre d’un client avec le produit. Ainsi, nous pouvons constater qu’il faut avoir l’envie de s’approcher de cette vitrine par exemple car les conditions de lumière rendent l’intérieur invisible de loin.

Nous estimons donc que seuls les clients qui ont pour objectif de rentrer de toute façon dans ce magasin vont s’approcher de cette vitrine. Un simple client qui passe par hasard devrait découvrir visuellement le magasin de ce tapissier. Et peut-être avons-nous déjà la première indication pour la reconnaissance de la culture propre de l’artisanat d’Art par le client. Celui qui ne connaît pas les normes, les

règles, les coutumes de ce monde, se détourne automatiquement de la rencontre avec l’objet et ne fait de toute façon pas l’effort de comprendre ce qu’on lui propose à la vente et ainsi ce qu’est le produit. En revanche, un autre client familiarisé au monde de l’artisanat d’Art, et qui a peut-être déjà conclu une affaire avec un tapissier, aurait envie de découvrir ce que l’artisan lui propose à travers la mise en scène du produit.

Nous voyons ainsi que le client cherche à comprendre ce qu’est le produit en passant par une interaction visuelle souhaitée par l’artisan, sous forme de mise en scène de la vitrine contenant ses produits. Il s’agit donc ici d’une autre manière de constater la reconnaissance de valeurs communes, d’une culture qui est propre à l’artisanat d’Art, par le client. Si le client ne reconnaît pas les indications visuelles qui renvoient elles aussi aux valeurs de la culture, nous pouvons déduire qu’il ne connaît pas encore la culture du monde de l’artisanat d’Art. Par conséquent, le client doit déjà être dépositaire de quelques connaissances de cette culture, même s’il n’est pas informé des détails du processus de fabrication. C’est évident, car ce n’est pas son rôle, et que cela ne relève pas du groupe social auquel il appartient au sein du monde de l’artisanat d’Art.

D’ailleurs, dans le cas de nos photos, les valeurs de la culture se retrouvent dans toutes les indications renvoyant finalement au métier même de l’artisan d’Art et qui trouve son résultat dans le produit final. Le produit peut donc également être compris par les facteurs qui sont intégrés dans la culture du monde d’artisanat d’Art.

Ils peuvent être compris par les clients et pas seulement par les artisans. Mais, comment fonctionnent alors les interactions symboliques entre les hommes appartenant à différents groupes mais à une culture globale?

La structure sociale est représentée par la position sociale, le statut, le rôle ou encore le prestige (Blumer, 1998). Elle se réfère aux relations qui illustrent la manière d’interagir37 entre les individus. C’est donc en passant par la manière dont l’artisan interagit avec le client, voire le vendeur avec le client sur le produit d’un métier d’artisanat d’Art que nous devrions comprendre la structure sociale. Ainsi, il existe peut-être une position sociale, des statuts et des rôles qui ont été préétablis par les acteurs du monde de l’artisanat d’Art.

37 Ibid.

Mais en se référant à la sociologie classique, une structure sociale désigne quelque chose d’établi au sein d’une société ou d’un groupe social qui persistent dans le temps (Durkheim, 1937/2007). Or, dans l’interactionnisme symbolique, la vie humaine est considérée comme un processus en continu (Blumer, 1998), avec des évolutions dans les activités vécues par des hommes. Par conséquent, la structure sociale est l’appréciation de ce qu’on entend par une culture de l’artisanat d’Art évoluant dans le temps. Ici, nous nous concentrons uniquement sur le passé, s’il était intégré, en passant par le présent. Nous ignorons ce qui se déroulait exclusivement dans le passé. Mais s’il est intégré dans les interactions interindividuelles du client en regardant le produit de l’artisanat d’Art, il doit être inclus. L’évolution des activités sociales du client est donc à comprendre sur une certaine durée débutant dans le présent. Par conséquent, le présent est construit par plusieurs dimensions temporelles, dont le passé fait partie.

Pour conclure, le monde de l’artisanat d’Art peut être vu comme une société à part entière. Elle a sa propre culture avec des règles, des normes, des valeurs et une structure sociale. Ces éléments sont reconnaissables par les différents membres de ce monde social construit. La structure sociale même évolue dans le temps. Par contre, nous ignorons quels sont les facteurs qui définissent la culture pour un client faisant partie d’une société propre qui regarde le produit d’artisanat d’Art.

2.2.4.2. La nature de l’interaction sociale au sein du monde de l’artisanat