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2. LE CADRE CONCEPTUEL D’UN PRODUIT D’ARTISANAT D’ART D’ARTISANAT D’ART

2.2. Le regard de l’homme sur le produit d’un métier d’artisanat d’Art

2.2.4. Le rapport entre l’interactionnisme symbolique et le monde de l’artisanat d’Art vu comme une propre société de l’artisanat d’Art vu comme une propre société

2.2.4.3. La nature de l’objet du monde de l’artisanat d’Art

Ici, nous essayons de comprendre l’objet du monde de l’artisanat d’Art qu’est le produit. Nous voulons savoir quelle est son origine, donc la nature de l’objet autour duquel ont lieu les interactions symboliques.

Mead (1973) considère l’objet au sein de l’interactionnisme comme un concept fondamental. Les hommes vivent dans un monde qui est rempli d’objets et leurs activités sont formées autour43. La particularité de la considération de l’objet au sein de cette école de pensée est que ces objets sont construits par les hommes.

Or, ils ne sont pas à considérer comme des entités qui existent de manière indépendante ayant des caractéristiques intrinsèques44: la nature de l’objet dépend de l’attribution de la signification par l’homme. Ceci se traduit en activité sociale envers l’objet. Par conséquent, le produit n’existe que par le regard des acteurs du monde de l’artisanat d’Art.

D’après Blumer (1998), un objet est tout ce qui peut être nommé, tout ce auquel on peut se référer. Les objets se classent selon trois catégories:

1 – Les objets physiques, comme, ici, un vase fait par un potier, la chaise recouverte par un tapissier, le bijou d’un bijoutier, le secrétaire d’un ébéniste…

2 – Les objets sociaux, comme les artisans, les artistes, les artisans d’Art, le client, le critique, le vendeur…

3 – Les objets abstraits, comme les principes déontologiques de la profession des artisans d’un métier d’Art, les codes et les traditions dans le savoir-faire de l’artisan d’Art, les idées comme la production de l’artisanat d’Art…

D’après la littérature, notre objet ici est d’abord un objet physique, le produit en soi. Il s’agit alors de comprendre ce qu’est le produit d’artisanat d’Art. Ce produit existe physiquement, c’est le meuble d’un ébéniste, une guitare ou encore une lampe de verrier. Or, nous ne tenterons pas de comprendre ce qu’est une guitare ou un bijou en soi mais ce qu’est le produit fait par un artisan d’Art à travers le regard du client. Donc, à ce moment-là, nous ajoutons à notre objet physique une dimension abstraite qui est celle de l’artisanat d’Art. C’est à travers la signification du produit qui

43 Ibid.

44 Ibid.

dépasse celle du simple objet physique que cette dimension abstraite s’ajoute. Ipso facto, c’est la compréhension de l’objet abstrait qu’est le produit d’artisanat d’Art qui est étudiée ici. Nous appelons objet, le produit pour bien souligner l’étude de l’objet abstrait. Par conséquent, nous insistons sur la définition d’un objet abstrait sous la forme d’un produit d’artisanat d’Art et non pas sous forme d’un simple objet physique.

Nous voyons que des objets existent uniquement à travers ce à quoi les hommes se réfèrent et ce qu’ils indiquent (Mead, 1973; Blumer, 1998). D’après Mead (1973), certaines conditions sont à prendre en compte pendant l’analyse des objets. L’objet de l’analyse est donc ici le produit d’artisanat d’Art:

1 – La nature du produit est constituée par les attributions de significations par les hommes ou par le client.

2 – La signification du produit n’est donc pas propre au produit, mais émerge de la manière dont le client se prépare à agir à son égard.

3 – Tous les produits d’artisanat d’Art sont à considérer comme des produits sociaux. Le processus de définition a lieu sous la forme d’interactions sociales qui sont construites et peuvent se transformer.

La dernière condition dépend bien du point de vue de l’homme à l’égard du produit, des différentes manières auxquelles le client peut se référer au produit, incluant aussi les différentes influences qui peuvent intervenir dans son processus de définition, telles que ses origines, son éducation, ses croyances et ainsi de suite.

C’est en passant par le regard du client, par son comportement face au produit, en interagissant avec soi (Mead, 1973) et avec d’autres acteurs du monde de l’artisanat d’Art, par la manière dont est présenté socialement (Blumer, 1998) le produit, que la définition du produit d’un métier d’artisanat d’Art sera donnée.

Cette perspective d’analyse de l’objet, ici du produit, peut donner de nouvelles indications aux artisans du monde de l’artisanat d’Art. Car le produit n’est nullement étudié en soi et mis au centre de l’étude, et les différents facteurs ne peuvent pas éventuellement servir de stimuli pour influencer le comportement d’achat du client et ainsi expliquer le produit. C’est à travers un processus d’interactions sociales que la définition du produit d’artisanat d’Art est construite.

Ainsi, nous ne comprendrons pas simplement ce qu’est le produit, mais aussi la

manière dont le client construit l’organisation du monde (Blumer, 1998) de l’artisanat d’Art autour du produit. La conséquence de l’apprentissage de l’artisan d’Art est ce que le client voit dans son produit. Une meilleure compréhension pour l’artisan d’Art de ce qu’il offre à ses clients pourrait ainsi être obtenue.

Voyons l’exemple sur la photo suivante: le client découvre le produit d’un artisan d’Art dans une vitrine commerciale, ici des lampes.

Vue d’une vitrine d’un magasin d’un verrier à Genève (3 février 2010)

Nous voyons ici une lampe qui a comme support une racine d’un arbre. Le client dépasse largement ici l’identification du produit comme simple objet physique. Mais, l’interprète plutôt comme un objet abstrait, donc un produit de décoration qui donnerait aussi de la lumière, par exemple.

Deux conséquences peuvent découler de cela: le client peut reconnaître les objets, ici les produits qu’il connaît (Blumer, 1998). Par conséquent, il faut que le produit d’artisanat d’Art soit reconnaissable pour sa cible, donc pour le client. En clair, il devrait ici reconnaître d’abord une lampe. Deuxièmement, le produit est à considérer comme une création sociale (Blumer, 1998). C’est-à-dire que le client a parcouru tout un processus d’apprentissage en interagissant avec soi (Mead, 1973) et avec d’autres acteurs avant de comprendre qu’il s’agit d’une lampe sur la photo par exemple. Donc, la signification d’un quelconque objet, ici un produit dans la vie

de l’homme, est formée, apprise et transformée en passant par un processus d’indications (Blumer, 1998). D’ailleurs, il s’agit d’un processus social45.

Par conséquent, dans l’interactionnisme symbolique, les acteurs du monde de l’artisanat d’Art intègrent au quotidien dans leur processus la création, l’affirmation, la transformation et l’exclusion (Blumer, 1998) des indications de ce qu’ils comprennent par le produit. Etant donné que la vie des acteurs change dans le temps46, leur appréciation de ce qu’est le produit évolue aussi. Ainsi nous formulerons les questions suivantes:

Qu’est-ce qu’un objet abstrait, comme le produit d’artisanat d’Art, à travers le regard du client?

De quelles manières le client peut-il se référer au produit d’artisanat d’Art et ainsi le définir? Quelles sont ces sources d’influences? Est-ce qu’il existe des récurrences qui sont propres au client d’artisanat d’Art et qu’on peut donc observer également pour la définition du produit?

Pour conclure, nous voulons alors comprendre ce qu’est ce produit à travers le regard du client, comment il le définit: plutôt physique et abstrait, ou seulement abstrait? Qu’est-ce qu’entend par un produit abstrait dans ce cas? Ensuite, nous nous interrogerons sur la manière dont notre client se réfère au produit et ainsi le définit. Le processus d’interprétation d’un client d’un produit d’artisanat d’Art passe-t-il par la même démarche ou y a-t-passe-t-il des variations? S’passe-t-il existe des récurrences, essayons de voir alors quels sont les grands axes qui peuvent influencer la définition du produit à travers le regard du client.

45 Ibid.

46 Ibid.