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CHAPITRE 6 : LA PARTICIPATION SOCIALE DES HOMMES QUI ONT

6.3. Le choc culturel de la libération

6.3.2. Le phénomène des non-expériences

Les analyses suggèrent que la perte de contact de longue durée avec la communauté entrave la participation sociale des anciens- prisonniers en raison de certaines non- expériences de la vie en communauté. Le fait d’avoir maintenu le prisonnier hors du champ social aussi longtemps ne lui a pas permis d’enrichir son vécu dans différents domaines de la vie sociale en communauté alors qu’un tel apport aurait pu faciliter son insertion sociale professionnelle, sociale et économique. Les propos de Jules annoncent bien cette idée : « quand je t’envoie en prison, je te condamne à ne pas pouvoir profiter de ci, de ne pas profiter de cela. Je te condamne à ne plus faire d’argent, à ne pas avoir de liens avec ta famille. Donc, c’est beaucoup de choses que je t’enlève ». Ces non-expériences communautaires englobent deux catégories d’habitudes de vie, soient les habitudes reliées aux rôles sociaux et celles qui sont reliées aux activités courantes.

6.3.2.1. Les non-expériences dans les rôles sociaux

L’emprisonnement de longue durée contraint d’une façon unique la participation au développement des relations sociales parce qu’il entraine l’absence d’occasions de vivre plusieurs expériences relatives au développement des relations sociales de type conjugal, familial, amical et professionnel. En général, les jeunes adultes38 canadiens choisissent un

partenaire de vie, fondent une famille, assistent à la naissance et au développement de leur(s) enfant(s) et ce, en occupant un emploi rémunéré (Bee et Boyd, 2003). C’est ce processus de déploiement des relations sociales qui permet d’embrasser trois des principaux rôles sociaux39 de l’âge adulte, soit le rôle conjugal, le rôle parental et le rôle professionnel (celui-

ci donnant ultérieurement accès au rôle de retraité). Ces rôles sociaux sont porteurs du statut

38 Période allant habituellement de l’âge de 18 à 25 ans.

39 À ma connaissance, les écrits semblent faire consensus autour du fait que trois des principaux rôles sociaux d’une vie adulte

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social des acteurs qui les jouent et engendrent des expectatives relativement aux comportements et attitudes souhaités. Autrement dit, nous entretenons certaines attentes, construites socialement, à l’égard des responsabilités, des conduites et des attitudes types que devraient adopter un « bon » conjoint, un « bon » parent, un « bon » ami et un « bon » employé (Bee et Boyd, 2003). L’actualisation des rôles sociaux permet aux acteurs d’exprimer leurs valeurs, leurs croyances, leurs attitudes en même temps qu’elle permet l’exploration de soi (Rodier et Lavallée, 1990). Ces rôles ont un impact considérable au plan identitaire puisqu’ils permettent le développement et l’expression d’identités. Ils ont aussi un impact considérable au plan de la participation sociale en permettant le développement de ressources personnelles de type économique, humain, social et culturel.

Les prisonniers qui vieillissent reclus de la communauté n’ont pas la liberté de s’engager pleinement dans ces rôles sociaux. De surcroit, l’emprisonnement de longue durée est unique en ce qu’il peut entraîner un décalage si grand entre ce que les prisonniers auraient pu bâtir en communauté et ce qu’ils ont été en mesure de bâtir en prison qu’ils peuvent difficilement rattraper les expériences de vie perdues. C’est ce que nous nommons les non- expériences dans les activités courantes de la vie en communauté.

6.3.2.2. Le phénomène des non- expériences dans les activités courantes

Dans la nomenclature de Fougeyrollas et ses collègues (2007), les activités courantes correspondent à la réalisation d’activités valorisées par le contexte socioculturel dans lequel une personne se retrouve, selon les caractéristiques personnelles de cette même personne. Ces activités sont notamment relatives à la communication, aux responsabilités, aux relations interpersonnelles, au travail, etc.

La notion de choc culturel relatée par les participants suggère qu’en raison de la longueur de la perte de contact avec l’environnement communautaire, les nouveaux libérés qui ont vieilli n’ont pas pu expérimenter divers changements survenus dans la communauté. Vincent explique qu’au moment de la libération : « on se sert de points de repère dans notre mémoire, de nos expériences [passées pour se situer dans l’environnement] […] La façon dont je voyais les choses- mes souvenirs étaient tous quand j’avais trente et un, trente- deux

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ans- donc je n’avais plus de points de repère ». Pierre abonde dans le même sens que Vincent en relatant un exemple personnel : « mettre de l’essence dans une auto… Il y a 20 ans, t’allais à une station d’essence, t’allais à la pompe, tu relevais la patente, tu mettais de l’essence puis t’allais payer. Asteure là, la machine te parle! Les pitons après [clavier de paiement à la pompe], puis là elle ne veut pas, puis là le gars te dit : « pas cette pompe- là, l’autre pompe! » Ça devient paniquant pour quelqu’un qui ne connait pas ça. ». Paniquant puisqu’au moment de la libération, les repères et les ancrages des hommes vieillissants au sujet des activités courantes sont fondés sur deux environnements sociaux (l’environnement communautaire avant l’incarcération et l’environnement carcéral) qui n’existent plus dans leur nouveau contexte de vie. La sentence d’incarcération de longue durée apporte une modification des repères, car elle entraîne une absence prolongée de contact avec la société qui, pendant ce temps, change et conduit à l’expiration des repères communautaires acquis antérieurement à l’incarcération tout comme à l’expiration de la plupart de ceux développés en prison.

C’est pourquoi, c’est au moment de la libération que les conséquences de l’incarcération de longue durée se font sentir. « L’enfer commence quand tu es dehors » commente Vincent, car « tu commences à zéro, zéro, zéro pas juste sur le plan matériel, sur le plan social aussi », ajoute Maude. Selon les participants, le défi se présente comme Vincent l’explique : « Essayer de te rendre à ton âge physique dans un environnement où tu vas agir en conséquence de ton âge, avec tes responsabilités, ton calme, ta sécurité financière, tes enfants, tes petits-enfants [alors que] tu n’as rien de ça! » C’est donc au moment de la libération que les difficultés d’insertion sociale inhérentes au fait d’avoir été dépourvu de rôles sociaux positifs s’observent. Les non-expériences relatives aux activités courantes pourraient avoir le même impact. À ce sujet, les participants relatent le manque de partage de loisirs et d’intérêts communs avec des amis (par ex. voyages) et finalement, l’absence de relations interpersonnelles avec des amis et avec un milieu de travail.

En raison du cumul de ces non-expériences produit par l'incarcération de longue durée, il existe, selon les participants, un phénomène instable, soit la diminution de la capacité générale à maintenir une conversation en raison de l’absence de contenu à

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verbaliser. C’est comme si l’expérience de vie en prison était tellement appauvrie que les gens n’ont rien à raconter. À ce sujet, Thomas explique que « quand on a passé vingt-cinq ou trente ans de sa vie en prison, au niveau des conversations qu’on va avoir, c’est assez limité parce que ça se limite à l’univers carcéral », qui lui-même, nous l’avons abordé précédemment, est dépourvu de stimulation. Une fois de retour en communauté, la sociabilité – cette aptitude à entretenir des relations humaines mutuelles et à rechercher la compagnie (Fougeyrollas et ses collègues, 2007, 120) – est compromise parce que les hommes n’ont plus de ressources pour le faire et, aussi, parce qu’ils peuvent être confrontés aux réactions de rejet ainsi qu’aux représentations collectives entretenues à leur égard.

Par ailleurs, l’ensemble des participants a soulevé que pour ceux qui sont incarcérés jeunes, l’impossibilité de fonder une famille constitue une non-expérience majeure. Ceux qui, au contraire, avaient fondé une famille avant leur incarcération soulignent l’impossibilité de participer activement à la vie familiale, ce qui se manifeste par leur absence physique auprès des membres de la famille. Ceci constitue également une non- expérience majeure. Aller en camping, aider aux devoirs, reconduire les enfants à leurs activités, souper en famille, cohabiter avec une conjointe et des enfants ou rendre visite à la parenté s'avèrent être des non-expériences pour eux. Les participants mentionnent également l’impossibilité de vivre des transitions familiales telles qu’assister à la naissance d’enfants, les voir grandir ou être présents à leur bal de graduation, se tenir au fait du vécu de la parenté, etc.

À l’égard de non-expériences inhérentes à l’incarcération de longue durée, tous les participants abondent dans le même sens que Vincent qui fait une distinction fondamentale suivant laquelle « être privé de sa liberté est une chose, mais être privé de sa liberté pendant longtemps en est une autre ». Souvent, lorsque la tranche de vie est de plus de 10 ans, les années passées hors du circuit communautaire représentent une perte de vécu souvent perçue comme étant trop longue pour engager certains projets de vie (activités courantes), comme fonder une famille ou développer des relations interpersonnelles solides sur lesquelles l’individu peut compter pour s’insérer (ex. ressources personnelles informelles).

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C'est lorsque l’homme libéré entre en interaction avec l’environnement communautaire que nous pouvons constater la présence de handicaps à la vie sociale en communauté. La dernière section de nos analyses jettera une lumière sur la perpétuation, par la prison, de situations de handicap présentes avant l'incarcération et sur sa contribution à la création de nouvelles situations de handicap.

6.4. Les habitudes de vie après l’incarcération

Les analyses indiquent que les habitudes de vie reproduites en communauté sont tout à fait similaires à celles observées en pénitencier. Au moment où les hommes qui ont vieilli incarcérés deviennent des « ex-détenus », ils continuent à « faire du temps », mentionne Denis, puisqu’ils n’arrivent souvent pas à s’engager dans une participation sociale satisfaisante. À l’instar des habitudes de vie en prison, les données n’ont pas permis de recueillir beaucoup d’informations descriptives relativement à celles engagées dans la communauté par les anciens- prisonniers, et ce, probablement puisque les anciens- prisonniers vieillissants importent le mode de vie carcéral en prison en communauté. Par voie de conséquences, ils se retrouvent dans les mêmes positions de participation sociale appauvrie et c’est pourquoi il pouvait être plus difficile, pour eux, de décrire les habitudes de vie. Les données recueillies permettent cependant d’éclairer les entraves à la réalisation des habitudes de vie après l’incarcération.

Au plan organique d’abord, la recension des écrits a fait état des fonctions et déficiences des systèmes organiques des détenus en général. À ce sujet, l’ensemble des écrits est cohérent et s’entend pour dire qu’un vieillissement prématuré s’exerce chez les hommes qui vieillissent incarcérés. En raison des différences individuelles, tous les participants soutiennent qu’il est impossible de préciser la sévérité des déficiences engendrées par le vieillissement carcéral au niveau des systèmes organiques. Ensuite, à l’instar d’Albert, tous s’accordent pour dire que l’incarcération de longue durée et son « manque de liberté, ça magane ». Bien que mes données ne me permettent pas de constater de quelle façon les systèmes organiques peuvent être atteints par le vieillissement carcéral et d’élaborer la nature des atteintes organiques, la recension des écrits a démontré que le vieillissement carcéral s’accompagne la plupart du temps d’un déclin des capacités à accomplir des activités

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physiques, si ce n’est qu’en raison du vieillissement normal. Pour Maude « au plan de la santé et du physique, des habiletés, les réflexes, la vitesse, la mémoire, plein de différentes choses se passent quand on vieillit ce n’est pas la santé, c’est juste le vieillissement naturel ». C’est aussi pourquoi la participation sociale des anciens prisonniers vieillissants peut être limitée sur le marché du travail. Ce qui engendrerait une exclusion économique en collectivité.

Ce désavantage économique prendrait aussi origine dans l’exclusion institutionnelle vécue pendant l’incarcération et serait maintenu par un facteur d’exclusion important : les réticences des employeurs à embaucher un « ex- détenu » (Billette et Lavoie, 2010). Selon les auteurs, l’exclusion institutionnelle correspond à l’ensemble des discours politiques et médiatiques qui légitime les coupures de services et les restrictions budgétaires. Au niveau des interactions quotidiennes, cela s’observe par une incapacité à offrir des services adaptés à ceux qui en auraient besoin. Quant aux prisonniers vieillissants, les coupures de pensions effectuées en prison produiraient le maintien de l’exclusion économique en collectivité, car les hommes sortent beaucoup plus pauvres qu’auparavant. À ce sujet, Vincent s’exprime : « Avant, ils avaient le droit à leur pension de vieillesse. Donc quand ils sortaient, ils réussissaient à se ramasser cinq- six- sept milles, se pognaient un logement et attendaient. Maintenant, ils n’ont plus le droit. Ils sortent et n’ont plus d’argent. Tu sors à soixante- huit, soixante- dix ans, tu n’as pas d’argent, t’as pété [dépensé] ton deux- cents dollars...Tu fais quoi dehors? » En parlant du fait qu’ils peuvent plus difficilement économiser d’argent en prison, Pierre mentionne « [qu’] ils n’ont pas accumulé et là tu n’as pas de meubles, de chaises berçantes, de frigidaire, pas de linge, pas de radio, pas de télévision… ». Dans le même ordre d’idées, Denis soutient « [qu’] il n'y a plus de fonds de pension, il [un prisonnier vieillissant quelconque] va arriver dehors là, puis on lui fait la liste, le téléphone, la voiture, l'essence, les enfants, la famille, les vêtements [de ce qu’il devra se procurer, sans en avoir les moyens financiers] ».

Le fait d’avoir un accès limité au capital financier pendant l’incarcération fait obstacle à la réalisation de plusieurs habitudes de vie essentielles pour satisfaire des besoins de survie et de sécurité, notamment en nutrition et habitation (Fougeyrollas et ses collègues,

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2007). Les hommes qui ont atteint l’âge de 65 ans au moment de la libération peuvent alors compter sur la Pension de la sécurité de la Vieillesse comme revenu, mais les autres doivent se trouver un emploi. Cependant, accéder au marché du travail n’est pas facile quand « tu as un dossier long comme le bras et un cv. long comme le petit doigt », rappelle Pierre. La conjonction entre les incapacités d'aptitudes produites par le vieillissement carcéral et les facteurs d’exclusion identitaire produits par les réactions sociales au statut de détenu et de vieux représente un obstacle majeur à la participation sociale au niveau du travail. C’est pourquoi, Rejean souligne que « les [personnes qui ont purgé une] sentences vie, quand elles sont rendues à cinquante- cinq ans là, elles ne travaillent pas ».

De surcroit, les nombreuses années d’incarcération n’ont pas permis aux hommes de développer les aptitudes pouvant faciliter leur insertion sur le marché du travail. Pour Jules, il est clair que « ce sont des gens qui n’ont pas acquis les habitudes de travail nécessaire pour travailler ou qui n’ont plus les habiletés nécessaires pour travailler ». Ainsi, au niveau de l’employabilité, l’incarcération contribue à reproduire les inégalités. En effet, l’incarcération de longue durée peut faire obstacle à l’insertion en emploi. En conduisant au non- développement d’aptitudes essentielles à l’insertion en emploi (ex. l’endurance physique, mentale et la fonctionnalité organique, l’acquisition d’un capital de connaissances adaptées à l’emploi, etc.) ainsi qu’à la perte du capital de connaissances relié à l’emploi qui auparavant était maitrisé. On peut envisager que même ceux qui avaient déjà été insérés en emploi se retrouvent limités par la désuétude de leurs compétences professionnelles (Crawley et Sparks, 2006; Davis, 2011et Sheppard et ses collègues, 2002). Pour ceux qui n’avaient jamais travaillé, Réjean mentionne « [qu’]il y en a plein qui ne l’étaient pas [capables de travailler] il y a trente ans. Donc quelqu’un qui ressort au bout de trente ans [d’incarcération], il n’est pas plus apte ».

L’horaire de travail allégé auquel les prisonniers vieillissants se seraient adaptés en prison serait en partie responsable des enjeux à l’insertion en emploi en communauté. Tous les participants qui se sont prononcés à ce sujet partagent l’avis de Jules : « Ils [prisonniers vieillissants] travaillent, mais deux heures par jour pas huit heures par jour et ce n’est pas

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un travail exigeant physiquement et tout, alors ils arrivent à l’extérieur et c’est impossible pour eux [de travailler huit heures par jour] ».

Les hommes qui ont vieilli dans le milieu carcéral peuvent parfois avoir un état de santé et des incapacités défavorables à leur intégration professionnelle en communauté. Les déficiences organiques ou encore, les incapacités au niveau des aptitudes de résistance physique et mentale pourraient limiter le type d’emploi qu’ils seraient capables d’occuper et, par conséquent, l’exclure du marché du travail. Même si au moment de leur libération les hommes sont considérés en âge de travailler (l’âge légal de la retraite au Québec étant de 65 ans), ils peuvent se retrouver dans l'impossibilité d'accomplir des activités qu'ils devraient normalement pouvoir faire à leur âge, comme occuper un certain emploi rémunéré, par exemple. Jules explique que « si l’emploi est adapté, pas trop exigeant [physiquement], qu’ils ne se font pas trop brasser, ils vont être très fiables. Ils peuvent faire un travail extraordinaire, mais il faut trouver le bon emploi et la personne doit bien saisir qu’elle ne peut pas tout faire. Il y a des choses qu’elle n’est plus en mesure de faire ». Du point de vue de Thomas, la forte majorité des anciens prisonniers vieillissants se trouverait donc défavorisée financièrement, car : « ils sont encore trop jeunes pour avoir la pension, [ils] ont peu de choses devant eux et n’ont pas d’outils de travail ». Pour Vincent et les autres participants, le fait de ne pas avoir de statut social valorisant en communauté est un autre obstacle majeur à la participation sociale en communauté.

Le statut social est acquis par les fonctions exercées dans les rôles : le titre professionnel, l'uniforme, le revenu ainsi que les responsabilités professionnelles, civiles, familiales et financières (Bee et Boyd, 2003). L’emprisonnement dépouille le prisonnier de ces rôles positifs qu’il aurait pu jouer dans la communauté. De surcroit, la détention n’est associée à aucun rôle socialement valorisé par la société. Dès lors, l’homme libéré se retrouve en situation d’exclusion identitaire qui entraine une situation d’exclusion au plan des liens sociaux significatifs. Ces exclusions se manifesteraient le plus souvent par le rejet de la part des membres de la famille et des amis. À ce sujet, Thomas s’exprime :

Vous savez, quelqu’un qui s’en va en prison, un monsieur âgé qui a des enfants, qui se retrouve en prison, ses enfants vont se marier, vont avoir des

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petits- enfants. Comment les conjoints vont accepter ça? Ce n’est pas le fun à dire dans un party de Noël : « moi, mon beau-père est en prison. » Il n’y a personne qui se vante de ça, là, donc même des fois dans la famille il peut avoir des obstacles. Ils vont le rejeter parce qu’il a fait de la prison : ´Ah non! Ne viens pas chez- nous ce soir, j’ai des amis…

L’entourage croit généralement que la gravité du geste criminalisé commis se déduit de la durée de la peine et peut ainsi exclure le membre « criminel » pour s’épargner d’y être associé. D’ailleurs, dans tous les cas, plus la sentence est longue, plus les membres de la famille et les amis s’éloignent : « souvent il n’a plus de famille, ses parents sont décédés, des fois ce sont des gens qui n’ont pas d’enfants ou que les enfants ont coupé les ponts avec eux », maintient Thomas. Dans le même ordre d’idées, Albert cite son propre cas en exemple, « Moi j’ai une grosse famille élargie, mais aujourd’hui ma famille, c’est mes deux frères et ma nièce. Les autres je ne les ai jamais revus ». Albert sait que les autres membres de sa