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Avoir peur de commettre des fautes, d’être sanctionné de la part de votre professeur et d’être soumis aux regards et aux moqueries des autres vous

Q2 Sexe des étudiants

LANGUE CIBLE ? ET POURQUOI ?

Q. 28. Est-ce que vous arrivez encore à actualiser vos informations à propos de la culture française voire francophone durant la guerre ? Et pourquoi ?

33. Avoir peur de commettre des fautes, d’être sanctionné de la part de votre professeur et d’être soumis aux regards et aux moqueries des autres vous

156 3.2.20. Formation universitaire et marché du travail

Formation universitaire assurée au département de français en fonction du marché de travail, quelle compatibilité ?

Voyons d’abord ce que les étudiants et les enseignants ont répondu à cette question :

Les enseignants ont développé leurs réponses par des propositions, comme nous pouvons le lire dans le tableau suivant :

1. « Je pense que c’est un travail commun entre le ministère de l’éducation et le ministère de l’enseignement supérieur pour arriver à un but commun en ce qui concerne l’enseignement de la langue française. »

6. « Le marché du travail est dirigé vers le FLE, la littérature française si riche qu’elle soit ne garantit pas de bons professeurs de français. La plupart des apprenants finissent par être des enseignants aux écoles, rares sont ceux qui prennent profit de la littérature française dans leur travail. »

2. « Je propose qu'il y ait toujours un travail en commun entre le ministère de l'éducation et le ministère de l'enseignement supérieur. »

7. « Le marché du travail assuré, concerne l'enseignement du Français, donc une faculté de langues répond mieux aux besoins du marché. »

3. « Oui, la formation est compatible en général quand elle est bien travaillée de la part du prof et de l’apprenant. Ce que je propose c’est d’avoir des sections à partir de

la 3ème année pour mieux répondre aux

besoins du marché du travail : littérature, linguistique, traduction et FLE. »

8. « Parfois on trouve des diplômés qui ont le droit d'enseigner dans les écoles mais qui n'ont pas un bon niveau de français, spécialement à l'oral et à l'écrit car pendant les années universitaires ils n'avaient pas l'habitude d'écrire. »

4. « Parce qu'elle ne forme pas un bon professeur, il manque beaucoup de pratique, on doit offrir à l'apprenant l'occasion pour donner une leçon. »

9. « Le marché du travail est à 99% centré sur l'enseignement du FLE or la formation universitaire ne préparant pas les étudiants à ce métier. » Étudiants (Q.47) Enseignants (Q.31) 20% 33% 80% 67% 10 40 4 8

Que pensez-vous de la compatibilité de la formation universitaire assurée au département de français avec le marché de travail ?

Elle est compatible avec le marché de travail Elle n'est pas compatible avec le marché de travail Nombre de réponses

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5. « Pour le travail, l’oral est le plus important. A l’université, c’est l’écrit. »

67% des enseignants et 80 % des étudiants considèrent que la formation proposée à l’université ne correspond pas au marché du travail. Cela est dû à différentes raisons que nous décrivons dans les lignes suivantes.

Des licenciés ès langue et littérature françaises et ceux de Traduction seront embauchés en majorité en tant qu’enseignants de FLE, mais ces futurs enseignants sont-ils bien formés pour être à la hauteur des attentes de ce métier ?

La réponse est certainement négative, si l’on prend en considération le cursus suivi qui est en majorité axé sur la littérature et la traduction. Une seule matière, « Linguistique et enseignement du FLE », assurée durant un seul semestre à raison de 4 heures par semaine, aborde les thématiques suivantes :

« L’apport de la linguistique dans l’enseignement du FLE » ; « Les méthodes classiques et les méthodes directes » ;

« Les méthodes modernes : audio-visuelle, interactive, communicative ».

Ainsi, les étudiants n’ayant eu accès qu’à un aspect théorique de l’enseignement du FLE et non à la pratique du FLE et à son enseignement d’une manière suffisante, éprouveront des difficultés dans leur métier d’enseignant, faute de bagage solide pour les soutenir. La situation est encore pire pour les étudiants de Traduction française où aucun module ne correspond à l’enseignement du FLE.

Dans de telles circonstances, ce sont souvent l’expérience et la fréquentation d’un contexte d’enseignement qui nous donnent la capacité de devenir des enseignants de FLE. Nous-même, issue de ce même contexte, avons débuté notre carrière sans avoir de formation réellement adéquate. Ce n’est qu’après la licence que nous avons eu la chance d’être mieux formée pour enseigner, essentiellement grâce à des lectures. Nous remercions également M. DUCROT, qui était responsable du centre de documentation pédagogique à Alep (CDP) pendant cette période- là, et Mme MAJBOUR pour nous avoir guidée dans le monde des œuvres du FLE. Nous avons aussi pu progresser grâce à quelques formations suivies en partenariat avec la direction de l’éducation, l’AUF, l’université d’Alep, le CDP à Alep et durant notre Master1&2 FLE en France.

Malheureusement ces opportunités datent de la période d’avant-guerre. De nos jours toutes les formations pédagogiques assurées par l’université, le CDP et l’AUF ont été suspendues, à l’exception de quelques-unes assurées par la direction de l’éducation nationale. Mais elles sont insuffisantes, compte tenu du nombre d’enseignants et de la durée des formations assurées (une formation par an d’une durée d’une demi-journée ou d'une journée).

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Au problème de la formation s’ajoute l’incapacité des diplômés de s’exprimer à l’oral et parfois à l’écrit, un problème que nous avons abordé et dont souffrent profondément les futurs enseignants et les enseignants de FLE. Nombreux sont ceux qui sont incapables de parler français devant leurs apprenants et sont obligés de parler et d’expliquer le cours en LM.

3.2.21. Les cours particuliers et la dévalorisation du système scolaire et universitaire

Nous avons posé cette question car lors de nos observations, des étudiants des années supérieures ou des diplômés venaient assister aux cours sans avoir notre autorisation. Ils enregistraient nos rencontres et prenaient des notes. Quelques jours après nous avons bien compris qu’il s’agissait d’anciens étudiants au département qui travaillaient en collaboration avec le service « copies et impressions » et qui, après avoir transcrit nos cours sous forme de notes, les vendaient aux étudiants, permettant à ces derniers d’avoir les cours sans avoir à y assister. Nous avons empêché ces personnes d’assister à nos cours pour plusieurs raisons. Les étudiants n’assistant pas aux cours et ne prenant pas de notes, ne sont plus responsables dans l’acquisition de leur savoir et par la suite deviennent passifs. Au fur et à mesure, l’étudiant ne voit plus l’utilité d’assister au cours, ni de venir à l’université. Il lui suffit d’acheter les cours de Mme ALKHATIB, de M. DAHHAN ou d’autres auprès du « service de copies ». De plus, bien souvent, ces notes comportent de nombreuses erreurs et sont traduites en LM. Malheureusement, beaucoup d’enseignants ont cédé à ce marché et ont autorisé ces personnes à assister à leurs cours. Parallèlement, un autre phénomène s’est propagé dans tous les domaines, à la fois au sein du système scolaire et récemment, du système universitaire : les cours particuliers. Des enseignants de français (qui sont d’ailleurs souvent ceux qui vendent les notes) nouvellement diplômés assurent également des cours particuliers dans un but lucratif au sein des instituts privés pour toutes les matières des départements de français.

Ils réalisent aussi des traductions en LM d’œuvres littéraires, des cours de type Étudiants (Q.48) Enseignants (Q.32) 60% 0 83% 40% 17% 30 20 10 2

Les cours particuliers et la vente des notes dévalorisent-ils le système universitaire et en particulier le département de français ?

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transmissif, basés sur la réussite aux examens et la manière d’obtenir de bonnes notes. Actuellement, étant donné qu’internet est bien rétabli, ils utilisent les réseaux sociaux, en particulier Facebook, afin de diffuser des posts explicatifs des contenus des matières, du planning des rencontres, et même, des résultats des examens. Personnellement, nous n’avons noté aucun progrès chez les étudiants suivant ces cours particuliers, mais plutôt l’inverse. Les étudiants sont devenus davantage passifs, manquant d’imagination, de créativité, même de motivation. Ils réussissaient peut-être à l’examen mais sans pouvoir ni parler, ni écrire correctement. Ajoutons à cela que ce type de notes et de cours renforce l’apprentissage par cœur. Ce système de cours particuliers risque, à long terme, d’aboutir à une privatisation du système universitaire et à l’augmentation du nombre des universités privées au détriment des universités publiques.

Heureusement, malgré tout, 83% des enseignants et 60% des étudiants sont conscients que les cours particuliers et la vente de notes dévalorisent le système universitaire au sein du département de français. Mais est-ce suffisant ? Le doyen de l’université avait interdit à plusieurs reprises la vente de notes mais en vain. L’Etat avait auparavant interdit les cours particuliers, mais malheureusement, ils ont repris. Clandestinement d’abord, puis, durant la guerre, ouvertement.

Voici quelques justifications apportées par les étudiants : 1. « Les apprenants achètent ces notes et

enregistrent seulement ce qui les aide à réussir les examens. »

7. « Quand j’ai commencé mes études à l’université, il y avait la guerre. Il y avait aussi beaucoup d’étudiants qui ne pouvaient pas venir et assister aux cours, c’est pour cela ils ont besoin de cours particuliers et de notes à étudier. »

2. « L'étudiant, qui sera un jour un enseignant, va compter sur autrui pour faire ses devoirs et cela n'est pas correct. »

3. « Les étudiants n’ont plus la motivation nécessaire à l’apprentissage. »

8. « Quelques professeurs nous cachaient quelques parties de leurs matières, c’est pourquoi on nous attentionne sur ces parties cachées dans les notes. »

4. « Parce qu’ils empêchent les étudiants de réfléchir et exprimer leurs idées. Les étudiants les trouvent prêts c’est pourquoi ils retournent à apprendre par cœur ça leurs paraît plus facile. »

9. « Parce que les apprenants ont déjà des faiblesses en français et ils en ont besoin. » 10. « Car les étudiants comptent sur ces cours et ces notes et ils ont recours à apprendre par cœur. »

5. « Ça rend les étudiants dépendant aux cours particuliers notamment la vente des notes. »

11. « Parce que les étudiants s'habituent sur les notes, ils sont tous pressés, et n'ont pas le temps suffisant pour la lecture. »

6. « Les étudiants n'assistent plus aux cours et ils lisent les notes en arabe. »

12. « L’absence de la recherche scientifique à cause des ventes des notes. »

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Et voici ce que les enseignants ont avancé comme justification à leurs réponses :

1. « Parce que l’étudiant compte sur ces méthodes d’apprendre et il ne s’intéresse qu’à réussir.

6.« Parce que l’étudiant ne prenait la peine de travailler ou d’assister aux cours, il est assuré de pouvoir acheter les fascicules, qu’il pourra tout acheter à la fin.

2. « Ils sont plein d'erreurs (cours et notes). »

7. « Les apprenants ne sont plus intéressés par les cours, ils achètent des notes, de ce fait, ils n’entendent plus le français, ce qui affecte leur capacité de parler en français. »

3. « Parce qu'il se solde par le par-cœur, par l'absence des étudiants, par le manque de l'interactivité avec les professeurs et la pratique du français. »

8. « Parce qu'on enseigne (là-bas) pour avoir plus de notes. »

4. « Enormément, car l’étudiant choisit la « formule magique » de réussir sans faire l’effort de suivre un cours ou on parle souvent en français et ainsi sans avoir l’occasion d’améliorer sa compréhension et son expression. »

9. « Je pense que les cours particuliers ne causent pas un danger autant que la vente des notes qui est très dangereux et qui suscite un nombre d'étudiants paresseux qui ne savent pas écrire le français correctement, spécialement en première et deuxième année où les examens sont un QCM. »

5. « Parce qu'ils encouragent les apprenants à négliger le système ou le programme universitaire. »

10. « Les étudiants n'assistent plus aux cours, leur objectif se limite à la réussite à l'examen et non pas l'accès au savoir, car dans ce type de cours particulier on privilégie la réussite à l'examen, l'apprentissage par cœur, etc. »

Pour enrichir notre réflexion quant aux problèmes dont souffrent les étudiants, repérés grâce à nos observations ainsi qu’aux questionnaires distribués, nous avons donné un espace aux enseignants pour qu’ils expriment ce qu’ils observaient à leur tour au sein de leurs classes. Pour ce faire, nous leur avons posé la question suivante :

Q 4. D'après vos observations aussi, quels sont les problèmes dont souffrent les

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