• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE I : CONTEXTE DE LA RECHERCHE ET DIAGNOSTIC DE TERRAIN PREMIER TRAVAIL DE TERRAIN.

3. DIAGNOSTIC DE TERRAIN PHASE DE RECONNAISSANCE

3.1.1. Enquête de type « observation directe »

3.1.1.2. L’entrée sur le terrain

3.1.1.2.1. Notre mode d’observation

Quel mode d’observation choisir ?

Il est important de remarquer que lors de l’observation directe, il faut prendre en considération la gêne ressentie par les étudiants observés du fait de la présence de l’observateur. Ce dernier doit adopter une position convenable qui lui permet d’être présent sans trop perturber la classe afin de ne pas trop gêner l’observation, c’est pourquoi il faut « choisir un rôle social à occuper » (ARBORIO & FOURNIER, 2015 : 30).

Avoir un statut au sein de l’établissement dans lequel nous avons réalisé nos observations nous a facilité la tâche. Nous pouvions en effet assumer notre rôle dans l’établissement en tant qu’enseignante mais aussi, en tant qu’observatrice. Ainsi, l’observation s’est déroulée sans heurt. Comme l’affirment ARBORIO&FOURNIER « Une des solutions pour éviter cet écueil consiste à endosser un rôle déjà existant dans la situation étudiée. C’est ce que l’on appelle généralement l’observation participante » (2015 : 30).

Notre enquête avait donc l’aspect d’une observation participante. En tant qu’enseignante nous avions l’opportunité et la chance de réaliser une double mission : assurer des cours aux étudiants et observer la situation ainsi que le déroulement de l’apprentissage du FLE avec l’objectif de remédier aux problèmes identifiés.

MAURER soutient que « pratiquer l’observation participante supposerait d’abord pour les chercheurs de s’intégrer aux communautés linguistiques dont ils étudient les usages » (1999 : 185). Selon lui, ce type d’observation est le plus efficace car l’observateur s’intègre totalement au terrain, ayant ainsi la possibilité de tout observer. Cependant, ce type d’enquête est moins pratiqué, car l’intégration du chercheur au terrain peut être difficile voire impossible ou même inaccessible dans certains cas, notamment quand le terrain est dangereux.

Avant la guerre, notre contexte d’enseignement constituait un objet de recherches pour plusieurs chercheurs préparant des thèses ou des mémoires de master en Lettres. L’exploration de ce milieu était insuffisante dans le domaine du FLE, malgré les conditions favorables d’avant-guerre, mais après le déclenchement des hostilités, les recherches s’intéressant au cadre formel du FLE, notamment à Alep, sont devenues inexistantes. En effet, observer l’enseignement-apprentissage du FLE dans de telles conditions est extrêmement compliqué. La guerre apporte son lot de contradictions, d’instabilité, d’imprévus et d’insécurité mais cela ne nous a pas empêchée de réaliser nos enquêtes tout en ayant conscience que ce contexte particulier aurait une influence sur nos observations, sur nos recherches et donc, sur notre thèse.

48

Outre ces difficultés propres au lieu et à la période instable, nous avons rencontré d’autres obstacles, plus spécifiquement liées au type d’enquête choisi. Garder en mémoire ce qui était observé jusqu’au moment de la prise de note s’est avéré difficile, car nous avions choisi d’effectuer nos observations sans outil d’enregistrement. En effet, « […] quand l’observation participante peut être mise en œuvre, se pose le problème de la conservation des données observées. Le côté naturel que doit revêtir ce mode d’observation s’accommode fort mal de la présence d’un appareil d’enregistrement ou de la prise de notes ; dans ce cas, il faut garder vivace le souvenir du fait observé jusqu’au moment où la prise de notes est possible » (MAURER, 1999 : 184-185). C’était difficile mais nous avons quand même pu faire des résumés, classés selon des thématiques dont les détails seront abordés dans le compte rendu des enquêtes effectuées sur le terrain. Cette difficulté a été compensée par notre expérience d’enseignante, la possibilité de prise de notes tout au long de la période d’observation, ainsi que par notre volonté de compréhension du contexte, pour proposer ensuite des actions de remédiation.

Pour finir, ce mode d’observation a montré un avantage certain. Il a permis d’éviter toute perturbation dans la classe observée. L’observateur est tantôt participant en tant qu’enseignant et tantôt observateur en revenant chez lui et en écrivant ses notes, ce que HUGHES appelle « une approche ressemblant fort à un compromis : être participant et observateur à temps partiel, c'est-à-dire participant en public et observateur en privé. » (HUGHES, 1996, cité par SOULÉ, 2007 : 129).

3.1.1.2.2. Notre terrain d’observation

Comme étayé ci-dessus, notre terrain était l’université d’Alep, et plus spécifiquement, le département de Langue et de Littérature françaises, à l’Institut Supérieur de Langues (département de français- Master FLE) ; quelques observations ont également été réalisées au département de Traduction française (système d'enseignement ouvert).

Notre terrain d’observation était constitué également des cours de renforcement linguistique à l’Institut, destinés à tous les étudiants. Leur objectif était d’assurer des formations censées améliorer les compétences communicatives des étudiants.

Le terrain nous étant connu avant de démarrer notre observation participante, nous avions déjà émis des hypothèses relatives aux problèmes dont souffrent les étudiants dans ce contexte. Nous n’avons, par conséquent, pas eu besoin de préparation pour aller sur le terrain ou pour en définir les caractéristiques. Cette connaissance préalable du terrain est le résultat de l’expérience que nous y avons vécue en tant qu’enseignante. En 2007, sélectionnée par l’université d’Alep et par le Ministère de l’enseignement supérieur, nous avions eu

49

l’opportunité d’enseigner au sein de l’Institut Supérieur de Langues en tant qu’assistante. Grâce à ce poste, nous avons pu découvrir tout le cadre enseignant et administratif, ainsi que le système d’enseignement-apprentissage du FLE. Avant cette date nous y étions en tant qu’étudiante en licence de Langue et de Littérature française (de 2000 à 2004).

En 2007, nous avons obtenu une bourse d’étude pour poursuivre en France nos études de Master 1 et de Master 2 en FLE, de 2008 à fin 2010.

Fin 2010, après avoir fini nos études en France à l’université Paul-Valéry Montpellier3, nous sommes rentrée chez nous et avons repris notre poste d’enseignante de FLE au département de Français à l’Institut Supérieur de Langues, au département de Langue et de Littérature françaises à l’Université d’Alep ainsi qu’au département de Traduction dans le système d’enseignement ouvert. Notre nomination officielle pour assurer ce poste d’enseignante de FLE n’a eu lieu qu’en 2011 en raison de la longueur des procédures administratives pour une telle nomination.

Nous avions déjà acquis une certaine expérience dans l’enseignement du FLE, à travers l’animation de formations de renforcement linguistiques grâce à l’AUF et après notre retour en Syrie, nous avons repris la coopération via le département de Français.

En définitive, au travers de toutes ces expériences, le contexte nous était très familier, nous n’avons eu aucune difficulté pour aller sur le terrain et en définir les contours.

3.1.1.2.3. Justification du choix du terrain

Le terrain que nous avons choisi est celui où nous avons étudié, où nous avons travaillé et continuerons à travailler. C’est sur ce terrain que nous avons pu partager différentes expériences dans l’enseignement-apprentissage du FLE avec plusieurs collègues et étudiants. C’est parce qu’il s’agit d’un terrain qui nous intéresse et nous concerne et pour participer, dans la mesure du possible, à son développement, que nous avons décidé d’y réaliser notre étude. A long terme, nous formulons le souhait d’exporter cette étude vers des contextes similaires au nôtre, souffrant de guerre, notamment le contexte palestinien d’où nous sommes originaire.

Documents relatifs