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La perte de la bataille culturelle

CHAPITRE II : LES FACTEURS INTERNES

2.1 Le rôle des élites de gauche

2.1.1 La perte de la bataille culturelle

L’un des premiers facteurs évoqués par les personnes rencontrées concerne la bataille culturelle. Le recul de la gauche marocaine s’expliquerait donc par l’échec de cette dernière à mener la bataille culturelle. Selon Mostafa Bouaziz, le recul la gauche était inscrit dans l’évolution globale de la société marocaine, car celle-ci est demeurée profondément conservatrice.

Selon cette analyse, la gauche marocaine est tombée dans une erreur héritée du stalinisme. Staline, contrairement à Marx, a développé sa fameuse différenciation entre infrastructure et superstructure en séparant les deux notions. Il avança alors que c’est l’infrastructure qui conditionne la superstructure. Karl Marx de son côté n’a jamais séparé les deux notions et soutenait la présence d’une interférence entre les deux.

Dans une société comme le Maroc où la religion occupe une place centrale, la position des forces de gauche est demeurée ambigüe et hésitante vis-à-vis de la relation avec l’Islam, du passé et du patrimoine. Les leaders de la mouvance de gauche marocaine sont partis du principe que pour changer la vision et la culture des gens,

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il est nécessaire de changer leurs conditions de vie, ce qui mènera ultérieurement à un changement de culture. Cette interprétation est selon Mostafa Bouaziz une erreur grave d’appréciation de l’humain.

Tous, à commencer par Mehdi Ben Barka, puis Abderrahim Bouabid, et même avec l’extrême gauche marocaine, ils ont dit qu’on ne va pas mener un combat contre notre peuple, puisqu’ils ont pris la notion stalinienne d’infrastructure et de superstructure en disant que les gens pensent à partir de leurs conditions de vie. Donc, si on change leurs conditions de vie, ils vont changer leurs modes de pensée, et la religion était considérée comme un mode de pensée. Donc, il faut reporter ce combat(..) Ben Barka dit dans son option révolutionnaire, qu’on ne s’attaque pas à cet aspect en attendant de changer l’infrastructure. Cette notion, est une notion fausse, l’histoire humaine a montré que l’économie n’est pas le seul déterminateur des évolutions. En plus de l’économie, il y a les mentalités et il y a le culturel dans les mentalités. C’est une dialectique entre les deux, donc c’est une erreur stratégique de pensée. Ce combat n’a pas été mené, le changement culturel profond des mentalités n’a pas été mené comme une bataille stratégique importante. Et c’est pour cela que l’école aussi reste une école qui n’est pas en phase avec la modernité, avec le monde parce que ce qu’on inculque dedans, c’est la centralité de l’identité, quelle identité ? C’est l’identité arabo-musulmane.327

On peut alors dire que l’aspect culturel n’a pas été débattu et que les batailles menées par la gauche marocaine toutes tendances confondues, ont plutôt été des batailles politiques. La gauche marocaine a alors laissé le terrain libre au régime qui a récupéré ce rôle et a réussi à retraditionnaliser la société.

On peut également constater que la gauche a raté l’opportunité de mieux se définir et de se doter d’éléments de vision culturelle qui auraient permis au peuple de mieux s’y identifier, ce qui lui a fait perdre du terrain. Le Palais a quant à lui su profiter de cette opportunité manquée et s’est attaqué de front au combat culturel en retraditionnalisant la société et en agissant notamment au niveau scolaire.

On a mené la bataille politique, mais pas la bataille culturelle, il fallait mener toutes les deux. Dans l’option révolutionnaire marocaine de Ben Barka, j’ai compté 108 fois le mot révolution/révolutionnaire…108 fois ! dans un petit texte de 192 pages mais il n’y a pas de mot culture, ni religion que deux fois, et c’est pour dire qu’il faut respecter les traditions de notre peuple et ne pas toucher aux principes de l’Islam en disant qu’on verra cela après. Donc ils n’ont pas mené ce combat. Alors c’est quoi être un marocain ? Quelle est la vision des marocains ? Surtout quel est l’imaginaire collectif des marocains ? Ils ne l’ont pas changé. Ils sont restés conservateurs et c’est là où le régime a gagné. Il a retraditionnalisé la société parce qu’il a mené le combat culturel alors qu’eux ne l’ont pas mené. Même au niveau de l’école, qui était une école nationaliste, les visions religieuses n’ont pas été touchées. Les études islamiques, l’éducation islamique sont restées des matières importantes alors que c’était secondaire. Ce qui fait que l’un des attributs de la modernité qui est la séparation entre le politique et le religieux n’a pas été fait. Cela ne pourrait pas se faire automatiquement, cela se fait par un combat et ce combat n’a pas été fait. Ils ont donc été battus sur ce terrain important.328

Partant de ce constat, Mostafa Bouaziz nous amène à regarder du côté des programmes scolaires, au niveau de l’édition et au niveau des livres publiés. Il explique que les différentes pensées composant la mouvance nationale démocratique débutent d’une manière rigoureuse, puis après, elles commencent à s’essouffler. Selon

327 Entretien avec Mostafa Bouaziz, Casablanca, 1er décembre 2017. 328 Entretien avec Mostafa Bouaziz, Casablanca ,1er décembre 2017.

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lui, elles ne vont pas plus loin car elles sont happées par le politique et lorsque cela arrive, on se tourne rapidement vers l’efficacité. Il aurait fallu selon lui plutôt mener la bataille culturelle par la mobilisation des masses avec des idées nouvelles, un investissement dans la culture ainsi que la création de nouveaux outils de persuasion qui pourront détourner la force coercitive de l’État par la force des idées. Certes, un travail a été fait par cette mouvance, mais, il est demeuré d’après lui un travail limité et concentré sur l’État. Le même travail ne s’est jamais étendu à la société. Les partis auraient pu jouer sur les penchants modernisateurs du régime en travaillant sur la sphère religieuse avec des acteurs qui affichaient un certain degré d’ouverture par rapport à la modernité. À titre d’exemple note Mostafa Bouaziz :

Ils avaient par exemple le fameux Cheikh El Islam, El Arbi El Alaoui, voilà un alim (savant religieux NDLR) de la Qaraouiyine un proche de l’État. Il était même conseiller au Palais (…). Cet alem d’envergure est allé avec l’UNFP et non pas avec le Parti de l’Istiqlal. Il était ouvert et il y avait d’autres types d’alems comme lui. Il fallait faire la promotion et développer une autre vision de l’Islam que celle que le régime voulait inculquer. Il y avait déjà un départ par le salafisme rénovateur, il fallait continuer le travail de ce salafisme et petit à petit, construire ce qu’on appelle l’humanisme, un humanisme marocain, ce qui est à Dieu est à Dieu, ce qui est à César est à César. C’est comme cela que la séparation entre le religieux et le politique a été fait, et il a été fait par des hommes religieux au sein du catholicisme lui-même. C’est aussi de cette façon que la renaissance a commencé, il y avait cette possibilité durant les premières années d’indépendance de promouvoir un humanisme marocain et la constitution multiethnique et même linguistique au Maroc le permettait. Elle permettait un développement de ce genre, mais cela a été considéré comme une tâche à réaliser après le combat politique.329

Ce travail culturel de déconstruction ne s’est pas suffisamment fait par les intellectuels de la mouvance nationale démocratique. On peut quand même apporter une petite nuance avec la revue Souffle car les quatre ou cinq premiers numéros, ont amenés une déconstruction culturelle importante. Cette revue, fut comme certaines revues importantes marocaines telles Lamalif et at-Taqafa al-Jadida sans doute l’une des œuvres les plus notables et enrichissantes sur le plan culturel. Elle s’est distinguée par rapport aux autres revues par le choix des thèmes et sujets abordés. La revue Souffles a « développé une perspective explicitement marxiste-léniniste et a offert une plateforme interdisciplinaire et internationale dédiée à la décolonisation culturelle (…) et sa critique de l’État marocain est devenue de plus en plus forte après 1969. »330 Les choix de la revue portaient sur le

théâtre, le cinéma, la littérature et la culture orale populaire. De plus, la revue avait introduit la langue amazighe et le dialecte marocain et avait également développé certains concepts parmi lesquels figure le concept d’unité fédérale et non fusionnelle qui a avancé ce qu’on appelle l’équation de l’unité dans la diversité. On veut alors imaginer une unité qui respecte la diversité. Selon Kenza Sefrioui qui a déjà consacré plusieurs études à la revue et soutenu une thèse sur le même sujet, la revue Souffles fut une revue qui « a cherché à renouveler la littérature marocaine et s’est démarquée des productions antérieures par son ton, son message et l’ensemble

329 Entretien téléphonique avec Mostafa Bouaziz, 21 avril 2018.

330 Clare DAVIES, Decolonizing Culture: Third World, Moroccan, and Arab Art in Souffles/Anfas, 19661972, Essays of the Forum

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de son expérience esthétique. »331Elle souligne également que la revue s’est aussi démarquée par sa « volonté

de se débarrasser des perceptions et des grilles de lectures coloniales. »332 Elle a en outre participé aux débats

dominants de l’époque en se préoccupant notamment des grandes questions et problématiques des pays du tiers-monde, de la question palestinienne ainsi que de la répression qui s’abattait sur les mouvements et les partis de gauche. La revue s’est distinguée de « par sa qualité, son originalité et son caractère avant-gardiste d’abord. Mais surtout par la réflexion qu’elle a eue sur la culture marocaine, qui en a fait une tribune d’opposition indirecte, porteuse d’un projet progressiste et moderniste. »333

La défaite de juin 1967 poussera les responsables de la revue à se radicaliser et à changer le ton de leur ligne éditoriale. La dimension politique de la revue primera dorénavant sur la dimension culturelle. En mai 1971, elle se dotera de sa version arabe (Anfas) et deviendra l’organe politique du mouvement marxiste-léniniste marocain qui reléguera dorénavant la dimension culturelle au second rang. La revue deviendra dès lors une tribune de l’avant-garde révolutionnaire sous l’emprise du mouvement marxiste-léniniste marocain. Elle perdra alors son statut d’avant-garde culturelle.

Ce constat est appuyé par Mostafa Bouaziz qui souligne qu’à l’exception des premiers numéros, la revue est allée d’une manière superficielle pour recréer et revisiter la culture marocaine et ce, même avec les marxistes. Bien qu’elle ait tenté de dépasser tous les seuils qui bloquaient la pensée et la vision de la mouvance de gauche marocaine, elle est passée rapidement d’une revue culturelle à une revue politique. Elle n’a par conséquent pas été en profondeur dans l’élaboration d’outils de libération ou de concepts nouveaux qui auraient pu être porteurs de changement. Sa durée de vie en tant que revue culturelle a donc été éphémère car une fois qu’elle s’est glissée du côté politique, elle est devenue comparable aux autres :

Elle a focalisé sur la révolution, sur le politique et elle a marginalisé le culturel. Même les sujets traités sont plus politiques et économiques que culturels. Cet engouement vers le politique amène que le premier problème est l’État, le despotisme de l’État sans voir que le changement ne peut se faire que par le peuple.334

Ce schéma d’explication ne concerne pas uniquement le Maroc selon Mostafa Bouaziz. Il est aussi valable partout dans l’espace arabo-musulman. Les partis de gauche de l’Afrique du Nord, du Maroc à l’Égypte comme la majorité des partis de la gauche arabe n’ont pu, malgré leur popularité empêcher leur déclin faute de ce positionnement culturel. Les mouvements d’extrême gauche arabe ont connu le même sort. On cite à ce propos

331 KenzaSEFRIOUI, « La revue Souffles (1966-1973) : quand culture rime avec politique. » Interculturel Francophonies, n°16,

novembre-décembre, 2009, p.103.

332 Ibid., p.103. 333 Ibid., p.103.

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l’exemple de l’Égypte où le mouvement de renaissance culturel a par exemple amené la production de toute une série d’œuvres littéraires, philosophiques, théâtrales, cinématographiques et une production de poésies. Toutefois, il estime que ce travail culturel entamé vers la fin du 19ème et le début du 20ème siècle avec Rifâat

Tahtaoui et Mohammed Abdou, etc., s’est arrêté avec Salama Moussa, Georgi Zidane.

On le voit encore aujourd’hui, car l’Égypte considéré dans le monde arabe comme la société la plus proche pour faire un passage vers la modernité et la démocratie, n’a pas réussi à dépasser la légitimité de l’armée. En dépit du nombre de productions culturelles par rapport à sa population, le pas ne s’est pas encore fait dans ce pays. Si l’Égypte avait réussi cette transition, elle aurait pu agir comme locomotive pour le reste du monde arabo- musulman. On assiste cependant au contraire à une reproduction du même système.

Au Maroc, le développement culturel comme celui d’Égypte ne s’est jamais produit, ce qui fait que la modernité n’a pas encore vu le jour. Les initiatives en ce sens se sont limitées à la création de l’école libre contre l’école française qui, à part la promotion de la langue arabe, est demeurée dans une vision idéaliste et religieuse du monde. Dans ce contexte, Mostafa Bouaziz estime que les tendances de gauche doivent s’estimer heureuses de ne pas être déjà disparues complètement au Maroc. Il suffit de jeter un regard sur la situation actuelle de certains partis politiques de gauche comme l’UNFP et l’USFP qui ont perdu leur lustre.

Le même constat s’applique selon lui pour le Parti Attajammouâ, le Parti du rassemblement progressiste unioniste égyptien de Khalid Mohiéddine, considéré comme le parti qui a hérité le nationalisme et qui l’a développé. Ce parti n’était même pas présent durant le soulèvement populaire en Égypte, alors qu’il n’y a pas longtemps, il était un parti qui faisait le contrepoids à Moubarak et à Sadate. Pour Mostafa Bouaziz :

Ces forces politiques de gauche étaient populaires un certain moment dans ces deux pays mais elles sont presque disparues. Elles n’ont pas pu résister au déclin malgré leur popularité et une certaine audience auprès d’une partie de la population car elles avaient une base populaire imprégnée de cette culture conservatrice. Les partis politiques de gauche n’ont pas réussi à changer cette culture. L’islamisme qui est venu après, avait le terrain devant lui. C’est pour cela que l’islamisme au départ est sorti de leur rang. Abdelkrim Moutiî et le mouvement islamiste de la Chabiba est sorti de l’UNFP et de leur syndicat parce que la vision est la même. C’est pour cette raison que vous trouvez même dans l’extrême gauche quelques-uns qui étaient membres et militants dans cette mouvance et qui se sont retrouvés par la suite chez les islamistes. Il y avait des transferts335

Lorsque l’on compare les questions qui ont été posées au 20ème siècle avec celles qui se posent aujourd’hui par

rapport à la modernité, estime Mostafa Bouaziz, on constate certaines similitudes. Que ce soit la question de notre rapport à l’autre, de notre rapport à la nature et de notre rapport à la religion, ces questions n’ont pas été

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tranchées au début du 20ème siècle, et elles demeurent toujours d’actualité en ce début du 21ème siècle. Il est

donc légitime selon lui de se poser la question sur ce qui a vraiment évolué durant tout un siècle, y-a-t-il une structure qui demeure inchangée ?

Pour Mostafa Bouaziz, l’apport de Henri Lefèvre est intéressant en réponse à ces questions car lorsque l’on fait une distinction entre le modernisme comme étant les données matérielles de la modernité, on peut dire que le Maroc, voire le Maghreb au début du 20ème siècle, étaient contre le modernisme et la modernité.

Si on définit c’est quoi la modernité, on dira que c’est le passage de la centralité de Dieu à la centralité de l’homme. C’est le passage au niveau du système politique d’une légitimité traditionnelle charismatique ou religieuse ou coercitive à une légitimité citoyenne, démocratique. C’est le passage de la primauté de l’espace privé sur l’espace public (…) C’est ça la modernité, les marocains étaient contre au début du 20ème siècle. Ils étaient aussi contre le modernisme et tous ses attributs. Début du 21ème siècle, le

modernisme est là, il y même un engouement pour le modernisme et on a le chemin de fer, on a l’internet, on a des technologies, il y a même un engouement pour ce qui est technique. Mais, si le modernisme est là, est-ce que la modernité est là aussi ? Absolument pas, on est toujours dans un règne ou il y a centralité de Dieu, cela s’accentue car on est toujours dans un rapport mythique à la nature.336

C’est ce qui fait selon lui que le conservatisme règne encore et que la modernité se rétrécit. Dans un tel contexte, il est tout à fait normal que les concepts de démocratie, de citoyenneté, et de gauche, vivent la position de l’étranger par rapport à un corps conservateur qui est toujours là. C’est donc pour Mostafa Bouaziz l’élément essentiel quand on parle d’un recul de la gauche au Maroc comme dans le reste du monde arabe.

Néanmoins, il importe de souligner que dans cette évolution, certains noyaux de gauche sont demeurés selon lui actifs et ont tenté de résister au déclin. Ils ont essayé de se régénérer comme en Tunisie, au Liban et au Maroc. Toute la gauche et l’extrême gauche arabe a presque disparu sauf au Liban où il y avait l’Organisation de l’action communiste libanaise ainsi qu’au Maroc où l’Organisation de l’action démocratique a pu s’intégrer dans le champ politique marocain.

Il est alors intéressant alors de se questionner sur les raisons qui ont fait en sorte que le Mouvement 23 mars par exemple est arrivé à entrer dans le champ politique en devenant l’Organisation de l’action démocratique populaire (OADP). On peut aussi se questionner sur les raisons qui ont porté l’Organisation de l’action communiste au Liban à devenir un parti important au côté de Joumblatt durant les années 70et les années 80. Enfin, il est aussi pertinent de regarder pourquoi des partis démocratiques populaires qui se disaient de gauche sont disparus et un mouvement comme la Fédération de de la gauche démocratique au Maroc est demeuré. Pour Mostafa Bouaziz :

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La continuité de tels partis peut s’expliquer par l’ouverture à la dimension culturelle. Ceux-ci étaient davantage ouverts à un positionnement voire à une redéfinition culturelle, ce qui a créé un plus grand sentiment d’appartenance à ces partis et ce qui leur a aussi assuré leur survie.

Ces groupements étaient des groupements où on discutait culture. Ils ont essayé de discuter culture par des revues culturelles qu’ils ont eux-mêmes produit. Quand on voyait les revues Souffles, Anfas, al-Taqafa El-Jadida (la nouvelle culture NDLR), Anoual, Anoual al-Takafi et compagnie, comparé à Aklam et même à Afak de l’Union des écrivains marocains, c’est eux qui avaient l’initiative et non pas l’Union nationale des forces populaires (UNFP). Au niveau social, toute l’évolution des discussions au niveau des cinéclubs et des théâtres amateurs, etc., travaillaient en ce sens et puis, ils étaient critiques vis-à-vis de Staline, vis-