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Chapitre 1. Les marqueurs de l’engagement. Singularités et analogies

1.2 Le personnage sorélien ou la poétique du vaincu

1.2.1 Le personnage du perdant

Dans un premier temps, nous allons nous intéresser à ce genre de personnage qui n’arrive pas à avoir du succès, qui a peur d’oser ou qui n’a pas de chance dans la vie, mais qui est toujours porteur de valeurs. Lors de sa situation particulière, l’avantage de ce personnage, c’est qu’il n’a pas de comptes à rendre, il est indépendant face au pouvoir, et il peut profiter de ce cadre pour exprimer sa critique de la situation en toute lucidité.

Le personnage de Don Abilio dans Crónica de un regreso (1981) est représentatif de ce modèle. L’étymologie de son prénom nous parle de ses traits : Abilio vient du latin habilis, qui veut dire « habile, adroit, expert », mais son prénom est phonétiquement proche aussi du mot « abulia », qui veut dire « apathie »1. Son caractère de perdant vient aussi du fait que son prénom n’est connu du lecteur qu’au second chapitre, quand le maire du village lui dit : « Si es don Abilio. No le esperábamos tan pronto. Y ese viaje, ¿cómo se encuentra? » (Crónica, 78).

1 Ce personnage nous fait penser en quelque sorte à Andrés Hurtado, le protagoniste de El árbol de la ciencia

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Cela est dû en principe à la nature autodiégétique du narrateur, mais n’en est pas moins significatif de sa faible importance en tant que personnage. Il s’agit d’un retraité de soixante-cinq ans, originaire d’un hameau de Quesada (Jaén), qui a travaillé à Madrid dans la comptabilité d’une entreprise de métallurgie et qui décide de revenir dans son village pour finir ses jours, après quarante-six ans d’absence. C’est donc un personnage presque anonyme, un ouvrier comme un autre, mais qui acquiert une position prédominante face aux personnages miséreux qu’il croise à son retour1, ce que l’on constate aussi grâce à l’utilisation de la formule de politesse « don » devant son prénom. Ses passions sont simples, mais d’une portée intellectuelle, et il ne porte pas une haute estime de lui-même : « Me gustaba leer, y pasear, y observar a la gente, y pensar… Tantos pensamientos a los que no podía dar una respuesta, que escapaban a mi poco cultivada inteligencia » (Crónica, 90). Son but est de revenir à son village d’origine pour trois raisons : retrouver la tranquillité, revoir sa sœur, qui est malade et connaître de près les problèmes de la terre, l’élément le plus important pour la critique sociale qui porte le récit. Comme il le déclare lui-même :

Cuando pensé volver, me dije a mí mismo que tenía que estudiar la tierra, ver sus problemas. No servirá de nada a estas alturas, pero al menos conocer… Esto me decidió a volver, sí, esto decidió mi vuelta… (Crónica, 101).

Dans ses propos, on constate que le personnage est bien conscient de l’impossibilité de faire changer quoi que ce soit dans son village, en raison de son âge, mais il est curieux de voir comment les gens y vivent. Il va accomplir ces trois objectifs lors de son passage par Quesada, mais sa tranquillité va se voir véritablement perturbée en raison des conditions de vie misérables des habitants du hameau. Dès qu’il arrive au village, Don Abilio écrit son histoire, un acte mémoriel afin d’attester son passage par son village et les difficultés de son époque, juste avant sa mort :

No sé, ni tan siquiera eso, por qué antes de morir voy repoblando estas cuartillas, estas páginas comenzadas a mi regreso de la ciudad, a mi vuelta al lugar donde nací, estas cuartillas iniciadas apenas me levanté en un prematuro amanecer de mi primer día de estancia completa en la cortijada, y que ahora continúo (Crónica, 121-122).

De cette mise en abyme se déduit la nécessité que le personnage a d’écrire dès qu’il arrive au village, sûrement en raison de la souffrance provoquée par la situation affreuse qu’il y constate : pauvreté, famine, manque d’électricité et d’eau, misère. En quelque sorte, on pourrait considérer le roman comme un grand monologue intérieur de Don Abilio, qui reproduit par l’écrit son expérience vécue.

1 Lors d’une réflexion sur l’Histoire, il s’en prend à lui-même et reconnaît sa complicité avec le système, malgré lui : « Y yo, viajero vacío, impotente, no supe salir, escaparme a los oxidados engranajes que durante más de medio siglo me encadenaron a esta vieja, inhumana explotación, a esta atroz, hipócrita mentira, huyendo, cuando ya es tarde, más de mí mismo, de mi silencio, de mi cobardía » (Crónica, 112).

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On ne peut pas considérer Don Abilio comme un héros positif, caractère propre au roman du réalisme social de l’époque, mais certainement comme un anti-héros. Il représente la constatation d’un échec, du pessimisme existentiel, à en juger par son propre discours. En dernière instance, cet échec découle du choc contre une réalité contraire à sa manière d’interpréter la vie, et qui date de son entrée dans la vie active. Il affiche une position ambiguë, car s’il est en quelque sorte une victime du système politique dans lequel il vit, il est aussi complice de ce même système en raison de sa passivité et de son inaction face à l’injustice1. Il mène une vie médiocre et paisible, et on est loin ici du héros révolutionnaire. Don Abilio n’affronte pas les difficultés, mais il se voit entraîné par celles-ci. On s’aperçoit également de sa faible identité, puisqu’il ne se sent pas enraciné ni dans son village d’origine ni dans la ville où il travaille. En outre, il avoue ne pas être très habile – malgré la symbolique de son prénom – et considère plutôt faible et maladroit : « temeroso […] es fácil que yo tropiece » ou « inadaptado, como ahora estoy » (Crónica, 9). Il se trouve fatigué, presque comme un mort vivant : « cansado, viejo, escéptico, muerto ya » (Crónica, 12).

C’est un personnage solitaire et inadapté à la vie urbaine : « Me aburro cuando hablo con la gente […] Me asfixian. Son egoístas. Y están completamente vacíos » (Crónica, 60). On observe la même chose par rapport à son milieu professionnel. Ainsi, dans son entreprise, il a toujours préféré écouter que parler, car il a toujours eu peur : « Miedo a todo lo desconocido, a mi contacto con gentes, con cosas, con lugares, ajenos hasta entonces para mí : era el temor que no había de abandonarme en muchos años » (Crónica, 29). De même, il se sent frustré car il n’a jamais réussi à être promu dans son travail, contrairement à ce que son patron lui avait promis. Pendant la Guerre Civile, il ne s’en mêle pas, ce qui le rend coupable a posteriori : « No pisé un campo de batalla, no salí de aquella estrecha oficina donde trazaba largas listas de números en cuadriculados papeles […] Y así pude llegar a jubilarme con la paz de los abúlicos, de los insociales, de los conformistas… » (Crónica, 64).

Sa relation avec Clara, sa femme, est aussi un échec. Elle, affaiblie, meurt prématurément en 1933, sans n’avoir jamais eu d’enfants : « Y sufría por ella, sufría por el temor de perderla, no acordándome entonces de su vientre vacío […], en el que no vería germinar la esperanza de un hijo que me sucediera en la vida » (Crónica, 56). Il dit avoir très peu d’amis, et il exprime son angoisse et son chagrin à Clara. C’est lors de son retour à Quesada qu’il avoue ouvertement son impuissance et sa culpabilité. Face aux gens démunis, il s’exprime : « Y era su propia presencia, su propia miseria, la propia ignorancia de la miseria

1 Dans ce sens, le personnage ressemble à celui de Pedro, le protagoniste anti-héroïque de Tiempo de silencio

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que les envolvía quien terminaba por hundirme, postrarme en el mismo fracaso de mi vida » (Crónica, 96).

Enfin, lors de son retour à Quesada, Don Abilio dresse un bilan radicalement négatif sur sa vie et sur son manque d’engagement envers les plus faibles :

Porque yo, y esto sí que no podía ignorarlo, había muerto: muerto desde que el día en que Clara faltó de mi lado, muerto desde el momento que me convertí en espectador de la guerra, muerto desde que abandoné la tierra por la que nada hice, en la que nada intenté para redimirla (Crónica, 147).

De cette déclaration se déduit que pour le personnage, l’engagement c’est la vie, et qu’il est indispensable pour continuer à survivre, ce qu’il n’a jamais pu faire, et c’est pour cela qu’il est mort depuis 1933, après la disparition de sa femme. Dans une lamentation à caractère élégiaque et apocalyptique qui se projette vers le jour de sa mort, qu’il craint, Don Abilio s’exprime ainsi :

Nadie tengo para que me llore. Ningún ser sufrirá en sí mi desaparición. Y yo, que broté milagrosamente en medio de la tierra, volveré a ser arrojado, sin explicaciones, a ella. Nada quedará de mí. Ni un recuerdo. Ni un pensamiento. Ni una obra. Soledad. Recuerdos perdidos también en una tumba… (Crónica, 157).

La fin du roman nous dit peu sur Don Abilio. Il se trouve au lit, et se rendort après le départ de son neveu de la maison familiale pour aller au travail. Juste avant, Don Abilio faisait une réflexion sur l’anxiété provoquée par la mort et par sa profonde solitude, de plus en plus accentuée. De ce fait, les mots de cette fin ouverte nous laissent imaginer la probabilité de sa mort à court terme : « Pero después, aún por poco tiempo, una vez que él se marchó, conseguí volver a quedarme dormido » (Crónica, 172).

Dans cette même lignée de personnages perdants et ratés, on peut sans doute aborder la figure d’el Perro, dans le roman El perro castellano (1979). Grâce à ce personnage énigmatique, mais aussi à l’intervention de deux narrateurs-personnages (Ana et son compagnon, dont on ignore le prénom), on connaît des informations sur el Perro tout au long du récit. L’énigme du personnage provient fondamentalement de son prénom et de son origine. Ce surnom de « Perro » fait référence à quelqu’un sans importance, mais également à son caractère de vagabond, de personne errante et libertaire1. C’est un anti-héros pauvre extérieurement, mais d’une grande richesse interne, comme sa vie et son témoignage le démontrent. En outre, et malgré les informations qui nous sont livrées, il reste un personnage mystérieux. Selon les jeunes : « Quisimos traerle a dormir a casa […] No consintió. Llegó en el misterio y pretendía tal vez continuar siendo un misterio » (Perro, 45).

1 À la fin du chapitre 9, les jeunes l’invitent à rester chez eux, mais el Perro leur répond : « No, esta noche no entro. Gracias, muchachos, de verdad. No os preocupéis por mí. Volveremos a encontrarnos. Siempre. Se perdía, de nuevo hacia la hondura del mar » (Perro, 168).

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Concernant son origine, el Perro est né à Riaza, un village castillan de Ségovie, mais à l’âge de deux ans il habite dans la ville fictive de Melville, agglomération maritime de Castille1, énigmatique et idéalisée. De plus, il est d’origine sociale défavorisée, car quand il évoque la figure de sa mère, il raconte : « su mal era la enfermedad del pobre, un agotamiento para el que no sirve otra medicina que el dinero, y este no podíamos encontrarlo » (Perro, 57).

Sa façon de vivre provoque l’intérêt des deux jeunes, et indirectement du lecteur, qui veut en savoir plus sur sa vie, et notamment sur la disparition mystérieuse de sa fille, une intrigue qui parcourt la diégèse. Il s’agit d’une personne âgée mais d’une personnalité très forte et solide, qui suscite l’admiration en même temps que la pitié du récepteur. Les deux jeunes nous aident à construire un portrait net et précis du personnage, lors de sa description physique détaillée :

Le vimos venir de lejos […] Lo primero en distinguir fue su sombrero de paja. Luego su pecho – llevaba la camisa desabrochada–, velludo. Los pantalones vaqueros ajustados a su estrecha cintura; las sandalias con los dedos descubiertos y llenos de arena. Cerca, dejó ver su poblada y grisácea barba. Sus ojos nadaban entre el coral y la iguana (Perro, 33).

C’est l’image d’un personnage libre et particulier, qui ne cherche pas à paraître, ce qui aide à créer un lien affectif avec le lecteur, de même que les sentiments qu’il exprime et par sa façon de voir la vie. Contrairement à Don Abilio, el Perro castellano est amplement décrit sur le plan physique, vestimentaire et biographique, ce qui renforce davantage l’admiration, l’affection et la sympathie du lecteur, plutôt que la pitié2.

Les jeunes évoquent sa façon de s’exprimer et sa personnalité exaltée : « Risas salvajes daban paso a ojos desaforados o tristezas abismales » (Perro, 8-9), et selon eux, il porte un sens critique aigu pour faire face à sa profonde solitude : « Elipsis y rodeos para abocar su soledad, en críticas a quienes en el fondo consideraba culpables de su miseria o inadaptación » (Perro, 9). Sa manière de boire et de fumer nous indiquent symboliquement l’anxiété et la souffrance du personnage, l’expérience de la vie qu’il porte, suscitant aussi la compassion du lecteur, qui s’inquiète pour cet homme moribond : « La tos destrozaba el cigarro hasta arrugarlo, convertirlo en un guiñapo en su boca. Pero se reponía. Y entonces arrojaba un látigo de coñac en su estómago » (Perro, 9). Il semble que l’alcool aide le personnage à avoir la force de continuer à raconter son dur passé, son activité préférée : « Después de cenar nos quedamos los tres sentados en el café, tomando coñac. No le forzábamos a hablar. Simplemente él relataba, hacía fluir sus reflexiones ante nuestra escucha » (Perro, 72).

1 Dans son évocation descriptive, el Perro parle de la « Venta del Marinero » et du « Callejón del Mar ».

2 Par cette mise en texte particulière du personnage, el Perro produit chez le lecteur l’effet-personne évoqué par Vincent Jouve : une illusion référentielle qui donne l’impression que le personnage est vivant. Voir V. Jouve,

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Et l’activité de raconter semble être le but et la mission du personnage. Victime du désespoir et de l’amertume, el Perro a besoin de raconter « mezclando viejos recuerdos y emitiendo juicios apasionados », que son histoire soit connue avant de mener à terme sa volonté de mourir à la plage de Conil, et il accomplit ce désir en trouvant deux jeunes qui écoutent ses histoires bien volontairement. El Perro a enfin trouvé ses interlocuteurs, des gens qui s’intéressent à son histoire de vie : « Mucha gente encontré hasta llegar aquí, mas a nadie interesaban mis palabras. Esto es lo importante. Que hoy puedo vaciarme en vosotros, antes de vaciarme en el mar, tan buscado » (Perro, 35). Il a beaucoup à raconter, et même s’il existe des échanges souvent courts avec les deux jeunes, dans ce récit abondent les paroles d’el Perro, qui sont qualifiées de monologues par les deux jeunes dans l’énonciation : « Y continuaba sus monólogos » (Perro, 145).

Mais, qui est vraiment el Perro castellano ? C’est un homme lucide et engagé, un fils de son époque, désabusé par la politique actuelle. Il a tout donné, et il raconte principalement sa vie passée, ses souvenirs d’enfance à Melville et le début de la Guerre Civile, ainsi que son activité au PCE, dont il est exclu à cause de sa pensée anarchiste, comme ce fut le cas de l’auteur réel1. Il a peur de la mort, un sujet qu’il évoque souvent : « Todavía antes de morir me angustia la muerte misma » (Perro, 10). Dans son parcours de militant antifasciste, il a voyagé à Cuba, a connu la prison, l’exil en France, et le maquis. Le jeune fait la synthèse : « Infancia, guerra, silencio, exilio, maquis, cárcel, exilio nuevamente, y al final regreso al vacío: podríamos haber escrito una novela de aventuras con tu vida » (Perro, 175).

El Perro est quelqu’un de solitaire, qui a eu très peu d’amis (« yo mismo cuando era niño. Ese fue mi único, verdadero amigo ») et beaucoup de femmes : « Cierto que hubo mujeres, muchas, en mi vida » (Perro, 14). Sa fille, qu’il ne voit plus depuis l’âge de cinq ans, a des problèmes de drogue, comme le montre le chapitre six, intitulé « Interludio. La hija del Perro ». Les deux jeunes se renseignent sur sa vie actuelle, mais sans rien raconter au père, pour éviter sa souffrance.

Sa passion pour la littérature a contribué à élever sa culture, à construire son sens critique aigu ainsi que sa forte personnalité : « Desde el principio comprendimos el amor del perro a la literatura. Había leído mucho : tal vez aquí radicaba la razón de su inconformismo » (Perro, 141). En définitive, il peut mourir en paix, tranquille avec lui-même : « A nadie guardo rencor. Soy feliz. Cuando se entra en la nada, el rencor sobra » (Perro, 164). Le chapitre final rend

1 L’histoire de son exclusion du PCE coïncide au pied de la lettre avec celle d’Andrés Sorel : « Me habían acusado de tener tendencias anarquistas : discutir, poseer ideas propias en el partido es imperdonable ¿Os dais cuenta? Yo llevaba el marxismo en el cerebro, decían, pero era anarquista de corazón. Y pensaba en la necesidad de unir ambos, de realizar con su matrimonio el hombre perfecto. Antagonizarlos, enfrentarlos, solo puede llevar al caos, a la derrota. Y fui expulsado » (Perro, 144).

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compte de sa mort d’une manière poétique. En effet, on pourrait parler d’un suicide, mais le lecteur reste avec cette ambiguïté. Un jour de tempête où la mer devient violemment révoltée, el Perro décide que c’est le moment pour se donner la mort : « Ahora », malgré l’avertissement des jeunes, qui craignent le pire : « No, ahora no, por favor, no vayas, perro » (Perro, 169). La description du narrateur est à mi-chemin entre la réalité et la fiction, dans un passage très coloré et riche en personnifications et animalisations :

Los gritos del Perro se abrieron paso en el tableteo de la tempestad que ya culebreaba con ojos abiertos en fosforescencias zigzagueantes y roncas blasfemias increpantes del orden del universo […] De pronto tableteó fieramente la nube y un ojo de mar vació la figura del Perro corriendo las aguas, completamente desnudo y con los brazos alzados al increpante cielo. Los caballos se revolvieron furiosos en la arena (Perro, 170-171).

Pour les gens du village, la réalité est tout autre. Des voix anonymes s’expriment ainsi, et provoquent l’ambigüité du récit : « Dicen que hay un ahogado. Le encontraron cerca de las rocas, a la altura del hotel de los alemanes […] Pudo resbalar y caer al agua. Era noche de lobo y si andaba tonteando por aquellos parajes… Más si no los conocía » (Perro, 176-177). La dernière voix imagine une hypothèse : « Sería algún vagabundo » (Perro, 177). Le récit s’achève avec la mort accidentelle du protagoniste. El Perro est un sage qui suscite l’intérêt par ses connaissances, par son style propre et par l’intensité de son discours. Son témoignage prend de la force et de l’intensité, presque intime, grâce au nombre réduit des personnages à qui il confie son existence. Sa figure est un hommage littéraire aux héros républicains qui, en démocratie, n’ont jamais reçu le moindre hommage pour leur parcours de combattants.