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Cadre conceptuel de l’étude

1. Prolégomènes à l’appropriation des Tic

1.1. Penser les modèles d’analyse des Tic pour les sociétés contemporaines contemporaines

Les pratiques informationnelles et communicationnelles autour des Tic sont nombreuses et variées. Si, pour les pays avancés l’accent peut être mis sur les commerces de biens et services, les pays les moins avancés comme l’Afrique ont d’autres priorités telles la santé, l’éducation et l’éradication de certaines maladies contagieuses. La structure forte de l’État au Nord et sa présence pesante sur les administrés (je fais ici référence par exemple à la France avec cette possibilité de contrôler le versement de l’impôt sur le revenu des citoyens) sont des éléments quasiment absents au Sud où l’État ne dispose pas de moyens financiers et humains suffisants pour exercer ces prérogatives. Dans le Sud et particulièrement en Afrique, les frontières du secteur formel et celles du secteur informel ne sont pas clairement identifiées : « En Afrique, les activités formelles et informelles s’imbriquent les unes des

36 autres. Avec des systèmes de gestion des personnes et des biens défectueux, les fraudes sont facilitées et l’État éprouve des difficultés pour assurer ses fonctions de contrôle et de gestion du territoire » (Ba, 2003 : 25).

L’essor du secteur informel en Afrique est tel qu’il serait injuste de ne pas prendre en compte les nombreuses activités que la globalisation a tendance à occulter pour la simple raison qu’il ne fait pas partie du modèle dominant. La notion d’informel que Manuel Castells (2001 : 109-205) a mis en exergue pour tenter d’expliquer les transformations sociales et économiques engendrées par la pénétration des Tic en Afrique. En s’adaptant à ce contexte de globalisation des échanges, les populations africaines ont développé des économies parallèles que l’on qualifie souvent d’informelles, et qui sont des réponses significatives par rapport à la société en réseaux : « La technologie de l’information a transformé qualitativement le processus par lequel s’effectuent les opérations financiers » (ibid., 2001 : 195).

N’est-ce pas une réponse sérieuse à l’idée d’une certaine forme de société standardisée où seules les Tic ont droit de cité, ces formes de survie de l’économie informelle ne méritent-elles pas qu’on y prête attention ? Déjà, les propos de Serge Latouche (1998 : 19) fournissent une matière à penser :

« Il y a donc en marge de la déréliction de l’Afrique officielle, à côté de la décrépitude de l’Afrique occidentalisée, une autre Afrique bien vivante sinon bien portante. Cette Afrique des exclus de l’économie mondiale et de la société planétaire, des exclus du sens dominant, n’en persiste pas moins à vivre, à vouloir vivre, même à contresens.

En qualifiant l’informel d’économique, on masquait son caractère original de réaction sociale créatrice et innovatrice à l’échec du développement pour le rabattre sur la naturalité d’un homme éternel calculateur et sujet transhistorique de besoins. ».

Les chercheurs en sciences sociales (aussi bien le courant francophone que le courant anglophone que nous retrouvons par exemple, dans les productions de Michel Callon, Bruno Latour, Louis Quéré, John Law, Everett Rogers) se sont intéressés aux aspects sociotechniques des innovations comme celles des Tic. Il s’agira pour nous de comprendre les

rapports entre la technique et la société, de dépasser le paradigme traditionnelqui se limitait à

l’étude des effets de la technique sur les populations –modèle linéaire d’une communication passant d’un émetteur à un récepteur– (Claude Elwood Shannon et Warren Weaver). Plusieurs travaux de chercheurs ont essayé de dépasser ce paradigme avec notamment ceux de Jakobson sur le langage, Roland Barthes et Umberto Eco sur la production des sens, Grégory Bateson sur les messages corporels et l’école de Palo Alto avec sa vision de l’homme-orchestre.

Ceux-37 ci font dire à Erik Neveu (2001 : 43) que « les participants d’une culture sont pris dans des toiles de signification si denses que la communication devient un processus permanent auquel on ne peut échapper ». Pour résumer je vais paraphraser Paul Watzlawick (1972 : 46) avec sa célèbre formule : « on ne peut ne pas communiquer ».), quand bien même, serait-on dans une société aphone, la communication quelle soit verbale ou non verbale est porteuse de sens, de signification. Les tam-tams en Afrique et autres utilitaires dans d’autres continents qui véhiculaient les informations d’une contrée à une autre, d’un village à un autre sont-ils remplacés par les innovations technologiques récentes ? À mon avis, en tant qu’objets, ils conservent toujours leur utilité, ce qui change en revanche ce sont les usages.

L’exemple que l’ethnosociologue Burkinabé Nyamba (maître de conférences à l’université de Ouagadougou) a mis en évidence par rapport à l’appropriation des innovations techniques, est assez édifiant sur la nécessité de prendre en compte les réalités socioculturelles avant tout programme de développement. Parlant de l’adaptabilité dans les transferts technologiques, il donne l’exemple du tracteur qui doit améliorer le rendement dans l’agriculture. Les paysans burkinabés, en ayant l’image de l’homme assis sur la machine à longueur de journée, ne voyaient pas l’apport essentiel en termes de rendement. Cela représentait plutôt dans leurs pensées une image négative. Leur conception de bon cultivateur était différente, si bien que la machine était rejetée et ils ont fini par récupérer tout ce qui, dans le tracteur, pourrait servir à fabriquer leurs outils ordinaires de travail (Tiemtoré, 2008 : 55).

Comme l’illustre cet exemple, la question est de réfléchir aux usages des objets techniques et d’analyser les principales valeurs qu’ils véhiculent. Pour notre propre objet d’étude, la problématique centrale est de comprendre les transformations économiques et sociales engendrées par les Tic dans la presse sénégalaise. Notre objectif est d’étudier les relations qui se nouent, agissent et interagissent quand la société est éprouvée par la technique.

Dans la construction des usages sociaux, il semble y avoir une tension permanente s’exerçant entre l’usager et le dispositif technique, qui est le théâtre de multiples expérimentations. C’est un champ où l’usager tente d’appréhender tout l’aspect cognitif des machines innovantes en les mettant toujours en relation avec son environnement quotidien. De cette lutte ou jeu de séduction, vont émerger des pratiques pouvant apporter des bénéfices aux usagers qui, selon leur propre univers culturel et sociologique, décident en toute souveraineté d’adopter, de rejeter ou de détourner ce qui ne leur semble pas utile. C’est lorsque cette confrontation leur convient que se réalise la première phase de l’appropriation qui, après plusieurs apprentissages, se traduira par une appropriation effective. L’objet technique rejeté

(non-38 usage) peut renaître non pas pour son usage d’origine ou initial, mais pour d’autres usages servant à d’autres causes. Ceci représente les éventuelles déviations que peut subir toute technologie innovante qui ne correspondrait pas aux attentes désirées.

C'est pourquoi la sociologie de l’innovation, au prisme de l’économie et de la politique, semble importante pour étudier la technique à travers les différents types usages, en partant de l’hypothèse que cette innovation participe de la construction du mythe. Il est vrai que l’innovation est un terme qui regroupe plusieurs acceptations. Si pour certains chercheurs, comme Rogers Everett M. (1989 : 35), elle désigne « le processus par lequel une innovation est communiquée à travers certains canaux, dans la durée parmi les membres d’un système social », d’autres en revanche comme Louis Quéré (1989 : 97), pensent que « l’innovation n’est rien d’autre qu’un processus de construction de chaînes d’associations et d’organisation de réseaux stables par des machinations, par des opérations d’enrôlements et de contrôle qui masquent leur véritable nature de domination ».

Le débat se situe entre le moment de l’innovation et l’après innovation, à quel moment l’usager peut-il s’insérer dans le dispositif technique ? Si l’on part du principe que

« L’usage est plus restrictif et renvoie à la simple utilisation tandis que la pratique est une notion plus élaborée qui recouvre non seulement l'emploi des techniques (l'usage), mais aussi les comportements, les attitudes et les représentations des individus qui se rapportent directement à l'outil » (Jouët, 1993 : 371).

Il convient de distinguer deux niveaux d’analyse : le contact avec le dispositif technique, et son appropriation qui passe par une intégration d’un ensemble de valeurs liées à la sphère socioculturelle de l’usager.

Un bref retour à l’histoire de la sociologie de l’innovation permet de constater que la sociologie rurale a été pionnière dans l’étude des usages avec les premières expériences de chercheurs comme l’anthropologue américain Alfred Louis Kroeber, spécialiste des populations nord-américaines qui, dès 1943, avait mené une étude sur l’introduction d’une nouvelle graine de semence pour un maïs hybride auprès d’un groupe de fermiers de l’Iowa (États-Unis). En observant ces fermiers face à cette nouvelle culture que l’on pourrait comparer à l’arrivée des Tic, il fit une classification distinguant les premiers adhérents qui prenaient le nom d’innovateurs parce qu’ils avaient de meilleures prédispositions matérielles

sociales correspondant aux revenus et à leur éducation respective. La seconde vague de

39 de neige engendrée par la réussite du groupe des innovateurs. Par la suite, Everett M. Rogers a repris en 1962 les fondements de cette sociologie rurale pour développer le modèle de la diffusion sociale des innovations techniques.

Partant du postulat que l’avènement d’une nouvelle technique engendre nécessairement un changement social voulu ou provoqué, Everett Rogers en déduit une typologie de l’adoptant à partir de cinq éléments : les innovateurs, les adoptants précoces, première majorité, majorité tardive, retardataire. Pour Everett Rogers une diffusion –ou pour reprendre son terme, une dissémination réussie– trouve initialement son explication dans les caractéristiques mêmes de l’innovation. Par exemple pour les Tic, nous retrouvons ces caractéristiques dans les discours prônant la nécessité d’adaptation pour accroître les biens et services, dans le design même de l’objet technique qui est en adéquation avec les valeurs de la société étudiée, dans le caractère moderne qui implique une certaine aisance sociale, etc. Nous les retrouvons également, dans les différents procédés mobilisés pour faire accepter ces innovations. Everett Rogers de noter que la décision de l’adaptation se fonde plus sur les relations interpersonnelles que sur une analyse objective des caractéristiques de l’innovation. Troisièmement, dans le temps d’assimilation de l’objet technique ou parcours initiatique qui doit recouvrir plusieurs phases : (connaissance de l’objet, conviction ultime de sa pertinence, décision d’adopter, essai

d’usage, confirmation de la décision). Et enfin, la quatrième explication est relative à la

connaissance de l’ensemble social dont est imprégné l’objet d’étude. Pour notre étude, cette connaissance consistera à décrypter le Sénégal à travers le fonctionnement de la presse en ligne, et à voir si, en terme d’opportunités et d’intérêts les usages –que l’on peut qualifier de durables– sont réellement ancrés dans les habitudes. En prenant le risque d’adopter l’innovation sans préalable, la théorie rogérienne fait abstraction de cette possibilité qui est de ne pas accepter l’innovation et de trouver par conséquent d’autres alternatives qui refuseraient l’objet (Callon, Latour : 1986). À ce titre, Dominique Boullier (1989 : 33) rappelle que :

« Le modèle de diffusionniste de l’information n’est pas recevable comme tel mais ce n’est pas une raison pour oublier les questions qu’il pose. Le terme de diffusion lui-même suppose que l’étude porte sur l"après-coup" de l’innovation. On ne peut expliquer la diffusion elle-même sans prendre en compte cette dimension de réinvention, effectuée dès le départ par les concepteurs, mais aussi par les utilisateurs, une fois que le produit est effectivement sur le marché. Le modèle diffusionniste de l’innovation n’est pas recevable comme tel, mais ce n’est pas une raison pour oublier les questions qu’il pose ».

Pour Bernard Miège (1997 : 147) « constater l’existence d’étapes est une chose, mais [savoir] comment s’effectue le passage d’une étape à l’autre, et pourquoi certains acteurs, et pas d’autres se trouvent concernés à tel ou tel moment de diffusion d’un objet

40 technique en est une autre ». Pour pallier ces insuffisances, un modèle alternatif fut convoqué, comme le modèle de la traduction ou de l’intéressement.

Ce modèle connu aussi comme la théorie de l’acteur réseau avec l’abréviation anglaise ANT (Actor Network Theory) est l’œuvre de Michel Callon et Bruno Latour, et plus tard, de Madeleine Akrich –issus du Centre de sociologie de l’école des Mines de Paris– qui posent d’emblée une différence dans le terme innovation qui, pour eux, fait partie d’un processus, alors que chez Everett Rogers, l’adoptant ne participe pas à l’innovation, il la subit. Pour Michel Callon et Bruno Latour, l’innovation technique est une affaire d’intéressement, de négociations, de traduction (au sens où dans la découverte les innovateurs premiers ou innovateurs-traducteurs sont doués de capacités qui leur permettent de traduire, de faciliter le processus d’usage à d’autres partenaires du contexte social). Leur questionnement central consiste à savoir comment un objet passe de l’utopie à l’intégration sociale. Pour cela, ils étudient les interactions entre les concepteurs et les usagers pour dégager des pistes de réflexion sur les « chaînes de traductions » et les « chaînes d’actants » qui sont des espaces de circulation et de construction. Ces deux chercheurs s’intéressent plus à la conception de l’objet technique où sont impliqués nécessairement les acteurs sociaux qui se confrontent dans un jeu de négociation. Si nous prenons comme exemple les récentes modifications de l’offre Microsoft sur le nouveau modèle d’ordinateurs pour les pays les moins nantis en manière d’infrastructure, le modèle de Michel Callon et Bruno Latour serait la création de l’ordinateur à 100 dollars des instances onusiennes pour lutter contre la fracture numérique. Outre le montant nettement moins élevé, les caractéristiques de cet ordinateur épousent les difficultés des populations défavorisées qui n’ont pas accès à l’énergie électrique. Cet ordinateur fonctionne avec l’énergie solaire, c’est dire que les souhaits des acteurs sociaux sont pris en compte, même s’il aurait été préférable que les ordinateurs soient fabriqués sur place. Cette participation de l’acteur dans le processus d’innovation sera spécifiée d’une part par Madeleine Akrich et d’autre part par, Philippe Breton et Serge, Proulx (2002-2006 : 267-268) qui distinguent, pour leur part, quatre formes d’actions de l’utilisateur :

« Le déplacement : l’utilisateur modifie le spectre des usages prévus sans introduire de modifications majeures dans le dispositif ;

- L’adaptation : l’utilisateur introduit quelques modifications dans le dispositif pour l’ajuster à son usage ou à son environnement, mais sans changer la fonction première de l’objet technique. Exemples : on allonge un manche d’outil, on rehausse les manches d’une poussette pour des personnes ayant de la difficulté à se baisser ;

- L’extension : on ajoute des éléments au dispositif qui permettent d’enrichir la liste de ses fonctions ;

41 - Le détournement : un dispositif est détourné lorsque l’utilisateur s’en sert à un dessein qui n’a rien à voir avec les usages prévus par le concepteur”. Le modèle de traduction met surtout l’accent sur les concepteurs des dispositifs techniques et sur les utilisateurs qui doivent faire preuve d’ingéniosité de récupérer à leurs profits tous les avantages du dispositif ».

Ce modèle n’est pas sans défauts puisque la spécificité même de l’objet technique n’est pas prise en compte. Selon Josiane Jouët (2000 : 497) par exemple : « Le modèle de la traduction développée par la sociologie de l’innovation retient essentiellement l’usage au niveau de la conception de l’objet sociotechnique et ne privilégie pas le champ de la communication ». On remarquera que, dans ce modèle, l’accent est mis sur les conditions d’émergence des Tic, on n’insiste pas davantage sur l’antériorité des usages ni sur le temps nécessaire que les usagers placent dans la phase d’apprentissage.

Patrice Flichy (2003 : 250) est un théoricien du modèle selon lequel la circulation prend son essence dans l’articulation entre les concepteurs de l’objet technique et les usagers pour former le cadre sociotechnique. Il distingue le cadre de fonctionnement correspondant au dispositif technique et à son usage. Celui-ci « ne se réduit pas seulement à l’action des usagers face à l’offre technique, il s’apparente à ce que les économistes, classiques ou marxistes, envisagent sous l’appellation de "valeur d’usage" qui correspond à l’utilité d’un bien, évaluée selon l’usage du consommateur » (Miège, 1997 : 151).

Le cadre d’usage désigne l’ensemble des usages sociaux et l’imaginaire qui les entoure, la manière dont on se sert de l’objet technique et le cadre de référence sociotechnique qui est l’union de ces deux cadres de références non pas en terme d’addition, mais en terme d’alliage. Patrice Flichy considère qu’il y a un rapport de force inégale entre les concepteurs qu’il désigne sous le nom de stratagèmes : les usagers doivent user de tactique et de ruse pour s’approprier le dispositif technique. Le déterminisme social et le déterminisme technique n’interfèrent pas entre ces deux cadres qui communiquent uniquement par médiation, traduction ou transfert. Ce modèle de circulation s’oppose à la traduction par le seul fait que les acteurs sociaux sont pourvus d’intentionnalités qui leur permettent de ne pas se soumettre au bon vouloir des concepteurs. Ils sont actifs et n’hésitent pas à afficher leurs desiderata. Pour transiter de l’utopie à la réalité, Patrice Flichy (2001 : 51-73) considère qu’il faut passer par un mouvement circulatoire, reposant sur la spirale idéologie/utopie. Il se compose de six étapes :

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- utopie de rupture : il introduit à ce titre la notion de « objet-valise » du dispositif technique qui renferme tout l’imaginaire possible de projets, une sorte de boîte à idées ;

- utopie projet : l’idée est soumise à l’expérimentation par le biais des acteurs sociaux qui feront ressortir les premières tendances d’usages. Deux cas de figure se présentent et aboutissent soit : à l’échec et ce moment est qualifié d’utopie fantasmagorie qui clôt ainsi le débat de l’utopie ou à

la réussite avec un début d’idéologie qu’il désigne sous le vocable de masque. Le dispositif technique passe le cap de l’utopie et doit se confronter aux acteurs stratégiques qui testent le dispositif technique

- idéologie devient légitime par l’usage et la technique se verrouille ainsi

- idéologie-mobilisation : les acteurs sont convaincus par les vertus de la technique et se regroupent autour de l’essentiel en développant d’autres usages.

Ce modèle qualifié de circulation est, selon Patrice Flichy, une manière de construire une identité collective des acteurs, peu importe l’ordre des phases, pourvu que les acteurs sociaux soient associés à ce processus : « Tout au long de son histoire, l’objet technique n’est pas figé. Il se modifie constamment » (Flichy, 1991 : 59).

Une position intermédiaire est de ne pas considérer uniquement la présence et l’ancrage de la société de l’information dans toutes les activités sociales, mais plutôt de prendre en compte le facteur de l’informationnalisation pris comme un processus dont l’issue pour le moment demeure dans l’incertitude. Bernard Miège (2007 : 66) constate :

« L’important est de noter qu’il s’agit d’un procès ou d’une logique sociale de la communication qui se caractérise par la circulation croissante et accélérée des flux d’information éditée ou non, autant dans la sphère privative, dans celle du travail que dans l’espace public ».

Cette position défendue par Bernard Miège se traduit au niveau de la presse par un processus d’industrialisation qui fait apparaître un modèle socio-économique. L’industrialisation de la culture et de l’information intervenue au cours des années 90 est la conséquence directe de l’intégration des Tic dans ce secteur. La production, la consommation de biens culturels et informationnels –l’apparition des télévisions transfrontalières ou satellitaires avec leurs antennes MMDS (Microwave Multipoint Distribution System) ou Système Distribution Micro-onde Multipoint (SDMM) et paraboliques (Dioh, 2007 : 101) – a entraîné l’émergence des nouveaux médias comme la presse en ligne. Ceux-ci tentent de s’adapter à ces nouvelles exigences. Il s’agit là de mutations qui touchent les pratiques socioculturelles de la société étudiée. Ainsi la presse en ligne s’ouvre-t-elle à un nouveau paysage médiatique où l’espace