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Premier groupe de presse privée, Sud Communication a été créé en 1986, avec dès 1993, le lancement du journal Sud Quotidien édité par Sud Sarl. C’est le premier groupe de presse privée à mener une dure campagne contre le monopole étatique et acquérir en 1994 le droit de diffuser des informations sur les ondes. Ainsi, en 1994, la radio privée Sud FM Sen radio, commence à émettre au grand bonheur des Sénégalais qui découvrent pour la première fois une alternance dans la transmission radiophonique des informations. En diffusant en wolof et en langue française, Sud FM Sen radio s’attire la sympathie des auditeurs qui peuvent désormais entendre et se faire entendre sous un autre son de cloche que celui habituel, à savoir des émissions en faveur du pouvoir en place. Ce qui a surtout fait le succès de cette radio, c’est la place accordée aux auditeurs qui, pour la première fois, y trouvent une tribune pour exprimer en toute liberté leurs opinions. Sous l’impulsion de son président directeur M. Babacar Touré qui, en homme avisé et visionnaire, entraîne le groupe dans de nombreux défis avec la mise en place d’une société chargée de la commercialisation du journal et de produits de presse dénommée Marketing Press en 1994. En créant cette société, le groupe ambitionne de conquérir le marché sous-régional en touchant les pays limitrophes du Sénégal comme la Gambie, la Mauritanie, le Mali où réside une forte communauté sénégalaise. Au bout de dix années d’expérience, le groupe, conscient de l’importance d’un personnel qualifié, ouvre une école de formation, l’ISSIC, à vocation régionale dirigée par Abdou Latif Coulibaly et, en même temps, une agence de production et de réalisations audiovisuelles qui s’imprègnent des technologies numériques. La forte présence d’émigrés sénégalais à travers le monde contribue à accélérer les ambitions du groupe qui lorgne du côté de l’internet avec la

164 mise en ligne du journal Sudonline en charge de gérer les activités multimédia du groupe en 1997 et une chaîne de télévision, la chaîne africaine (LCA) du Sud, diffusée au Nord et s’adressant à la communauté africaine, dont le lancement a démarré en 1999. Elles viendront compléter les activités du groupe qui ne se limite plus au marché national. Toutes ces créations obtenues au cours de longues et âpres négociations avec le gouvernement sénégalais vont renforcer le groupe qui s’attaque à la conquête du marché international avec le Holding SudCom SA, une société anonyme d’un capital initial de 3 milliards de FCFA ouvert à des partenaires à hauteur de 60 % des actions.

- Walfadjiri

L’aventure démarre en 1983 pour ce groupe privé de presse dirigé par Sidy Lamine Niass, le président-directeur général qui a été, depuis le début, de tous les combats. Le groupe de presse est créé en 1984 et le premier numéro du journal est tiré sous forme de bimensuel et ce n’est que 6 ans plus tard que le journal passe à l’étape suivante en devenant un hebdomadaire (1984-1987) puis un quotidien (1993). Cette époque particulièrement difficile pour le groupe a été marquée par une politique d’investissement en matériel informatique avec l’utilisation d’ordinateurs de modèle Macintosh qui servaient à la saisie du journal. En 1994, le groupe continue ses efforts de modernisation et se dote de 4 ordinateurs portables qui vont considérablement simplifier le travail des journalistes et permettre d’amorcer l’avènement de l’internet. Parallèlement, le groupe diversifie ses activités et décide de lancer de nouveaux produits comme la création en 2005, d’un journal People dénommé Walf Grand Place qui veut se démarquer des autres journaux de ce genre, en abordant des sujets très osés comme les mœurs des personnalités. WalfSport suivra, en présentant l’actualité sportive, surtout la lutte sénégalaise très prisée des Sénégalais. La création d’une chaîne privée de télévision émettant depuis la France suivra en 2006, avec un contrat signé avec France Télécom. Seuls les Sénégalais nantis accédaient à cette chaîne payante diffusée par satellite. Il faudra attendre l’autorisation par les autorités sénégalaises en 2007 pour voir cette chaîne accessible en clair à Dakar et ses environs. Avec des reportages sur des sujets de proximité, WalfTV (la chaîne de télévision) s’impose comme la télévision préférée des téléspectateurs sénégalais.

Aujourd’hui, ce grand groupe de presse privée dispose de sa propre radio que l’on peut écouter sur internet en streaming. Selon une étude de l’agence dakaroise d’études stratégiques et de recherche réalisée en 2007 sur un échantillon de 1240 sujets âgés de 15 ans et

165 plus : « Les résultats de cette étude basée sur une méthode de quotas montrent que la radio

Walfadjri FM est la plus écoutée par les dakarois avec 76 % de la population. »118.

WalfTV, qui, depuis 2007, commence à diffuser des émissions en ondes hertziennes, occupe la troisième place après les chaînes nationales de la RTS et de la chaîne 2STV. Limitée dans un premier temps à la capitale régionale, la télévision couvre un rayon de 200 km, ce qui fait que le reste du pays n’a pas encore accès aux émissions. Réputée pour son indépendance et sa rigueur, WalfTV est très suivie par les téléspectateurs sénégalais intéressés par les émissions politiques et celles qui relatent des problèmes de sociétés. Chaîne privée d’informations générales et de divertissement, WalfTV s’est aujourd’hui imposée dans le paysage audiovisuel sénégalais grâce à des émissions comme Ataya –en référence au goût prononcé des Sénégalais pour le thé, un prétexte pour discuter de tout–, Diné ak diamono relative à la foi religieuse musulmane, des talkshow présentés par l’animatrice Aïssatou Diop Fall ou des débats initiés par le PDG. Ceux-ci ne sont pas toujours des réussites et les téléspectateurs sénégalais se souviennent de celui du 18 juillet 2009 (qui n’a pas eu lieu) entre le fils du président, Karim Wade, et Ousmane Tanor Dieng, leader de l’opposition, sur la gestion de l’ANOCI qui a été un échec. Il est reproché à l’organe de presse de n’avoir pas pu faire valoir son devoir d’impartialité dans un pareil débat. En effet, Karim Wade avait demandé à WalfTV de relever le débat et le lendemain, la chaîne avait, dès 20 heures, arrêté ses programmes en vue du débat sans pour autant s’assurer de la présence de Ousmane Tanor Dieng qui n’avait pas jugé bon de se déplacer. La mise en ligne du journal fut marquée par différentes péripéties, puisque le groupe avait confié cette mission à un autre prestataire de service Téléservices, elle-même dépendante de Télécomplus, une filiale de la SONATEL, l’opérateur historique national –qui n’assurait pas correctement la mise en ligne–. Après une longue période d’expériences malheureuses, le quotidien est en ligne depuis mars 2001. Le groupe a progressé au fil des années avec à son actif deux autres publications pour l’année 2005 : Walf Grand-Place créé en 2005 et Walfsport. Actuellement, il dispose de sa propre station de radio et de sa propre télévision.

118Diallo Ibrahima, Walf Fadjiri, l’Observateur et 2S en tête, Dakar, Sudonline.sn (22/04/08).

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- Avenir Communication

C’est le 24 février 2003 que le quotidien fut créé sous l’impulsion de son administrateur général Madiambal Diagne, un ancien greffier de formation et ayant fait ses premières armes au journal Wal Fadjiri pendant neuf ans. D’ailleurs, ce quotidien fut créé à l’origine par d’anciens journalistes et reporters de Walf Fadjiri dont M. B., l’actuel rédacteur en chef du Quotidien), P.S.D. et d’autres jeunes journalistes ayant décidé de se lancer dans l’aventure. Très vite, le journal se positionne comme un journal d’opposition, avec des articles critiques à l’endroit du gouvernement, ce qui finit de séduire le lectorat sénégalais. Aussi devient-il l’un des quotidiens les plus consultés. Ce succès fulgurant du quotidien ne manquera pas de susciter la suspicion des autorités gouvernementales, visées dans la plupart des articles. Certaines révélations, dont celle du 14 juillet 2004, sur une affaire de fraude de sucre, finiront par déranger le gouvernement qui fera appel à l’article 80 du Code pénal pour inculper M. Madiambal Diagne. On lui reproche d’avoir publié un article pouvant provoquer des troubles à l’ordre public en diffusant des documents secrets et officiels, relatifs à une affaire de fraude sur le sucre impliquant des hauts fonctionnaires de la douane. Cette année 2004 fut une année marquée par des rapports très heurtés de la presse avec le gouvernement. D’autres révélations119 suivront après cette affaire dite Madiambal Diagne qui valut non seulement la condamnation du Président directeur général du groupe Avenir Communication, mais aussi celle de son directeur de publication, de M. M. B. ainsi que du webmaster qui avait mis en ligne les informations. Le journal papier fut incriminé, mais aussi la version en ligne. Le juge a-t-il tenu compte des spécificités de l’internet pour légiférer en toute compétence, d’autant qu’il existait un vide juridique sur la législation en ligne ? L’article 80 du Code pénal est resté muet par rapport à ce domaine encore inconnu du législateur sénégalais puisque cet article stipule que :

« Les autres manœuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves à enfreindre les lois du pays seront punis d’un emprisonnement de trois ans au moins et de cinq ans au plus et d’une amende de 100 000 à 1.500 000 FCA. Les coupables pourront en outre être frappés d’interdiction de séjour. Tout individu qui aura reçu, accepté, sollicité ou agréé, des dons, présents, subsides, offres, promesses ou tous autres moyens en vue de se livrer à une propagande de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques ou leur fonctionnement, ou à inciter les citoyens à enfreindre les lois du pays, sera puni d’un emprisonnement d’un an au moins et de cinq ans au plus et d’une amende double de la valeur des promesses agréées ou des choses reçues ou demandées sans que ladite amende puisse être inférieure à 100 000 francs. Les coupables pourront en outre frappés d’interdiction de séjour.

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Il ne sera jamais fait restitution des choses reçues ni de leur valeur, elles seront confisquées au profit du Trésor ».

Au-delà de ces pérégrinations, les problèmes de censure et de protection des sources des journalistes étaient sous-entendus et ne manquent pas de menacer les journalistes sénégalais. Regroupés souvent en syndicat (syndicat de la presse indépendante, syndicat des professionnels de l’information et autres associations de journalistes), les journalistes ne manqueront pas de monter au créneau pour défendre leur outil de travail et leur profession. Le succès du journal quotidien est tel que son administrateur décide avec son groupe de diversifier ses offres, avec d’abord la création d’une imprimerie, d’un magazine hebdomadaire Weekend le 15 mars 2007 et d’un journal satirique cocorico le 23 mai 2007.

Après l’expérience des journaux, Madiambal Diagne décide avec son groupe de lancer sa propre radio. Depuis le démarrage des activités du groupe, son administrateur avait toujours manifesté son souhait de disposer d’une fréquence radio. La radio dénommée Première FM qui, dès le début, se heurte à un refus d’émettre de la part de l’organe de régulation l’ARTP sous prétexte que la bande FM est saturée120. Finalement de pérégrination en pérégrination, elle fut autorisée à émettre le 31 mai 2007 sur une fréquence libérée sur la FM. Cependant, le projet radiophonique ne durera pas. En effet, du fait de la non-rentabilité financière, l’administrateur et son groupe décidèrent d’abandonner ce créneau et le 18 mars 2008, les activités furent arrêtées après sept mois de fonctionnement, emportant dans son sillage et pour les mêmes raisons l’arrêt définitif du Cocorico. Toutefois, le groupe Avenir Communication ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Récemment, le groupe a signé un contrat de

partenariat121 avec l’hebdomadaire Suisse Les Afriques, afin que celui-ci puisse être imprimé

et diffusé par l’imprimerie du groupe. Belle initiative de coopération, d’autant que les premiers numéros du magazine économique et financier (juillet-août 2007 date du premier numéro) furent rédigés en Afrique à Dakar pour la rubrique " Finances publiques et Droits des Affaires" et, à Alger, pour "l’économie politique", et à Casablanca, pour "la Bourse et les

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Voir Nzalé, Félix, Première FM du groupe Avenir Communication, aphonie forcée pendant 45 jours, Sud quotidien (02/06/07). Date de la dernière consultation : le 21/12/07.

121Http://www.rewmi.com/MEDIATS-Implantation-d-un-hebdomadaire-suisse-au-Senegal-Les-Afriques-signe

168 entreprises privées". Cherif Elvalide Seye, le chef du bureau dakarois, entend élargir cette

expérience aux autres pays africains comme le Maroc122.