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CADRE GÉNÉRAL DE L’ÉTUDE

CHAPITRE 2 : LA GESTION DURABLE DES RESSOURCES HALIEUTIQUES DANS LE MONDE

2.2. Gestion durable des ressources halieutiques

2.2.2. La nouvelle approche de la gestion durable des ressources halieutiques

2.2.2.1. Une pêche responsable

Si la notion de Pêche durable implique une idée de résultats, la notion de Pêche Responsable caractérise les moyens environnementaux, économiques, et sociaux pour y parvenir. C’est une pêche basée sur les bonnes pratiques pour une gestion durable des ressources halieutiques, tout en garantissant des revenus suffisants aux acteurs (FAO, 2000). Ainsi, les principes de développement durable vont être appliqués à l’ensemble des facteurs du système halieutique.

En s’appuyant sur les principes du code de pêche, des stratégies d’exploitation durable des ressources bioaquatiques ont donc été mises en place. La démarche prend en compte les facteurs internes au système et les facteurs externes du système halieutique et intervient sur l’ensemble de ces facteurs (Corlay, 2004).

En fait, les rendements de la pêche et de l’aquaculture, à quelque échelle que l’on se place, résultent, d’une combinaison de facteurs internes et externes aux deux champs d’activités, relevant à la fois de la nature et de la société. Il est donc nécessaire de mieux cerner ces différents facteurs pour apporter des réponses plus efficaces. Comme le dit Chaussade (1999) « pour bien gérer il faut bien connaître » le système halio-aquacole.

L’état et la dynamique d’un système halieutique, donc ses rendements en termes de produits et de revenus, dépendent d’abord des interactions entre les facteurs internes du système qui peuvent se ramener à cinq composantes. La stratégie de pêche représentant la volonté politique des décideurs et acteurs d’un groupe social quelconque d’exploiter tel stock

aquatique à telle fin (vivrière, commerciale, exportatrice, etc.). L’effort de pêche35 qui regroupe l’ensemble des moyens de production, matériels et humains, mobilisés pour exploiter la ressource et les modalités de leur utilisation. Cet effort de pêche s’applique à des stocks, animaux et végétaux aquatiques, dont l’abondance, avant tout acte de prélèvement, dépend de facteurs naturels, physiques et biologiques. Le marché dont l’importance quantitative et qualitative, l’organisation et l’accessibilité déterminent la demande. Enfin, la réglementation qui construit le cadre juridique de l’activité et s’applique plus à l’effort de pêche et au marché qu’aux deux autres composantes. Le simple jeu de ces interactions peut déjà s’avérer très complexe et de nombreux modèles ont été élaborés pour en comprendre la dynamique. Même s’il reste encore beaucoup à découvrir, des progrès substantiels ont été accomplis en matière de connaissance donc de prédiction de l’évolution des pêcheries soumises à exploitation.

A ces cinq facteurs s’ajoutent des autres facteurs internes faisant l’objet d’efforts particuliers : la formation des producteurs, hommes et femmes, ces dernières jouant un rôle majeur encore plus au Sud qu’au Nord, la lutte contre le gaspillage (aides au Sud pour améliorer les conditions de la débarque, innovations visant à limiter la production de déchets dans les transformations industrielles, valorisation de ces déchets pour la consommation humaine, etc.), une meilleure organisation des marchés en aidant les producteurs à concentrer l’offre.

Le système halieutique est aussi de plus en plus soumis aux effets de facteurs externes. L’état de développement du pays est un premier facteur important dont dépendent les stratégies et surtout la nature et le niveau de l’effort de pêche. De nombreux pays du Sud n’ont pas les moyens techniques, administratifs, scientifiques suffisants pour mettre en place une politique des pêches efficace ; de plus, ils pêchent souvent pour exporter et combler en partie leurs dettes. Le contexte économique international joue aussi directement sur la santé du système halieutique ; les fluctuations monétaires, en particulier celles du dollar US, le coût du pétrole, sont des externalités fortes qui touchent les producteurs du Nord comme ceux du Sud. L’état de l’environnement aquatique terrestre et marin influe également sur la productivité naturelle du milieu donc sur l’abondance et la qualité des stocks exploités. On connaît les effets de toutes les formes de pollution chronique et accidentelle, directes ou indirectes (en provenance des bassins versants) sur les ressources vivantes aquatiques ; dans un rapport récent, le

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On appel effort de pêche le nombre de bateaux par unité de temps ou toute information plus détaillée du type nombre de filets, de lignes ou d’hameçons par unité de temps (Faucheux et Noël, 1995), Economie des ressources naturelles et de l’environnement. Ed. Armand Colin, 370 p.

Programme des Nations Unies pour l’Environnement s’inquiète du fait qu’une bonne partie des 160 millions de tonnes d’azote utilisés annuellement dans le monde comme fertilisants finit à la mer entraînant la multiplication des zones eutrophisées. Certains bouleversements géopolitiques peuvent perturber les relations internationales au point de déstabiliser les marchés, dont celui des produits de la mer36. La présence d’activités concurrentes sur le littoral et en mer (agriculture, urbanisation, tourisme, navigation, construction d’éoliennes, etc.) peut générer des atteintes à l’environnement et des contractions de l’espace de travail des pêcheurs. Le droit de la mer et du littoral est une autre externalité qui fixe les conditions du partage des eaux, de leurs ressources et de leur utilisation, y compris les ressources bioaquatiques. Enfin, les politiques régionales et nationales d’aménagement du territoire ont des effets sur les équipements portuaires, sur les infrastructures de transport, sur la distribution des populations donc sur la géographie des marchés.

A l’échelle internationale, les rapports halieutiques Nord-Sud doivent être repensés tant en matière d’accords de pêche, trop souvent signés au détriment des pays en développement, qu’en matière d’échange de produits de la mer ; on parle ainsi de plus en plus, d’accords de pêche équitables et de commerce équitable des produits de la mer.

La même démarche peut s’appliquer au système aquacole à quelques nuances près, le contrôle de l’activité par l’homme étant plus fort, ne serait-ce que sur le stock exploité; de plus, l’impact des divers usages du littoral est encore plus lourd et souvent directement plus perceptible sur la qualité des eaux côtières donc sur l’aquaculture.

S’ajoutent à ces interactions, les impacts mutuels des deux systèmes. De nombreux produits étant désormais issus à la fois de la pêche et de l’aquaculture, certains d’entre eux, provenant de filières aquacoles intensives, sont fournis à des coûts de production inférieurs à ceux des produits de la pêche qui sont alors plus difficiles à écouler. De plus, une part importante de l’effort de pêche est destinée à l’aquaculture via les produits minotiers.

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L’effet de l’effondrement du bloc socialiste en Europe a non seulement conduit à une chute des prises dans l’ex-URSS mais à une augmentation rapide des importations en provenance de ces pays vers les pays de l’Ouest au début des années 1990, déstabilisant les marchés et aggravant une situation déjà fragilisée pour d’autres raisons.

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