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SITUATION ACTUELLE DE LA PÊCHE DANS LES PROVINCES DE L’ESTUAIRE

4.1. La pêche industrielle côtière et sa pression sur les ressources halieutiques dans ces deux provinces

4.1.2. L’effort de pêche et la production dans les provinces de l’Estuaire et l’O.M

On appelle effort de pêche le nombre de bateaux par unité de temps ou toute information plus détaillée du type nombre de filets, de lignes ou d’hameçons par unité de temps (Faucheux et Noël, 1995). D’après Poinsard et Le Guen (1975), le biologiste des pêches définit l’effort de pêche comme l’ensemble des moyens de captures mis en œuvre par ce prédateur particulier qu’est le pêcheur. En effet, dans les évaluations biologiques, l'effort est utilisé pour estimer la mortalité due à la pêche. La mortalité par pêche est une variable fondamentale de l'évaluation des stocks; elle représente la proportion du stock qui est prélevée du fait de la pêche. Pour la FAO (2001), l'effort est utilisé pour établir la plupart des mesures de contrôle de la pêche. Dans les analyses économiques et socioculturelles, l'effort peut être en relation avec l'activité halieutique, avec la rentabilité des navires et des flottilles et avec le rendement économique (FAO, op.cit). Des modifications de l'effort de pêche total peuvent constituer une indication de l'état des stocks ou de la rentabilité de la pêche mais elles sont, toutefois, difficiles à interpréter sans informations complémentaires fournies par d'autres indicateurs biologiques, économiques et socioculturels.

S'agissant des pêcheries étudiées, l’effort de pêche de la pêche industrielle sera analysé par rapport au nombre de jour en mer et les captures associées à cet effort.

Pour la période 1980-2009, l’effort de pêche dans ces deux régions a été maintenu à un niveau relativement important en nombre de jours de sorties en mer (figure 7).

L’effort de pêche industrielle a connu une croissance régulière et même soutenue entre 1980 et 2009. Au cours de la première moitié de cette période (1980-1992), la tendance de l’effort de pêche est restée très faible avec une moyenne d’environ 3000 jours de mer par an. Elle était précisément de 2737 jours de mer en 1980 et de 2480 jours de mers en 1992. Cette tendance reflète, en effet, celle de la flottille dans la même période. En 1984, par exemple, les chalutiers-crevettiers, navires congélateurs en plastique effectuaient des marées de 18 à 25 jours. Leur effectif était de 18 bateaux ; les chalutiers-poissonniers, en majorité des glaciers, avaient une durée des marées ne dépassant pas une semaine. Leur effectif était de 9 bateaux (COPACE/FOA, 1986).

A partir de 1993, l’effort de pêche a évolué de manière très spectaculaire. D’abord, passant de 2480 (1992) à 7165 jours de mer (1994) puis à 17034 jours de marées en 1998, en l’espace de 5 ans seulement. Pourtant, le nombre de navire n’a lui augmenté que de 18 bateaux dans la même période. Ainsi, seule la course à l’exploitation (la concurrence) stimulée par la demande explique cette évolution croissante de l’effort de pêche. La moyenne de l’effort de pêche entre 1993 et 2009 est de 12610 jours en mer par an. Cette évolution très significative de l’effort de pêche industrielle dans ces deux régions permet de rendre compte de son caractère particulièrement dynamique, malgré une évolution en dent de scie de la flottille au cours de la même période (cf. figure 6).

On constate tout de même qu’à partir de 200551, l’effort de pêche décline progressivement. Cette nouvelle tendance à la baisse des activités de la pêche industrielle s’explique principalement par l’instauration d’un moratoire sur les pêches industrielles de deux mois (janvier et février). Celui-ci a été mis en place en 2007 dans la zone nord du Cap Lopez (de Cocobeach au Cap Lopez), pour la pêche à la crevette, suite à un constat de baisse de la production due à une surexploitation de cette espèce. Il est actuellement question d’allonger la

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L’année 2005 est très significative puisqu’il s’agit de l’année de l’adoption du Code de pêche en République Gabonaise qui a pour objectif principal de réorganiser et mettre en place une pêche durable au Gabon.

durée de ce repos biologique de deux mois.

Les captures sont étroitement liées à l’effort de pêche : plus l’effort de pêche est important et plus les captures tendent à l’être également. Ainsi, tout comme l’évolution de l’effort de pêche, les débarquements de la pêche industrielle côtière ont également connu une croissance notable au cours de la période 1980-2009 (figure 7). Le niveau de débarquements a été particulièrement important à partir de 1993, et ce jusqu’à 2004.

Figure 7 : Évolution des débarquements et de l’effort de pêche entre 1980 et 2009

0 5000 10000 15000 20000 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 Année Débarquement Effort de pêche

Source : Données de la DGPA

On est, en effet, passé de 6484 tonnes en 1980 à 13963,6 tonnes (le pic des débarquements) en 1998. A partir de 1999, la production amorce son déclin, malgré une légère reprise de croissance entre 2002 et 2004, pour se retrouver en 2009 avec 5282,3 tonnes. On peut ainsi se rendre compte que la production actuelle est en dessous de la production de 1980 (6484 tonnes), pourtant avec une flottille plus importante : 43 navires en 2009 contre 31 en 1980 et surtout un effort de pêche plus important (7861 jours en mer en 2009 contre 2737 jours en mer en 1980). Cette baisse de débarquements s’explique par la forte pression exercée sur les ressources, par l’augmentation du nombre de navires entre 1980 et 2000 a créé la pression sur la ressource. Ainsi, la diminution de l’abondance de cette ressource halieutique entraîne la délocalisation des armements étrangers vers d’autres zones de pêche (le cas de SIGAPECHE et d’AMERGER GABON qui ont délocalisé une partie de leur flottille respectivement à Las Palmas et en Angola). La suite de cette étude nous permettra de voir les espèces qui sont soumises à cette forte pression.

Par ailleurs, au cours de cette période, la province de l’Estuaire est celle qui a toujours fourni la plus importante part de production au plan national, puisqu’elle compte deux ports de débarquements (à Libreville et à Owendo) contre un seul dans la province de l’Ogooué Maritime (à Port-Gentil) (figure 8). En effet, ces deux ports débarquent chaque année les 3/4 des captures des pavillons gabonais et étranger. A titre d’illustration, les statistiques de la DGPA de 2009, montrent que le port d’Owendo a reçu un volume de 2892,40 tonnes correspondant à 54,76 % de la production totale nationale de 5282,4 tonnes et le port-môle (à Libreville) 808,30 tonnes soit 15,30 % de la production nationale. Dans l’ensemble, la province de l’Estuaire a vu débarquer 3700,7 tonnes sur les 5282,3 tonnes produits par la flotte locale en 2009 soit 70,05 % de la production totale. Dans la région de l’Ogooué Maritime, la production industrielle reste très faible. Elle était de 609, 2 tonnes en 2009.

Figure 8 : Part de débarquement par port en pêche industrielle en 2009

Owendo 55% Port-môle 15% Port-Gentil 12% Autre 18% Owendo Port-môle Port-Gentil Autre

Source : Données de la DGPA

Ainsi, l’ensemble de la production qui inclut la production des navires nationaux et étrangers débarquée dans les ports du pays est estimée par la DGPA à 4309,9 tonnes, soit 81,60 % de la production totale. En revanche, trois armements (ASTIPECHE, GABON PECHE et EQUAPECHE) de trois navires chacun (soit neuf au total) ont débarqué leurs captures à Sao Tomé et Principé. Le volume de ces débarquements était de 872,4 tonnes, soit 16,51 %. Les espèces débarquées sont essentiellement des crevettes. On notera que la législation actuelle n'impose pas de débarquer dans des ports du pays.

La composition spécifique de la production au Nord et au Sud Cap-Lopez (zone maritime de la pêche industrielle des deux régions étudiées) révèle une domination des espèces démersales52 (figure 9).

Figure 9: Part des espèces par groupe dans les débarquements de la pêche industrielle.

Démersaux 73% Crustacés 17% Pélagiques 7% Divers 3% Démersaux Crustacés Pélagiques Divers

Source : Données de la DGPA

La domination des espèces démersales s’explique par le nombre important des chalutiers et poissonniers sur l’ensemble de cette période (cf. tableau 7).

Dans le détail, les principales espèces pêchées par les chalutiers poissonniers dans ces deux régions sont le bar (Pseudotolithus senegalensis) et le capitaine (Polynemus quadrifilis) (tableau 8). On notera également la présence importante de la crevette (crustacée) dans cette production industrielle. La production du segment crevettier est dominée par la crevette côtière grise (Penaeus notialis). Les crevettes rouges et tigrées et même roses qui sont les crevettes profondes Parapenaeus longirostris, Penaeus monodon et Aristeus varidens sont également débarquées. Il faut souligner que les statistiques des prises des crevettiers n'incluent pas de poissons (or ceux-ci sont pêchés en masse en même temps que la crevette et une fraction très probablement retenue à bord). Enfin, la production des crabiers est dominée par les séiches Sepiida. Il faut tout de même souligner que d’autres espèces de roche, dont la dorade grise Pomadasys jubelini, la dorade rose Dentex spp et autres sparidés, et les mérous Epinephelus spp, dont le thiof Epinephelus aenus sont également débarquées.

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Les espèces démersales sont entre autre : les bars, capitaines, bossus, raies, daurades, mérous, crevettes. Ce sont les espèces couramment commercialisées.

Tableau 8 : Production en pêche industrielle dans les deux régions en 2009

Segment 2009 Total

Espèces principales Tonnes %

Chalutiers Bar Pseudotholitus sp Capitaine Polynemus Divers Sole Cynoglossus Machoiron Chrysischtys 600,4 543,9 330,05 203,2 88,1 15,46 14,00 8,50 5,23 3884,45

Crevettiers Crevette grise P.

Notialis Crevette rouge P. Longisrostris Crevette tigrée P. monodon 553,25 45,4 31 48,07 3,94 2,69 629,35

Crabiers Crabe P. africanus Seiche Sepiida 43,1 175,8 17,45 71,19 246,94 Collecteurs n.c Thoniers 0 TOTAL 5282,3

Source : Données de la DGPA

Le tableau ci-dessus indique que 70% des débarquements sont assurés par les chalutiers poissonniers et 20% par les crevettiers.

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